Terry Pratchett - La huitième couleur

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La huitième couleur: краткое содержание, описание и аннотация

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 Dans une dimension lointaine et passablement farfelue, un monde se balade à dos de quatre éléphants, eux-mêmes juchés sur la carapace de la Grande Tortue… Oui, c'est le disque-monde…
Les habitants d'Ankh-Morpork croyaient avoir tout vu.
Et Deuxfleurs avait l'air tellement inoffensif, bonhomme chétif, fidèlement escorté par un Bagage de bois magique déambulant sur une myriade de petites jambes.
Tellement inoffensif que le Patricien avait chargé le calamiteux sorcier Rincevent de sa sécurité dans la cité quadrillée par la Guilde des Voleurs et celle des Assassins ; mission périlleuse et qui devait les conduire loin : dans une caverne de dragons ; peut-être jusqu'au Rebord du Disque.
Car Deuxfleurs était d'une espèce plus redoutable qu'on ne l'imaginait :

A la lumière de l'octarine, la huitième couleur, celle de la magie, découvrez l'univers fantastique et cocasse de Terry Pratchett.

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Deuxfleurs le regarda avec stupeur, mais Rincevent lui empoigna l’épaule et indiqua un couloir engageant. Ils s’y précipitèrent sans plus s’occuper du premier hydrophobe qui se tordait par terre en étreignant sa main humide.

Des cris retentirent quelque temps derrière eux, mais ils s’engouffrèrent dans un couloir transversal, puis dans une autre cour, et bientôt les bruits de poursuite se turent. En définitive, Rincevent décida d’ouvrir une porte qui lui parut sûre, passa la tête de l’autre côté, trouva la pièce inoccupée, attira Deuxfleurs à l’intérieur et referma la porte derrière lui. Puis il s’y adossa en soufflant comme un bœuf.

« On est complètement perdus dans un palais, sur une île d’où on n’a aucune chance de partir, dit-il en haletant. Et le pire, c’est qu’on… Hé ! » termina-t-il lorsque l’image de la salle eut fini de remonter ses nerfs optiques détraqués.

Deuxfleurs fixait déjà les murs des yeux.

Car le plus étrange, dans cette salle, c’est qu’elle contenait l’Univers entier.

* * *

La Mort, assis dans son jardin, passait une pierre à aiguiser sur le fil de sa faux. La lame était déjà si affûtée que la moindre brise vagabonde qui soufflait dessus se faisait gentiment découper en deux zéphyrs étonnés, quoique les brises s’aventurent rarement dans le jardin silencieux de la Mort. Le bout de terrain s’étendait sur un plateau abrité qui dominait les dimensions complexes du Disque-monde, et derrière lui se dressaient les montagnes de l’Éternité, froides, immensément hautes, impassibles et méditatives.

Pfuiiit ! faisait la pierre. La Mort fredonnait un chant funèbre et marquait d’un pied osseux le rythme sur le dallage.

Quelqu’un s’approchait par le verger sombre où poussaient les pommes de nuit, et des lis piétinés exhalèrent leur parfum douceâtre. La Mort leva la tête avec colère et plongea son regard dans des yeux aussi noirs que l’intimité d’un chat, piquetés d’étoiles lointaines sans aucune corrélation avec les constellations classiques de l’univers réel.

La Mort et le Destin se toisèrent. La Mort sourit – il n’avait pas le choix, bien entendu, vu le manque de souplesse de sa constitution osseuse. La pierre à aiguiser chantait en rythme sur la lame tandis qu’il poursuivait son ouvrage.

« J’ai un travail pour toi », dit le Destin. Les mots flottèrent jusqu’à la faux et se fendirent proprement en deux rubans de consonnes et de voyelles.

« J’EN AI ASSEZ POUR AUJOURD’HUI, dit la Mort d’une voix aussi massive que du neutronium. LA PESTE BLANCHE SÉVIT TOUJOURS À PSEUDOPOLIS ET FAUT QUE J’AILLE TIRER UNE PARTIE DES HABITANTS DE SES GRIFFES. ON N’EN A PAS VU DE PAREILLE DEPUIS DES SIÈCLES. ON S’ATTEND À CE QUE JE FASSE MA TOURNÉE, COMME C’EST MON DEVOIR.

— Je faisais allusion au cas du petit voyageur et du mage indigne », souffla le Destin qui s’assit à côté de la forme en robe noire de la Mort et contempla loin en dessous le joyau aux multiples facettes qu’était l’univers du Disque, vu de cette première loge extradimensionnelle.

La faux cessa de chanter.

« Ils vont mourir dans quelques heures, annonça le Destin. Leur sort est réglé. »

La Mort se secoua et la pierre reprit son va-et-vient.

« Je croyais que ça te ferait plaisir », dit le Destin.

La Mort haussa les épaules, un mouvement particulièrement expressif chez un individu au physique de squelette.

