Umberto Eco - N'espérez pas vous débarrasser des livres

Здесь есть возможность читать онлайн «Umberto Eco - N'espérez pas vous débarrasser des livres» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Город: Paris, Год выпуска: 2010, ISBN: 2010, Издательство: Le Livre de Poche, Жанр: Публицистика, Публицистика, Критика, Культурология, Философия, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

N'espérez pas vous débarrasser des livres: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «N'espérez pas vous débarrasser des livres»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Du papyrus au fichier électronique, nous traversons deux mille ans d’histoire du livre à travers une discussion à la fois érudite et humoristique, savante et subjective, dialectique et anecdotique, curieuse et goûteuse. On y parcourt les temps et les lieux, les personnes réelles s’y mêlent aux personnages de fiction, on y fait l’éloge de la bêtise, on y analyse la passion du collectionneur, les raisons pour lesquelles telle époque engendre des chefs-d’œuvre, la manière dont fonctionnent la mémoire et le classement d’une bibliothèque. En ces temps d’obscurantisme galopant, c’est peut-être le plus bel hommage qui se puisse imaginer à la culture de l’esprit, et l’antidote le plus efficace au désenchantement.

N'espérez pas vous débarrasser des livres — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «N'espérez pas vous débarrasser des livres», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

U.E. :Ce ne sont pas les rédacteurs du Mahâbhârata qui voyaient dans le futur. C’est le présent qui réalise les rêves des hommes qui nous ont précédés. Vous avez parfaitement raison. Nous sommes par exemple sur le point de donner réalité à la Fontaine de jouvence. Nous vivons de plus en plus vieux et nous sommes capables de terminer nos jours dans une forme insolente.

J.-C.C. :Dans cinquante ans, nous serons tous des créatures bioniques. Je vous regarde par exemple, Umberto, avec des yeux artificiels. J’ai subi une opération des cristallins il y a trois ans, au moment où s’annonçait une cataracte, ce qui me dispense désormais de me servir de lunettes, pour la première fois de ma vie. Et le résultat de l’opération est garanti cinquante ans ! Aujourd’hui mes yeux se portent comme un charme, mais l’un de mes genoux me trahit. Je dois donc décider, ou non, de le changer. Une prothèse m’attend quelque part. Au moins une.

J.-P. de T. : Le futur est imprévisible. Le présent est entré dans une mue continuelle. Le passé, censé offrir un socle de référence et de réconfort, se dérobe. Engageons-nous des entretiens sur l’impermanence ?

J.-C.C. :Le futur ne tient pas compte du passé, mais pas davantage du présent. Les avionneurs travaillent aujourd’hui sur des avions qui seront prêts dans vingt ans, mais conçus pour fonctionner avec du kérosène qui alors n’existera peut-être plus. Ce qui me frappe vraiment, c’est la complète disparition du présent. Nous sommes obsédés comme jamais par les modes rétro. Le passé nous rattrape à toute vitesse, bientôt nous serons soumis aux modes du trimestre précédent. L’avenir est comme toujours incertain et le présent progressivement se rétrécit et se dérobe.

U.E. :A propos de ce passé qui nous rattrape. J’ai installé sur mon ordinateur les meilleures radios du monde et j’ai une collection d’une quarantaine de Oldies . Quelques radios américaines proposent un programme exclusivement inspiré des années 1920 et 1930. Toutes les autres offrent d’explorer les années 1990, déjà considérées comme le plus lointain passé. Un récent sondage proposait le nom de Quentin Tarantino comme le meilleur réalisateur de tous les temps. Le public interrogé n’avait dû visionner ni Eisenstein, ni Ford, ni Welles, ni Capra, etc. C’est toujours le défaut de ce genre d’enquête. J’ai écrit un livre, dans les années soixante-dix, sur la manière de conduire sa thèse universitaire, livre traduit dans toutes les langues. La première recommandation que je faisais dans ce livre, où je donnais vraiment des conseils à propos de tout, était de ne jamais choisir un sujet contemporain. Ou bien la bibliographie est manquante ou elle est sujette à caution. Choisissez toujours, disais-je, un sujet classique. Or la majorité des thèses, aujourd’hui, portent sur des questions contemporaines. Je reçois ainsi des quantités de thèses consacrées à mon œuvre. C’est fou ! Mais comment faire une thèse sur un type qui est encore vivant ?

J.-C.C. :Si notre mémoire est courte, alors, effectivement, c’est ce proche passé qui presse le présent et le pousse, le bouscule vers un futur qui a pris la forme d’un immense point d’interrogation. Peut-être déjà d’exclamation. Où est passé le présent ? Le merveilleux moment que nous sommes en train de vivre et que des conspirateurs multiples tentent de nous dérober ? Je reprends contact avec ce moment-là, parfois, dans ma campagne, en écoutant la cloche de l’église donner calmement toutes les heures une sorte de « la » qui nous rappelle à nous-mêmes. « Tiens, il n’est que cinq heures… » Comme vous, je voyage beaucoup, je me perds dans les couloirs du temps, dans les décalages horaires et j’ai besoin, de plus en plus, de renouer avec ce présent qui nous devient insaisissable. Sinon, j’aurais l’impression d’être perdu. Et même, peut-être, d’être mort.

