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Jeff Lindsay: Le passager noir

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Jeff Lindsay Le passager noir
  • Название:
    Le passager noir
  • Автор:
  • Издательство:
    Panama
  • Жанр:
  • Год:
    2005
  • Город:
    Paris
  • Язык:
    Французский
  • ISBN:
    2-7557-0031-9
  • Рейтинг книги:
    4 / 5
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Le passager noir: краткое содержание, описание и аннотация

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Aussi nommé “ Voici notre cher Dexter, expert judiciaire de la police de Miami le jour, tueur en série à la pleine lune, doublement menacé. D’un côté le sergent Doakes, insensible à son apparence de gentleman, traque le « Passager Noir », l’autre moi sanguinaire et justicier de Dexter. Par ailleurs, un psychopathe particulièrement pervers laisse Dexter sans voix alors que son appétit meurtrier se réveille. Lequel de ces monstres rattrapera l’autre le premier ?

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Je pus identifier cinq garçons différents parmi les photos, tous nus, dans des poses variées, comme si MacGregor était encore à la recherche de son style. Et, en effet, il n’y allait pas de main morte avec le ruban adhésif… Sur l’une des photos, le garçon avait l’air d’être enveloppé dans un cocon gris argenté, avec juste certaines parties de son corps exposées. Ce que MacGregor laissait voir en disait long sur lui. Ainsi que je le suspectais, ce n’était pas le genre de personne que la plupart des parents auraient voulu comme chef scout pour leurs gamins.

Les photos étaient de bonne qualité, prises sous des angles multiples. Une série en particulier se détachait du lot. Un homme nu, pâle et flasque, portant une cagoule noire, se tenait près du garçon tout emmailloté, comme s’il s’était agi d’un trophée. D’après la forme et la couleur du corps, j’étais certain qu’il s’agissait de MacGregor, bien que son visage fût masqué. Et tandis que je parcourais des yeux les photos, deux pensées intéressantes me vinrent. La première fut :

“Ah ha !” Autrement dit, à présent, je n’avais plus un seul doute concernant les agissements de MacGregor, et il était l’heureux gagnant du Grand Tirage au Sort organisé par le Passager Noir.

Et la seconde pensée, quelque peu troublante, fut la suivante :

— Qui prenait les photos ?

Il y avait trop d’angles différents pour qu’elles aient été prises en automatique. Et tandis que je les examinais de nouveau, je remarquai sur deux d’entre elles, prises en plongée, le bout pointu de ce qui avait l’air d’être une botte rouge de cow-boy.

MacGregor avait un complice. L’expression faisait très série B, mais bon, je ne voyais pas d’autre façon de le dire. Il n’était pas seul. Quelqu’un l’accompagnait et, à tout le moins, regardait et prenait des photos.

J’ai honte d’avouer que j’ai un certain talent et quelques connaissances en matière de mutilations pas très catholiques, mais je n’avais encore jamais vu ça. Des trophées, oui ; j’ai moi-même ma propre collection de lames de verre, toutes ornées de leur unique goutte de sang, afin de me rappeler chacune de mes aventures. C’est parfaitement normal de conserver un souvenir.

Dans ce cas, la présence d’une deuxième personne, qui observait la scène et prenait des photos, transformait un acte éminemment privé en une sorte de spectacle. C’était absolument indécent : ce MacGregor était un pervers. Si j’avais été doté d’un sens moral, je suis à peu près sûr que j’aurais été rempli d’indignation. Les choses étant ce qu’elles sont, j’étais simplement impatient de connaître plus “viscéralement” ce type.

Il faisait une chaleur suffocante sur le bateau, et mon ciré incroyablement chic n’arrangeait rien. J’avais l’impression d’être un sachet de thé jaune vif dans une théière d’eau bouillante. Je choisis plusieurs photos parmi les plus nettes et les glissai dans ma poche. Je rangeai les autres au fond du tiroir, remis en place le matelas puis regagnai la cabine principale. D’après ce que je pouvais voir en jetant un coup d’œil par la fenêtre – devrais-je dire hublot ? –, personne ne semblait rôder dans les parages et m’observer de manière sournoise. Je me faufilai dehors, m’assurant que la porte se refermait derrière moi, puis m’éloignai nonchalamment sous la pluie.

