Mais Elena n’était pas dupe. Sous ses dehors charmeurs, Damon était terriblement dangereux. Son corps svelte et gracieux cachait une force inouïe ; avec ses yeux langoureux, il était parfaitement nyctalope ; la main aux longs doigts effilés qui l’avait hissée sans effort pouvait réagir avec une incroyable rapidité ; et surtout, il avait la cruauté d’un tueur.
La véritable nature de Damon lui apparaissait parfaitement : il vivait depuis si longtemps ai prédateur qui n’avait plus rien d’humain. À la différence de Stefan, il ne cherchait pas à combattre ses instincts de carnassier, mais s’en délectait sans aucune préoccupation morale. Et Elena se retrouvait piégée avec lui sur ce toit, seule, au beau milieu de la nuit.
Elle se tenait prête à bondir au moindre signe d’attaque, bouillant de rage muette en pensant à ce qu’il lui avait infligé dans ses rêves. Mais cette fois, elle ne lui ferait pas le plaisir de lui lancer sa haine au visage. Elle s’efforça au calme, tout en guettant son prochain mouvement.
Il ne bougeait pas : ses mains, capables de frapper aussi vite qu’un serpent, reposait le long de son corps. L’expression de son visage, était la même qu’a leur première rencontre : elle lisait dans ses yeux, un respect identique, nuancé d’une pointe de moquerie. Cependant, la surprise avait disparu.
— Et bien tu ne m’injuries pas, cette fois ? C’est vrai que ma présence devrait plutôt te faire tourner de l’œil… Dit-il d’un air narquois.
Elena, le regard rivé vers lui, tentait de réfléchir : il est beaucoup plus fort et plus rapide qu’elle, mais elle pensait pouvoir atteindre le bord du toit avant qu’il ne la rejoigne. Si elle ratait le balcon, elle ferait une chute de dix mètres. Mais elle était prête à prendre le risque.
— Je n’ai pas l’habitude de m’évanouir, répliqua-t-elle sèchement. Et je ne prendrai pas le risque de t’insulter. Tu ne m’as pas fait de cadeau la dernière fois. Damon détourna brusquement les yeux.
— J’ai toujours eu toutes les femmes que je désirais parmi les plus belles d’Europe. Y compris des filles de ton âge. Mais, tu vois, c’est toi que je veux pour régner avec moi. Nous vivrons au gré de nos envies, et serons craints et vénérés par toutes les âmes faibles. Ça ne te tente pas ?
— Je fais aussi partie de ces âmes faibles, répondit Elena. Toi et moi sommes ennemis. Définitivement.
— Ah oui ?
Il la regarda au fond des yeux : elle sentit son esprit essayer de s’immiscer dans le sien. Elle n’éprouva cependant ni vertige ni sensation de faiblesse. Peu avant, elle avait pris, comme chaque jour, un bain additionné d’une bonne dose de verveine.
Damon sembla démasquer sa parade et accepter ce revers de bonne grâce.
— Qu’est-ce que tu fais là, au fait ? demanda-t-il avec désinvolture.
Curieusement, elle ne ressentit pas le besoin de lui mentir.
— Caroline m’a volé un objet qui m’appartient, mon journal infini, j’étais venue le récupérer.
Une lueur menaçante brilla dans les yeux de Damon.
— Certainement dans le but de protéger nom abruti de frère, devina-t-il, exaspéré.
— Stefan n’a rien à voir là-dedans !
— Ah oui ? Pourtant, il a un don exceptionnel pour créer des problèmes. Mais si quelqu’un t’en débarrassait…
— Essaie encore de t’en prendre à Stefan et je te jure que tu le regretteras.
— Je te crois. Dans ce cas, je vais devoir m’occupe de toi…
Elena garda le silence. À force de vouloir avoir le dernier mot, elle se retrouvait acculée au mur, entraînée malgré elle dans le jeu dangereux de Damon.
— Quoi qu’il en soit, je finirai par t’avoir, tu sais, dit-il d’une voix caressante. De gré ou de force, comme vous dites tu m’appartiendras avant la prochaine chute de neige.
