Pierre Lemaitre - Cadres noirs

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Cadres noirs: краткое содержание, описание и аннотация

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Alain Delambre est un cadre de cinquante-sept ans anéanti par quatre années de chômage sans espoir.
Ancien DRH, il accepte des petits jobs démoralisants. À son sentiment de faillite personnelle s’ajoute bientôt l’humiliation de se faire botter le cul pour cinq cents euros par mois…
Aussi quand un employeur, divine surprise, accepte enfin d’étudier sa candidature, Alain Delambre est prêt à tout, à emprunter de l’argent, à se disqualifier aux yeux de sa femme, de ses filles et même à participer à l’ultime épreuve de recrutement : un jeu de rôle sous la forme d’une prise d’otages.
Alain Delambre s’engage corps et âme dans cette lutte pour regagner sa dignité.
S’il se rendait soudain compte que les dés sont pipés, sa fureur serait sans limite.
Et le jeu de rôle pourrait alors tourner au jeu de massacre.

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Je l’interromps.

— Non, ce sont les résultats qui m’intéressent ! Vous me garantissez quoi ?

— Vous nous donnez le nom de vos « clients », nous trouvons leur adresse et quarante-huit heures plus tard nous vous fournissons pour chacun : son état civil, sa situation familiale et patrimoniale détaillée, les principales dates de son itinéraire privé et professionnel ainsi que les grandes lignes de l’état de ses finances actuelles (ses engagements, ses disponibilités, etc.).

— C’est tout ?

Il lève un sourcil inquiet. Je reprends :

— Avec des généralités pareilles, qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? Vous allez me donner le profil de M. Tout-le-monde.

— Le pays est entièrement peuplé de ce genre de personnes, monsieur Delambre. Moi, vous, les autres, tout le monde.

— Je cherche quelque chose de beaucoup plus ciblé.

— Genre ?

— Dettes, faute professionnelle dans un emploi antérieur, famille problématique, petite sœur aux Incurables, épouse alcoolique, vices, excès de vitesse, partouzes, amants, maîtresses, vie cachée, tares… Ce genre-là.

— Tout est possible, monsieur Delambre. Mais là encore, le temps joue contre nous. De plus, pour ce genre d’approfondissement, il faut utiliser des réseaux très spécifiques, encourager des sympathies, procéder à des filatures et avoir de la chance.

— Combien ?

Il sourit de nouveau. Ce n’est pas tant le mot qui lui plaît que la clarté de la demande.

— Il nous faut de la méthode, monsieur Delambre. Voilà ce qui me semble le mieux. Deux jours après votre premier règlement, nous vous fournissons les éléments principaux sur chacun de vos clients. Vous étudiez ces résultats, vous ciblez vos recherches pour orienter nos démarches et je vous propose un devis.

— Je préfère un forfait.

Il ressort sa calculette, note des chiffres.

— Pour un complément d’enquête en deux jours : 2 500 euros par client. Pots-de-vin compris.

— Et en espèces ?

— C’est le prix en espèces. Sur facture, ça fait…

Il se penche sur sa calculette.

— Pas la peine. J’ai compris.

C’est colossal. Si je suppose un complément d’enquête sur seulement la moitié de mon effectif, je suis aux alentours de 23 000 euros. Si je me base sur ce qu’il nous reste d’économie, il me manque 95 % de cette somme.

— Réfléchissez tranquillement, mais ne perdez pas non plus trop de temps. Si vous passez commande, il me faudra réunir une équipe très rapidement…

Je me lève et je lui sers la main.

Je reprends le métro. Je suis devant l’épreuve de vérité.

Je le sais depuis le début. Les disputes avec Nicole, l’énervement des derniers jours, la tension des tests professionnels et de l’entretien avec Lacoste, tout ça ne conduisait qu’à ce stade ultime, qui repose sur un point unique, d’une acuité définitive : la mesure de ma motivation. Ça fait vingt ans que le management ne dit pas autre chose.

Pour réussir, il va me falloir prendre tous les risques.

Je n’arrive pas à me décider.

Je suis très déprimé.

Mon regard passe sans les voir sur les affiches du métro, sur les voyageurs qui montent et descendent sans cesse, je monte mécaniquement les marches de l’escalator, je découvre la rue où nous habitons, ce quartier que nous avons aimé tout de suite, dès que nous l’avons découvert.

