- Fais-moi confiance ! répond le jeune garçon avec un sourire à la Indiana Jones.
La voiture fonce sur la porte et s'apprête à s'écrabouiller contre elle quand, tout à coup, une porte dans la porte bascule sous l'impulsion de la voiture. Arthur est passé par la trappe du chat, découpée dans la porte de la cuisine. Sélénia pousse un soupir de soulagement de s'en être sortie saine et sauve.
- Ça y est, on est morts ? demande Bétamèche, qui a toujours les yeux fermés.
- Oui ! Tu peux dormir tranquille ! On te préviendra quand on arrivera au paradis ! répond sa sœur, fatiguée de ses commentaires.
La jeep longe la petite terrasse couverte qui court tout autour de la maison. Arthur tourne à angle droit pour rejoindre la façade principale. Maltazard est sur le perron et descend les quelques marches qui mènent au jardin. Les fameuses marches que Simon-le-policier n'arrivait ni à descendre ni à monter.
Arthur n'est plus qu'à quelques mètres, mais maintenant qu'il est si près du but, il se demande bien ce qu'il peut faire pour arrêter cette montagne ambulante. Lui sauter dessus et l'escalader jusqu'à la main qui tient la petite fiole ? L'opération paraît bien impossible. Ou peut-être lui foncer dans les chevilles et le faire trébucher ? Une fois la fiole à terre, Arthur pourra se ruer dessus et en boire le contenu. Voilà un plan qui le séduit et il appuie à fond sur l'accélérateur pour se donner du courage, à défaut de vitesse.
Maltazard a déjà fait quelques pas dans le jardin quand Arthur débouche sur le perron. La voiture s'élève dans les airs, plane sur quelques mètres et vient s'encastrer dans une touffe d'herbes, à quelques centimètres du talon de Maltazard. La voiture est définitivement immobilisée et Arthur ne peut que regarder, impuissant, M le maudit disparaître dans la forêt.
- C'était quoi exactement, ton plan ? Je ne suis pas sûre d'avoir tout saisi ! interroge la princesse, frustrée de voir son ennemi lui échapper.
- Un mauvais plan ! concède Arthur en fronçant les sourcils.
Armand a enfin trouvé le paquet de marshmallows. Il les avait tellement bien cachés, pour qu'Arthur ne les trouve pas, qu'il ne savait plus lui-même où il les avait dissimulés.
Armand entre dans le salon en exhibant d'une main tremblante son paquet tout neuf.
- Ça-ça y est-y est ! Je-je les-les zai-zai ! dit-il en s'appliquant.
Mais Maltazard a disparu, ne laissant derrière lui que ruines et poussières. Et la Rose est toujours endormie sur son canapé, comme si elle attendait la rosée ou, à défaut, son prince charmant.
Archibald est dans un coin et berce doucement Marguerite qui est venue se blottir entre ses bras.
- Il... il est parti ? demande Armand avec un fond de regret dans la voix.
- Oui, confirme Archibald. Espérons qu'il ne reviendra jamais !
Chapitre 12
Arthur avance avec rage sur cette pelouse aux allures de jungle. Il shoote dans toutes les pierres qu'il croise, tellement il a besoin de se libérer de sa frustration.
- Ça ne sert à rien de courir après lui comme ça ! Il est trop loin maintenant ! lance Sélénia avec dépit.
- En plus, à chaque fois qu'il fait un pas, il nous faut en faire cent ! ajoute Bétamèche qui s'effondre par terre, terrassé par la fatigue.
Arthur enrage, mais il doit se rendre à l'évidence, marcher ainsi ne mènera à rien et seule la réflexion le sortira peut-être de cette impasse.
- Il faut qu'on trouve une solution ! dit-il en se mettant à tourner en rond, comme une souris sur sa roue.
- Et vite ! Avant que M le maudit ne résolve les problèmes à sa manière ! ajoute Sélénia qui s'est elle aussi mise à tourner en rond, dans l'autre sens.
- Il nous faut trouver un produit qui fasse grandir ! résume Arthur en se frottant la tempe. Trouver le produit ou fabriquer le produit ! Mais pour le fabriquer, il faudrait déjà en connaître la composition ! Je suis sûr qu'Archibald doit avoir ça dans l'un de ses livres. Il faut donc retourner au bureau ! Allons-y !