« JE LEUR AI DONNE LA CHASSE IL Y A QUELQUE TEMPS, C’EST VRAI, FIT-IL, MAIS J’AI FINI PAR ME DIRE QUE TÔT OU TARD TOUS LES HOMMES DOIVENT MOURIR. TOUTE CHOSE MEURT UN JOUR. ON PEUT M’ESCROQUER MAIS JAMAIS ME PRIVER DE MON DU, JE ME SUIS DIT. POURQUOI M’EMBÊTER AVEC ÇA ?

— Moi non plus, on ne m’échappe pas, lança sèchement le Destin.

— À CE QU’IL PARAIT, fit la Mort, toujours souriant.

— Ça suffit, s’écria le Destin qui bondit sur ses pieds. Ils mourront ! » Il disparut dans une nappe de flammes bleues.

La Mort hocha la tête tout seul et poursuivit son travail. Au bout de quelques minutes, le tranchant de la lame parut le satisfaire. Il se leva, pointa la faux vers la grosse bougie nauséabonde qui brûlait à l’extrémité du banc puis, de deux mouvements circulaires exercés, divisa la flamme en trois tronçons lumineux. La Mort sourit.

Un petit moment plus tard, il sella son étalon blanc qui occupait une écurie à l’arrière de son logis. L’animal s’ébroua en signe d’affection ; malgré ses yeux rouges et ses flancs comme de la soie huilée, c’était un vrai cheval de chair et d’os, sûrement mieux traité à la vérité que la plupart des bêtes de somme du Disque. La Mort n’était pas un mauvais maître. Il ne pesait pas bien lourd, et même s’il revenait souvent avec les fontes pleines à craquer, elles non plus ne pesaient rien.

* * *

« Tous ces mondes ! s’exclama Deuxfleurs. C’est fantastique ! »

Rincevent grogna et continua de se déplacer prudemment autour de la salle remplie d’étoiles. Deuxfleurs se tourna vers un astrolabe compliqué au centre duquel se trouvait l’ensemble du système Grande A’Tuin-Eléphants-Disque en cuivre rehaussé de petites pierres précieuses. Tout autour, des étoiles et des planètes tournoyaient sur de délicats fils d’argent.

« Fantastique ! » répéta-t-il. Sur les murs à la ronde, des constellations composées de minuscules semences de perles phosphorescentes parsemaient d’immenses tapisseries de velours noir comme du jais et donnaient aux spectateurs présents l’impression de flotter dans l’abîme interstellaire. Divers chevalets exposaient des croquis démesurés de la Grande A’Tuin vue depuis différents points du Périfilet, lesquels croquis détaillaient méticuleusement chaque écaille gigantesque et chaque cratère qui la grêlait. Deuxfleurs contemplait ce qui l’entourait d’un regard lointain.

Rincevent se sentait profondément troublé. Ce qui le troublait le plus, c’était les deux costumes suspendus à des porte-habits au milieu de la salle. Il en fit le tour avec méfiance.

Ils avaient l’air taillés dans du cuir fin et blanc, harnachés de sangles, de tuyaux de cuivre et autres dispositifs inconnus et louches. Les jambières se terminaient dans des bottes montantes à semelle épaisse, et les bras s’enfonçaient dans de gros gantelets souples. Le plus étrange, c’était les grands casques de cuivre visiblement destinés à s’ajuster sur les épaisses collerettes des tenues. Des casques presque certainement inefficaces pour se protéger : la moindre épée n’aurait eu aucun mal à les fendre en deux, même sans toucher à leur ridicule petite fenêtre vitrée sur le devant. Chaque casque arborait à son sommet une crête de plumes blanches qui n’améliorait en rien son allure générale.

Rincevent sentait venir l’ombre d’un soupçon quant à ces costumes.

Devant eux se dressait une table encombrée de cartes célestes et de bouts de parchemin couverts de chiffres. Ceux qui allaient porter ces tenues, se dit Rincevent, auraient pour mission d’aller explorer de nouveaux mondes étranges, découvrir de nouvelles vies, d’autres civilisations et, au mépris du danger, avancer vers l’inconnu, là où aucun homme – autre qu’un éventuel navigateur malchanceux, ce qui ne comptait pas vraiment – n’était encore allé mépriser le danger ; et davantage qu’un soupçon, il sentit alors venir une horrible prémonition.

Il se retourna et vit Deuxfleurs qui le regardait d’un air songeur.

« Non…» commença Rincevent très vite. Deuxfleurs l’ignora.

« La déesse a dit qu’on allait envoyer deux hommes par-dessus le Bord, fit-il, les yeux brillants, et tu te souviens de ce qu’a raconté le troll Téthis, qu’il fallait une espèce de protection ? Les Krulliens ont résolu le problème. Ces tenues sont des armures spatiales .

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