Jim Butcher - Dans l'oeil du cyclone

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Dans l'oeil du cyclone: краткое содержание, описание и аннотация

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Un des secouristes parlait dans sa radio, pendant que l’autre s’occupait de Murph en la transportant avec moi. Je n’aurais pas d’autre occasion. Je me penchai sur Murph essayant de dissimuler mes activités avec mon manteau. Je dépliai sa main et compressai ses doigts pour faire glisser le bracelet métallique.

Au prix de griffures accompagnées de gémissements, je parvins à libérer la menotte juste au moment où nous arrivions derrière l’ambulance. Le deuxième secouriste se précipita pour nous ouvrir avant d’entrer dans le véhicule. Des sirènes de pompiers et de police convergeaient dans notre position.

Rien n’est jamais simple quand je suis dans le coin.

— Elle a été empoisonnée, dis-je au secouriste. Vous trouverez la piqûre sur le haut de son bras droit ou dans l’épaule. C’est une dose massive de venin de scorpion brun. Il doit y avoir du sérum antipoison quelque part. Un tourniquet aussi, et…

— Mec, coupa l’ambulancier excédé, je connais mon boulot. Qu’est-ce qui s’est passé ?

— Ne me le demandez pas…, lâchai-je en me tournant vers l’immeuble.

L’averse redoublait de violence. Avais-je encore du temps ? Ou serais-je mort avant d’arriver à la maison du lac ?

— Vous saignez, dit le secouriste sans quitter Karrin des yeux.

Je regardai ma jambe. Elle ne m’avait pas fait mal jusqu’au moment où je compris enfin ce qui venait de m’arriver. La pince avait déchiré le survêtement sur une quinzaine de centimètres – pareil pour la chair en dessous. Une belle entaille.

— Asseyez-vous, continua le secouriste. Je suis à vous dans une minute. Mais dans quoi vous êtes-vous roulé ?

Je m’essuyai la tête, profitant de l’occasion pour ramener mes cheveux en arrière. L’autre type revint avec une bouteille d’oxygène et ils se remirent au travail pour soigner Murphy. Elle ressemblait à une pizza. Le visage pâle par endroits et rouge ailleurs, elle était aussi molle qu’une frite McDonald’s, sauf quand des spasmes tétanisaient ses muscles. La souffrance l’envahissait, puis disparaissait.

Tout était ma faute ! Si je n’avais pas refusé de lui dire ce que je savais, elle n’aurait jamais dû fouiller mon bureau ! Si j’avais été plus honnête, elle ne serait peut-être pas en train de mourir sur une civière. Je ne pouvais pas l’abandonner. La laisser seule une fois de plus et partir…

Et pourtant, c’est ce que je fis, forcé de fuir avant que le reste des secours arrive, que la police commence à poser des questions et que les infirmiers se mettent à ma recherche et donnent ma description aux autorités.

Tout en moi m’écœurait. Je ne supportais pas de partir sans être certain que Murphy survivrait à la piqûre. Je me détestais d’avoir laissé des insectes et des démons ravager mon appartement et mon bureau – sans compter mes propres pouvoirs. Je répugnais à fermer les yeux, car je voyais les corps mutilés de Tommy Tomm, de Jennifer Stanton et de Linda Randall. Je maudis la peur sournoise qui me tordait le ventre quand je pensais à mon propre cœur, expulsé hors de ma poitrine.

Plus que tout, j’exécrai Victor Sells, le responsable de cette affaire. L’Homme de l’Ombre qui allait profiter de cet orage pour m’exécuter.

Je pouvais mourir d’une minute à l’autre… Pas si vite. Le moral remonta quand j’examinai les nuages. Arrivée par l’ouest, la tempête venait à peine de s’abattre sur la ville. Elle était assez lente, un peu comme un rouleau compresseur qui allait écraser la zone pendant des heures. La résidence des Sells était à l’est, de l’autre côté du lac Michigan. Une quarantaine de kilomètres à vol d’oiseau. Avec un peu de chance et une bonne voiture, je pouvais peut-être arriver avant l’orage et vaincre Victor dans la foulée.

