Robert Heinlein - Une porte sur l'été

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Une porte sur l'été: краткое содержание, описание и аннотация

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Daniel B. Davis s’aperçoit que sa fiancée et son meilleur ami l’ont trahi et évincé de son usine de fabrication de robots. Il décide de fuir vers l’avenir, en compagnie de son chat, Petronius le Sage, même si cela doit l’obliger à quitter Ricky, une petite fille qu’il aime tendrement.
Daniel choisit la route du « long sommeil », c’est-à-dire celle de l’hibernation artificielle. Mais son chat disparaît et c’est seul qu’il affronte le bond dans le temps. Par quel miracle, trente ans plus tard, Rocky est-elle âgée de vingt ans à peine et Petronius le Sage, présent dans ce monde du futur ?

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A la Mutual, j’allai voir Mr Powell. Pour lui, moins de vingt-quatre heures s’étaient écoulées depuis notre précédente rencontre. Pour moi, deux fois trente ans de temps subjectif et plusieurs mois de temps vécu – et combien d’aventures ! Il se montra excessivement contrarié des modifications apportées à mes arrangements avec sa compagnie. Il manifesta notamment une vive tendance à me sermonner au sujet de la perte de mes papiers.

— Il m’est impossible de demander au même juge de signer votre prise en charge deux fois en vingt-quatre heures. C’est tout à fait irrégulier.

Je sortis des billets aux chiffres convaincants.

— Cessez de me tarabuster, sergent. Voulez-vous me prendre en charge, oui ou non ? Dites-le. Sans quoi j’arrangerai cela avec la Central Valley. Il me faut partir aujourd’hui.

Il fulmina, mais abandonna la lutte. Il grogna aussi d’avoir à rajouter six mois à ma période d’hypothermie et ne voulut pas garantir la date de mon réveil.

— Les contrats disent « A un mois près » afin de permettre les imprévus administratifs.

— Celui-ci ne dit rien de ce genre. Il dit : « 27 avril 2001 ». En ce qui me concerne, je me fiche que l’en-tête soit Mutual ou Central Valley. Écoutez, Mr Powell, vous êtes vendeur et moi acheteur. Si vous refusez de me vendre ce dont j’ai besoin, j’irai là où l’on pourra me le procurer.

Il modifia la clause du contrat et nous y apposâmes nos initiales.

A midi sonnant, j’étais chez le contrôleur médical pour mon examen final. Il me lança un coup d’œil.

— Vous êtes resté à jeun ?

— Aussi à jeun qu’un juge.

— Ce n’est pas une référence. Nous allons voir.

Il m’ausculta presque aussi soigneusement qu’il l’avait fait la « veille ». Quand finalement il posa son marteau en caoutchouc, il se gratta la tête.

— Je suis vraiment très étonné. Vous êtes en bien meilleure forme qu’hier. C’est extraordinaire.

— Vous n’imaginez même pas le centième de la vérité, docteur !

Je maintins Pete tandis qu’on lui injectait le premier somnifère. Puis je m’allongeai en vue d’un traitement analogue. Je suppose que j’aurais pu attendre un jour de plus – ou de moins – mais à vrai dire, j’avais une hâte prodigieuse de revenir à l’an 2001.

Vers 4 heures de l’après-midi, la tête de Pete appuyée bien à plat sur ma poitrine, je m’endormis le cœur joyeux.

12

Mes rêves, cette fois, furent plus agréables. Le seul souvenir déplaisant qui m’en soit resté n’était d’ailleurs pas vraiment insupportable. Je ne puis le comparer qu’à une interminable frustration. C’était un rêve glacé dans lequel j’errais, tout grelottant, à travers d’innombrables couloirs, en essayant toutes les portes, croyant chaque fois que la suivante serait celle donnant sur l’été, et que Ricky m’attendait derrière. Pete m’exaspérait. Ah ! Cette habitude qu’ont les chats (précède-moi en me suivant) de courir entre vos jambes avec la certitude qu’on ne leur marchera pas dessus et qu’ils n’encaisseront pas le moindre coup de pied !

A chaque nouvelle porte, Pete se précipitait, lançait un regard au-dehors et, constatant que l’hiver sévissait toujours, faisait demi-tour, au risque, à chaque fois, de me faire trébucher.

Pourtant, nul de nous n’abandonna sa conviction que la prochaine porte serait la bonne.

