Bernard Pivot - La mémoire n'en fait qu'à sa tête

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La mémoire n'en fait qu'à sa tête: краткое содержание, описание и аннотация

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« On s’arrête tout à coup de lire. Sans pour autant lever les yeux. Ils restent sur le livre et remontent les lignes, reprenant une phrase, un paragraphe, une page. Ces mots, ces simples mots, ne nous évoquent-ils pas notre enfance, un livre, une querelle, des vacances, un voyage, la mort, des plaisirs soudain revenus sur nos lèvre ou courant sur la peau… Décidément la mémoire n’en fait qu’à sa tête. Imprévisible et capricieuse, elle aime bien déclencher sur moi des ricochets semblables à ceux obtenus par ces petites pierres plates que je faisais rebondir sur la surface étale des étangs et des rivières de mes jeunes années.
C’est sans doute pourquoi elle interrompt aussi mes lectures pour des bagatelles, des sottises, des frivolités, des riens qui sont de nos vies des signes de ponctuation et d’adieu. » B.P. D’
à
, Bernard Pivot est une figure incontournable du petit écran, et l’une des personnalités les plus populaires de France. Ses précédents ouvrages, publiés chez Albin Michel,
(2004),
(2008) et
(2011) ont rencontré un immense succès.
Bernard Pivot est membre de l’académie Goncourt.

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À Lyon, pendant les bombardements des Alliés, elle n’avait accepté qu’une fois de descendre à la cave, jugeant que pour les enfants c’était quand même mieux. « Quand on est remontés, raconte Françoise Sagan, il y avait une souris dans la cuisine. Ma mère s’est évanouie. Elle a une peur bleue des souris. »

Ma grand-mère paternelle également. Cette femme qui avait récupéré après la Première Guerre mondiale un mari gazé, qui avait élevé quatre enfants et qui tenait un café après avoir longtemps travaillé dans les champs, cette femme dure au mal et à la vie, je l’ai vue, à cause du passage furtif d’une minuscule souris, debout sur l’une des tables de la salle du café. Elle serrait le bas de son tablier pour empêcher une armée de petites rongeuses de se lancer à l’assaut de ses jambes.

Les défaillances de la mémoire

Vassilis Alexakis : « On peut désormais me raconter n’importe quoi sur mon passé puisque je ne me souviens plus de rien… Je ne suis jamais allé nulle part », La Clarinette .

Je ne me souviens pas non plus d’être allé ici ou là quoiqu’on m’assure, avec une grande persuasion, que, mais si, j’y étais. Preuve en est que j’ai fait telle chose. Le souvenir de ce qui m’est rapporté me revient en effet en mémoire, mais sans lien avec le lieu où cela s’est passé. C’était à Brest, tu en es certain ? À Rabat ? À Hambourg ? Ces villes ne sont pourtant pas inscrites dans ma géographie personnelle.

Je suis sûr d’être allé à Tolède grâce aux tableaux du Greco ; à Pampelune à cause de la feria et de ses arènes sanglantes ; à Glasgow parce que j’y ai assisté, le 12 mai 1976, à la finale de la Coupe d’Europe des clubs champions, Saint-Étienne, brillant, pas veinard, contre le Bayern Munich, vainqueur. Dans ces trois villes le spectacle était si fort qu’il s’est logé à tout jamais dans un coin de ma mémoire. Il est impossible de le déconnecter du nom de la cité où, à mes yeux, il faisait événement. Mais, si je me souviens bien de L’Enterrement du comte d’Orgaz , du troisième toro, si brave (scandale ! le président a refusé de lui accorder la grâce que réclamait la foule), des têtes de Bathenay et de Santini sur la barre transversale du but allemand, je n’ai gardé aucune image de Tolède, Pampelune et Glasgow. Rien, comme si je n’y étais jamais allé. Villes englouties dans un trou noir comme Ys dans l’océan.

Aggravons mon cas : quelque effort que je fasse, je ne revois pas l’église, ni les arènes, ni le stade. Le lieu même du spectacle m’échappe. Flou, décadré, déconstruit. Alors que je distingue parfaitement le jeune garçon qui, au premier plan, présente le miracle de la mise au tombeau du comte d’Orgaz ; j’assiste de nouveau autant de fois que je le veux aux coups de cornes qui envoient à l’hôpital, d’abord un picador, puis le torero ; j’entends ma plainte mêlée à celle des supporteurs stéphanois quand, après avoir frappé le bois, le ballon, par deux fois, revient en jeu.

Cette incapacité à me remémorer les lieux, à fixer le décor, m’a dissuadé d’écrire des romans. L’Amour en vogue est une sympathique erreur de jeunesse. C’est une carte postale sentimentale que j’envoyais à la ville de Lyon au moment de la quitter. Je me souviens de mes difficultés à décrire des quartiers, des rues ou des ponts que j’avais sous les yeux ou que ma mémoire toute fraîche, toute naïve, arpentait dans ma chambre, à Paris.

