Terry Pratchett - Mortimer

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Mortimer: краткое содержание, описание и аннотация

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Morty traverse les champs en courant ; il mouline des bras et s’égosille comme un beau diable. Non. Même ça, même effrayer les oiseaux pillards, il n’est pas fichu de s’en tirer proprement.
Son père, au désespoir, l’observe depuis le muret de pierres.
« Il manque pas de coeur, fait-il à l’oncle Hamesh.
— Ah, dame, c’est le reste qu’il a pas. »
Et pourtant un destin hors du commun attend Mortimer. Car à la foire à l’embauche, LA MORT l’emporte sur son cheval Bigadin.
Il faut dire que LA MORT a décidé de faire la vie ; et l’assistance d’un commis dans son labeur quotidien lui permettrait des loisirs. Mais... est-ce bien raisonnable ?
Avec, comme toujours, un scénario qui décoiffe, une distribution prestigieuse et, peut-être, peut-être, une exceptionnelle apparition de l’illustre Rincevent.

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— M’sieur ?

— ET, BIEN ENTENDU, UN JOUR TOUT ÇA LUI REVIENDRA. » Quelque chose comme une petite supernova bleue étincela un instant dans les profondeurs de ses orbites. Il vint à l’esprit de l’apprenti que, non sans un certain embarras et un manque total de pratique, la Mort essayait de cligner de l’œil.

* * *

Dans un paysage qui ne devait rien au temps ni à l’espace, qui n’apparaissait sur aucune carte, qui n’existait que dans ces confins du cosmos multiplex connus des seuls astrophysiciens sous très mauvais acide, Morty passa l’après-midi à aider Albert à repiquer des brocolis. Des brocolis noirs teintés de violet.

« Il fait des efforts, tu vois, dit Albert en brandissant le plantoir. L’ennui, c’est que question couleurs, il manque d’imagination.

— J’suis pas sûr de comprendre, répliqua Morty. Vous dites qu’il a fait tout ça ? »

Au-delà du mur du jardin, le terrain descendait dans une vallée profonde avant de remonter vers une lande sombre qui s’étendait jusqu’à des montagnes au loin, déchiquetées comme des dents de chat.

« Ouais, lâcha Albert. Pense à ce que tu fais avec cet arrosoir.

— Y avait quoi ici, avant ?

— J’sais pas, dit Albert qui entamait un nouveau rang. Le firmament, je pense. C’est le nom chic pour le néant à l’état brut. C’est pas du très bon boulot, à vrai dire. J’veux dire, le jardin, ça va encore, mais les montagnes sont carrément salopées. De près, elles sont toutes floues. Je suis allé voir, un coup. »

Morty lorgna intensément les arbres les plus proches. Ils avaient l’air parfaitement réels.

« Pourquoi il a fait tout ça ? » demanda-t-il.

Albert grogna. « Tu sais ce qui arrive aux gamins qui posent trop de questions ? »

Morty réfléchit un instant.

« Non, dit-il enfin. Quoi donc ? »

Il y eut un silence.

Puis Albert se redressa. « Du diable si je l’sais. Sans doute qu’ils obtiennent des réponses, et c’est bien fait pour eux.

— Il a dit que je pouvais l’accompagner ce soir, fit Morty.

— Alors, c’est que t’es un petit veinard, lâcha distraitement Albert qui repartit vers le cottage.

— Il a vraiment fait tout ça ? redemanda Morty, à la traîne derrière lui.

— Oui.

— Pourquoi ?

— J’pense qu’il voulait un coin où se sentir chez lui.

— Vous êtes mort, Albert ?

— Moi ? Est-ce j’ai l’air d’être mort ? » Le vieux renifla lorsque l’apprenti posa sur lui un regard lent et inquisiteur. « Et arrête-moi ça. Je suis aussi vivant que toi. Sinon plus.

— Pardon.

— Bon. » Albert poussa la porte de derrière le cottage et se retourna pour regarder Morty aussi aimablement qu’il le put.

« Vaudrait mieux éviter de poser toutes ces questions, fit-il, ça dérange les gens. Et maintenant, qu’est-ce que tu dirais d’une bonne fricassée d’œufs, de saucisses et de bacon ? »

* * *

La cloche sonna alors qu’ils jouaient aux dominos. Morty s’assit au garde-à-vous.

« Il veut qu’on lui prépare son cheval, dit Albert. Viens ». » Ils se rendirent à l’écurie dans le crépuscule qui tombait, et le jeune homme regarda le vieux seller le cheval de la Mort.

« Son nom, c’est Bigadin, fit Albert en sanglant la sous-ventrière. Comme quoi, faut s’étonner de rien. »

Bigadin essaya de lui manger affectueusement son écharpe. Morty se souvint de la gravure dans l’almanack de sa grand-mère, entre la page sur les époques des semis et la section des phases de la lune, qui disait : La Mhort Fraspe Aygalement Tous les Hosmes. Il l’avait contemplée des centaines de fois quand il apprenait ses lettres. Elle aurait beaucoup moins impressionné son monde si on avait su que le destrier aux naseaux de feu monté par le spectre s’appelait Bigadin.

