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Robert Silverberg: La face des eaux

Здесь есть возможность читать онлайн «Robert Silverberg: La face des eaux» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию). В некоторых случаях присутствует краткое содержание. Город: Paris, год выпуска: 1997, ISBN: 2-253-07191-9, издательство: Livre de poche, категория: Фантастика и фэнтези / на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале. Библиотека «Либ Кат» — LibCat.ru создана для любителей полистать хорошую книжку и предлагает широкий выбор жанров:

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Robert Silverberg La face des eaux

La face des eaux: краткое содержание, описание и аннотация

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Hydros est une planète-océan où vivent en bonne intelligence les Gillies, premiers habitants de ce monde, et quelques humains, sur des îles flottantes construites par les Gillies. Mais lorsque l’armateur Delagard commet l’irréparable, les Gillies décident de chasser les humains. Où fuir ? L’espace est inaccessible. Il ne reste à Lawler, le médecin, et à ses compagnons qu’à se confier à l’océan, sur les vaisseaux de Delagard, en espérant rejoindre le continent mythique nommé la Face des eaux, de l’autre côté du monde. S’il existe…

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L’air hébété, Lawler s’avança en titubant vers le bastingage avec la vague intention de plonger pour aller aider Struvin. Kinverson sembla comprendre ce qu’il voulait faire. Il allongea le bras, saisit le médecin par l’épaule et le tira en arrière.

— Ne soyez pas stupide ! dit-il. Dieu seul sait ce qui grouille là-dessous et vous attend.

Lawler acquiesça d’un signe de tête hésitant. Il s’écarta du bastingage et regarda ses doigts brûlés. L’empreinte brillante d’un réseau de lignes rouges se détachait sur sa peau. La douleur était insoutenable ; il avait le sentiment que ses mains allaient exploser.

La scène n’avait pas duré plus d’une minute et demie.

Delagard sortit par l’écoutille et se précipita vers eux, l’air à la fois agacé et inquiet.

— Que se passe-t-il ici ? Pourquoi toute cette agitation et ces cris ? Où est passé Gospo ? ajouta-t-il après un silence.

Le souffle court, la gorge sèche, le cœur battant, incapable d’articuler un mot, Lawler désigna le bastingage avec un petit signe de la tête.

— Par-dessus bord ? dit Delagard d’un ton incrédule. Il est tombé à la mer ?

Il s’élança vers le bord et se pencha par-dessus le bastingage. Lawler vint le rejoindre. Tout semblait calme : l’armée grouillante et frémissante de méduses avait disparu de l’eau sombre, lisse et silencieuse. Pas la moindre trace de Struvin, ni de la créature qui l’y avait entraîné.

— Il n’est pas tombé, dit Kinverson. C’est l’autre moitié de cet animal qui l’a emmené avec lui.

Il montra les restes déchiquetés du filet qu’il avait piétiné et qui ne formaient plus maintenant qu’une grosse tache verdâtre sur le bois jaune du pont.

— Un vieux filet de pêche, dit Lawler d’une voix rauque, on aurait dit un vieux filet. En tas sur le pont, là-bas. Ce sont peut-être les méduses qui l’avaient envoyé ici pour pêcher quelque chose pour elles. Struvin a lancé un coup de pied, le filet s’est enroulé autour de sa jambe et…

— Comment ? Qu’est-ce que c’est que ces conneries ?

Delagard regarda derechef par-dessus le bastingage, puis son regard passa des mains de Lawler aux restes verdâtres du filet.

— Vous parlez sérieusement ? poursuivit-il. Quelque chose qui ressemblait à un filet est sorti de l’eau pour monter sur le pont et a entraîné Gospo ?

Lawler acquiesça de la tête en silence.

— Ce n’est pas possible. Quelqu’un a dû le pousser par-dessus bord. Qui a fait cela ? C’est vous, Lawler ? Ou bien vous, Kinverson ?

Delagard cligna des yeux comme s’il prenait conscience de l’improbabilité de ce qu’il venait de dire. Puis il regarda attentivement Lawler et Kinverson.

— Un filet ? dit-il lentement. Un filet qui a rampé jusqu’au pont et qui a emporté Gospo ?

Lawler acquiesça d’un nouveau signe de la tête à peine perceptible. Il ouvrit et referma lentement les mains. La sensation de brûlure s’estompait légèrement, mais il savait qu’elle durerait encore plusieurs heures. Il était bouleversé, transi, hébété. Toute la scène cauchemardesque repassait sans cesse dans son esprit : Struvin remarquant la présence du filet et le poussant du pied, le filet s’enroulant autour de sa jambe et rampant insensiblement vers le plat-bord en entraînant sa proie…

— Non, murmura Delagard. Merde, je ne peux pas croire ça !

Il secoua la tête et se pencha de nouveau vers la surface paisible des eaux.