U.E. :La disparition du présent dont vous parlez n’est pas seulement due au fait que les modes, qui duraient autrefois trente ans, durent aujourd’hui trente jours. C’est aussi le problème de l’obsolescence des objets dont nous parlons. Vous consacriez quelques mois de votre vie à apprendre à faire de la bicyclette mais ce bagage, une fois acquis, était valable pour toujours. Désormais vous consacrez deux semaines à comprendre quelque chose d’un nouveau programme informatique et lorsque vous le maîtrisez à peu près, un nouveau est proposé, imposé. Ce n’est donc pas un problème de mémoire collective qui se perdrait. Ce serait plutôt pour moi celui de la labilité du présent. Nous ne vivons plus un présent placide mais nous sommes dans l’effort de nous préparer constamment au futur.

J.-C.C. :Nous nous sommes installés dans le mouvant, le changeant, le renouvelable, l’éphémère, dans une époque où paradoxalement, nous l’avons dit, nous vivons de plus en plus longtemps. Sans doute l’espérance de vie de nos grands-parents était-elle plus courte que la nôtre, mais ils s’installaient dans un présent immuable. Le grand-père de mon oncle, un propriétaire terrien, faisait ses comptes au premier janvier pour l’année à venir. Les résultats de l’année passée préfiguraient, à peu de chose près, ce que serait l’année suivante. Rien ne changeait.

U.E. :Nous nous préparions autrefois à cet examen final qui ponctuait une longue phase d’apprentissage : en Italie, l’examen de maturité ; en Allemagne l’Abitur ; en France le baccalauréat. Après cela, personne n’était plus tenu d’apprendre, sauf l’élite qui allait à l’université. Le monde ne changeait pas. Ce que vous saviez, vous pouviez l’utiliser jusqu’à votre mort et jusqu’à celle de vos enfants. A dix-huit ou vingt ans, les gens entraient en retraite épistémologique. L’employé d’une société doit, de nos jours, constamment réactualiser ses connaissances sous peine de perdre son emploi. Le rite de passage que symbolisaient ces grands examens de fin d’études n’a plus aucune signification.

J.-C.C. :Ce que vous dites valait aussi, par exemple, pour les médecins. Le bagage qui était le leur à la sortie de leurs études restait valable pour le restant de leur carrière. Et ce que vous dites de cet apprentissage sans fin auquel chacun est désormais astreint est tout aussi valable pour ceux qui sont dits « en retraite ». Combien de personnes âgées ont-elles dû s’initier à l’informatique, qu’elles n’avaient évidemment pas pu connaître pendant leur période d’activité ? Nous sommes condamnés à être d’éternels étudiants, comme le Trofimov de La Cerisaie. Tant mieux, peut-être, au fond. Dans les mondes que nous appelons primitifs, qui ne changent pas, les vieux ont le pouvoir, puisque ce sont eux qui transmettent à leurs enfants les connaissances. Quand le monde est en révolution permanente, ce sont les enfants qui apprennent l’électronique à leurs parents. Et leurs enfants, que leur apprendront-ils ?

Citer les noms de tous les participants à la bataille de Waterloo

J.-P. de T. : Vous avez évoqué la difficulté de trouver aujourd’hui des instruments fiables pour conserver ce qui doit l’être. Mais la fonction de la mémoire est-elle de tout garder ?

U.E. :Non, certes. La mémoire — soit notre mémoire individuelle, soit cette mémoire collective qui est la culture — a une double fonction. L’une est de conserver en effet certaines données, l’autre est de laisser sombrer dans l’oubli les informations qui ne nous servent pas et qui pourraient encombrer inutilement nos cerveaux. Une culture qui ne sait pas filtrer ce que nous gardons en héritage des siècles passés est une culture qui peut nous évoquer le personnage de Funes, inventé par Borges dans Funes ou la mémoire , et qui est doté d’une capacité à se souvenir de tout. Ce qui est proprement le contraire de la culture. La culture est un cimetière de livres et d’autres objets à jamais disparus. Il existe aujourd’hui des travaux sur ce phénomène qui consiste à renoncer tacitement à certains vestiges du passé, et donc à filtrer, et de l’autre côté à placer d’autres éléments de cette culture dans une sorte de réfrigérateur, pour l’avenir. Les archives, les bibliothèques sont ces chambres froides dans lesquelles nous stockons la mémoire de manière que l’espace culturel ne soit pas encombré de tout ce fatras, mais sans y renoncer pour autant. Nous pourrons toujours, dans l’avenir, si le cœur nous en dit, y revenir.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «N'espérez pas vous débarrasser des livres»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «N'espérez pas vous débarrasser des livres» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «N'espérez pas vous débarrasser des livres»

Обсуждение, отзывы о книге «N'espérez pas vous débarrasser des livres» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x