Terry Pratchett - Mortimer

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Mortimer: краткое содержание, описание и аннотация

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Morty traverse les champs en courant ; il mouline des bras et s’égosille comme un beau diable. Non. Même ça, même effrayer les oiseaux pillards, il n’est pas fichu de s’en tirer proprement.
Son père, au désespoir, l’observe depuis le muret de pierres.
« Il manque pas de coeur, fait-il à l’oncle Hamesh.
— Ah, dame, c’est le reste qu’il a pas. »
Et pourtant un destin hors du commun attend Mortimer. Car à la foire à l’embauche, LA MORT l’emporte sur son cheval Bigadin.
Il faut dire que LA MORT a décidé de faire la vie ; et l’assistance d’un commis dans son labeur quotidien lui permettrait des loisirs. Mais... est-ce bien raisonnable ?
Avec, comme toujours, un scénario qui décoiffe, une distribution prestigieuse et, peut-être, peut-être, une exceptionnelle apparition de l’illustre Rincevent.

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Morty glissa à bas de sa monture et s’approcha à pas de loup de l’interface. Elle crépitait légèrement. Des formes bizarres scintillaient dedans, flottaient, tournaient et s’évanouissaient.

Après quelque recherche, il trouva un bâton et l’enfonça prudemment dans la paroi. Son geste produisit d’étranges rides qui tremblotèrent lentement hors de vue.

Morty leva la tête lorsqu’une forme le survola : une chouette noire patrouillait au-dessus des rigoles, à l’affût d’un petit couineur.

Elle heurta le mur dans un éclaboussement de brume vaporisée et laissa une ondulation en forme de chouette qui grandit, s’étendit jusqu’à rejoindre le bouillonnement kaléidoscopique.

Puis elle disparut. Morty voyait à travers l’interface transparente, mais il n’y eut aucune chouette à ressortir de l’autre côté. Au moment même où il s’en étonnait se produisit un second éclaboussement silencieux à quelques pas de distance : l’oiseau réapparut d’un coup, imperturbable, et s’éloigna en rase-mottes.

Morty se ressaisit, avança la jambe et franchit la barrière, qui n’en était pas une. Ça picotait.

Un instant plus tard, Bigadin surgit à son tour, roulant désespérément des yeux, des vrilles d’interface encore accrochées à ses sabots. Il se cabra, secoua sa crinière à la manière d’un chien pour se débarrasser des lambeaux de brume, et regarda Morty d’un air implorant.

Le jeune homme le prit par la bride, lui flatta les naseaux, farfouilla dans sa poche et lui ramena un morceau de sucre pas très net. Il se savait en présence de quelque chose d’important, mais il n’était pas encore vraiment sûr de ce dont il s’agissait.

Une route courait entre des alignements de saules humides et tristes. Morty remonta en selle, dirigea Bigadin à travers champ et s’enfonça dans l’obscurité dégouttante d’eau sous les branches.

Au loin, il distinguait les lumières de Sto Hélit, qui n’était en réalité guère plus qu’une petite ville, et une faible lueur à la limite de sa vision devait être Sto Lat. Il la regarda avec envie.

La barrière l’inquiétait. Il la voyait progresser silencieusement dans le champ derrière les arbres.

Morty était sur le point de pousser Bigadin à redécoller lorsqu’il aperçut la lumière droit devant lui, chaude, comme une invite. Elle se répandait par les fenêtres d’une grosse bâtisse à l’écart de la route. C’était sûrement une lumière déjà réconfortante en soi, mais vu le décor et l’humeur de Morty, elle engendrait tout bonnement l’extase.

Alors qu’il s’en approchait, il y vit bouger des ombres et perçut quelques bribes de chanson. Il s’agissait d’une auberge, et à l’intérieur on se donnait du bon temps, ou ce qui tenait lieu de bon temps quand on était un paysan qui passait sa vie le nez dans les choux. Sorti des choux, on s’amuse d’un rien.

Il y avait des êtres humains là-dedans, qui se livraient à des activités humaines naturelles comme se soûler et oublier les paroles d’une chanson.

