Gérard de Villiers - Cyclone à l'O.N.U.
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- Название:Cyclone à l'O.N.U.
- Автор:
- Издательство:Plon
- Жанр:
- Год:1970
- Город:Paris
- ISBN:2-259-00136-X
- Рейтинг книги:5 / 5. Голосов: 1
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Cyclone à l'O.N.U.: краткое содержание, описание и аннотация
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— Je voudrais téléphoner, dit-il. Les cabines sont en dérangement.
— Demandez au bar, fit-elle tranquillement.
Trop tranquillement. Malko alla jusqu’au bar et appela le barman. Un gros Noir joufflu. Ce dernier secoua la tête, avec un air de profonde affliction.
— Désolé, sir, notre téléphone est en dérangement. Mais il y a une cabine à deux cents yards, au coin de la Troisième Avenue.
Avec quelques rasoirs en prime. Malko remercia et retourna à la table. Il lui sembla que Jada avait une imperceptible ironie dans le regard.
— Venez danser, proposa-t-elle.
Déjà, elle le prenait par la main, le tirant jusqu’à la piste. Malko se laissa faire. Au moins ils étaient en pleine lumière…
Pendant plusieurs minutes, il profita du spectacle de Jada mimant l’amour à vingt centimètres de lui. Le tissu de sa robe était si léger qu’on devinait le renflement de son mont de Vénus à chacun de ses mouvements. Malko se trémoussait mécaniquement, cherchant un moyen de sortir du Nirvana.
Vivant.
Sans transition, le monkey dance fit place à un slow et l’éclairage baissa presque totalement, remplacé par de la lumière noire. Spontanément Jada vint se coller contre Malko, lui passant les deux bras autour du cou. Une pieuvre parfumée.
Elle ondulait sur place, très souple. Sa bouche effleura le visage de Malko et il eut la sensation d’une chose chaude et douce, comme une fleur tropicale. Une plante carnivore.
Il eut envie de lui demander pourquoi elle voulait le tuer. Maintenant, il était certain qu’elle était mêlée à la mort de John Sokati. Et probablement au trafic d’influence. Mais elle ne répondrait sûrement pas. Il fallait survivre jusqu’au matin. On n’y voyait pratiquement plus rien sur la piste. Soudain, un désagréable vent coulis balaya la colonne vertébrale de Malko. Il en oublia de danser et Jada se décolla de lui.
L’énorme Noir microcéphale dansait à côté d’eux. Avec une fille très maigre, dans un ensemble blanc phosphorescent. Malko essaya d’entraîner Jada à l’autre bout de la piste, mais elle semblait soudain soudée au plancher. Il ne pouvait quand même pas la prendre à bras-le-corps. Ce sont des choses qu’un gentleman ne fait pas.
Même en danger de mort.
Il la fit néanmoins pivoter pour se trouver le dos au mur. Jamais un slow langoureux ne lui avait paru aussi long. Pourtant Jada faisait tout ce qui était en son pouvoir pour le pousser à l’attentat à la pudeur, et seuls les hurlements de son instinct de conservation l’empêchaient de se laisser aller.
— Si on s’asseyait ? proposa-t-il.
Jada se serra un peu plus.
— Je suis si bien ! Tout à l’heure.
Dalila dans ses meilleurs jours. Ils étaient maintenant entourés de trois couples noirs qui ne bougeaient guère plus qu’eux… Malko réalisa soudain qu’on pouvait parfaitement le tuer en pleine piste de danse. Il sentait le gigantesque dos du grand Noir s’appuyer contre lui. Massif et inquiétant. Il faillit hurler pour ameuter la salle. Mais il était trois heures du matin, et il ne devait plus rester que des complices.
Soudain, le noir grogna et le bouscula. Malko ne broncha pas. Jada, secouée par l’onde de choc, leva sur lui de grands yeux innocents.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
Malko n’eut pas le temps de répondre. Le Noir, lâchant sa compagne, l’attrapa par l’épaule et le jeta contre le mur. Il devait peser cent livres de plus que lui.
— Son of a bitch [2] Fils de pute.
, gronda-t-il. Tu as fini de me bousculer !
Il plongea la main dans sa poche et en sortit un rasoir qu’il ouvrit avec un claquement sec. De quoi couper une baleine en deux. La lame à l’horizontale, il avança sur Malko, ses deux copains faisant écran avec leurs cavalières et Jada, le coupant des spectateurs éventuels.