Les chambres, curieusement, je ne les ai pas oubliées alors que le reste des appartements ou les hôtels sont plongés dans le brouillard. Chambres d’enfant, d’adolescent, d’étudiant, de mari, d’amant, de voyageur, de touriste. C’est pourtant dans cette pièce qu’on reste le plus longtemps les yeux fermés. Mais c’est aussi la pièce où on est vraiment seul avec ses joies et ses chagrins, ses ressassements et ses chimères ; et, si l’on y est à deux, c’est le corps tout entier qui en garde la mémoire.

Je dois posséder quelque part dans ma tête une puissante gomme qui efface ce qui entoure la chambre, jusqu’à la ville où elle se situe. C’est difficile d’avouer à une femme que je me rappelle très bien le lit où nous avons dormi ensemble, mais ni le nom de l’hôtel, ni même le nom de la ville. Il en est de même avec les tableaux. Si je les convoque, ils m’apparaissent dans la clarté que diffuse l’admiration que je leur porte, mais je ne vois pas le musée, ni ne sais où il se trouve. Cette Vierge à l’Enfant, sculpture médiévale en albâtre qui m’avait cloué sur place, où est-elle ? À Bilbao ? À Anvers ? À Gand ? À Vienne ? La Vierge n’est ni confiante ni fière ni heureuse. Elle souffre. Ses paupières se sont refermées sur sa douleur. On lui a coupé les doigts d’une main et le petit Jésus n’a plus de tête. Faut-il voir dans le visage supplicié de Marie l’anticipation par l’artiste des dommages que son œuvre subira ou la prescience maternelle du destin tragique de son enfant ?

Et ce célèbre autoportrait de Picasso — gros nez, yeux énormes, les cheveux très noirs sur le front, une sorte de caricature pour bande dessinée —, ce visage impressionnant avec qui, un jour, j’ai longuement dialogué, où est-il ? À Paris ? À Barcelone ? À New York ? À Berlin ? Avec Picasso, la réponse est facile à trouver. Cet autoportrait de 1907 est exposé à Prague.

Un jour, dans le train, un homme m’aborde en me disant que nous étions ensemble au jubilé de Michel Platini. Je dois faire un effort pour me rappeler que j’ai participé à cette fête en l’honneur du meilleur joueur de football français.

« Rappelez-vous, vous étiez sur la pelouse, avec un micro.

— Ah, oui, bien sûr, je me revois sur la pelouse de Geoffroy-Guichard…

— Mais non, c’était au stade Marcel-Picot, à Nancy. »

Le nez dans l’assiette

Une gravure représentait un gros homme à lavallière, la tête dans son assiette, la face figée dans les pâtes et la sauce qui avaient débordé sous le choc. Il était soudain mort de gloutonnerie. Voilà ce qui risque de vous arriver, nous disait l’éducation chrétienne — aujourd’hui relayée par l’éducation laïque et diététicienne —, si vous cédez au péché de gourmandise. Vous finirez de cette manière brutale et ignominieuse si vous ne savez pas juguler la boulimie qui augmente souvent avec l’âge et le niveau de vie.

Longtemps, il m’a semblé que cette mort n’est pas aussi exécrable que les moralistes le disent. Elle a le mérite d’être rapide, sans douleur, et de se manifester dans un moment de vitalité et de plaisir. La mort à l’assiette comme il y a le service à l’assiette. Le cœur a lâché l’estomac, ce voisin, ce gouffre. On ne remettra pas le couvert. Fin de toute faim.

Réflexion faite, c’est quand même une mort trompeuse, cachée sous l’appétit de vivre. On mange pour reprendre du tonus, pour recharger la machine, et celle-ci s’arrête traîtreusement, alors qu’on la croyait comme d’habitude occupée à se goberger et à se fortifier. C’est aussi une mort peu convenable, sale, au mépris des manières de table. Imagine-t-on la stupeur du commensal ou de l’invitée, son effroi, sa gêne, devant son vis-à-vis dont la tête, sans un cri, plonge soudain dans son assiette et n’en bouge plus ? Le corps avachi, le visage barbouillé, les cheveux souillés… Non, ce n’est pas une belle mort, même pour un bouffeur, même et surtout pour un gastronome, parce qu’elle est humiliante.

Michel Crépu emploie et souligne l’adjectif humiliant : « Cette sorte de caprice fabuleux qui a jeté mon père la tête dans son potage. Qui m’en fournira le pourquoi et le comment ? Bon Dieu, est-ce que mon père méritait de se retrouver d’un seul coup avec une tête de mandrill ? Est-ce que je ne trouve pas cela (…) spécialement humiliant ? » Un jour .

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