Gérard de Villiers - SAS broie du noir
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- Название:SAS broie du noir
- Автор:
- Издательство:Plon
- Жанр:
- Год:1967
- Город:Paris
- ISBN:2-259-00139-4
- Рейтинг книги:5 / 5. Голосов: 1
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Elle parlait français avec un accent anglais. Malko lui dit en français :
— Je n’ai pas d’armes. Mais…
— Taisez-vous.
Le ton était sans réplique. La jeune femme se retourna et appela en swahéli. Aussitôt trois grands Noirs vêtus de pagnes sortirent de la forêt et encadrèrent les deux hommes.
— Je vous conduis à la ferme, dit la jeune femme. N’essayez pas de vous enfuir. Après je vous livrerai à la police.
Malko sursauta :
— Mais vous êtes folle !
Elle haussa les épaules :
— Vous êtes sur mes terres. Et j’ai horreur des trafiquants de diamants. En avant.
Un des Noirs, énorme, donna une violente poussée à Malko qui se mit en marche, en entraînant Couderc.
Balançant son fusil, l’inconnue prit la tête de la colonne. Ils s’engagèrent dans un sentier de brousse qu’ils suivirent dix minutes et brusquement débouchèrent dans un espace dégagé. C’était un immense champ de soja, tiré au cordeau. Au fond, on apercevait une grande bâtisse peinte en blanc.
Il ne restait pas beaucoup de temps pour agir. Malko appela :
— Mademoiselle !
La jeune femme ne se retourna même pas. Alors, évitant les trois Noirs il bondit. En deux enjambées il rattrapa la geôlière et saisit la crosse de la carabine. Il tira d’un coup sec. Déséquilibrée, la jeune femme roula à terre, perdant son chapeau de brousse. Malko avait déjà l’arme braquée sur les trois Noirs. Ils s’arrêtèrent net. Malko n’avait pas dit un mot mais il y a des mimiques qui valent largement l’espéranto.
— Couderc. Vous pouvez les tenir en respect ?
Le compagnon de Malko sursauta. Un éclair passa dans ses yeux quand il vit la carabine braquée sur les Noirs. Rapidement, il vint se mettre à côté de Malko et grinça :
— Je vais les… Donnez-moi ça.
— Non, fit Malko fermement. Menacez-les seulement.
Il tendit l’arme à son compagnon.
Il était temps : la jeune fille s’était relevée et sautait sur Malko. Il évita un coup de botte qui, s’il avait atteint son but, aurait considérablement changé son avenir.
Ecarlate de rage, son adversaire hurla quelque chose en swahéli. Un léger frémissement parcourut les Noirs mais le canon de la carabine les ramena à de meilleurs sentiments. Malko parvint à saisir les deux poignets de la fille et, en dépit de ses coups de pied, réussit à la maintenir solidement. Elle hurla :
— Mon père vous tuera ! Salaud ! salaud !
— Couderc, emmenez tout le monde à la maison là-bas ; j’ai à parler à cette jeune personne. Je vous rejoins, ordonna Malko.
Les trois Noirs ouvrant la marche, la petite caravane se mit en marche sur le sentier. La jeune fille continuait à se débattre et à trépigner. Quand le groupe fut suffisamment éloigné, Malko lâcha ses poignets et il recula vivement. Pas assez vite pourtant. Il sentit la douleur cuisante de la gifle avant de réaliser.
Les mâchoires serrées, les cheveux blonds dénoués, le visage enflammé de colère, elle le dévisageait avec haine :
— Alors, vous allez me violer ? siffla-t-elle. Allez-y, ne vous gênez pas.
II fallut à Malko ses siècles d’atavisme pour ne pas lui donner raison.
— Je ne vais pas vous violer mais vous donner une bonne fessée, si vous continuez votre numéro de sauvageonne, dit-il. Voulez-vous m’écouter ?
— Non.
Elle bondit pour s’enfuir. Au vol, il lui reprit les poignets et se colla contre elle pour éviter ses coups de pied. En dépit de la chaleur, elle exhalait une odeur fraîche et agréable de femme soignée. Une seconde leurs corps s’épousèrent étroitement. Puis, elle donna un violent coup de rein.
— Salaud, vicieux, je vous tuerai.
