Isaac Asimov - La fin de l'éternité

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La fin de l'éternité: краткое содержание, описание и аннотация

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* Depuis que les Technocrates de l'Eternité envoient leurs délégués dans l'avenir et dans le passé, ils croient que la Terre va enfin
.
* Mais ils ignorent qu'un jeune
s'est épris d'une ravissante
et que l'amour peut saboter tous les principes de l'Eternité.
Avec cette extraordinaire aventure de l'homme dans le temps et dans l'Eternité, Asimov nous prouve une nouvelle fois qu'il est bien le maître de la science-fiction.

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Finge s’arrêta comme s’il s’attendait à ce qu’Harlan fasse quelque commentaire ou pose quelque question. Mais celui-ci ne souffla mot.

Finge continua : « Jamais depuis le Changement de Réalité 433-486, Série Numéro F-2, qui eut lieu il y a environ un an – une physio-année – on a eu la preuve de l’implantation dans la Réalité d’une telle croyance indésirable. Je suis arrivé à certaines conclusions sur la nature de cette croyance et je les ai présentées au Comité Pan-temporel. Le Comité hésite à les accepter du fait qu’elles dépendent de la réalisation d’une structure de rechange d’une probabilité extrêmement réduite.

« Avant de prendre une décision dans le sens que j’ai indiqué, ils exigent une confirmation par Observation directe. C’est un travail des plus délicats, ce qui explique pourquoi je vous ai rappelé et pourquoi le Calculateur Twissell vous a laissé venir. J’ai en outre découvert un membre de l’aristocratie régnante (il s’agit d’une femme) qui pensait qu’il devait être passionnant de travailler dans l’Éternité. Je l’ai fait venir dans ce bureau et je l’ai surveillée de près pour voir si elle faisait l’affaire… »

Harlan pensa : « Surveillée de près ! Bien sûr ! »

De nouveau sa colère se concentra sur Finge plutôt que sur la jeune femme.

Finge parlait toujours. « Elle répond à toutes les conditions.

Nous allons maintenant la renvoyer dans le Temps. En utilisant sa demeure comme base d’Observation, vous serez à même d’étudier la vie sociale de son milieu. Comprenez-vous maintenant la raison de sa présence ici et pourquoi je veux que vous alliez vous installer chez elle ? »

Harlan dit avec une ironie à peine dissimulée : « Je comprends très bien, je vous prie de le croire.

— Alors vous allez accepter cette mission. »

Harlan se retira la rage au cœur et bien décidé à ne pas se laisser faire. Finge n’allait pas le posséder ainsi. Il n’allait pas le manœuvrer comme un imbécile.

C’était sûrement cette détermination farouche de déjouer les intentions de Finge et de le battre à son propre jeu qui lui causait une sorte d’excitation joyeuse à l’idée de sa prochaine incursion dans le 482 e siècle.

C’était sûrement cela et rien d’autre.

5

LA TEMPORELLE

Bien qu’à proximité de l’une des plus grandes villes du siècle, la demeure de Noÿs Lambent était assez isolée. Harlan connaissait bien cette ville ; il la connaissait mieux que ne pouvait le faire aucun de ses habitants. Au cours de ses Observations et des incursions qu’elles avaient nécessitées dans cette Réalité, il avait visité chaque quartier de la ville et chaque décennie entrant dans le cadre des attributions de la Section.

Il connaissait la ville à la fois dans l’Espace et dans le Temps. Il pouvait en assembler les éléments, la considérer comme un organisme vivant en plein développement, avec ses crises et ses périodes de calme, ses joies et ses peines. Il était à présent dans cette ville à un certain moment du temps ; il y resterait toute une semaine prise hors de la durée de cette lente vie minérale de béton et d’acier.

Et qui plus est, lors de ses incursions préliminaires, il avait de plus en plus porté son attention sur les « périœciens{Périœciens (du grec nzpi, autour, et oixetv habiter ; c’est-à-dire ceux qui « habitent autour (de l’axe du Pôle) ». Ce terme désigne les habitants du même parallèle terrestre, donc sous la même latitude, mais sous une longitude différente. (Note du Traducteur.) } », les habitants les plus en vue de la cité, qui vivaient cependant à l’extérieur dans un isolement relatif.

