– Okay. L’original nous a été prêté dans le cadre de ce traité d’échanges culturels que nous avons signé. On l’a décrit comme une relique, un objet d’utilité inconnue – mais probablement d’ordre décoratif – trouvé parmi les ruines d’une civilisation morte. Elle semble être synthétique. Dans ce cas, c’est peut-être l’objet le plus ancien façonné par l’intelligence dans toute la galaxie.
– Ce qui la rend inestimable.
– Naturellement.
– Si nous la perdions ou la détruisions, nous pourrions être exclus du programme d’échanges.
– Je suppose que c’est possible…
– Tu supposes, tu parles ! C’est possible . J’ai vérifié. La bibliothèque possède maintenant une traduction complète de l’accord, et j’ai eu la curiosité d’aller voir ce qu’elle disait. Tous les membres tiendraient une réunion pour voter notre expulsion.
– Alors, encore heureux qu’elle n’ait été ni perdue ni détruite.
– Ouais. Formidable.
– Comment se fait-il que Byler ait pu l’avoir entre les mains ?
– À mon avis, par l’O. N. U. – on lui a demandé de faire une copie pour l’exposer. Il l’a faite et c’est là qu’il y a eu maldonne.
– Je n’arrive pas à croire qu’il ait pu y avoir maldonne dans une affaire aussi importante.
– Alors, suppose que c’est intentionnel.
– Comment ça ?
– Disons qu’on lui ait prêté la pierre, mais qu’au lieu de redonner l’original et une copie, il leur ait rendu deux copies. C’est très possible qu’il ait voulu la garder plus longtemps pour l’étudier en long et en large. Il pouvait se dire qu’il la rendrait quand il aurait fini ou si on le prenait sur le fait. Il n’y aurait pas eu de scandale dans une entreprise aussi clandestine. Ou peut-être que j’ai l’esprit trop tortueux. Peut-être qu’on la lui avait prêtée légalement tout le temps, pour qu’il l’étudié à leur demande. Quoi qu’il en soit, supposons qu’il avait l’original récemment encore.
– D’accord, supposons.
– Puis l’original a disparu. Qu’il ait été mélangé ou jeté avec les copies de qualité inférieure, ou que ce soit la pierre qu’il nous ait donnée par erreur…
– Qu’il t’a donnée, qu’il t’a donnée, dis-je. Et pas par erreur.
– Paul est arrivé à cette conclusion aussi, poursuivit-il, ignorant mon intervention. Il a paniqué, s’est mis à la recherche de la pierre, ce qui nous a valu d’être passé à tabac.
– Comment s’en est-il aperçu ?
– Quelqu’un a remarqué que c’était une copie et lui a demandé où était la vraie. Quand il l’a cherchée, elle n’était plus là.
– Et il est mort.
– Tu as dit que les deux hommes, qui t’ont interrogé en Australie, ont admis, pour le moins, être responsables de sa mort.
– Zeemeister et Buckler. Oui.
– Le wombat-détective t’a dit que c’étaient des brigands.
– Des branguits, mais continue.
– L’O. N. U. en a informé les pays membres – et c’est là que le Département d’État intervient dans notre cas. Mais quelque chose a foiré et Zeemeister a décidé de retrouver la pierre le premier pour en tirer une coquette rançon. Excuse-moi, une récompense.
– Dans le surréalisme, ce n’est pas idiot. Continue.
– Ainsi, il se peut que nous ayons eu la pierre en notre possession et tout le monde le savait. Mais nous, nous ne savons pas où elle se trouve et personne ne nous croit
– Qui, personne ?
– Les fonctionnaires de l’O. N. U., les types des Étranges Affaires, les branguits et les extra-terrestres.
– Eh bien, si les extra-terrestres en ont été informés et prêtent leur assistance dans cette enquête, l’histoire de Charv et Ragma devient un peu plus compréhensible – avec leur truc de sécurité et tout ça. Mais il y a autre chose qui me tracasse. Ils avaient l’air terriblement convaincus que j’en savais plus que je ne le pensais au sujet des coordonnées de la pierre. Ils croyaient même qu’un analyste télépathe pourrait découvrir des pistes utiles dans mon subconscient. Je me demande ce qui leur a donné cette idée ?
