Pierre Lemaitre - Cadres noirs

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Alain Delambre est un cadre de cinquante-sept ans anéanti par quatre années de chômage sans espoir.
Ancien DRH, il accepte des petits jobs démoralisants. À son sentiment de faillite personnelle s’ajoute bientôt l’humiliation de se faire botter le cul pour cinq cents euros par mois…
Aussi quand un employeur, divine surprise, accepte enfin d’étudier sa candidature, Alain Delambre est prêt à tout, à emprunter de l’argent, à se disqualifier aux yeux de sa femme, de ses filles et même à participer à l’ultime épreuve de recrutement : un jeu de rôle sous la forme d’une prise d’otages.
Alain Delambre s’engage corps et âme dans cette lutte pour regagner sa dignité.
S’il se rendait soudain compte que les dés sont pipés, sa fureur serait sans limite.
Et le jeu de rôle pourrait alors tourner au jeu de massacre.

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— Garder son boulot, Romain, c’est sacré. Je te comprends. Et je ne t’en veux pas. À ta place, je ferais exactement pareil. Mais j’ai un service à te demander.

Il fronce les sourcils avec méfiance, comme si je lui proposais un veau à un prix anormalement bas. Du pouce, je désigne le grand écran :

— C’est pour un boulot, justement. Je suis sur un coup. Il faudrait que tu me fasses une petite recherche…

Son visage s’éclaire. Tellement soulagé de s’en tirer à si bon compte, il me sourit largement et tend le bras vers le clavier de son ordinateur. Ici, on peut toucher n’importe quoi sans se déplacer. Une vaguelette de musique électronique nous souhaite la bienvenue dans une seconde vie et j’explique à Romain ce dont j’ai besoin. Sa prudence paysanne est plus forte que lui.

— C’est peut-être plus compliqué que tu crois, dit-il.

Mais alors qu’il dit ça ses doigts courent déjà sur le clavier. Le site de BLC–Consulting apparaît, trois fenêtres naviguent un instant avant de trouver leur place dans les coins de l’écran. Ballet nautique. Puis en quelques clics, une, deux, trois, huit fenêtres s’ouvrent en corolle. C’est à peine commencé et déjà je suis totalement largué.

— C’est quasiment pas protégé. Ils sont cons ou quoi ? dit Romain.

— C’est peut-être qu’ils n’ont rien à protéger.

Il se tourne vers moi. Voilà une notion à laquelle il n’a jamais pensé. Je précise :

— Moi, par exemple, sur mon ordinateur, je ne vois même pas ce que j’aurais à protéger.

— Bah, quand même, la vie privée…

Il est outré, le Romain. L’idée qu’on ne protège pas ses données, même si elles n’ont aucun intérêt, ça le heurte. Moi, c’est son indignation qui me stupéfie :

— Si tu y avais accès, à ma vie privée, tu en ferais quoi ? C’est la même que la tienne, c’est celle de tout le monde.

Romain, sceptique, bascule lentement la tête de droite à gauche :

— Peut-être, ajoute-t-il, têtu. Mais c’est la tienne.

Je parle à un mur. J’abandonne.

Ses doigts continuent de courir.

— Ça, c’est leur fichier clients.

Un listing. Une seconde plus tard, l’imprimante située sous le bureau se met à crépiter. Romain m’envoie des paquets de données par e-mail. Il est déçu de n’avoir pas rencontré plus de difficultés.

— Qu’est-ce que tu veux d’autre ?

J’ai à peu près tout. Le listing, assez court, s’intitule « clients en cours » et donne accès à huit sous-dossiers. Je feuillette rapidement leurs noms. J’arrive à République. Je quitte la rame et j’entame une remontée du couloir en direction de ma correspondance mais je scrute toujours la liste que je tiens à la main. Exxyal . Je stoppe brusquement. Une fille me rentre dedans et pousse un cri, je me gare sur le côté. Je repasse rapidement la liste, je vérifie. Dans la liste, Exxyal-Europe est la seule entreprise qui corresponde au cahier des charges. Importance, secteur stratégique, tout y est. Je reprends ma marche dans le couloir d’un pas lent, parce que toute mon énergie est mobilisée sur ce nom.

