Frédéric Beigbeder - Premier bilan après l'apocalypse

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Premier bilan après l'apocalypse: краткое содержание, описание и аннотация

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L'apocalypse, serait-ce donc l'édition numérique, ou comme dans Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, la température à laquelle le papier se consume ? Frédéric Beigbeder sauve ici du brasier les 100 œuvres qu'il souhaite conserver au XXIe siècle, sous la forme d'un hit-parade intime. C'est un classement totalement personnel, égotiste, joyeux, inattendu, parfois classique (André Gide, Fitzgerald, Paul Jean Toulet, Salinger et d'autres grands), souvent surprenant (Patrick Besson, Bret Easton Ellis, Régis Jauffret, Simon Liberati, Gabriel Matzneff, et d'autres perturbateurs). Avec ce manifeste, c'est le Beigbeder livresque que nous découvrons, en même temps qu'une autobiographie en fragments, un autoportrait en lecteur.
Vincent Jaury, Transfuge.

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Comment décrire la joie que l’on ressent en découvrant L’Humeur vagabonde ? C’est comme si, tout d’un coup, on retrouvait dans un grenier d’Abbey Road un album oublié et jamais paru des Beatles en 1964 ; ou les rushes d’un film perdu de Fellini dans les années 70 avec Mastroianni en train d’improviser une danse avec Belmondo. Je ne crois pas en Dieu, je crois en Blondin.

Oui, je crois qu’il faut, au bilan du XXe siècle, inscrire ce magicien au même niveau que les abonnés Proust et Céline. Certes, son œuvre est aussi mince que son visage, mais tant mieux : le caviar doit s’apprécier en petite quantité. Blondin est notre Fitzgerald. Il marie la mélancolie et la fête, il cache de la profondeur dans les plaisanteries, il ne pleure pas, il n’éclate pas de rire, il fabrique juste de la beauté. Nous lui devons tout simplement quelques-unes des plus cristallines pages de la littérature française : la dernière page de L’Humeur vagabonde, la première page de L’Europe buissonnière, la page 63 de Un singe en hiver et la page 74 de Monsieur Jadis suffisent à le hisser au même niveau que Baudelaire et Verlaine.

L’Humeur vagabonde est un petit roman de 1955 où l’on prend beaucoup de trains. L’incipit (« Après la Seconde Guerre mondiale, les trains recommencèrent à rouler ») est bouclé à la fin par un des plus beaux paragraphes jamais écrits — je le cite in extenso à la fin de ce texte ; il faut savoir faire saliver son lecteur, ce sera un peu votre carotte. Un jeune provincial qui s’ennuie dans la vie, Benoît Laborie, 26 ans, quitte sa femme et ses deux enfants pour monter à la capitale avec du lyrisme en poche : « C’était l’aurore du monde. » La première partie du roman raconte son errance de déceptions en déconvenues, aux Tuileries, à la station de métro Pereire, au cimetière du Père-Lachaise, dans un commissariat et dans un bordel où il a élu domicile. Ce loser fantaisiste promène son absurdité narquoise dans le Paris de l’après-guerre, cette Ville lumière qui fait semblant d’être libérée alors qu’elle a tout perdu. Benoît est une sorte de Holden Caulfield qui n’aurait même pas l’excuse de l’adolescence pour justifier son immaturité. Il se rend chez des cousins qui organisent un cocktail : « Nous ne pouvons pas vous recevoir, lui disent-ils, vous comprenez : nous recevons. » Il promène sa distance paysanne dans une nation qui tient une gueule de bois pire que la sienne. Il couche avec une prostituée noire qui change sans arrêt de prénom. Au moment où il se rend compte que son épouse lui manque, elle meurt assassinée. Commence alors la deuxième partie : la plus surprenante, inventive, postmoderne, celle où la réalité s’éloigne de plus en plus de lui, où tout devient virtuel et absurde (Benoît est accusé d’un crime qu’il n’a pas commis, mais je ne veux pas tout dévoiler). J’aime infiniment ce qu’il dit à l’enterrement de sa femme : « Je me suis efforcé de ne pas sangloter, j’ai remis à plus tard d’avoir du chagrin, j’ai attendu comme d’une délivrance de tout mon être le moment de pouvoir pleurer. À force de me retenir, le besoin m’a passé ; il ne m’est plus resté que cette appréhension de la douleur qui m’étreint parfois. J’ai encore toute ma tristesse devant moi. » Ce n’est pas la piteuse aventure, mi-policière, minable, de ce Rastignac de sous-préfecture qui fait l’intérêt de ce livre, mais le ton, la délicatesse de son écriture miraculeuse, prose acide et fragile, qui coule de source, sans un mot de trop. Le roman parfait est un roman qu’on pourrait recopier de la première à la dernière ligne. J’ai souvent essayé, vainement et besogneusement, de plagier cette désinvolture taciturne, sur fond de chaleur humaine. Les plus grands écrivains sont ceux qui parviennent à se dévêtir en toute pudeur.

La langue d’Antoine Blondin exhale un parfum de pureté et d’enfance qu’il tenta toute sa vie de masquer, parfois de salir par élégance. C’est un romantique qui se déguise en fêtard, un prince travesti en clochard. Il alterne la joie et la peine comme dans une danse littéraire : chez lui, rien n’est vraiment sérieux ni complètement ridicule. Il est aussi désespéré que possible, mais ses larmes sourient. Comme tous les orgueilleux, il fait semblant de n’avoir aucune ambition. Son rire ne se fige que lorsqu’il est parfaitement troussé. Roman brumeux, L’Humeur vagabonde pourrait être l’ancêtre des quêtes comateuses, sombres, élégamment groggy de Modiano. Il parle de la vie comme d’une salle d’attente. Toute agitation est stérile, la solitude est invincible, même la nuit. Voici enfin comment le livre se termine (dans un faux compartiment de train à l’arrêt, Benoît étant devenu figurant de cinéma) : « Et pourtant, tels que nous voilà dans ce wagon immobile, nous sommes ceux qui ont eu l’humeur vagabonde.