Mon réveil fut facile, cette fois. Je ne me sentais pas désorienté. Le docteur sembla même vexé que je ne voulusse ni petit déjeuner, ni journal, ni bavardage. Je ne me crus pas tenu d’expliquer que c’était mon deuxième réveil. Il n’en eût rien cru.

Un message, daté d’une semaine, m’attendait. C’était de John :

Cher Dan,

Bon, je donne ma langue au chat. Comment avez-vous bien pu vous y prendre ! Malgré Jenny, je me range à votre vœu de ne pas être accueilli. Elle vous envoie ses amitiés, et espère que vous ne serez pas trop long à nous rendre visite. J’ai tâché de lui expliquer que vous seriez occupé un certain temps. Nous allons bien tous les deux ; mais j’ai tendance à marcher là où je courais. Jenny est plus belle que jamais.

Hasta la vista, amigo.

John.

P.S. – Si le chèque ci-joint ne suffit pas, téléphonez, il y en a encore des tas. Nous nous sommes assez bien défendus, je crois.

Je songeai à téléphoner à John pour lui dire bonjour, et aussi pour lui faire part d’une nouvelle idée qui m’était venue pendant mon Sommeil ; un procédé qui ferait du bain habituel et sans imprévu un véritable plaisir de sybarite. Pourtant, je n’en fis rien, ayant d’autres préoccupations, et me contentai de prendre quelques notes pendant que l’idée était claire, pour me rendormir ensuite, la tête de Pete au creux de mon épaule. Je voudrais bien le guérir de cette habitude, flatteuse peut-être, mais gênante sûrement.

Le lundi 30 avril, je pris congé du sanctuaire et me dirigeai vers Riverside. A 10 heures, le lendemain matin, je me présentai à la direction du sanctuaire de Riverside.

— Mon nom est Daniel B. Davis, docteur Rumsey. Vous devez avoir une cliente en traitement du nom de Frederica Virginia Heinicke ?

— Je présume que vous pouvez justifier de votre identité ?

Je lui montrai un permis de conduire de 1970, émis à Denver, et mon certificat de sortie du sanctuaire de Lake Forest. Il les examina, puis, après m’avoir observé, me les rendit.

— Je crois qu’elle est censée sortir de cure aujourd’hui ? dis-je anxieux. N’y a-t-il pas des instructions pour que je puisse assister à son réveil ? C’est-à-dire, pas à tous les traitements qu’on lui fera subir, mais à la fin, au moment où elle reprendra conscience.

Il pinça la bouche et prit un air officiel.

— Les instructions concernant cette cliente ne disent pas qu’elle doit être réveillée aujourd’hui.

— Vraiment ?

J’étais à la fois déçu et peiné.

— Voici ce qui a été notifié : au lieu d’être obligatoirement réveillée aujourd’hui, elle désire ne l’être que lorsque vous serez là. (Il me regarda des pieds à la tête en souriant :) Vous devez avoir un cœur d’or. Je ne puis mettre un tel vœu sur le compte de vos avantages physiques.

Je poussai un soupir de soulagement.

— Merci, docteur.

— Vous pouvez attendre dans le hall ou revenir. Nous n’avons pas besoin de vous d’ici deux heures.

Je gagnai le hall. J’y avais laissé Pete, que je récupérai, et je sortis avec lui, après lui avoir fait réintégrer son nouveau sac de voyage. Il n’en témoignait aucun contentement, bien que je l’eusse choisi aussi ressemblant que possible à l’ancien, et que j’y eusse aménagé un orifice la nuit précédente. Sans doute l’objet n’avait-il pas encore l’odeur voulue.

À 11 h 30, j’étais de retour au sanctuaire. Enfin, on me permit de la voir.

Son corps était recouvert, son visage fut tout ce que je vis d’elle. Mais c’était bien ma Ricky, devenue femme et pareille à un ange ensommeillé.

— Elle est encore sous l’influence hypnotique, dit le Dr Faimsey. Si vous voulez bien rester là, je vais à présent l’éveiller. Hem ! je crois qu’il vaudrait mieux faire sortir ce chat…

— Non, docteur.

Il ouvrit la bouche pour protester, puis haussa les épaules et se tourna vers sa patiente.

— Réveillez-vous, Frederica. Réveillez-vous. Il faut que vous vous réveilliez tout de suite.

Ses paupières frémirent, elle ouvrit les yeux. Son regard erra un instant. Quand il se posa sur moi, elle eut un sourire endormi :

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