Le Parisien est un animal singulier qui a un comportement singulier, y compris au moment des élections. Nous sommes passés un peu rapidement sur ces péripéties électorales qui, au fond, nous ramenaient toujours à cette prudente constatation de départ qui mettra presque tout le monde d’accord : le Parisien ne fait rien comme les autres. Il est peut-être pire que les autres, ou encore pire que ce que l’on croit généralement. Mais il est surtout à part.
Le Parisien est un cas.
Louis-Bernard Robitaille est le correspondant à Paris du quotidien canadien La Presse . Parmi ses nombreux ouvrages, citons, pour les essais, Le salon des Immortels. Une académie très française (2002) et, pour les romans, Le Zoo de Berlin (2000) et Long Beach (2006).
« Cette grève est surtout parisienne, écrit-il. Elle n’en est pas moins nationale, étant donné la centralisation absolue du pays. En Amérique, pour atteindre le même résultat, il faudrait fermer le métro new-yorkais, la poste de Washington et l’autoroute de Santa Monica. » In A. Gopnik, De Paris à la Lune , Nil éditions, 2003.
Dès 1783, le prolifique écrivain des Lumières Louis-Sébastien Mercier (1740–1814) écrivait : « Vu politiquement, Paris est trop grand : c’est un chef démesuré pour le corps de l’État ; mais il serait plus dangereux aujourd’hui de couper la loupe que de la laisser subsister. Il est des maux qui, une fois enracinés, sont indestructibles. » In Le Tableau de Paris , La Découverte, 2008. La loupe était un terme médical signifiant, selon Littré, « une tumeur indolore qui vient sous le peau et qui contient une matière pultacée » — c’est-à-dire une « bouillie ».
James Gandolfini est surtout célèbre pour avoir tenu le rôle d’un patron de la mafia du New Jersey dans The Sopranos, une célèbre série télévisée produite par la chaîne américaine HBO et diffusée de janvier 1998 à juin 2007.
Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, Sociologie de Paris , La Découverte, 2012.
En comparaison, Londres compte trois immenses jardins à l’anglaise en plein centre-ville : Hyde Park, Holland Park et St. James Park.
Éditions du Seuil, 2002, coll. Points, 2004.
Selon les chiffres de l’APUR pour 2007, on comptait 109 397 demandeurs de HLM dans Paris, alors que la totalité des logements sociaux s’élevait à 171 502 en 2006 (Pinçon-Charlot, op. cit. ).
En 1968 — il n’y a pas si longtemps —, 72,6 % des logements du 11 earrondissement ne possédaient pas d’installations sanitaires complètes, c’est-à-dire salle de bains et WC intérieurs. APUR, Paris Projet 1974.
L’âge d’or de la « loi de 48 » est révolu depuis longtemps, car on ne peut plus « racheter » les baux en question. Mais leurs bénéficiaires légitimes ont été maintenus dans les lieux et on peut constater que les loyers de ce type continuent d’être augmentés chaque année par voie administrative. En décembre 2012, les propriétaires ont obtenu le droit de revaloriser les loyers de 2,24 %, pour les catégories de I à III, ceux de catégorie IV étant définitivement bloqués pour cause d’« insalubrité ».
Selon Bertrand de Feydeau, ancien gestionnaire du patrimoine de l’assureur Axa, « Le désinvestissement des institutionnels de l’immobilier est l’un des faits les plus marquants des quinze dernières années. Un million de logements environ ont été cédés pendant cette période. » Cité dans L’Express du 9 octobre 2013.
Tout est affaire de nuance dans la géographie parisienne. L’arrondissement voisin, le 14 e, est depuis toujours un quartier branché, surtout dans sa partie haute, située entre le cimetière Montparnasse et la rue d’Alésia. Dès 1840, le lotissement Plaisance, pourtant construit au-delà du mur d’octroi, à la lisière du cimetière, constituait un ensemble urbain compact, avec des rues étroites et de petites maisons pauvres. Le quartier attira des artistes dès les années 1920. En raison des prix qu’on y pratiquait et de la proximité de Montparnasse, cette portion du 14 edevint le premier « boboland » avant la lettre de la capitale dès les années 1970.
In L’Invention de Paris, op. cit.
Un jour, j’ai interviewé Michel Houellebecq, à l’occasion de la sortie de son roman Les Particules élémentaires (1998). Cela se passait chez Flammarion, dont les bureaux étaient déserts à cette heure-là. À la fin de l’interview, Houellebecq, habillé comme d’habitude d’un jean incertain et d’une chemisette à manches courtes, a enfilé une vieille parka. Mis sur son dos un imposant sac pour routard grand format. Où allait-il ? « Je vais à Convention chez une copine. » Houellebecq faisait toujours le contraire des autres et allait volontiers là où personne ne voulait aller.
À noter cependant qu’on peut habiter le 15 emais se trouver dans cette minuscule portion « chic » à la lisière de Montparnasse. Au métro Pasteur, vous n’êtes pas encore vraiment dans le 15 e, contrairement à ce que prétendent les plans de Paris, vous vous trouvez encore dans Montparnasse.
On comptait en 2009 dans le 15 earrondissement 238 914 habitants, selon l’INSEE. Suivi d’assez loin par le 18 eavec ses 201 975 ressortissants.
Leur ouvrage, Paris, Quinze promenades sociologiques , paru pour la première fois en 2001, a fait l’objet de plusieurs rééditions revues et augmentées, notamment en 2009 aux éditions Payot.
La transformation du quartier a été particulièrement foudroyante. On y comptait encore 66 000 habitants en 1955. Quatre décennies plus tard, il en restait 28 000.
Peter Mayle, A Year in Provence , Pan Books, Londres, 1990.
Op. cit.
Dans une interview donnée un matin à France Inter, une semaine avant la célébration du trentième anniversaire de P.O.L., sa maison d’édition, Paul Otchakovsky-Laurens racontait, parmi ses souvenirs épiques d’éditeur, une engueulade homérique avec Marguerite Duras, dont il avait publié deux ouvrages tardifs. « Cela se passait, précisa-t-il, devant la terrasse des Vapeurs. » À Trouville, donc.
O. Pourriol, On/Off , Nil éditions, 2013.
Mis à part le fait qu’on soit désormais en république et que, bien entendu, il n’y ait plus de Cour, presque rien n’a changé depuis que Louis-Sébastien Mercier écrivait, en 1783, à propos du Parisien : « Il parle de la Cour comme s’il la connaissait ; des hommes de lettres comme s’ils étaient ses amis ; des sociétés comme s’il y avait donné le ton. Il connaît aussi les ministres, les hommes en place. » In Le Tableau de Paris, op. cit.
En 1961, alors qu’il faisait figure de principal opposant à de Gaulle, Mitterrand avait été pris dans une ténébreuse affaire. Ayant été « averti » par un individu louche d’un attentat qui se préparait contre lui, il avait feint d’échapper aux balles de tueurs postés à proximité de son appartement et avait alerté la presse. Ce faux attentat faillit lui coûter sa carrière politique.
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