Roulés en boule, la tête sur la queue, les chats des écrivains méditent à côté de la rame de papier, souvent au-dessus.
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Les chats des écrivains aiment beaucoup l’apostrophe, le tréma, les accents, parce qu’ils volent sur le papier comme des oiseaux.
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De vieux chats d’écrivains se rappellent les plaintes de collègues d’autrefois que le bruit de la machine à écrire empêchait de dormir.
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Quand son chat miaule apparemment sans raison, l’écrivain cherche l’erreur dans ce qu’il vient d’écrire.
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Réunissez trois ou quatre chats d’écrivains, et bientôt ils se disputeront sur des points de grammaire.
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Les chats d’écrivains lauréats du Goncourt ou du Nobel marchent en roulant des mécaniques.
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Quand un chat dort, allongé sur une tombe, l’oreille collée à la pierre, qu’entend-il que nous ne percevons pas ?
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Les chattes qui vivent dans les cimetières n’ont pas été opérées. Leurs cris d’amour qui indisposent les vivants sont appréciés des morts.
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Tant de noms et de prénoms gravés sur les tombes ne découragent pas chez les chats l’instinct de reproduction et le goût de la parentèle.
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À l’enterrement d’une personne âgée qui n’a plus ni famille ni amis, une délégation de chats du cimetière lui fait discrètement cortège.
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Les chats du Panthéon ont des dialogues secrets avec leur ami, auteur de La Corde et les Souris , André Malraux.
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Les chats qui vivent dans les cimetières ont une espérance de vie plus longue que les autres. (Rapport du Dr Hanagor, ministère de la Santé)
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Le blanc cassé, le café frappé, la crème fouettée, la terre battue… L’homme, quelle brute !
Le seul secteur dans lequel l’économie ne craint pas la récession, c’est dans la production d’économistes.
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Il n’y a pas de petites économies, il n’y a pas non plus de petits économistes.
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Dans la mondialisation, 2 en français + 2 en chinois, ça ne fait 4 ni en français ni en chinois.
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2 en français + 2 en chinois, pourquoi a-t-on le sentiment que ça donne 3 en français et 5 en chinois ?
Le seul commerçant que je visite tous les jours n’est ni le boulanger, ni le crémier, ni l’épicier, ni le cafetier, mais le kiosquier.
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Entouré chaque matin de toute la presse, mon kiosquier est l’homme le plus titré que je connaisse.
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Les nombreux magazines féminins présentant de splendides créatures en couverture, mon kiosquier est couvert de jolies femmes.
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Mais, quand l’actualité est dramatique ou déprimante, je trouve que mon kiosquier a mauvaise mine.
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Quand mon kiosquier n’a pas de journaux à vendre à cause des grèves, nous sommes tristes tous les deux.
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Quand mon kiosquier ne vendra plus de journaux à cause des tablettes numériques, nous serons tristes tous les deux.
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Le jour où il n’y aura plus de kiosquiers couverts de jolies femmes, c’est Paris qui sera une ville bien triste.
Feriez-vous confiance à un cardiologue de droite ?
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Feriez-vous confiance à un hématologue de gauche ?
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Feriez-vous confiance à un médecin généraliste d’extrême droite ou d’extrême gauche ?
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Feriez-vous confiance pour vos problèmes conjugaux à une psychologue aux lunettes à double foyer ?
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Feriez-vous confiance à un dermatologue qui se gratte la tête pendant qu’il réfléchit à son diagnostic ?
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Feriez-vous confiance à un sexologue qui ne reçoit pas de 5 à 7 ? Ou qui ne reçoit que de 5 à 7 ?
Plus nous vieillissons, plus nous chérissons le printemps. Nous espérons que dans sa rénovation de la nature il ne nous oubliera pas.
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« C’est le propre de notre condition que d’ouvrir un jour aux médecins les portes qu’on fermait autrefois sur nos maîtresses. » Marc Lambron
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Arrive un âge où, penché sur le calendrier, on cherche l’année de sa mort.
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J’arrive à un âge où je me dis que l’on meurt aussi en vacances.
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Truisme que de dire que chaque jour nous rapproche de la mort. Sauf que, des jours d’euphorie, nous avons l’impression de nous en éloigner.
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Mourir d’un éclat de rire.
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« Le premier homme qui est mort a dû être drôlement surpris. » Wolinski
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À quoi reconnaît-on que l’on est mort ? À ce que cette question ne nous vient pas à l’idée.
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Je me souviens avec admiration et affection de François Périer dans Mort d’un commis voyageur , son dernier grand rôle.
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« Ô Mort le seul baiser aux bouches taciturnes ! » Stéphane Mallarmé
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En quoi aimeriez-vous être réincarné ? Dans un vers inédit de Baudelaire, dit l’un ; dans une tomate du Languedoc, dit l’autre.
Le plus terrible dans la mort, ce n’est pas le terme, la fin, le départ, c’est l’exclusion.
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Naître, c’est être admis, accueilli, inclus ; mourir, c’est être exclu.
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Exclusions du collège, de l’entreprise, du club, de la famille, de son pays, etc. Les exclusions sont pour la plupart de terribles épreuves…
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… L’une des pires, c’est être à jamais exclu(e) de la vie d’un homme ou d’une femme dont on a été aimé(e) et qu’on aime encore…
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… Non, la pire des exclusions, c’est être rejeté par soi, viré de sa propre estime. Puis s’exclure soi-même de la vie.
Des volcans d’Auvergne Robert Sabatier avait la sagesse et la mémoire, de la colline de Montmartre la fantaisie et la poésie.
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Sur son lit d’hôpital, Robert Sabatier lisait des poèmes de Paul Valéry, dans l’édition de la Pléiade.
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Robert Sabatier et moi avions des conversations passionnées et amusantes à propos de mots tels que derechef, nonobstant ou subséquemment.
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Robert Sabatier appartenait à un petit club de copains-gourmets, amateurs de bistrots, appelé PC, Priorité à la Croûte.
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Robert Sabatier a publié en 1967 un Dictionnaire de la mort . « Nous fêterons notre centenaire ensemble », m’écrivait-il dans la dédicace.
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Enterré au cimetière Montparnasse, Sabatier a rejoint les écrivains dont il donne les noms dans ce livre : Maupassant, Littré…
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