Robert Heinlein - Une porte sur l'été

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Une porte sur l'été: краткое содержание, описание и аннотация

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Daniel B. Davis s’aperçoit que sa fiancée et son meilleur ami l’ont trahi et évincé de son usine de fabrication de robots. Il décide de fuir vers l’avenir, en compagnie de son chat, Petronius le Sage, même si cela doit l’obliger à quitter Ricky, une petite fille qu’il aime tendrement.
Daniel choisit la route du « long sommeil », c’est-à-dire celle de l’hibernation artificielle. Mais son chat disparaît et c’est seul qu’il affronte le bond dans le temps. Par quel miracle, trente ans plus tard, Rocky est-elle âgée de vingt ans à peine et Petronius le Sage, présent dans ce monde du futur ?

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— Pete, viens ! Viens ici, Pete. Tout doux, mon gars, tout va bien.

Il savait que j’étais là. Il me regarda à deux reprises, mais m’ignora le reste du temps. Les chats ne font qu’une chose à la fois. Il avait en ce moment précis une affaire urgente à régler, ce n’était pas l’heure de câlineries avec Papa. Je savais qu’il reviendrait vers moi une fois ses émotions calmées.

Au cours de mon attente impatiente, j’entendis couler l’eau dans la salle de bains, et devinai que Miles et Belle étaient montés se soigner, me laissant dans le living-room. J’eus alors une pensée assez horrible : que se passerait-il si je me faufilais subrepticement à l’intérieur et coupais la gorge de mon corps sans défense ? Mais je me retins, ma curiosité n’allait pas jusque-là ; le suicide est une expérience trop définitive, même en des circonstances mathématiquement intrigantes.

D’ailleurs, je n’avais pas envie d’entrer. Je pouvais me heurter à Miles – et je ne tenais pas à cette rencontre avec un mort.

Finalement, Pete fit halte devant moi tout en restant hors de portée.

Ehh, dit-il.

Cela signifiait : « Retournons-y ensemble. Tu les prendras par-derrière, j’attaquerai de face. »

— Non, mon gars, la corrida est terminée.

Oooh ! Mmmerr !

— Il est temps de rentrer, Pete. Viens près de Danny.

Il s’assit et se mit à faire sa toilette. Quand il releva la tête, je lui tendis les bras et il bondit.

Pff-kwert ? (Où diable étais-tu toi quand la bagarre a commencé ?)

Je l’emportai vers la voiture et le lançai sur le seul siège libre, celui du chauffeur. Il renifla l’amoncellement de débris occupant sa place habituelle et se retourna vers moi d’un air de reproche.

— Faudra t’installer sur mes genoux. Cesse de faire des histoires.

Dès que la voiture eut atteint la rue, je branchai les phares, tournai vers l’est, et pris la direction de Big Bear et du camp des girl-scouts.

Pendant les dix premières minutes, je déblayai suffisamment l’intérieur de la voiture pour que Pete pût réintégrer sa place habituelle. Cela nous fit plaisir à tous deux. A quelques kilomètres de là, je stoppai afin de fourrer toutes les paperasses dans un égout. Ce ne fut que dans les montagnes que je pus me défaire du châssis de fauteuil roulant. Il plongea au fond d’un précipice, remplissant l’air d’un joli tintamarre musical.

* * *

Vers 3 heures du matin, je parvins à un motel situé à proximité du camp scout. Je payai – trop cher – une chambre. Pete faillit gâcher notre entrée en montrant la tête au moment où le patron apparaissait.

— A quelle heure arrive le courrier postal de Los Angeles ?

— L’hélicoptère arrive à 7 h 13, pile.

— Ayez la gentillesse de me réveiller à 7 heures.

— Si vous parvenez à dormir jusqu’à 7 heures ici, vous êtes plus verni que moi. Je vais quand même le noter.

A 8 heures, Pete et moi avions déjeuné, je m’étais douché et rasé. J’examinai mon ami à la lumière du jour et vis qu’il s’était tiré de la bataille sans plus de dommage qu’une ou deux bosses. Nous filâmes en direction du camp. La camionnette de la poste entra dans le camp juste devant moi. C’était mon jour de veine.

De ma vie je n’avais vu tant de fillettes. Elles s’ébattaient comme des petits chats et se ressemblaient toutes dans leurs uniformes verts.