D’après les nombreux films que j’avais vus au cours de ma vie, je savais très bien que le fait de marcher sous la pluie est l’attitude la plus appropriée pour réfléchir sur la perfidie humaine ; c’est ce que je fis donc. Oh, ce vicieux MacGregor, et son ami dingue de photo. Quelles ordures ils faisaient ! Cela m’avait l’air de sonner à peu près juste et, de toute façon, rien d’autre ne me venait à l’esprit ; j’espérais ne pas avoir dérogé aux convenances. Car il était beaucoup plus amusant de songer à ma propre perfidie et à la manière dont je l’entretiendrais en arrangeant un petit rendez-vous avec MacGregor. Je sentais une onde de plaisir sombre jaillir du plus profond de la Forteresse Dexter et venir battre ses remparts. Bientôt elle emporterait MacGregor.

Je n’avais plus le moindre doute. Harry lui-même reconnaîtrait que les photographies constituaient une preuve plus que suffisante, et un gloussement d’impatience en provenance de mon siège arrière approuva le projet. MacGregor et moi irions explorer ensemble. Et j’aurais en prime le plaisir de découvrir son ami aux bottes de cow-boy : il faudrait qu’il suive MacGregor le plus vite possible, bien sûr. Pas de repos pour les braves. C’était comme une bonne affaire, “deux pour le prix d’un” : absolument irrésistible.

Absorbé par mes joyeuses pensées, je ne remarquai même pas la pluie tandis que je me dirigeais à grands pas vers ma voiture. J’avais fort à faire.

CHAPITRE III

Il est toujours contre-indiqué de suivre la même routine, surtout quand on est un meurtrier pédophile et que l’on a attiré l’attention de Dexter le Justicier. Heureusement pour moi, personne n’avait jamais donné ce petit conseil capital à MacGregor, si bien qu’il me fut facile d’aller l’attendre après son travail à 18 h 30, son heure habituelle. Il sortit de son bureau par la porte de derrière, ferma à clé puis monta à bord de son énorme 4x4 Ford : un véhicule parfait pour trimballer des gens qui souhaitaient visiter des maisons, ou pour transporter des petits garçons bien ficelés jusqu’au port. Il s’engagea sur la chaussée et je le suivis en direction de sa modeste maison de SW 80th Street.

La circulation était assez dense aux abords de chez lui. Je pris une petite rue transversale presque en face et me garai discrètement à un emplacement d’où j’avais une bonne vue. Une haie haute et épaisse bordait l’extrémité du terrain de MacGregor, de telle sorte que les voisins ne pouvaient voir ce qui se passait dans le jardin. Je demeurai une dizaine de minutes assis au volant en faisant mine d’étudier une carte, suffisamment longtemps pour élaborer ma tactique et m’assurer qu’il ne repartait nulle part. Lorsqu’il sortit de sa maison et se mit à bricoler dans le jardin, torse nu, juste vêtu d’un vieux short en madras, j’avais trouvé comment j’allais m’y prendre. Je rentrai chez moi me préparer.

Bien qu’en temps normal j’aie un appétit robuste, j’éprouve toujours quelques difficultés à manger avant l’une de mes petites aventures. Mon partenaire intérieur frémit d’impatience, la lune se fait entendre de plus en plus fort dans mes veines tandis que la nuit se glisse sur la ville, et toute pensée ayant trait à la nourriture devient soudain triviale.

Aussi, au lieu de déguster tranquillement un dîner riche en protéines, je me retrouvai à arpenter mon appartement, pressé de commencer, mais assez calme tout de même pour attendre, et permettre au Dexter Diurne de passer au second plan, éprouvant un sentiment de puissance enivrante tandis que le Passager Noir se mettait tranquillement au volant et vérifiait les commandes. C’est toujours une sensation grisante de se laisser entraîner sur la banquette arrière et de regarder le Passager conduire. Les ombres semblent avoir des contours plus nets, et l’obscurité prend une jolie teinte grise qui rend les formes autour beaucoup plus distinctes. Les bruits infimes deviennent clairs et sonores, ma peau est parcourue de picotements, mon souffle est un rugissement, et l’air se remplit d’odeurs en aucun cas perceptibles durant la journée si ennuyeuse. Je n’étais jamais aussi vivant que lorsque le Passager Noir prenait le volant.

Je m’obligeai à m’asseoir dans mon fauteuil et à me maîtriser, sentant le Besoin déferler sur moi et laisser derrière lui une marée haute bouillonnante. Chaque inspiration me faisait l’effet d’un souffle d’air froid qui me traversait et me dilatait, et je devenais énorme et luisant, tel l’invincible faisceau d’acier d’un phare prêt à fendre la ville, à présent plongée dans la nuit. Mon fauteuil se transforma alors en une pauvre chose ridicule, une cachette pour souris, et seule la nuit était suffisamment vaste.

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