— Gospo ! hurla-t-il. Gospo !

Mais il ne reçut aucune réponse.

— Et merde ! Cinq jours de mer et quelqu’un a déjà disparu ! Ce n’est pas possible !

Il se détourna du bastingage au moment où le reste de l’équipage apparaissait, Léo Martello en tête, suivi du père Quillan, de Onyos Felk et de tous les autres. Delagard pinça les lèvres et gonfla les joues. Il avait le visage cramoisi de fureur incrédule et d’horreur. La profondeur du chagrin de Delagard étonna Lawler. Struvin avait péri d’une manière particulièrement atroce, mais il existait peu de bonnes manières de mourir. Et le médecin n’aurait jamais imaginé que Delagard pût se soucier de qui ou de quoi que ce fût d’autre que de lui-même.

— Avez-vous déjà entendu une histoire comme celle-là ? demanda l’armateur en se tournant vers Kinverson.

— Jamais. Jamais de ma vie !

— Quelque chose qui ressemblait à un filet tout à fait normal, répéta Delagard. Un vieux filet dégoûtant qui a bondi sur lui et s’est enroulé autour de son corps ! Mais où sommes-nous ici ? Saleté de mer !

L’armateur continuait de secouer la tête, comme si, en la secouant assez longtemps et assez vigoureusement, il pouvait réussir à faire sortir Struvin de l’eau.

— Père Quillan ! s’écria-t-il en se retournant brusquement vers le prêtre. Voulez-vous dire une prière ?

— Comment ? demanda le prêtre, l’air égaré.

— Vous n’avez pas entendu ? Nous avons perdu l’un des nôtres… Struvin est tombé à la mer. Quelque chose a grimpé sur le pont et l’a entraîné par-dessus bord.

Quillan garda le silence. Il leva les mains, les paumes tournées vers le ciel, comme pour signifier que les choses qui sortaient de l’océan pour monter à bord d’un navire n’étaient pas de la compétence d’un simple prêtre.

— Bon Dieu ! Dites une petite prière ! Dites quelque chose !

Quillan hésitait encore. Une voix timide monta de l’arrière du petit groupe.

Notre Père qui êtes aux cieux… Que votre nom soit sanctifié…

— Non ! lança le prêtre qui donnait l’impression de sortir lentement d’un profond sommeil. Pas celle-là… Je marche dans la vallée de l’ombre de la mort , poursuivit-il gauchement en s’humectant les lèvres, mais je n’ai rien à redouter, car tu es avec moi.

Quillan eut une nouvelle hésitation. Il semblait chercher ses mots.

Tu prépares une table devant moi en présence de mes ennemis… La bonté et la clémence m’accompagneront tous les jours de ma vie.

Pilya Braun s’avança vers Lawler et le prit par les coudes en tournant ses mains pour voir les marques rouges dont elles conservaient l’empreinte.

— Venez, dit-elle doucement. Nous allons descendre et vous me montrerez quel baume il faut utiliser.

Lawler se retrouva dans sa petite cabine, au milieu de ses poudres et de ses potions.

— Prenez ça, dit-il. Ce flacon-là.

— Ça ? demanda-t-elle, l’air soupçonneux. Mais ce n’est pas un baume !

— Je sais. Versez d’abord quelques gouttes dans un verre d’eau et donnez-le-moi. Ensuite, nous mettrons le baume.

— Qu’est-ce que c’est ? Un analgésique ?

— Oui, c’est ça. Un analgésique.

Pilya commença à préparer le remède. C’était une jeune femme d’environ vingt-cinq ans, aux cheveux dorés et aux yeux bruns, au visage joufflu et au teint éclatant, large d’épaules et de poitrine, charmante, robuste et, s’il fallait en croire Delagard, travailleuse. Elle était tout à fait à son aise dans le gréement d’un navire. Lawler ne l’avait jamais beaucoup fréquentée à Sorve, mais, vingt ans auparavant, il avait noué une brève liaison avec sa mère, Anya. Il avait à l’époque à peu près l’âge de Pilya dont la mère, à trente-cinq ans, avait conservé des formes sveltes. Mais cela n’avait été qu’une passade stupide et sans lendemain dont Lawler doutait que Pilya fût au courant. La mère de la jeune femme était morte, emportée trois hivers plus tôt par une fièvre provoquée par des huîtres avariées. À l’époque de cette aventure, Lawler s’intéressait beaucoup aux femmes – cela se passait peu après la débâcle de son bref et malheureux mariage – mais ce n’était plus le cas depuis un certain temps et il souhaitait que Pilya cesse de fixer sur lui un regard avide et plein d’espoir, comme s’il incarnait tout ce qu’elle désirait chez un homme. Ce n’était pas vrai, mais il y avait en lui trop de courtoisie, à moins que ce fût trop d’indifférence, pour le lui expliquer.

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