* * *
— Il faut trouver cet homme en T-shirt rouge, dit Evgueni Tchervanienko. On va ratisser toutes les salles. Je fais aussi effectuer des patrouilles dans Podol pour essayer d’intercepter la voiture des tueurs.
— À quelle heure doit arriver Iouchtchenko ? interrogea Malko.
— Vers une heure du matin, mais il risque d’être en retard.
Irina surgit dans le bureau et se laissa tomber sur une chaise, épuisée.
— Je suis morte ! On peut à peine bouger et il fait si chaud…
Elle croisa les jambes et Malko aperçut fugitivement une bande de peau au-dessus du bas. Evgueni Tchervanienko aussi et il détourna la tête, gêné.
— Allons-y, dit-il à Malko.
Ils commencèrent par le rez-de-chaussée. Il n’était encore que dix heures mais les gens faisaient la queue devant le portail magnétique, dans une ambiance électrique. Malko et Tchervanienko gagnèrent ensuite le premier étage. On pouvait à peine s’y déplacer, les invités formant une masse compacte agitée de mouvements browniens… Au bout d’une demi-heure, ils n’avaient pas vu déjeune homme en T-shirt rouge portant la photo de Viktor Iouchtchenko.
— Allons au second, suggéra Evgueni Tchervanienko.
Le second étage avait été aménagé en cafétéria avec de longues tables posées sur des tréteaux, couvertes de boissons et de nourriture. Là aussi, la foule était compacte et les invités n’arrêtaient pas de passer d’un étage à l’autre… Ils entreprirent d’examiner les gens un par un…
C’est Malko, au milieu de la salle, qui repéra, dans un groupe, un T-shirt rouge ! En se rapprochant, il vit le portrait de Viktor Iouchtchenko sérigraphié sur le tissu. C’était le complice des tueurs désigné par l’agent du SBU, un blond aux cheveux longs qui buvait du Champagne de Crimée à la bouteille. Evgueni Tchervanienko lui jeta un regard mauvais.
— J’ai bien envie de l’emmener dans mon bureau et de lui écraser sa gueule de traître.
Vu sa force, il risquait de l’étaler sur les murs, comme de la confiture. Malko le calma.
— Attendez ! Il est trop tôt. L’idéal serait d’intercepter les tueurs avant leur arrivée ici.
— Je m’en occupe, grommela l’Ukrainien. Surveillez celui-là.
— Inutile, rétorqua Malko, nous l’avons identifié. Si on reste trop près de lui, il va nous repérer. On le prendra en compte plus tard.
Ils se séparèrent au rez-de-chaussée, Malko regagnant le bureau du chef de la sécurité et ce dernier sortant du bâtiment. Irma s’était effondrée dans un vieux fauteuil de cuir, les jambes croisées très haut. Malko éprouva un petit picotement agréable au creux de l’estomac.
— Qu’est-ce qu’on fait ? demanda la jeune femme en se remettant debout.
— Pour l’instant, rien ! Il faut attendre.
Un brouhaha joyeux filtrait à travers les cloisons du bureau. Tout le bâtiment semblait tanguer comme un bateau ivre.
— J’adore cette ambiance, dit Irina d’une voix changée. C’est très… tonique.
Malko sentit qu’elle allait dire «excitant». Il accrocha le regard de la jeune femme, y vit une lueur à la fois joyeuse et sensuelle. Ils étaient l’un en face de l’autre, à moins d’un mètre. Soudain, Irina défit l’unique bouton de la veste de son tailleur noir qui s’ouvrit, découvrant le soutien-gorge bien rempli. Elle s’approcha de Malko et posa les mains à plat sur sa poitrine.
— Viens ! murmura-t-elle. Cette atmosphère me fait quelque chose. J’ai l’impression de faire la révolution.
— Mais tu la fais ! corrigea Malko. Tous les gens qui sont ici la font, ou plutôt la vivent.
Il avait l’impression d’avoir reçu une injection massive d’adrénaline. Et pourtant, il avait fait l’amour avec Irina quelques heures plus tôt. Celle-ci se colla à lui, des genoux aux épaules.
— Evgueni va revenir ! dit-il, héroïque. C’est son bureau.