« C’est la nuit maintenant, manteau des déracinés. Sous la veilleuse qui veille quoi, la religieuse se prend à égrener son chapelet, le monsieur décoré se déchausse en douce, le pêcheur remaille son filet, le vieux jockey se sent le derrière entre deux selles, les archiducs s’endorment au garde-à-vous, Dolorès achève des lainages pour ses enfants qu’elle n’achève pas… et moi, j’attends que les communications soient rétablies entre les êtres.

« Un jour, peut-être, nous abattrons les cloisons de notre prison ; nous parlerons à des gens qui nous répondront ; le malentendu se dissipera entre les vivants ; les morts n’auront plus de secrets pour nous.

« Un jour, nous prendrons des trains qui partent. »

Si ce dernier paragraphe vous a déplu, ne vous avisez plus jamais de m’adresser la parole.

Antoine Blondin, une vie

Récapitulons la vie du hussard bègue, amateur de sport, de poésie et de jus de raisin fermenté (sa devise était : « Remettez-nous ça »). Blondin a manqué de Résistance pendant la guerre et même après. Le suicide de son père l’a détruit autant que la mort de Nimier. Antoine Blondin est né à Paris, le 11 avril 1922. Après des études au lycée Louis-le-Grand, il a écrit dans des revues d’extrême droite, puis dans Elle, L’Équipe, Arts et La Parisienne. Il est l’auteur de six chefs-d’œuvre : L’Europe buissonnière en 1949 (prix des Deux Magots), L’Humeur vagabonde en 1955, Un singe en hiver en 1959 (prix Interallié), Monsieur Jadis ou l’École du soir en 1970 (ancêtre de l’autofiction), Quat’Saisons en 1975, Certificats d’études en 1977. Je l’ai rencontré à la fin des années 80 : passé dix heures moins le quart, il avait l’alcool mauvais dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. Cependant son œil méfiant s’est adouci quand je me suis présenté comme « le seul auteur de la Table Ronde encore plus timide que lui ». J’ai embelli cette rencontre dans ma nouvelle Le plus grand écrivain français vivant parue dans la revue Rive droite. Il s’est éteint à Paris, au 72, rue Mazarine, juste au-dessus du cabaret le Don Carlos, le 7 juin 1991. « Il y avait en lui cette méchanceté des cœurs tendres qui espèrent tout et n’attendent plus rien » (Renaud Matignon).

Numéro 3 : « Paludes » d’André Gide (1895)

L’extrême brièveté d’un style tout d’ellipses, le laconisme paresseux de la moquerie, l’inanité élégante du projet : tout me séduit dans Paludes. Comme Monsieur Teste de Valéry, c’est une blague de potache qui se mue en chef-d’œuvre. La première phrase encourage l’analyse (tout en la ridiculisant) : « Avant d’expliquer aux autres mon livre, j’attends que d’autres me l’expliquent. » Pardonnez Gide, il ne sait pas ce qu’il fait. J’aime les livres pour écrivains : les lire vous donne l’illusion d’en être un. Chaque lecteur se sent investi d’une mission sacrée. À présent que la littérature sur papier va disparaître, comment ne pas verser une larme de crocodile sur ce petit livret capricieux publié en 1895 qui raconte l’histoire d’un auteur à court d’inspiration, lequel reçoit des visiteurs circonspects, pour leur lire des extraits d’un livre qui n’existe pas ? D’aucuns prétendent qu’il s’agit d’une satire du milieu littéraire mais je préfère croire (comme Nathalie Sarraute et Roland Barthes) que c’est le premier récit du XXe siècle. Et d’ailleurs que signifie ce titre : Paludes (« marais » en latin) et son héros Tityre (allusion aux Bucoliques de Virgile [2] Rappelons ce que Huysmans dit de Virgile dans À rebours, paru dix ans plus tôt : « l’un des plus terribles cuistres, l’un des plus sinistres raseurs que l’antiquité ait jamais produits ; ses bergers lavés et pomponnés, se déchargeant, à tour de rôle, sur la tête de pleins pots de vers sentencieux et glacés… » (Note de l’auteur) ) ? Page 18, Gide répond : « C’est l’histoire d’un célibataire dans une tour entourée de marais. » Un écrivain fait un métier absurde : un écrivain ça raconte des histoires pathétiques, ça pérore durant des heures sur une chose inutile, ça cherche sa voix — et sa voie — dans l’obscurité. Paludes est un écrit sur l’écriture, un roman sans roman, un making of, un travail sans résultat. Depuis ses origines, le roman rabâche Don Quichotte : la parodie du rêve d’un fou. L’important c’est de glousser : « Indécision des reflets ; algues ; des poissons passent. Éviter, en parlant d’eux, de les appeler des “stupeurs opaques”. » Je ne sais pas pour vous, mais moi ces stupeurs opaques me font pouffer. C’est peut-être de l’humour de khâgneux mais comme je n’ai pas fait hypokhâgne, j’apprécie que le « contemporain capital » se foute de sa propre gueule : « J’ai peur que ce ne soit un peu ennuyeux, votre histoire », dit Angèle. Ensuite, Gide a perdu son sens de l’humour (à vie) quand il a écrit Les Nourritures terrestres. Et le XXe siècle débuta.

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