Cela devenait une rengaine. Malko dit calmement :
— Ecoutez, je ne suis ni un salaud, ni un vicieux, ni un trafiquant de diamants. Je suis un homme traqué totalement inoffensif. J’ai besoin de votre aide. Je vous donne ma parole que mes activités n’ont rien de déshonorant.
Pour toute réponse, elle enfonça ses dents dans le poignet de Malko et serra de toutes ses forces. Il poussa un hurlement et la lâcha. Elle fit un bond en arrière avec un grand éclat de rire nerveux.
Malko était ivre de rage. Sans réfléchir, sa main partit. La gifle claqua à toute volée.
La jeune fille fit «oh». Puis brusquement, de grosses larmes envahirent ses yeux et elle se mit à sangloter.
— Personne ne m’a fait cela, jamais, murmura-t-elle.
Très gêné, Malko ne savait plus où se mettre. C’était la première fois de sa vie qu’il giflait une femme. Il prit doucement la main droite de son adversaire et la porta à ses lèvres :
— Je vous demande mille fois pardon, dit-il. Je n’ai pas l’habitude de me conduire ainsi mais je suis en danger de mort et il faut absolument que vous m’écoutiez. Je ne suis pas un trafiquant de diamants, je vous le répète, et j’ai besoin de vous.
Elle le regarda à travers ses larmes. Cette fois, il sentait que ses paroles portaient. Ses yeux d’or plongèrent dans les yeux bleus et ne les lâchèrent plus. Il «sentit» la jeune fille se rebeller, puis céder.
— Vous dites la vérité ? demanda-t-elle.
— Je vous le jure.
— Mais comment…
Malko tira son portefeuille récupéré au greffe et lui tendit une carte de visite où était gravé : Son Altesse Sérénissime le prince Malko Linge,
— Permettez-moi de me présenter.
Elle lut la carte et leva des yeux abasourdis.
— Vous êtes vraiment prince ?
L’éternelle question. Malko sourit et s’inclina légèrement :
— Pour vous servir, mademoiselle…
— Ann. Ann Whipcord.
Malko la détailla pour la première fois : elle avait presque un corps de garçon, avec une petite poitrine et des hanches étroites. Mais le visage était ravissant : une bouche un peu épaisse et sensuelle, un petit nez droit et des yeux bleus.
Elle rougit sous son examen ; il se hâta de dissiper la gêne :
— Pourquoi nous avoir accueillis ainsi ? Ce n’est pas la coutume, j’imagine ?
Une lueur noire passa dans les yeux d’Ann.
— On m’a prévenue. Des Noirs du village voisin ont fait savoir que deux hommes, des Blancs, des trafiquants de diamants, s’étaient réfugiés sur mes terres après avoir échappé à la police lancée à leur trousse. Ce n’est pas la première fois. Alors, j’ai pris ma carabine, des boys, et je suis partie à votre recherche.
— Je vois.
— Si vous n’êtes pas trafiquant, que faites-vous ici ? demanda Ann. Ce n’est même pas une région de chasse.
Moment délicat ! C’est dans ces minutes-là que Malko montrait sa supériorité sur les professionnels purs, trop conditionnés aux règles essentielles du métier pour prendre la moindre liberté avec elles.
Une chose était certaine. Ann tenait sa vie entre ses mains. Et il sentait que s’il lui racontait le moindre mensonge, c’en serait fait de sa fragile confiance.
Bien sûr, un agent de renseignements ne doit jamais se découvrir. Mais mort, il serait d’une piètre utilité à la C.I.A.
Ils étaient toujours debout dans le sentier, face à face. Il chercha son regard et le «verrouilla».
— Ann, quel âge avez-vous ?
— Mais… vingt-cinq ans…
— Etes-vous capable de garder un secret ? Pour tout le monde, même pour votre père ? Et pour aussi longtemps que vous vivrez, où que vous soyez ?
— Oui.
— Asseyez-vous.
Elle lui obéit et ils s’assirent tous les deux au bord du sentier.
Malko raconta rapidement son arrivée au Burundi et ses démêlés locaux, glissant sur l’épisode Jill.
— Mais pourquoi les trafiquants ont-ils voulu vous tuer ? demanda Ann.
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