- Arthur, sois réaliste ! Ta voiture est inutilisable, tu vas mettre des heures à remonter jusqu'en haut ! s'écrie la princesse.
Le petit garçon de deux millimètres regarde sa maison au loin, elle ressemble à une montagne inaccessible. La princesse n'a pas tort, mais les Bogo-Matassalaïs ont fait de lui un vrai guerrier et il ne peut se résoudre à cesser le combat.
- Je ne peux pas rester là sans rien faire, Sélénia ! Je ne peux pas attendre les bras croisés que M envahisse mon monde et le détruise ! s'exclame Arthur qui sent le désespoir le submerger.
- J'ai peut-être une solution ! annonce timidement la princesse.
L'espoir renaît immédiatement dans les yeux du jeune garçon.
- Miro m'a parlé un jour de ce produit en cours de science. J'étais d'ailleurs la meilleure élève ! dit-elle fièrement.
- J'en suis sûr ! répond Arthur, impatient d'entendre la suite.
- C'est une sorte de liquide, épais comme une pâte, très puissant, à base de sélénielle. Si ma mémoire est bonne, il n'y a qu'une seule personne qui soit capable de le fabriquer...
Arthur tombe en arrêt, comme un lapin devant une carotte.
- La reine des abeilles ! dit enfin la princesse pour mettre fin au suspense.
Arthur semble un peu déçu car négocier avec la reine des abeilles lui paraît aussi compliqué que d'aller sur la lune.
- On a plus vite fait de remonter au bureau et de consulter les livres ! Comment veux-tu faire pour aller voir la reine d'une ruche qui se trouve Dieu sait où ?
Sélénia lui lance un petit sourire et fixe ses jolis yeux sur ceux d'Arthur.
- Pour une fois, c'est toi qui vas me faire confiance ! lui dit-elle avec assurance.
Rose se réveille doucement. L'odeur du marshmallow que son mari agite sous son nez a fini par agir.
- Oh ! Du nougat ! comme c'est gentil ! dit-elle en apercevant la friandise.
Qu'elle puisse confondre la forme d'un nougat et celle d'un marshmallow n'étonnera personne puisqu'elle est myope comme une taupe, mais confondre ces deux friandises, à l'odeur si différente, est inquiétant. Maltazard a dû lui taper un peu trop fort sur la tête et lui déranger les sens. Rose attrape le marshmallow et le dévore avec gourmandise.
- Mmmm ! C'est tellement bon les nougats ! dit-elle en se léchant les babines, confirmant ainsi que ses sens sont sérieusement perturbés.
Maltazard a trop secoué la bouteille.
Armand lui met gentiment une compresse froide sur la tête, comme s'il mettait une couronne sur une tombe.
- Repose-toi, ma chérie ! dit son mari en l'obligeant à s'allonger à nouveau.
Rose sourit et se laisse dorloter.
- Où est Arthur ? demande-t-elle alors en toute innocence.
L'avoir à ses côtés, dans un moment aussi délicieux, la rapprocherait davantage du paradis.
- Il... il est dans sa chambre ! balbutie le père, aussi convaincant qu'un arracheur de dents.
- Dis-lui qu'il fasse bien ses devoirs et qu'il vienne me les montrer ! répond la mère, totalement déconnectée de la réalité.
Armand en est abasourdi.
- Euh... bien sûr ! J'y vais de ce pas ! dit-il en quittant la maison pour le jardin, comme si c'était entre deux pommiers qu'il allait trouver la chambre de son fils.
Comme d'habitude, le hasard fait bien les choses. Armand a eu raison d'aller dans le jardin pour y chercher son fils, car il passe à quelques centimètres de lui.
Malheureusement pour Arthur, les centimètres se comptent en kilomètres au pays des Minimoys et il ne perd même pas son temps à appeler son père, tant il sait que ses cris ne seront pas entendus. Arthur est au milieu d'un coquelicot et agite les pistils de toutes ses forces.
- T'es sûre que ça marche ? demande l'enfant à Sélénia, assise sur le pétale supérieur.
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