— Shit ! Le salaud ! explosa-t-elle.
Elle pivota et, d’un pas décidé, se dirigea vers l’ascenseur, bien décidée à passer sa fureur sur le responsable du FBI.
* * *
— Nous allons chez Saint-Laurent, annonça Alexandra qui semblait avoir retrouvé toute sa bonne humeur, en même temps que la Rolls et Elko Krisantem…
Dieu merci, elle n’avait pas aperçu la « créature ».
Détentue, elle se laissa aller sur le siège et croisa les jambes si haut qu’elle découvrit une jarretière. Malko, instinctivement, posa la main sur sa cuisse gainée de nylon. Il la trouvait toujours aussi somptueuse avec son visage slave, ses grands yeux verts et cette bouche à damner un saint.
L’échancrure de sa ‘veste laissait apercevoir sa poitrine pleine et sa jupe de soie ne dissimulait vraiment que le haut de ses cuisses.
Malko la caressa doucement, poussant la jupe vers le haut. Le glissement de la soie sur le nylon des bas était totalement aphrodisiaque. Il remonta jusqu’à sentir le serpent plus dur des jarretelles.
D’un geste naturel, Alexandra décroisa les jambes avec un crissement qui fit venir l’eau à la bouche de Malko.
Cette fois, il remonta sous la jupe, le long des cuisses fuselées qu’il ne se lassait pas d’ouvrir. Jusqu’au sexe moulé par une dentelle arachnéenne qui le protégeait à peine. Il le sentait palpiter contre lui. Alexandra tourna vers lui un regard brutalement noyé de trouble et glissa une main sous sa chemise, agaçant sa poitrine de ses longs ongles. Il eut l’impression de recevoir un électrochoc.
— Caresse-moi ! dit-elle à voix basse.
Accoutumé à leurs écarts, Elko Krisantem demeurait l’œil rivé sur la circulation.
Malko obéit au vœu de sa fiancée, déclenchant les ondulations des hanches en amphore. Continuant de plus belle, il lança à Elko Krisantem :
— Nous retournons au Sacher , Elko. ‘
— Bien, Votre Altesse.
Les yeux clos, Alexandra ne protesta pas. Les jambes légèrement disjointes, une main étreignant la virilité de Malko, elle respirait de plus en plus vite. Lorsqu’il glissa la main dans l’échancrure de la veste, se faufilant vers le soutien-gorge de dentelle blanche pour agacer les pointes des seins dressées, Alexandra poussa une suite de petits cris, comme une chatte qui réclame ses petits. Elle avait toujours été hypersensible à cette caresse. En arrivant devant le Sacher , elle fut brutalement secouée par un orgasme violent qui la fit trembler de tous ses muscles, les cuisses resserrées autour de la main qui lui avait procuré son plaisir…
En sortant de la Rolls, elle s’accrocha au bras de Malko, les jambes coupées.
Une employée était en train de faire leur chambre. Alexandra lui jeta d’une voix mourante :
— Bitte , komme wieder im dreizig minuten [14] S’il vous plaît, revenez dans une demi-heure.
.
À peine dans la chambre, elle s’accota à une lourde commode et attira Malko vers elle.
— Tu vas te servir de moi comme d’une putain, dit-elle. C’est ce que tu aimes, nicht war ?
Elle jeta par terre la veste de son tailleur et Malko fit légèrement glisser son soutien-gorge pour dégager les seins. Déjà, elle déboutonnait sa chemise et s’attaquait à sa poitrine. Ce qu’il préférait. Jouant des deux mamelons à la fois, elle l’amena en quelques minutes à un état d’excitation prodigieux. Pendant ce temps, il fourrageait sous la soie de la jupe, pétrissant sa croupe somptueuse, s’enfonçant dans son sexe inondé, caressant les cuisses pleines, revenant aux seins tendus, aux pointes raidies et hypersensibles. Lorsqu’il jouait trop fort avec, Alexandra gémissait, à la limite de la douleur. En même temps, sa langue aiguë cherchait la sienne, mutine et habile, émergeant de ses lèvres bien dessinées comme un reptile érotique. Un crissement imperceptible. Alexandra venait de se débarrasser de la jupe trop serrée, ne gardant que ses dessous. Quand Malko voulut arracher le slip minuscule, elle le retint et murmura :
— Ce n’est pas la peine !