Elena s’efforça de dissimuler sa peur, même si elle savait que ça ne servait à rien : Damon pouvait lire ses émotions comme dans un livre ouvert.
— C’est bien, fit-il. Tu as raison de me craindre, tu es une fille pleine de bon sens… car je suis la créature la plus dangereuse qui soit. Mais pour l’instant j’ai un marché à te proposer.
— Un marché ?
— Tu es venue chercher ton journal. Et tu ne l’as pas trouvé. Quel cruel échec ! Et mon frère ne peut pas l’apprécier puisque tu refuses de le mettre au courant. Moi, je peux c’est d’ailleurs ce que je compte faire.
«… Je suis prêt à t’aider… contre une récompense.
Elena sentit le feu lui monter aux joues.
— « Quel genre de… récompense ? Le sourire satisfait éclaira le visage de Damon.
— Un peu de ton temps, Elena. Et quelques gouttes de ton sang. Une heure en tête-à-tête avec toi. Rien que tout les deux.
— Tu es… , commença Elena.
Sa phrase resta en suspens : elle était à court d’adjectifs capables de qualifier sa monstruosité.
— De toute façon, je finirai par t’avoir, répéta Damon. Tu le sais très bien.
Sa voix se fit chaude et caressante.
— Et puis, ce ne sera pas la première fois… Tu ne te souviens pas…
— Plutôt me trancher la gorge !
— Quelle idée délicieuse… Mais ça manque un peu de délicatesse. Je connais un moyen tellement plus agréable de faire couler ton sang…
Elena n’était pas disposée à supporter ses railleries.
— Tu me donnes envie de vomir, Damon. Plutôt crever que de t’obéir !
Elle n’aurait su dire ce qui la poussait. Quand elle était face à Damon, une sorte d’instinct prenait possessions d’elle. Et à cet instant, il lui disait qu’elle devait lui échapper coute que coute. Damon savourait d’un air détendu le tour pris par son petit jeu. Tout en gardant un œil sur lui, elle calculait la distance entre le bord du toit et le balcon.
— Plutôt sauter ! Termina-t-elle en joignant le geste à la parole.
Damon, qui n’était pas sur ses gardes, n’eut pas le réflexe assez rapide : Elena tomba dans le vide. Elle se rendit compte aussitôt que le balcon était beaucoup en retrait qu’elle ne le croyait. Elle allait s’écraser sur la terrasse en contrebas.
C’était sans compter sur Damon : sa main jaillit comme un éclair pour attraper juste à temps celle d’Elena. La jeune fille resta un bon moment suspendue dans les airs puis agrippa d’une main le bord du toit et tenta d’y mettre un genou.
— Petite sotte ! Lui lança-t-il, d’une voix furieuse. Si tu es pressé de mourir, je peux m’en charger moi-même !
Lâche-moi siffla Elena.
Elle espérait que quelqu’un finirait par sortir sur le balcon alerté par le bruit.
— C’est vraiment ce que tu veux ?
Elle lut dans son regard qu’il était on ne peut plus sérieux : si elle approuvait, il la lâcherait.
— Ce serait le moyen le plus rapide d’en finir avec toute cette histoire, non ? répliqua-t-elle, morte de peur de sa bravade.
— Mais un tel gâchis…
Il la souleva aussi facilement qu’une plume pour lui faire regagner le toit. Ses bras se refermèrent sur elle, et il la pressa contre lui. Elena ne voyait plus rien. Soudain, elle sentit les muscles de Damon se tendre : il s’élançait dans les airs avec elle.
Ils étaient dans le vide. Malgré elle, Elena s’accrocha à lui comme à une bouée de sauvetage. Il toucha le sol avec la souplesse d’un félin sans qu’elle sentît le moindre choc. Stefan lui avait déjà fait le coup. En revanche, il ne l’avait pas tenue si près de lui, comme Damon à ce moment-là. Ses lèvres effleuraient les siennes.
— Réfléchis à ma proposition, lui suggéra le jeune homme.
Elena était incapable du moindre mouvement, et encore moins de détourner les yeux. Cette fois, les pouvoirs de Damon n’étaient pas en cause. L’attirance involontaire qu’elle avait toujours éprouvée pour lui refaisait surface.
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