Les Amis de la magie anglaise parut pour la première fois en février 1808 et connut un succès immédiat. Dès 1812, Norrell et Lascelles se vantaient d’un tirage dépassant les 13 000 exemplaires, bien que la fiabilité de ces chiffres demeure incertaine.
De 1808 à 1810, le rédacteur en chef fut officiellement Lord Portishead, mais il n’y a guère de doute que Messrs Norrell et Lascelles aient beaucoup pesé sur sa ligne éditoriale. Un certain différend opposait Norrell et Lascelles sur la finalité générale du périodique. Mr Norrell souhaitait d’abord que Les Amis de la magie anglaise inculquassent au public britannique la grande importance de la magie moderne anglaise, deuxièmement que la revue corrigeât les vues erronées de l’histoire de la magie et, troisièmement, qu’elle désavouât ces magiciens et ces cercles de magiciens qu’il haïssait. Il ne désirait pas expliquer les procédures de la magie anglaise à l’intérieur de ses pages ; en d’autres mots, il n’avait pas du tout l’intention d’en faire un organe pédagogique. Lord Portishead, dont l’admiration pour Mr Norrell n’avait pas de bornes, considérait comme son premier devoir de rédacteur en chef de suivre les nombreuses consignes de Mr Norrell. Résultat, les premiers numéros des Amis de la magie anglaise sont plutôt ennuyeux et souvent mystérieux : remplis d’omissions, de contradictions et de faux-fuyants. Lascelles, lui, voyait très bien comment le périodique pouvait servir de soutien au renouveau de la magie anglaise, et il était désireux d’en alléger le ton. Il devint de plus en plus ulcéré devant la prudente approche de Portishead. Il intrigua, et dès 1810 lui et Lord Portishead étaient corédacteurs en chef.
John Murray fut l’éditeur des Amis de la magie anglaise jusqu’au début 1815, moment où lui et Norrell se querellèrent. Privés du soutien de Norrell, Murray fut contraint de vendre le périodique à un autre éditeur, Thomas Norton Longman. En 1816, Murray et Strange projetèrent de créer un périodique rival des Amis de la magie anglaise , Le Famulus , mais seul le premier numéro parut.
« Wapping est connu de triste mémoire pour ses anciennes potences de justice et son bassin d’exécution où les condamnés étaient enchaînés pour être recouverts par trois marées successives », Londres, Guide Michelin (N.d.T.) .
Le roi Corbeau passe traditionnellement pour avoir possédé trois royaumes : un en Angleterre, un dans le monde des fées et un troisième, inconnu, de l’autre côté de l’Enfer.
Cf. Thomas Lanchester, Traité du Langage des oiseaux , ch. VI.
En français, « comté de Salop » ! (N.d.T.) .
Finalement, les deux procès tournèrent en faveur du fils de Laurence Strange.
Bien au contraire, Laurence Strange se félicitait de ne pas avoir à payer la nourriture et les vêtements du garçon pendant des mois d’affilée. Ainsi, l’âpreté au gain peut rendre mesquin et ridicule un homme intelligent.
« Groseilles », « asperges », « chatte » et « perce-oreilles ». ( Cf. la différence entre les termes français et leurs équivalents en patois occitan, par exemple : peillarot pour « chiffonnier », capel pour « chapeau », pitchoun pour « petit » ou qu’es aquo ? pour « qu’est-ce que c’est ? ») (N.d.T.).
Cette théorie, qui fut exposée pour la première fois par Meraud, un magicien cornique du XII esiècle, a connu de nombreuses variantes. Sous sa forme la plus extrême, elle implique la croyance que quelqu’un qui a été guéri, sauvé ou ramené à la vie par la magie n’est plus sujet de Dieu et de son Église, alors qu’il peut devoir toute sorte d’allégeance au magicien ou à la fée qui l’a aidé.
Meraud fut arrêté et traduit devant Stephen, roi de l’Angleterre du Sud, et ses évêques, lors d’un concile qui se tint à Winchester. Meraud fut marqué au fer, fouetté et à moitié dévêtu. Puis il fut banni. Les évêques interdirent qu’on lui portât secours. Meraud tenta de se rendre à pied de Winchester à Newcastle, où se trouvait le château du roi Corbeau. Il expira en chemin.
La croyance, répandue en Angleterre du Nord, que certaines catégories d’assassins n’appartiennent ni à Dieu ni au Diable, mais au roi Corbeau, est une autre forme de l’« hérésie méraudienne ».
Trois États perfectibles de l’être de William Pantler, Henry Lintot éd., Londres, 1735. Les trois êtres perfectibles sont les anges, les hommes et les fées.
Il est clair d’après ces paroles que Mr Norrell ne comprenait pas encore en quelle grande estime les ministres le tenaient dans leur ensemble, ni combien ils étaient pressés de recourir à ses services dans la guerre.
« Gars du Point-du-jour » (N.d.T.) .
La demeure londonienne du prince de Galles à Pall Mall.
Robert Banks Jenkinson, Lord Hawkesbury (1770-1828). À la mort de son père, en décembre 1808, il devint comte de Liverpool. Pendant les neuf années suivantes, il se révéla être un des plus fidèles partisans de Mr Norrell.
Le roi était un père des plus aimants et des plus dévoués pour ses six filles, mais sa tendresse était telle qu’elle le porta à se conduire presque comme leur geôlier. Il ne supportait pas l’idée que l’une d’elles pût se marier et le quitter. Elles furent en effet priées de mener une vie insupportablement ennuyeuse auprès de la reine grincheuse, au château de Windsor. Sur les six, une seule parvint à se marier avant d’avoir quarante ans.
À l’aube du XIX esiècle, des squelettes complets d’ichtyosaures et de plésiosaures furent mis au jour dans les falaises jurassiques de Lyme Régis dans le Dorset, grâce à l’activité de chercheurs de fossiles locaux dont le plus célèbre était une femme, Mary Anning (N.d.T.) .
Il semblerait que Jonathan Strange n’ait pas renoncé facilement à l’idée d’une carrière poétique. Dans La Vie de Jonathan Strange (John Murray éd., Londres, 1820), John Segundus expose comment, déçu dans sa quête d’un poète, Strange décida d’écrire lui-même des poèmes. « Le premier jour, tout se passa très bien ; du petit-déjeuner au souper, il resta assis en robe de chambre à son secrétaire dans son cabinet de toilette et griffonna très vite sur plusieurs douzaines de feuillets d’in-quarto. Il était content de tout ce qu’il écrivait, ainsi que son valet, qui était lui-même homme de lettres et le conseillait sur les épineuses questions de la métaphore et de la rhétorique, et qui courait en tous sens ramasser les papiers à mesure qu’ils voltigeaient dans la pièce et les mettre en ordre avant de descendre à toutes jambes pour en lire les morceaux les plus réjouissants à son ami, l’aide-jardinier. La rapidité avec laquelle Strange écrivait était réellement étonnante ; le valet déclara que, en approchant la main de la tête de Strange, il sentait la chaleur en rayonner à cause des immenses énergies créatrices contenues à l’intérieur. Le deuxième jour, Strange s’installa pour écrire encore une cinquantaine de pages et rencontra immédiatement des difficultés car il ne parvenait pas à trouver une rime à « de l’amour les supplices ». « Tombé dans le vice » n’était pas prometteur ; « un couple de Miss » était absurde et « quel est le bénéfice ? » carrément vulgaire. Il s’acharna une heure, resta bredouille, sortit à cheval pour relâcher son esprit et ne reposa jamais plus les yeux sur son poème. »
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