Irina parut ne pas avoir entendu.
— Baise-moi, souffla-t-elle. Là, sur le bureau, j’ai très envie.
Sans attendre la réponse de Malko, elle alla à la porte, donna un tour de clef et revint s’appuyer au bureau, les jambes aussi ouvertes que le permettait l’étroite jupe du tailleur. Elle la prit à deux mains et la releva sur ses hanches, presque jusqu’à son ventre, pour être plus à l’aise.
Il aurait fallu être en phase terminale de vie pour ne pas réagir. Malko posa les doigts en haut de ses cuisses. Son string était chaud et humide. Irina n’eut pas à le caresser longtemps pour qu’il soit dur comme du teck. Sans même lui ôter le string, il écarta le tissu pour plonger dans son ventre. Irina glissa sur le bureau et referma ses jambes gainées de noir autour des hanches de Malko. La tête rejetée en arrière, le dos sur les papiers d’Evgueni Tchervanienko, elle ponctuait chaque coup de boutoir de Malko d’un gémissement ravi. Celui-ci vit ses traits se crisper et elle poussa un cri rauque au moment où il se vidait en elle.
Leur étreinte n’avait duré que trois minutes mais Malko était sonné, ahuri de plaisir, tant cela avait été intense. Pendant ce court laps de temps, ils n’avaient plus entendu le brouhaha de l’extérieur, qui, maintenant, leur sautait de nouveau aux oreilles. Ils s’écartèrent l’un de l’autre. Irina reposa les pieds sur le sol, tira sur sa jupe et fit quelques pas mal assurés.
— Je ne tiens plus sur mes jambes ! soupira-t-elle. Je n’ai jamais joui aussi fort.
Malko ôta le tour de clef et ils avaient tout juste repris une attitude décente lorsque Evgueni Tchervanienko surgit dans le bureau.
— Deux de nos voitures sont en train de tourner dans le quartier, annonça-t-il. Ils me préviendront. Rien de neuf ici ? Où est ce petit salaud de traître ?
— Probablement au même endroit ! dit Malko, qui, pendant quelques minutes, avait oublié le jeune homme au T-shirt rouge.
Tournant la tête vers Irina, il découvrit avec horreur qu’elle n’avait pas refermé la veste de son tailleur. Il l’avertit d’un regard éloquent et elle cacha aussitôt sa somptueuse poitrine.
— Je vais voir ce qui se passe en haut, lança Evgueni Tchervanienko, qui ne tenait pas en place.
À peine fut-il sorti du bureau qu’Irina jaillit de son fauteuil et embrassa Malko. Gloussant de joie.
— Un peu plus, on n’aurait pas eu le temps de finir !
Malko baissa les yeux sur sa Breitling. Onze heures dix.
Encore près de deux heures à attendre.
* * *
Evgueni Tchervanienko fit irruption dans le bureau et lança :
— Ça y est ! On les a repérés ! Dans Illinska. Une vieille Volga avec la plaque indiquée. Ils sont bien quatre. Une équipe de chez nous les suit. On va les coincer quand ils s’arrêteront.
— Non, suggéra Malko. Laissez-les entrer. Il suffit de les repérer quand leur copain les fera pénétrer dans le bâtiment. Ensuite, il y a assez de monde pour les «marquer» sans qu’ils s’en rendent compte. Nous connaissons leur modus operandi. Tant que Iouchtchenko ne sera pas sur l’estrade, il n’y a rien à craindre puisque vos hommes le protégeront. Nous nous tiendrons tout près de là, prêts à intervenir. Evgueni Tchervanienko n’était qu’à demi convaincu.
— Je serais plus tranquille si on éliminait ces salauds maintenant, grommela-t-il.
— Ils n’ont encore rien fait, objecta Malko. Si on les prend en flagrant délit, on peut les faire parler et savoir qui les a envoyés.
— Dobre, soupira l’Ukrainien, on va faire comme ça, mais priez Dieu qu’il n’arrive rien !
— Je vais surveiller l’homme au T-shirt rouge, suggéra Malko. Il doit forcément descendre au rez-de-chaussée pour ouvrir à ces gens.
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