– Là, je n’ai pas d’explications à t’offrir. Peut-être ont-ils éliminé toutes les autres possibilités. Et peut-être aussi qu’ils ont raison. La pierre a bien disparu d’une façon étrange. Je me demande… ?
– Quoi ?
– Si tu ne sais pas quelque chose, quelque chose que tu aurais supprimé de ta mémoire pour une raison quelconque ? Peut-être qu’un bon analyste non-télépathe pourrait aussi obtenir des résultats. Hypnose, drogues… que sais-je ? Et ce docteur Marko que tu allais souvent voir ?
– C’est une idée, mais il faudrait beaucoup de temps pour le convaincre de la réalité des préliminaires qu’il lui faut connaître avant de se mettre au travail. Il pourrait même croire que j’ai perdu la boule, me faire interner et m’administrer la fausse thérapie. Non, je ne me rangerais pas à cet avis maintenant
– Où cela nous mène-t-il ?
– A l’ivresse, dis-je. Mes centres cérébraux les plus élevés sont en train de se décentrer.
– Tu veux que je fasse du café ?
– Non. L’état de conscience est en train de perdre six à zéro et j’aimerais me retirer gracieusement. Tu permets que je dorme sur le divan ?
– Bien sûr. Je vais aller te chercher une couverture et un oreiller.
– Merci.
– Peut-être que nous aurons quelques idées neuves demain matin, dit-il en se levant.
– Les penser représentera une opération douloureuse, quelles qu’elles soient, dis-je, en me dirigeant vers le divan et retirant mes chaussures. Que la pensée s’éteigne. Je réfute Descartes.
Je m’affalai sur le divan, sans un c ogito ni un sum attaché à mon nom.
Trou…
Il y avait un télex dans une pièce au fin fond de mon cerveau. Qui n’avait jamais été utilisé. Dans la non-réalité où le non-moi n’existe pas pendant un intervalle reposant de non-temps, il bredouillait et crachotait, essayant d’opérer une synthèse avec un réceptacle qui me ressemblait étrangement, dans le dessein de le tourmenter…
– M’ENTENDEZ-VOUS, FRED ?
– M’ENTENDEZ-VOUS, FRED ?
– OUI
– BIEN
– QUI ÊTES-VOUS ?
– JE SUIS XXXXXX : M’ENTENDEZ-VOUS, FRED ?
– OUI. QUI ÊTES-VOUS ?
– JE SUIS XXXXXX ARTICLE 7224 SECTION C. C’EST MOI QUI VOUS EN FAIT PART
– TRÈS BIEN
– POUVEZ-VOUS PROCURER UNE UNITÉ D’INVERSION AXIALE N°?
– NON
– C’EST IMPORTANT
– C’EST AUSSI TRÈS VAGUE
– NÉCESSAIRE
– QU’EST-CE QUE C’EST QUE VOTRE SACRÉE UNITÉ D’INVERSION AXIALE N ?
– CORRESPONDANCES TEMPS NOMS XXXXXXXXXXX LA MACHINE DE RHENNIUS. CE M ֤É CANISME
– JE SAIS OÙ ELLE EST. OUI
– ALLEZ TESTER LE PROGRAMME D’INVERSION DE LA MACHINE DE RHENNIUS
– COMMENT ?
– OBSERVEZ LES TRANSFORMATIONS PROGRESSIVES D’UN OBJET PASSÉ DANS SON MOBILATOR
– QU’EST-CE QU’UN MOBILATOR ?
– L’UNITÉ CENTRALE OÙ PASSE LA COURROIE
– IMPOSSIBLE DE S’APPROCHER DE LA MACHINE, ELLE EST GARDÉE
– VITAL
– POURQUOI ?
POUR REFORMULER XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
– POUR REFORMXXXXXXXXXXXX POUR XXXXXX
– VOUS M’ENTENDEZ, FRED ?
– OUI
– ALLEZ TESTER LE PROGRAMME D’INVERSION DE LA MACHINE DE RHENNIUS
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