Morty n’avait jamais vraiment ressenti le mal du pays, peut-être parce qu’il avait d’autres préoccupations en tête. Mais il en faisait maintenant l’expérience pour la première fois : une espèce de nostalgie, non pas d’un terroir mais d’un état d’esprit, celui de l’être humain ordinaire aux soucis simples, comme l’argent, la maladie, les voisins…

« J’vais prendre un verre, se dit-il, et peut-être que j’me sentirai mieux. »

Il y avait une écurie à façade ouverte sur le côté du bâtiment principal ; Morty conduisit Bigadin dans l’obscurité chaude aux relents de cheval, ou plutôt de chevaux, vu que trois bêtes s’y trouvaient déjà. Alors qu’il lui détachait sa musette, il se demanda si la monture de la Mort réagissait comme lui envers ses semblables aux modes de vie un peu moins surnaturels. Bigadin avait assurément l’air impressionnant auprès des autres qui le regardaient d’un œil attentif. C’était un vrai cheval, réel – les ampoules du manche de la pelle sur les mains de Morty en témoignaient –, et comparé à ses voisins il avait l’air plus vrai que jamais. Plus solide. Plus chevalin. Légèrement plus grand que nature.

Morty était à deux doigts de faire une déduction importante ; hélas, alors qu’il traversait la cour pour gagner la porte basse de l’auberge, il fut distrait par l’enseigne. Le peintre n’avait pas montré de don particulier, mais il était impossible de ne pas reconnaître la ligne de la mâchoire de Kéli ni sa masse de cheveux embrasés dans la représentation de LA TAITE DE LA RÊNE.

Il soupira et poussa la porte.

Comme un seul homme, l’assemblée s’arrêta de parler et le fixa de l’honnête regard rural qui laisse entendre qu’il suffirait d’un rien pour qu’on vous tabasse le crâne à coups de pelle et qu’on enterre votre cadavre sous un tas de compost à la pleine lune.

Morty mériterait qu’on le reconsidère parce qu’il a beaucoup changé au cours des derniers chapitres. Par exemple, les coudes et les genoux dont il reste encore abondamment pourvu semblent avoir migré à leurs emplacements naturels, et il ne se meut plus comme s’il avait les jointures mal assemblées par des élastiques. Avant, il donnait l’impression de ne rien connaître du tout ; maintenant, celle d’en savoir trop long. Une lueur dans son regard laisse entendre qu’il a contemplé ce que le commun des mortels ne voit jamais, ou alors rien qu’une fois.

Quelque chose d’indéfinissable dans le reste de sa personne pousse les observateurs à se dire qu’il serait aussi avisé de causer des ennuis à ce garçon que de flanquer un coup de pied dans un nid de guêpes. En bref, Morty ne ressemble plus du tout à ce qu’un chat aurait rapporté puis rendu.

L’aubergiste relâcha son étreinte sur le solide gourdin pacificateur qu’il gardait sous le comptoir et composa ses traits en un semblant de sourire enjoué et accueillant, quoique pas trop.

« ’soir, Vot’ Seigneurie, dit-il. Qu’esse y a pour vot’service, par c’te nuit d’froidure ?

— Quoi ? répondit Morty, que la lumière faisait cligner des yeux.

— Ce qu’y veut dire, c’est : qu’esse tu veux boire ? expliqua un petit homme à face de furet assis près du feu et qui considérait Morty de l’œil du boucher devant tout un champ d’agneaux.

— Hum. J’sais pas. Vous vendez de la goutte d’étoile ?

— Jamais entendu causer, Vot’ Seigneurie. »

Morty fit du regard le tour des figures qui l’observaient, illuminées par le feu. Le type de gens qu’on qualifie volontiers de sel de la terre. En d’autres termes, ils manquaient de raffinement, ils avaient mauvaises mines et ils étaient malsains, mais Morty, tout à ses préoccupations, ne remarqua rien.

« Qu’est-ce qu’on aime boire par ici, alors ? »

L’aubergiste lança un coup d’œil en coin à ses clients, un tour de force vu qu’ils se trouvaient juste devant lui.

« Ben, Vot’ Seigneurie, on boit du frottis, d’préférence.

— Du frottis ? répéta Morty auquel échappèrent les ricanements étouffés.

— Oui-da, Vot’ Seigneurie. Fait avec d’la pomme. Enfin, surtout d’la pomme. »

Une boisson saine, se dit Morty. « Oh. Bien, fit-il. Une pinte de frottis, alors. » Il mit la main à sa poche et sortit la bourse d’or que la Mort lui avait remise. Elle était encore pas mal pleine. Dans le brusque silence de l’auberge, le léger tintement des pièces résonna comme les légendaires Gongs de Cuivre de Leshp qu’on entend au large par nuit de tempête quand les courants les agitent dans leurs tours englouties par trois cents brasses de fond.

« Et veuillez servir à ces messieurs ce qu’ils désirent », ajouta-t-il.

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