D’elle-même, elle repoussa le nylon sur son aine, dégageant ce qu’il était censé abriter. En même temps, elle faisait glisser le zip du pantalon d’alpaga, libérant Malko. Il avait la sensation merveilleuse de n’avoir jamais été aussi important. Alexandra le caressa quelques instants, puis se laissa glisser à genoux devant lui. Avant de l’enfoncer dans sa bouche, elle souligna d’une voix câline :
— Je t’ai dit : « comme une putain ».
Effectivement, elle en aurait remontré aux meilleures professionnelles… Agenouillée, elle lui administrait une fellation royale, à tel point que Malko dut l’arrêter. Elle se redressa et lui fit face, encore essoufflée.
— Qu’est-ce que tu veux maintenant ?
Sans répondre, Malko la poussa vers le lit en la faisant pivoter. Docilement, Alexandra s’agenouilla au bord du lit, tandis que Malko debout, s’approchait d’elle par-derrière, contemplant avec le même désir toujours renouvelé, cette croupe inouïe, pleine, cambrée et offerte. Alexandra, les reins dressés comme une chatte prête à se faire saillir, les épaules collées au lit, les bras en croix, attendait. Une putain docile.
Il se propulsa en avant et, sans même la débarrasser de son slip réduit à sa plus simple expression, s’enfonça dans son ventre d’une seule poussée horizontale, lui arrachant un feulement rauque et un cri.
— Arrête, tu vas trop loin !
Ensuite, debout au bord du lit, les mains crispées sur sa croupe, comme pour l’ouvrir davantage, il la besogna lentement, se retenant le plus longtemps possible. Chaque fois qu’il heurtait les parois élastiques, tout au fond de son ventre, Alexandra poussait un cri étouffé. Lui se ruait en elle de plus en plus fort. Jusqu’à ce qu’il sente la sève monter de ses reins. D’une ultime poussée, il la transperça et jaillit avec un long cri de plaisir. Il eut du mal à se retirer, encore raide, tandis qu’elle se retournait, le regard noyé.
— Tu as aimé ? demanda-t-elle.
— C’est toujours aussi extraordinaire, dit-il. Je crois que je vais t’emmener en voyage de noces.
Alexandra sourit :
— Moi, je t’ai fait une surprise. Quand tu m’as plantée pour aller avec ton « spook », j’ai été faire les vitrines. Je suis tombée sur l’exposition Claude Dalle et j’ai acheté un superbe lit de repos Louis XV en bois cérusé recouvert de soie ivoire. J’ai hâte qu’on l’essaie.
De toute évidence, ce n’était pas pour se reposer.
Elle ramassa sa jupe et sa veste, puis fila vers la salle de bains.
— Je vais me remaquiller et nous allons chez Saint-Laurent.
Encore sous le coup du plaisir, Malko se jura qu’il partirait en Yougoslavie avec Alexandra et non avec la « créature » que voulait lui imposer le chef de station de la CIA pour son plan fumeux.
* * *
Said Mustala faisait les cent pas devant le bâtiment blanc et rond, avec de toutes petites ouvertures, qui se dressait au milieu de la place Zrtava Fasizma [15] Place des Victimes du Fascisme.
. Perplexe. Son regard allait sans cesse du dôme rond du toit à la banderole qui surmontait l’entrée : Musée de la révolution des peuples de Croatie. Cette inscription l’intriguait. Arrivé à Zagreb le matin même, il avait appelé comme convenu l’homme supposé le récupérer qui lui avait donné rendez-vous à six heures en face de la mosquée de Zagreb.
Bien sûr, il avait quitté la ville depuis quarante-cinq ans, mais il reconnaissait bien la place et le bâtiment. Simplement, les minarets avaient disparu. En 1942, le Poglovnik Ante Pavelic avait fait construire cette mosquée pour témoigner sa reconnaissance envers ses fidèles Oustachis musulmans, ce qui avait encore augmenté leur dévouement. Said Mustala, lui-même, avait été y prier. Maintenant, visiblement, ce n’était plus une mosquée… Il n’osait pas demander aux passants, de peur de se faire remarquer, et décida d’attendre encore un peu. Zagreb, la petite ville provinciale endormie qu’il avait connue, était devenue une métropole bruyante. Said Mustala était étourdi par le grondement de la circulation débridée. Les voitures débouchaient sur la place à toute vitesse, comme dans une course, pétaradant à qui mieux mieux, filant dans toutes les directions. Des Zastava, des Jugo, des japonaises, des allemandes, des françaises, mais pas de soviétiques.
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