C’était en 1991.

Tout allait bien pour nous. Nous étions mariés depuis plus de dix ans. Mathilde avait neuf ans et Lucie sept. Je leur disais des choses très bêtes, ma princesse et tout ça. Nicole était déjà radieuse, il suffit de voir les photos. Nous étions un couple très français, avec un travail fixe, un salaire convenable et évolutif. La banque nous a expliqué que nous pouvions accéder à la propriété. Avec un sens aigu de la responsabilité, j’ai tracé sur le plan de Paris les zones où il était raisonnable de chercher et nous avons trouvé presque tout de suite à l’autre extrémité de la carte.

C’est là que je suis. Je sors du métro. Je me souviens. Je revois très bien la scène.

C’est tout de suite charmant. Le quartier est situé sur une petite butte, les rues montent et descendent, les immeubles sont là depuis un siècle et les arbres aussi. L’immeuble est propre, en briques rouges. Sans rien se dire, on espère que l’appartement est l’un de ceux qui ont des bow-windows, l’ascenseur bringuebale, je calcule rapidement qu’on doit pouvoir y faire passer tous les appareils ménagers, mais pas le canapé. L’agent immobilier regarde ses pieds, très professionnel, il ouvre, l’appartement est lumineux parce qu’il est situé très haut, et ça ne coûte que 15 % de plus que ce que nous pouvons emprunter. Nous sommes enthousiastes et paniqués. C’est absolument grisant. Le banquier se frotte les mains et nous propose les crédits complémentaires. On achète, on signe, on prend les clés, on dépose les filles chez des amis, on y retourne tous les deux, l’appartement nous apparaît encore plus grand. Nicole ouvre les fenêtres qui donnent derrière et plus loin, sur la cour de l’école et ses trois platanes. Les pièces résonnent du vide à remplir, du bonheur à venir, de la vie qui nous gâte, Nicole m’attrape par la taille, me colle contre le mur de la cuisine et m’embrasse farouchement, ça me coupe le souffle, elle est excitée comme une puce, je sens que je ne perds rien pour attendre et elle se remet à marcher dans les pièces en dessinant ses projets avec de grands gestes d’oiseau.

Nous sommes endettés jusqu’au cou, mais malgré les crises, par je ne sais quel miracle, par une chance dont nous n’avons même pas conscience, nous traversons ces années sans encombre. Le secret du bonheur de cette époque, ce n’était pas l’amour, parce que l’amour nous l’avons toujours, ce n’était pas non plus nos filles, nous les avons toujours, le secret du bonheur c’est que nous avions du travail, que nous pouvions faire défiler, sans interrogation, les innombrables conséquences positives de cette chance inouïe : des traites payées, des vacances, des sorties, des inscriptions à la fac, les voitures et la certitude que notre travail appliqué, résolu, nous fournissait la récompense à laquelle nous avions droit.

Je suis à nouveau sur cette place presque vingt ans plus tard, mais je suis plus vieux d’un siècle.

J’entends les larmes de Nicole, je suis dans mon bureau, je revois son gilet usé, la vaisselle discount, je cherche un numéro de téléphone, je demande Gregory Lippert, le lino de la cuisine rebique à nouveau il va falloir le changer, je dis salut « c’est Bon Papa », je tâche d’y mettre un ton rigolard mais ma voix dément mon intention, l’évier de récupération est plus sinistre que jamais, il faut trouver un meuble à reposer au mur, il dit « ah ? », je l’appelle rarement, je dis « il faudrait que je te voie », il dit « ah » de nouveau, il m’agace déjà mais j’ai besoin de lui, j’insiste, « tout de suite », il entend que c’est vraiment, réellement très urgent, alors il dit « je peux prendre quelques minutes, on dit 11 heures ? ».

12

Le café s’appelle Le Balto. Il doit bien y en avoir deux ou trois mille en France. Mon gendre est tout à fait le genre à choisir ça. Il doit manger là tous les midis, tutoyer les garçons, gratter des jeux avec les secrétaires en faisant des blagues sur les morpions. Il y a un coin tabac et une grande salle avec des banquettes défoncées, du mobilier en Formica, un carrelage brillant au sol et sur la vitre de la terrasse, un menu déroulant où on voit des hot-dogs et des sandwichs dessinés, pour les clients trop cons pour lire « hot-dogs » et « sandwichs ».

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