Le 482 e siècle était un des nombreux siècles dans lesquels la fortune n’était pas également répartie. Les Sociologues désignaient ce phénomène par une équation (qu’Harlan avait eue sous les yeux, mais qu’il ne comprenait pas très bien). Elle permettait, pour tout siècle donné, d’établir trois relations, et pour le 482 e siècle, ces relations étaient proches de la limite de sécurité. Les Sociologues hochaient la tête à ce sujet et Harlan avait entendu l’un d’eux dire un jour que toute nouvelle détérioration due à de nouveaux Changements de Réalité rendrait nécessaire « une Observation minutieuse ».

Il y avait cependant une chose qui limitait le côté défavorable que pouvait présenter la résolution de cette équation sur la répartition des richesses. C’était l’existence d’une société oisive et par là le développement d’un mode de vie non dénué d’attraits qui, et ce n’était pas le moindre de ses avantages, favorisait la culture et les arts. Tant qu’à l’autre bout de l’échelle sociale les conditions de vie n’étaient pas trop misérables, tant que les classes oisives ne négligeaient pas entièrement leurs responsabilités pour mieux jouir de leurs privilèges, tant que leur culture ne sombrait pas dans des formes trop visiblement décadentes, les Éternels avaient toujours tendance à ne pas tenir compte de l’écart existant entre l’équation idéale et la répartition réelle des richesses et à chercher d’autres signes, moins spectaculaires, de déséquilibre.

Bien malgré lui, Harlan commençait à se rendre compte de la situation. D’habitude, lorsqu’il devait séjourner dans un siècle donné, il passait la nuit à l’hôtel, dans les quartiers les plus pauvres, où un homme pouvait facilement passer inaperçu, où les étrangers étaient ignorés, où une présence de plus ou de moins n’avait aucune importance et ne provoquait donc dans la trame de la Réalité qu’une distorsion minime. Mais même cela était imprudent ; quand il y avait une forte chance pour que la distorsion dépasse le point critique et fasse s’écrouler une part non négligeable du château de cartes qu’était la Réalité, il n’était pas rare qu’il soit obligé de dormir à la belle étoile, derrière une haie.

Et il lui arrivait souvent d’en passer plusieurs en revue avant de trouver celle près de laquelle il risquait le moins d’être dérangé par les fermiers, les vagabonds ou même les chiens égarés au cours de la nuit.

Mais maintenant Harlan, à l’autre extrémité de l’échelle sociale, dormait dans un lit fait d’une matière traversée par un champ de force – une combinaison particulière de matière et d’énergie qui n’était utilisée qu’aux niveaux économiques les plus élevés de cette société. Tout au long du Temps, c’était moins fréquent qu’une technologie basée sur la seule matière, mais ça l’était davantage que l’utilisation de l’énergie pure. Quoi qu’il en soit, ce « matériau » alliait la souplesse à la fermeté, s’adaptant aux mouvements de son corps dès qu’il bougeait ou se retournait.

De mauvaise grâce, il devait reconnaître l’attrait d’un tel confort, mais il faisait sienne la sagesse avec laquelle chaque Section de l’Éternité choisissait de vivre dans le siècle qui lui était assigné selon le niveau de vie moyen plutôt que dans le luxe des classes dirigeantes. Les Éternels étaient ainsi à même de comprendre les problèmes et « l’esprit » de l’époque et ne risquaient pas de s’identifier trop étroitement avec une minorité privilégiée que constituait sociologiquement un extrême.

« Il est facile, pensa Harlan ce premier soir, de vivre avec des aristocrates. »

Et juste avant de s’endormir, il pensa à Noÿs.

Il rêva qu’il siégeait au Comité Pan-temporel, les doigts croisés devant lui d’un air digne. Il regardait de haut un Finge qui se faisait tout petit, écoutant avec terreur la condamnation qui le chassait de l’Éternité et lui confiait l’Observation perpétuelle de l’un des siècles inconnus du lointain, très lointain avenir. Les mots glacés de la sentence d’exil tombaient de la propre bouche d’Harlan et, immédiatement à sa droite, était assise Noÿs Lambent.

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