Le pied de Malko se détendit. On lui avait quand même appris quelque chose à l’école de Fort Worth. La pointe de l’escarpin atteignit le Noir en plein dans ses parties les plus sensibles. Malko crut que les yeux allaient lui jaillir des orbites. Avec un rugissement de douleur il se plia en avant, et lâcha son rasoir. La lame se planta avec un bruit sourd dans le plancher de bois. Malko fonça en avant, écartant, brutalement un des deux Noirs, et se retrouva en bordure de la piste. Un peu secoué, quand même.
Il allait foncer vers la sortie, quand il aperçut deux Noirs aux cheveux hérissés, appuyés de chaque côté de la porte du bar. En le voyant, ils échangèrent un regard et sortirent les mains de leurs poches.
Malko regagna la table et se versa un grand verre de J and B. Ce qui n’apaisa pas sa soif, mais lui remonta le moral. Très digne, Jada l’y rejoignit quelques secondes plus tard. Malko vit deux Noirs relever celui qu’il avait frappé et l’aider à marcher. La Noire s’assit près de lui et posa sa longue main sur la sienne.
— Je suis désolée pour cet incident. Je leur ai dit ce que je pensais. Ce sont des voyous. Vous n’avez pas de mal au moins…
Malko secoua la tête : elle était diabolique. Il ne lui restait plus qu’à ameuter la discothèque.
Soudain, un personnage huileux et noir comme une olive se matérialisa près de lui, cassé en deux, baignant dans l’humilité la plus abjecte. L’air tellement d’un mafioso italien qu’il en était comique. De sa diction confuse, Malko déduisit qu’il était absolument désolé pour l’incident, étant le patron du Nirvana, et que jamais l’agresseur de Malko ne remettrait les pieds chez lui.
Une serveuse en collant noir apparut aussitôt portant trois verres qu’elle déposa sur la table. Des daiquiris géants offerts par le patron. Celui-ci prit son verre, Jada le sien et Malko, assoiffé, se jeta sur le liquide frais, légèrement alcoolisé.
— Je vous remercie, dit-il. Néanmoins, je désirerais appeler la police… Cet homme a voulu me tuer avec un couteau.
Au mot de police, l’Italien faillit se signer. Ses jérémiades redoublèrent, mais Malko tint bon. Volontairement, il commençait à parler très haut. Le patron de la boîte le coupa :
— Bien, bien, je vais envoyer quelqu’un. Notre téléphone est en panne. Mais je vous en prie, pas de scandale.
Il en bégayait. Après avoir trempé les lèvres dans son verre, il s’éclipsa. Malko jubilait intérieurement. Jamais il ne serait si content de voir l’uniforme bleu des policiers… L’émotion avait asséché son gosier. Il acheva d’un trait le daiquiri du patron. Jada le contemplait, pensive.
— Pour un diplomate, vous vous battez bien, remarqua-t-elle. Cet homme était un véritable géant.
Il lui sembla que sa poitrine se soulevait plus vite. Sous la table sa cuisse nue était appuyée contre celle de Malko.
Elle se mit à lui parler sans arrêt, de choses et d’autres, avec une voix douce et enjôleuse. Malko était fasciné par sa grande bouche aux lèvres parfaites. Soudain, elle lui apparut un peu floue. Il cligna des yeux, les rouvrit et aperçut le visage de la Noire dans un brouillard. Une sueur glaciale dégoulina sur son front. Le vacarme de l’orchestre ne lui parvenait plus que faiblement.
Soudain, il pensa au daiquiri qu’on lui avait apporté.
On l’avait drogué.
Il voulut se lever, dut se tenir à la table. La voix de Jada lui parvint faiblement, inquiète :
— Vous ne vous sentez pas bien ?
Il ne se sentait plus du tout. Il voulut parler, mais ses cordes vocales n’obéirent pas. On l’avait bien eu. Et en plein New York.
Au prix d’un effort surhumain, il fit deux pas et se heurta à une femme dont il ne distingua pas le visage. Il entendit Jada crier :
— Attention !
La femme à qui il s’accrochait le repoussa. Brusquement, il vomit sur elle, saisit le haut de sa robe, tirant de toutes ses forces en tombant.
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