« Assez de fer », dit-il avant de planter un baiser soudain sur la joue de la jeune sorcière.
Un baiser à peine glacial.
Les galeries entourant les parois internes du tertre des Feegle étaient pleines à craquer mais silencieuses. L’heure était grave. L’honneur du clan était en jeu.
Au centre de la salle reposait un grand livre, plus grand que Rob et farci d’illustrations colorées. Il était tout crotté suite à sa descente jusqu’à l’intérieur du tertre.
On avait mis Rob en question. Depuis des années il se croyait un héros, et voilà que la michante sorcieure des michantes sorcieures lui avait dit qu’il n’en était pas un, pas vraiment. Ben, il n’y avait pas à discuter avec la michante sorcieure des michantes sorcieures, mais il allait relever le défi, oh win, parfaitement, ou il ne s’appelait pas Rob Deschamps.
« Où est ma vake ? lut-il. C’eut cha, ma vake ? Cha faet « cot » ! C’eut un… un… pouleut ! C’eut pwint ma vake ! Et apreus y a une ch’tite pinture de deus pouleuts. Cha faet une ote paje, non ?
— Win, Rob », confirma Guillou Gromenton.
Des acclamations fusèrent de l’assemblée de Feegle tandis que Rob courait autour du livre en agitant les mains en l’air. « Et chti-là est bocop pus dur que l’Absaedair, pwint vrai ? dit-il une fois son tour terminé. L’ote aetwat aeseu ! Et l’histware traes praevisibe. Chti-là qu’a aecrit ce live s’est pwint fouleu, d’apreus mi.
— Vos voleuz dire L’Abécédaire ? fit Guillou Gromenton.
— Win. » Rob Deschamps sautilla sur place et donna des coups de poing dans le vide. « Vos aveuz quaet chose un ch’tit peu pus dur ? »
Le gonnagle se tourna vers le tas de livres fatigués que les Feegle avaient accumulés par divers moyens.
« Quaet chose de bieu consistant, ajouta Rob. Un gros live.
— Bin, y en a un qui se noume Principes de la comptabilité moderne , proposa Guillou Gromenton en hésitant.
— Et c’eut un grand live aeroïque à lire ? demanda Rob en accourant aussitôt.
— Win, sans doutance, mais…»
Rob Deschamps leva la main pour réclamer le silence et regarda Jeannie, de l’autre côté, qu’entourait une foule de petits Feegle. Elle lui souriait, et ses fils observaient leur père, muets de stupéfaction. Un jour, songea Rob, ils seront capables d’aborder jusqu’aux mots les plus longs et de leur flanquer un bon coup de pied. Même les virgules et ces vicieux de points-virgules ne pourront pas les en empêcher !
Il fallait qu’il soit un héros.
« Ce live, je le sens bieu, dit Rob Deschamps. Aporteuz-le-mi ! »
Et il lut Principes de la comptabilité moderne toute la matinée, mais, juste pour en augmenter l’intérêt, il y ajouta un grand nombre de dragons.
La danse Morris…
… se danse traditionnellement le I ermai pour inviter l’été à venir. Son histoire est un peu confuse, peut-être parce qu’on la danse souvent à proximité de pubs, mais c’est aujourd’hui la danse traditionnelle anglaise. Les danseurs sont d’habitude habillés de blanc et portent des grelots cousus à leurs vêtements.
J’ai imaginé la Morris noire pour un autre roman (du moins, je crois l’avoir imaginée). Puisque l’année est cyclique, me suis-je dit, les saisons pourraient avoir besoin de plus d’un coup de pouce. Un jour, alors que j’effectuais une tournée de dédicaces, des danseurs Morris sont arrivés, tout en noir, rien que pour moi. Ils ont dansé la Morris noire en silence, parfaitement en rythme, sans la musique ni les grelots de la danse d’été.
C’était parfaitement exécuté. Mais également un peu terrifiant. Aussi serait-il peut-être malvenu de la danser chez soi…
Terry Pratchett.
FIN
Euh… La Chasse aux sorcières pour les nuls.
Un local jouxtant la cuisine pour laver les casseroles et effectuer d’autres corvées sales et mouillées. Mademoiselle Trahison avait peut-être des sous, mais elle ne les gardait pas dans la souillarde, ça n’a donc aucun rapport.
Kevin, Neville et Trevor.
Ça surprend au début mais on s’y fait très bien. (NdT.)
Qu’une vieille amie et une vieille ennemie puissent être souvent la même personne en dit long sur les sorcières.
Expérimagienter : employer la magie uniquement pour voir ce qui se passe.
Ainsi appelées parce qu’elles viennent du cheval et qu’elles ont à peu près la grosseur d’une pêche…
Ce qui fit l’objet d’un article dans le journal, et, peu après, une veuve lui écrivit pour lui signifier toute l’admiration qu’elle portait à un homme qui comprenait aussi bien l’hygiène. On les aperçut par la suite qui se promenaient ensemble ; à quelque chose malheur est bon, comme on dit…
Toutes les sorcières sont un peu bizarres. Quand on est bizarre, il vaut mieux régler ça au plus tôt.
« Co-ot »…