J’avais perdu mes bâtons pendant l’attaque du scorpion, mais je pouvais toujours invoquer le vent pour les récupérer. Vu mon état de nerfs, je risquai d’emporter la façade du bâtiment. Je n’avais pas envie d’utiliser ma puissante magie pour prendre des centaines de kilos de briques sur la tronche. En plus, j’avais grillé mon bracelet à boucliers en amortissant la chute de l’ascenseur.

Il me restait le pentagramme de ma mère, autour de mon cou. Ce talisman était un symbole de l’ordre et de la coordination des différents pouvoirs qui gouvernaient la magie blanche. J’avais aussi mes années d’apprentissage, plus mon expérience du terrain et des duels de sorciers. Enfin, je conservais ma foi.

Mais c’était tout ce qu’il me restait.

Épuisé, commotionné, blessé, j’avais utilisé plus de magie en une seule journée que bien des mages en une semaine. J’avais déjà dépassé mes limites, tant mystiques que physiques, mais je m’en moquais.

La douleur dans la jambe ne m’affaiblissait et ne me décourageait pas. Elle embrasait mon esprit, ma concentration, brillant d’un feu encore plus pur qui donnait à ma colère et à ma haine un tranchant acéré.

Victor allait payer pour ce qu’il avait fait à tous ces gens, mes amis et les autres. Je ne crèverais pas avant d’avoir montré à ce type ce qu’est un véritable magicien.

J’arrivai assez vite chez McAnany . Je fis irruption dans le pub telle une tempête de jambes, de vent et de pluie, de claquements de manteau et de fureur.

L’endroit était plein à craquer. Les treize tabourets, les treize tables, les treize piliers, il y avait du monde partout. La fumée des pipes formait des volutes patiemment découpées par le ventilateur fixé au plafond. Sur les tables et les quelques appliques, des bougies luttaient en vain contre les ténèbres et le clair-obscur de l’orage n’arrangeait pas les choses. La lumière tamisée conférait un aspect flou et insolite aux ornements des piliers. Tous les jeux d’échecs étaient sortis, mais j’avais le sentiment que les joueurs tentaient d’oublier quelque chose qui les troublait.

Tous se tournèrent vers moi quand je descendis les marches, dégoulinant de pluie et de sang. La salle entière se tut.

Ces gens formaient les bas-fonds de la communauté magique. Des envoûteurs dont le potentiel, la motivation ou la force n’était pas assez développée pour en faire de vrais magiciens. Des personnes aux dons innés qui comprenaient leur nature et tentaient de se faire oublier : des autodidactes, des herboristes, des médecins holistiques, des apprenties sorcières, des adolescents un peu perdus qui découvraient leurs pouvoirs sans savoir vraiment qu’en faire. Ils étaient tous là : des vieux et des jeunes, impassibles, inquiets ou effrayés. Je les connaissais tous, au moins de vue.

Je balayai l’assistance du regard, tous baissèrent les yeux, mais je n’eus aucun mal à comprendre ce qui se passait. La rumeur se répand vite chez les adeptes de la magie, et le téléphone arabe avait accompli son œuvre. Tout le monde savait que j’étais dans la ligne de mire. Un conflit opposait deux mages, l’un blanc, l’autre noir, et tous ces paumés s’étaient réfugiés au McAnany. Ils venaient bénéficier de la protection de son architecture tortueuse et de la configuration ésotérique des tables et des piliers en attendant la fin du conflit.

En revanche, inutile de me réfugier ici, le pub ne pouvait rien contre un sort ciblé. C’était un parapluie, pas un abri antiatomique. Impossible d’échapper au sort de Sells, à moins de fuir dans l’Outremonde. Hélas, j’y serais plus en danger que si je me planquais chez Mac…

Je restai là, sans dire un mot. Je les connaissais tous, certains étaient presque des amis, mais je ne pouvais pas leur demander de m’aider. J’ignorais comment Victor se considérait, mais c’était un véritable magicien, et il les aurait écrasés comme des insectes. Ils n’étaient pas de taille contre un monstre pareil.

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