Celles que je croisais voulaient voir Pete. La plupart cependant se contentèrent de nous dévisager timidement sans s’approcher. Une cabine sur laquelle on lisait Direction m’attira, et j’eus affaire à une scout en uniforme qui n’était plus une gamine depuis un bon bout de temps.

Elle manifesta la suspicion à laquelle il fallait s’attendre. Les étrangers qui veulent voir des fillettes sur le point de se transformer en jeunes filles sont toujours sujets à caution.

J’expliquai que j’étais Daniel B. Davis, l’oncle de Ricky, et que j’étais chargé d’une commission concernant la famille. Elle me fit part d’un règlement stipulant que les étrangers n’étaient admis à voir les enfants que s’ils étaient accompagnés du père ou de la mère. Par ailleurs, elle me fit remarquer que les visites avaient lieu à 4 heures de l’après-midi exclusivement.

— Je ne viens pas en visite, je viens simplement pour lui remettre un message. C’est urgent.

— Dans ce cas, vous n’avez qu’à le noter par écrit, et je lui transmettrai dès qu’elle aura terminé la danse rythmique.

J’eus l’air ennuyé. (Je l’étais.)

— Je ne peux pas faire ça. Ce serait tellement plus gentil de lui en faire part personnellement.

— Il y a un décès dans la famille ?

— Pas tout à fait. Disons des ennuis graves. Excusez-moi, madame, je n’ai pas le droit d’en parler à des étrangers. C’est au sujet de la mère de ma nièce.

Elle commençait à faiblir, mais n’était pas encore décidée. Alors Pete mêla son grain de sel. Je le portais dans mon bras gauche en lui soutenant la poitrine de la main droite. Je n’avais pas voulu le laisser dans la voiture car je savais que Ricky serait heureuse de le voir. Il accepte d’être porté ainsi pendant un certain temps, mais il commençait à s’énerver.

Ki-ya ?

Elle le regarda avec sympathie.

— Quel beau matou ! J’ai un chat à la maison qui doit venir de la même lignée.

— C’est le chat de Frederica, dis-je solennellement. J’ai été obligé de l’amener parce que… enfin, il le fallait. Personne pour s’occuper de lui.

Elle le gratta sous le menton, exactement comme il le fallait, Dieu merci ! Et Pete accepta la caresse, remercia en tendant le cou et en fermant les yeux d’un air pleinement satisfait. Il est capable d’un comportement tout autre vis-à-vis des étrangers dont l’entrée en matière ne lui convient pas.

L’ange gardien de la jeunesse m’indiqua une table sous les arbres à proximité de la cabine et me dit d’aller m’y asseoir. Je la remerciai et m’installai.

Je ne vis pas arriver Ricky, j’entendis un cri.

— Oncle Danny !

Et un deuxième en me retournant :

— Et tu as amené Pete ! Oh ! c’est merveilleux !

Pete lâcha un long « Ouain » et bondit de mes bras dans ceux de Ricky. Elle l’attrapa, l’installa dans sa position préférée, et je cessai d’exister pour eux durant leurs échanges protocolaires de politesses-chat. Ensuite, elle leva la tête et dit tranquillement :

— Oncle Danny, je suis très contente que tu sois venu.

Je ne l’embrassai pas, ne la touchai même pas. Je n’ai jamais été de ces adultes qui tripotent les enfants, et Ricky était de ces petites filles qui n’acceptent les cajoleries que lorsqu’elles sont inévitables. Nos relations avaient été fondées, à l’époque où elle n’avait que six ans, sur un respect mutuel de la personnalité de chacun.

Je la contemplai à loisir. Avec ses genoux encore noueux et cette minceur de jeune plante élancée, elle n’était pas aussi jolie que le bébé Ricky de jadis. Les shorts et la chemisette dont elle était affublée, un coup de soleil qui pelait, des égratignures, des bleus et une quantité respectable de poussière ne donnaient pas une idée exacte de la séduction féminine. Elle n’était que l’esquisse maigrelette de sa future image. Seuls deux grands yeux solennels et la finesse de ses traits laissaient deviner ce que livrerait un jour sa gaucherie de jeune faon.

Elle était adorable.

— Et moi, je suis très content d’être là, Ricky.

Tout en maintenant Pete d’un seul bras, elle atteignit une poche boursouflée de son short.

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