Umberto Eco - N'espérez pas vous débarrasser des livres

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N'espérez pas vous débarrasser des livres: краткое содержание, описание и аннотация

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Du papyrus au fichier électronique, nous traversons deux mille ans d’histoire du livre à travers une discussion à la fois érudite et humoristique, savante et subjective, dialectique et anecdotique, curieuse et goûteuse. On y parcourt les temps et les lieux, les personnes réelles s’y mêlent aux personnages de fiction, on y fait l’éloge de la bêtise, on y analyse la passion du collectionneur, les raisons pour lesquelles telle époque engendre des chefs-d’œuvre, la manière dont fonctionnent la mémoire et le classement d’une bibliothèque. En ces temps d’obscurantisme galopant, c’est peut-être le plus bel hommage qui se puisse imaginer à la culture de l’esprit, et l’antidote le plus efficace au désenchantement.

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Peut-être pouvons-nous cependant apporter un bémol à cette comparaison qui semble avantager l’ancien temps. J’ai fait traduire dans les années soixante (en qualité d’éditeur) le livre de Derek de Solla Price, Little Science, Big Science. L’auteur y démontrait à l’aide de statistiques que le nombre de publications scientifiques au XVII eétait tel qu’un bon scientifique pouvait se tenir au courant de tout ce qui paraissait, alors qu’il est impossible, aujourd’hui, à ce même scientifique, de prendre seulement connaissance des « abstracts » concernant les articles publiés dans son domaine de recherche. Peut-être ne dispose-t-il plus, même avec des moyens de communication plus performants, du temps qu’avait un savant comme Robert Fludd pour mener à bien tant de projets éditoriaux…

J.-C.C. :Prenez nos clés USB et autres méthodes pour stocker l’information et l’emporter avec nous. Là encore nous n’avons rien inventé. A la fin du XVIII e siècle, les aristocrates transportaient avec eux, durant leurs déplacements, dans de petites valises, des bibliothèques de voyage. En trente ou quarante volumes, en format de poche, ils ne se séparaient pas de tout ce qu’une honnête personne se devait de connaître. Ces bibliothèques, bien sûr, n’étaient pas évaluées en gigas, mais le principe était acquis.

Cela m’évoque une autre forme de « raccourci », celle-ci plus problématique. Dans les années soixante-dix, j’habitais à New York dans un appartement mis à ma disposition par un producteur de cinéma. Il n’y avait pas de livres dans cet appartement, sauf une bibliothèque contenant « les chefs-d’œuvre de la littérature mondiale in digest form ». Voilà une chose à proprement parler irréelle : Guerre et Paix en cinquante pages, Balzac en un volume. Je n’en revenais pas. Tout était là, mais incomplet, mutilé. Quel travail gigantesque pour pareille absurdité !

U.E. :Il y a abrégé et abrégé. On a mené en Italie, dans les années 1930–1940, une expérience extraordinaire appelée « La Scala d’Oro ». Il s’agissait d’une série de livres répartis par âges. Il y avait la série de 7 à 8 ans, celle de 8 à 9 ans, et ainsi jusqu’à 14 ans, l’ensemble illustré de façon merveilleuse par les meilleurs artistes de l’époque. Tous les grands chefs-d’œuvre de la littérature y avaient trouvé leur place. Pour pouvoir le rendre accessible au public concerné, chaque ouvrage avait été récrit par un bon écrivain pour la jeunesse. Bien entendu, ils étaient un peu ad usum delphini . Par exemple Javert ne se suicidait pas, il donnait seulement sa démission. Je dois dire que lorsque, plus âgé, j’ai lu Les Misérables dans la version originale, j’ai enfin appris toute la vérité sur Javert. Mais je dois reconnaître que l’essentiel m’avait été transmis.

J.-C.C. :Seule différence : cette bibliothèque en raccourci, dans l’appartement du producteur, était destinée à des adultes. Et même, je l’ai soupçonné, peut-être était-elle là pour être montrée, pour être vue, plus que pour être lue. Cela dit, les mutilations sont de tous les temps. Au XVIII e siècle, les premières pièces de Shakespeare traduites en français par l’abbé Delille se terminent toutes bien, de façon convenable et morale, comme vos Misérables dans la collection « La Scala d’Oro ». Hamlet ne meurt pas, par exemple. A part Voltaire qui en avait traduit, assez bien d’ailleurs, quelques petits passages, c’était la première fois que le public français pouvait lire Shakespeare, dans cette version édulcorée. Cet auteur que l’on disait barbare et sanglant n’était que galanterie et sirop.