« J’aurais plutôt vu un nom comme Flamme, Sabre ou Ébène, poursuivit Albert, mais le maître a ses petites lubies, tu sais. T’es impatient, hein ?

— J’crois bien, hésita l’apprenti. J’ai jamais vu la Mort au travail.

— Ils ne sont pas beaucoup à l’avoir vu. Pas deux fois, en tout cas. »

Morty prit une profonde inspiration.

« Pour ce qui est de sa fille… commença-t-il.

— AH. BONSOIR, ALBERT, PETIT.

— Morty », fit automatiquement l’apprenti.

La Mort pénétra d’un pas décidé dans l’écurie, en se courbant un peu pour ne pas se cogner au plafond. Albert lui adressa un signe de tête, sans la moindre obséquiosité, nota le jeune homme, mais aussi sans souci de l’étiquette. Morty avait rencontré un ou deux serviteurs, les rares fois où on l’avait emmené à la ville, et Albert ne leur ressemblait pas. Il avait l’air de se conduire comme si la maison lui appartenait vraiment et que le propriétaire n’était qu’un invité de passage, un désagrément qu’on endurait au même titre que des peintures qui s’écaillent ou des araignées dans les toilettes. La Mort s’en accommodait aussi, comme si Albert et lui s’étaient déjà tout dit depuis longtemps et se bornaient désormais à faire leur boulot avec le minimum de dérangement pour l’entourage. Aux yeux de Morty, c’était un peu comme se promener après un orage particulièrement violent : tout respirait la fraîcheur, rien n’était franchement désagréable, mais on sentait que de grosses énergies venaient de se décharger.

Se renseigner sur Albert : une ligne de plus qui vint s’ajouter d’elle-même à sa liste des choses à faire.

« TIENS-MOI ÇA », dit la Mort qui lui fourra une faux dans la main au moment de sauter sur Bigadin. La faux paraissait bien ordinaire, sauf la lame : elle était si fine que Morty voyait au travers, comme un chatoiement bleu pâle capable de trancher les flammes et de découper le son en rondelles. Il la tint avec grande précaution.

« BIEN, PETIT, fit la Mort. ALLEZ, MONTE. ALBERT. NE M’ATTENDS PAS POUR TE COUCHER. »

Le cheval sortit de la cour au trot et s’éleva dans le ciel.

Les étoiles auraient dû défiler en trombe, dans un éclair. L’air aurait dû tournoyer et se charger d’étincelles fulgurantes, comme ça se passe normalement dans les hyper-sauts trans-dimensionnels classiques. Mais il s’agissait de la Mort, qui avait maîtrisé l’art de se rendre en tous lieux sans chichis et passait entre les dimensions aussi facilement qu’il traversait une porte fermée, et ils franchirent au petit galop des canyons de nuages, croisèrent de grandes montagnes boursouflées de cumulus, jusqu’à ce que les traînées de brume se dissipent devant eux et que le Disque s’étende en dessous, se dorant au soleil.

« C’EST PARCE QUE LE TEMPS EST FLEXIBLE, dit la Mort lorsque l’apprenti en fit la remarque. LE TEMPS N’EST PAS TRÈS IMPORTANT.

— J’ai toujours cru que si, moi.

— Les GENS LE CROIENT IMPORTANT UNIQUEMENT PARCE QU’ILS L’ONT INVENTÉ », répliqua sombrement la Mort. Le jeune homme trouva la réponse plutôt banale mais ne voulut pas discuter.

« On va faire quoi, maintenant ?

— Il Y A UNE GUERRE QUI S’ANNONCE BIEN AU KLATCHISTAN, dit la Mort. PLUSIEURS ÉPIDÉMIES DE PESTE QUI SE DÉCLARENT. À MOINS QUE TU NE PRÉFÈRES L’ASSASSINAT D’UNE PERSONNALITÉ.

— Quoi, un meurtre ?

— Si FAIT, UN ROI.

— Oh, les rois », fit l’apprenti sans aller plus loin. Les rois, il connaissait. Une fois l’an, une troupe ambulante, en tout cas courante, passait à Montmouton, et les pièces que jouaient les comédiens parlaient invariablement de rois. Les rois s’entre-tuaient toujours, ou se faisaient tuer. Les intrigues étaient drôlement compliquées, à base d’erreurs d’identités, de poisons, de batailles, d’enfants mâles perdus depuis longtemps, de fantômes, de sorcières et généralement d’un arsenal de dagues. À l’évidence, occuper le trône n’avait rien d’une partie de plaisir, mais le plus étonnant, c’est que la moitié de la distribution cherchait visiblement à s’y asseoir. L’idée de la vie de palais que se faisait Morty était un peu nébuleuse, mais il se disait qu’on ne devait pas dormir beaucoup.

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