Prendre un livre, c’est sonner à la porte de l’auteur. La porte et le livre s’ouvrent en même temps.
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On envie les comédiens de théâtre qui changent de vie chaque soir. Lire un roman, c’est aussi monter sur scène.
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M’arrêtant de lire, je me suis réjoui de ce que l’infortune et les disgrâces ne m’aient pas accablé comme les personnages du roman.
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Refermant le roman, j’étais amer de n’avoir pas eu une vie aussi aventureuse et riche que celle du héros.
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Mes cousins de province : Julien Sorel, Emma Bovary, Angelo, les Pincengrain, Eugénie Grandet, Claudine, Roquentin, Mouchette, etc.
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On l’accusait de lire entre les lignes. La vérité ? Il lisait entre les livres.
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Il y a des livres espiègles qui s’ouvrent, comme par hasard, sur une page présentant une faute d’orthographe, un barbarisme ou une erreur.
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Il est plus difficile de lire dans la joie que dans le chagrin.
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Respirer, manger, boire, pisser, dormir et lire sont des fonctions naturelles.
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Lire en grignotant des petits Lu.
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Si l’un a la passion de la lecture et l’autre pas, le couple est-il viable ?
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De l’avantage de lire en cachette : on se donne l’air d’avoir une liaison secrète avec Casanova ou Colette, Philip Roth ou Yasmina Reza.
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« Un écrivain ne lit pas ses confrères. Il les surveille. » Maurice Chapelan
Il est tellement mégalo que, dans une biographie de Napoléon, il consulte l’index des généraux pour y chercher son nom.
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Dans les romans de Modiano, le type bizarre, inquiétant, croisé par hasard, perdu de vue, il dit que c’est lui.
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Il dit qu’il cherche à rencontrer Christine Angot et à la séduire pour espérer être un jour dans l’un de ses romans.
Pour un euro de plus, la seconde paire de lunettes devrait servir à voir à l’intérieur de soi.
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Nos lunettes sont souvent si sales que l’on se demande où et quand, à notre insu, elles mangent du chocolat.
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Il était tellement épris de cette femme qu’il ne voyait pas plus loin que le bout de son joli nez.
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Le certificat de mariage devrait être accompagné de l’ordonnance d’un ophtalmologiste prescrivant déjà des verres correcteurs.
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Un couple de myopes, auxquels n’échappe aucun détail, durera moins longtemps qu’un couple d’hypermétropes, qui voient les choses de loin.
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L’ennui, quand on porte des lunettes, c’est qu’on ne peut feindre de ne pas voir ou reconnaître les gens.
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Les stars se font-elles enterrer avec leurs lunettes de soleil ?
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Les fées bigleuses et les vieux anges gardiens portent-ils des lunettes ou des lentilles pour corriger leur myopie ?
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Au clair de la lune / mon ami Pierrot / prête-moi tes d’mi-lunes / j’suis moitié miro…
« Elle embrassait comme si elle avait soif. » Alessandro Baricco
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Elle embrassait comme si, chaque fois, elle vous accordait son dernier souffle.
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Elle embrassait les yeux dans les yeux, semblant contrôler l’absolue sincérité qu’elle exigeait de l’autre bouche.
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Elle embrassait comme si elle demandait l’heure ou son chemin.
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Ayant voulu être actrice de cinéma, elle n’embrassait jamais sans avoir entendu dans sa tête le réalisateur dire « action ! »
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Ne sachant pas si elle en avait envie, perplexe, elle embrassait comme si elle donnait sa langue au chat.
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Elle embrassait en donnant l’impression d’ouvrir plus grand son âme que sa bouche.
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On ne parle pas toujours dans sa langue maternelle ; on embrasse toujours avec sa langue maternelle.
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Ce n’est que plus tard qu’on sait si le premier baiser sur la bouche a été une excursion, une exploration ou une expédition.
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Avec les secousses, un premier baiser dans les taxi, métro, bus, train, est risqué. Transports en commun et amoureux pas toujours accordés.
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Il arrive que le premier baiser soit un souvenir plus émouvant et plus durable que la première nuit.
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Il en est du second baiser comme du second roman : c’est au vu des résultats du premier qu’il sera ou non accepté.
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Les étrangers qui apprennent le français découvrent, étonnés, que « s’aboucher » et « prendre langue » ne relèvent pas du langage amoureux.
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Parmi les regrets de la vie, le plus mélancolique et le plus charmant est le regret des baisers que l’on n’a pas osé prendre.
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« Un baiser légal ne vaut jamais un baiser volé. » Guy de Maupassant
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Goujat, il lui demanda la date de péremption de ses baisers.
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Elle lui dit : « J’ai sur le bout de la langue un mot, un aveu et un baiser. Choisissez. »
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La salive du printemps donne alors aux baisers une ardeur et une saveur inaccoutumées.
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Au début des années 50, le jeune Umberto Eco était stupéfait de voir dans les rues de Paris des couples s’embrasser à pleine bouche.
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Une Anglaise polyglotte : « S’il existe une supériorité de la langue française sur les autres langues, c’est dans le “french kiss”. »
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Adam et Ève avaient-ils déjà inventé le « french kiss » ?
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L’amour du prochain. Oui, d’accord, mais, vers 16 ans, j’ai commencé à regretter que le n.m. prochain n’ait pas de féminin.
Le professeur d’anglais : « Racontez une douloureuse histoire d’amour. » Un élève : « Aïe love you ! »
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Le couple le plus emblématique de la Saint-Valentin est gay : Valentin et Valentin.
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Il est coquet et sourd. C’est elle qui, par amour, porte le Sonotone.
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Dans un couple, celui qui, chaque soir, s’endort le premier, n’en devient-il pas le maillon faible ?
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Les oiseaux migrateurs choisissent toujours pour guides ceux qui ne battent des ailes pour personne.
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Comment croire à une déclaration d’amour dans un mail si le o et le e de cœur ne sont pas entrelacés ?
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Quand l’amour devient raisonnable, c’est qu’il a perdu ses raisons.
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Les couples les + jalousés ne sont pas ceux dont la réussite sociale est la + éclatante, mais ceux dont la vie intime paraît la + ardente.
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