Robert Heinlein - Vendredi

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Vendredi: краткое содержание, описание и аннотация

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Un cerveau d'ordinateur, un corps surentraîné à tous les risques, et la beauté en plus : telle est Vendredi. L'agent idéal en ce monde futur, en ce monde de demain.
Et, en effet la voici qui rentre de la planète Ell-Cinq, mission accomplie une fois de plus, et quelle mission ! Félicitations du Grand Patron et droit aux vacances.
Heureuse, Vendredi ? Non, tourmentée comme jamais encore, hantée d'images : le viol atroce qu'elle a subi, les meurtres qu'elle a commis. Vendredi la non-humaine aurait-elle une conscience ?

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Et puis… où était donc Janet ?

Le Patron avait été en possession d’une adresse ou d’un code d’appel – pas moi !

Il avait une oreille dans la police de Winnipeg – pas moi !

Le Patron possédait un réseau de renseignements à l’échelle planétaire – pas moi !

Bien sûr, je pouvais faire quelques tentatives téléphoniques de temps en temps. Je pouvais entrer en contact avec l’ANZAC ou l’université de Manitoba. Oui, tout cela, je le ferais le temps venu. Je pouvais aussi insister sur ce code à Auckland, et même appeler l’université de Sydney.

Et si j’échouais, qu’est-ce que je pourrais bien faire de plus ? Je pouvais essayer d’aller à Sydney et de soudoyer quelqu’un pour avoir l’adresse du Pr Farnese. Mais ça coûterait cher. Je réalisais à présent que tous ces voyages qui avaient été si faciles dans le passé seraient désormais peut-être impossibles. Rallier la Nouvelle-Galles du Sud sans vol semi-balistique devait coûter une fortune. Il fallait prévoir le métro, le bateau et parcourir les trois quarts de la planète… Non, ce n’était ni facile ni bon marché.

Je pouvais peut-être signer un engagement à San Francisco sur un tanker à Shipstone ou un cargo à voiles… Non, je perdrais trop de temps.

Et si je louais les services d’un détective privé à Sydney ? Ça me coûterait combien ? Est-ce que c’était dans mes moyens ?

Trente-six heures après la mort du Patron, j’apprenais enfin la valeur exacte d’un gramme d’or.

Il fallait résumer les choses ainsi. Jusqu’à présent, je n’avais connu que trois modes d’économie :

a) En mission, je dépensais ce qu’il fallait ;

b) A Christchurch, je dépensais un peu mais pas trop grâce à la famille ;

c) A la ferme, puis au quartier général, et enfin au Pajaro Sands, je n’avais rien eu à dépenser. Ou presque. Mon contrat prévoyait la pension totale. Je ne buvais pas et je ne jouais pas. Si Anita ne m’avait pas sucée comme elle l’avait fait, je crois que j’aurais accumulé une somme honnête.

J’avais mené une existence sans souci et j’ignorais presque tout de l’argent.

Mais je n’ai pas besoin d’un terminal pour de simples calculs d’arithmétique. J’avais réglé ma note au Hyatt en espèces. C’est avec ma carte de crédit que j’avais payé le voyage jusqu’à l’État Libre mais j’en avais soigneusement déduit le montant. Au Dunes, j’ai noté les tarifs, que j’aie à régler en espèces ou avec la carte.

Il m’est apparu aussitôt que séjourner dans des hôtels de première catégorie épuiserait très rapidement jusqu’à mon dernier gramme d’or, même si je me passais de vêtements, de restaurants et d’amis. Conclusion, ou bien je trouvais un job ou bien j’embarquais sans perdre de temps pour un long voyage aller simple vers une des colonies stellaires.

Il m’était venu un soupçon affreux : le Patron m’avait toujours payée plus que je ne valais. D’accord, je suis un bon agent de transmission, un excellent courrier. Mais quel était en réalité le salaire moyen d’un courrier ?

Je pouvais m’engager comme soldat et j’étais certaine de devenir assez rapidement sergent. Ça ne me tentait pas vraiment, mais il se pouvait bien que ce soit ma seule issue. La vanité ne fait pas partie de mes défauts. Je sais très bien que je ne suis pas très douée pour la plupart des emplois civils.

J’étais écartelée par un dilemme. Je ne voulais pas partir seule pour une planète étrangère. Cette idée m’effrayait. J’avais perdu ma famille néo-zélandaise, le Patron était mort, et j’avais le sentiment d’être un pauvre petit chat perdu. Le ciel m’était tombé sur la tête, mes quelques amis étaient partis aux quatre vents. Il ne m’en restait que trois et nous nous séparerions bientôt. Et je m’étais débrouillée pour perdre Georges, Ian et Janet.