Même à quelqu’un, comme moi, qui ne connaît rien à l’industrie pétrolière, Exxyal évoque une de ces monstrueuses machines, trente-cinq mille salariés répartis sur quatre continents et un chiffre d’affaires supérieur au budget de la Suisse, où doivent d’ailleurs se dilater, dans les sous-sols de quelques banques, des bénéfices occultes capables de rembourser deux fois la dette de l’Afrique. Dans cet ensemble multinational, je ne sais pas ce que pèse Exxyal-Europe, mais c’est un poids lourd. Je sais que je suis sur la bonne piste. Je repasse la liste : les autres entreprises sont de grosses PME et les quelques grandes entreprises restantes œuvrent dans des secteurs industriels ou tertiaires sans importance névralgique. Détail supplémentaire : une prise d’otages est une opération beaucoup plus vraisemblable dans une entreprise qui travaille dans le pétrole que dans une société qui fabrique des voitures ou des nains de jardin.

La journée se solde par une réussite fondamentale. L’atteinte de mon premier objectif : je suis à peu près certain de l’identité de l’entreprise qui embauche.

Je rêve un court instant : DRH dans une unité d’Exxyal-Europe ! Le bonheur total. Je presse le pas et, tout à mon enthousiasme, me voici à la maison en quelques minutes.

La clé tourne dans la serrure et la porte s’ouvre. Je saisis immédiatement l’ampleur de la difficulté qui m’attend. Un œil à ma montre : 19 h 45.

J’entre.

Sur la table de la cuisine, deux grands sacs en papier cartonnés marqués à l’enseigne de « La Vaisselière-discount ». Nicole a encore son manteau sur le dos. Elle me croise dans le couloir, sans un mot. J’ai tout faux.

— Je suis désolé.

Nicole m’entend mais elle ne m’écoute pas. Elle a dû rentrer vers 18 heures. Rien de prêt pour dîner. Nous avons fait la dînette pendant trois jours, mais aujourd’hui j’avais promis d’aller acheter de la vaisselle. Elle est ressortie, elle a dû faire les courses elle-même. Nous voilà, dès nos retrouvailles, dans une ambiance tendue. Nicole, sans un mot, dépose les nouvelles assiettes, les tasses, les verres dans l’évier. Tout est moche. Elle me connaît.

— Je sais ce que tu penses, mais c’était ce qu’il y avait de moins cher.

— C’est exactement pour ça que je cherche du boulot.

Nous sommes en train de remettre la cassette. Nous commençons à nous en vouloir terriblement. Ce qui est douloureux, c’est que pendant la période la plus difficile, nous sommes restés amoureux et unis. Et c’est justement au moment où nous pouvons nous en sortir que nous nous éloignons l’un de l’autre. Elle a acheté un truc en barquette avec de la sauce marron, ça doit être d’inspiration chinoise. C’est tout prêt, nous l’avalons sans parler. L’atmosphère est si lourde que Nicole allume la télévision. Bruit de fond dans notre couple (« Tagwell annonce la suppression de 800 emplois dans son usine de Reims ») . Nicole mastique en regardant son assiette qui, pleine, est encore plus moche. Je fais mine de me passionner pour le journal télévisé, comme s’il m’annonçait des choses nouvelles (« … en très forte progression. Tagwell gagne 4,5 % à la clôture… ») .

Après manger, épuisés de cette rancune qui nous éloigne l’un de l’autre, nous nous séparons sans un mot, Nicole fait la vaisselle, je lui trouve un air buté. Puis elle passe à la salle de bains, moi dans mon bureau.

Sur mon écran, pas de mouvement gracieux et sous-marin de fenêtres qui s’ouvrent et se déplacent, rien d’autre qu’une robuste page internet à l’enseigne d’Exxyal-Europe. Une petite enveloppe me signale l’arrivée des mails de Romain. Dans les dossiers clients de BLC–Consulting, je consulte la correspondance échangée entre Bertrand Lacoste et son client, Alexandre Dorfmann.

Ces mots du P-DG d’Exxyal-Europe : « Parlons clair : notre première estimation laisse prévoir que le licenciement de 823 salariés à Sarqueville, par ses effets directs et indirects, va concerner plus de 2 600 personnes… L’ensemble du bassin d’emplois sera durement et durablement touché. »

Un peu plus loin : « Cette opération complexe de licenciement est évidemment très valorisante : le cadre qui aura la chance d’être chargé de cette mission de confiance vivra là une expérience exceptionnelle et sans doute une grande aventure émotionnelle. Il devra se montrer psychologiquement très solide, réactif et devra disposer d’une grande capacité de résistance aux chocs. Nous devons par ailleurs être certains de son adhésion sans faille à nos valeurs. »

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