Vous savez comment Voltaire a traduit « To be or not to be, that is the question » ? « Arrête, il faut choisir et passer à l’instant / De la vie à la mort ou de l’être au néant. » Pas mal, au fond. Il est possible que le titre de Sartre, L’Etre et le Néant, soit emprunté à cette traduction de Voltaire.

J.-P. de T. : Vous citiez, Jean-Claude, ces premières clés USB que furent les bibliothèques de voyage que les lettrés transportaient déjà avec eux au XVIII e siècle. Avez-vous le sentiment que la plupart de nos inventions sont la réalisation de rêves anciens de l’humanité ?

U.E. :Le rêve de voler hante l’imaginaire collectif depuis des temps immémoriaux.

J.-C.C. :Je crois en effet que de nombreuses inventions de notre temps sont la concrétisation de rêves très anciens. Je le disais à mes amis scientifiques Jean Audouze et Michel Cassé, lorsque nous travaillions ensemble sur nos Conversations sur l’invisible. Un exemple : je me suis récemment replongé dans le fameux livre VI de L’Enéide , où Enée descend aux Enfers pour y retrouver ces ombres qui, pour les Romains, étaient à la fois les âmes de ceux qui avaient déjà vécu mais aussi les âmes de ceux qui vivraient un jour. Le temps est ici aboli. Le royaume des ombres de Virgile préfigure un espace-temps einsteinien. Je relisais quelques pages de ce voyage en me disant que Virgile était déjà descendu dans le monde virtuel, dans les entrailles d’un immense ordinateur, où se pressent des avatars silencieux. Tous les personnages que vous croisez dans ce monde-là ont été quelqu’un ou ont la possibilité d’être un jour quelqu’un. Marcellus est dans L’Enéide un jeune homme merveilleux sur lequel on comptait beaucoup, du vivant de Virgile, et qui malheureusement est mort très jeune. Lorsqu’on s’adresse à ce jeune homme pour lui dire : « Toi, tu seras Marcellus » ( Tu Marcellus eris ), alors que les lecteurs savent qu’il est mort, j’y vois toute la dimension virtuelle, toute la potentialité de celui qui aurait pu être quelqu’un d’inoubliable, peut-être le sauveur providentiel que l’on attendait, et qui n’aura été que Marcellus, un jeune mort.

Comme si Virgile avait eu la prescience de ce monde virtuel dans lequel nous sommes en train de nous complaire. Cette descente aux Enfers est un très beau thème, que la littérature universelle a différemment abordé. C’est le seul moyen qui nous ait été offert de vaincre à la fois l’espace et le temps, c’est-à-dire de pénétrer dans le royaume des morts, ou des ombres, et de voyager à la fois dans le passé et dans l’avenir, dans l’être et dans le néant. D’atteindre ainsi à une forme d’immortalité virtuelle.

Un autre exemple m’a toujours frappé. Dans le Mahâbhârata , une reine, qui s’appelle Gandhari, se trouve enceinte et ne parvient pas à accoucher. Or elle doit impérativement le faire afin que son enfant naisse avant celui que porte sa belle-sœur, car le premier-né sera roi. Elle demande à une servante vigoureuse de se saisir d’une barre de fer et de lui taper sur le ventre, de toutes ses forces. Jaillit alors de son vagin une boule de fer qui roule sur le sol. Elle veut la jeter, la faire disparaître, lorsque quelqu’un lui recommande de couper cette boule en cent morceaux et de placer chaque morceau dans une jarre, lui prédisant qu’ainsi lui naîtront cent fils. Ce qui, en effet, se produit. N’est-ce pas déjà une image de l’insémination artificielle ? Ces jarres ne préfigurent-elles pas nos éprouvettes ?

Et nous pourrions sans effort multiplier les exemples. Toujours dans le Mahâbhârata, du sperme est conservé, transporté, réutilisé. La Vierge Marie, une nuit, à Calanda, vient remplacer la jambe coupée d’un paysan espagnol : voici déjà une greffe. Et combien de clonages, de sperme utilisé après la mort du mâle ? Combien, même, de chimères que nous pensions disparues à jamais dans des nuées lointaines — tête de bouc, queue de serpent, griffes de lion — et que nous voyons ressurgir dans les rêveries des laboratoires ?

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