Même dans la fête de Las Vegas, j’étais épouvantablement seule.

J’aurais voulu que Janet, Ian et Georges quittent la Terre avec moi. Ainsi, je n’aurais pas eu peur. L’exil serait devenu une croisière joyeuse.

Et puis… et puis, il y avait la Mort Noire. La peste qui allait éclater sur le monde.

Oui, bien sûr, j’avais dit au Patron que cette prédiction nocturne était totalement absurde. Mais son service de prévisions avait annoncé la même chose, dans quatre ans et non trois. Ce qui était vraiment une mince consolation !

J’étais obligée de considérer sérieusement ce que j’avais annoncé. Il fallait que je prévienne Ian, Janet et Georges.

Je n’espérais guère pouvoir les effrayer. Avec eux, ce serait difficile. Je voulais simplement leur dire : « Si vous ne voulez pas quitter la Terre, essayez seulement de tenir compte de mon avertissement. Restez loin des grandes villes. Et faites-vous vacciner dès que ce sera possible. Mais n’oubliez surtout pas ce que je vous ai dit. »

Industrial Park se trouve sur la route du barrage Hoover, et c’est là qu’a lieu le marché du travail. Las Vegas est interdit aux VEA, mais il existe des trottoirs roulants, dont un qui conduit à Industrial Park. Au-delà, pour gagner le barrage ou Boulder City, il existe une ligne de VEA. J’avais l’intention de l’emprunter puisque la Shipstone de la Vallée de la Mort occupe une partie du désert entre Vegas et Boulder City. Elle y a installé une station de recharge, et je voulais la voir pour compléter mon enquête.

Est-ce qu’il était possible que le complexe Shipstone se trouve derrière le jeudi Rouge ? Je ne voyais aucune raison particulière. Mais, pourtant, il fallait que la société responsable soit assez riche pour couvrir le monde et atteindre même Cérès en une seule nuit. Il n’en existait pas beaucoup. Ou bien s’agissait-il d’un riche magnat ou d’une association ? Non, là non plus je ne voyais pas comment ça pouvait être possible. Le Patron était mort, et je ne le saurais peut-être jamais. J’avais l’habitude de le secouer, mais c’était toujours vers lui que je me tournais quand je ne comprenais pas vraiment quelque chose. Jamais encore je n’avais mesuré à quel point je dépendais de lui.

Le marché du travail de Vegas est une vaste place couverte. On y trouve tout : des succursales plus ou moins fantoches du Wall Street Journal, des courtiers qui n’ont que leur chapeau comme bureau, qui bavardent sans arrêt et ne s’asseyent jamais, des annonces, des affiches, des panneaux de publicité et une foule énorme de gens qui me rappelaient un peu Vicksburg et le fleuve mais qui sentaient quand même meilleur.

Les compagnies militaires ou paramilitaires s’étaient regroupées à l’est de la place. J’ai suivi Goldie. A chaque fois, elle laissait son nom et ses états de service. Nous nous étions arrêtées en ville pour faire tirer des copies de sa feuille d’états et elle avait engagé une secrétaire pour le courrier.

— Vendredi, m’avait-elle dit, je crois que je vais ficher le camp du Dunes. Tu as vu le tarif des chambres, non ? C’est très confortable, mais j’ai le sentiment qu’ils me vendent mon lit tous les jours. Et je ne peux vraiment pas m’offrir ça. Peut-être que tu peux te le permettre, toi…

— Non. Je ne peux pas.

Je m’étais pris une adresse postale et je m’étais promis de la transmettre à Gloria Tomosawa. J’avais payé une année d’avance et cela m’avait procuré un sentiment de sécurité bizarre. C’était comme si j’étais chez moi, j’avais un point d’attache.

Goldie ne signa pas de contrat durant ce premier après-midi, mais elle n’en parut pas contrariée.

— Il n’y a aucune guerre en ce moment, c’est tout. Mais je sais bien que la paix ne dure jamais plus d’un mois ou deux. Alors, ils enrôleront de nouveau et je serai sur leurs listes. En attendant, je vais m’inscrire sur les registres de demandes de la municipalité. J’ai appris une chose : une infirmière ne risque pas de mourir de faim. Depuis un siècle, la demande n’a fait qu’augmenter.

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