Jean Echenoz - Les grandes blondes

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"Vous travaillez pour la télévision. Comme vous souhaitez produire une série sur les grandes filles blondes au cinéma, mais aussi dans la vie, vous pensez faire appel à Gloire Abgrall qui est un cas particulier de grande blonde. On l'a vue traverser, dans les journaux, les pages Arts et spectacles puis les pages Faits divers du côté des colonnes Justice, il y a quelques années. Ce serait bien, pensez-vous, de lui consacrer une émission. Certes. Malheureusement, Gloire est un peu difficile à joindre..."

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Depuis l'intérieur de cette automobile, Boccara voit la jeune femme qui s'approche. Hache à la main, visage de méduse, dans l'ombre elle paraît surgir d'un panthéon barbare, d'un tableau symboliste ou d'un film d'horreur. Elle progresse beaucoup plus rapidement que la pensée de Boccara qui, pour le moment, n'a pas l'initiative d'une moindre réaction. Comme il songe à tendre enfin la main vers la clef de contact, la hache vient s'abattre sur le pare-brise qui explose au moment où le moteur démarre. D'une voix déformée, Boccara pousse un cri de terreur inarticulé, passe à toute allure en première avant d'écraser l'accélérateur. Après deux embardées maladroites, Gloire esquivant le mouvement, la Volvo retrouve le sens de la route et disparaît tous feux éteints. Boccara ne songe qu'au bout de cinq cents mètres à brancher les phares. L'air froid s'engouffre à travers le pare-brise absent, cautérisant les petites blessures provoquées sur son visage par les éclats de Securit. Encore heureux qu'il ne se soit pas risqué vers les falaises, nul doute qu'alors il eût plus mal fini. Mais, c'est une chance pour lui, Gloire ne sait nettoyer le monde que par le vide.

9

Tout au long des kilomètres suivants, protégeant ses yeux de l'air vif, posant sur ses petites blessures toutes fraîches la pulpe d'un médius prudent, Boccara jeta d'une voix forte nombre d'imprécations contre Gloire. Inquiet, mécontent, contractant ses mâchoires, endolori par ces blessures dont il n'estimait pas la gravité, Boccara fit montre de pas mal d'invention dans la profération de ses invectives.

Contraint de rouler à une allure réduite, il mit aussi pas mal de temps pour rejoindre Saint-Brieuc. A l'entrée de la ville était ouverte une station-service aux fonctions assez diversifiées pour qu'on pût s'occuper de son pare-brise. Pendant qu'on fixait à sa place un film plastique provisoire, Boccara se rendit aux toilettes pour estimer les dégâts - quatre ou cinq coupures très superficielles, rien de grave. Il s'examina dans le miroir : toujours le même jeune type un peu replet malgré de jolis yeux de fille, l'air avisé, pas assez petit pour être petit, pas assez gros pour être gros, pas encore assez dégarni pour être vraiment chauve mais tout cela viendrait. Tout cela viendrait donc le préoccupait. Car malgré qu'il en eût, sous vingt ans son avenir était sans doute fixé : lotions et talonnettes, anorexigènes, course à pied, rien n'y ferait.

Cependant il s'efforçait de sourire presque tout le temps. Même en cet instant de défaite devant le miroir, seul dans ces toilettes de station-service, battant des cils, l'air de faire bon marché du monde, il poussa son sourire léger, saupoudré d'insouciance et nappé de désinvolture. Il épousseta le revers de sa belle veste bleu de Prusse à reflets violets. Toujours bien habillé, Boccara choisissait avec soin ses vêtements, de l'intérieur desquels il observait d'un œil inquiet la généralité du monde et les vêtements des autres en particulier.

Il regagna la piste de la station-service, régla sa note en exigeant une fiche puis repartit. Sur le chemin du retour, le paysage filtré par le film plastique était flou comme par fort brouillard, d'une mouvance indécise de vieux téléviseur. Empêché d'atteindre sa vitesse habituelle, Boccara prendrait son mal en patience : décontractant ses lombaires, assouplissant ses avant-bras sur le volant, il s'exhortait au calme bien qu'irrité par cette lenteur, par l'hypocrisie de cette lenteur qui feint, majordome de la mort, d'ignorer la brièveté de l'existence.

Trente kilomètres en deçà, Gloire s'efforce également de se calmer. Après le bris du pare-brise et la déroute de la Volvo, elle s'est réfugiée chez elle, portail à double tour et volets verrouillés. Puis elle s'est recluse avec un verre de vin dans la salle de bains dépourvue de fenêtres, fermant la porte derrière elle, allumant le tube fluorescent au-dessus du lavabo. Ce tube, comme nous tous, connaît des réveils difficiles, crachote un peu de lumière en toussotant, bégaie quelques secondes avant de s'illuminer sur toute sa longueur. Ayant baissé l'abattant du WC, Gloire s'est assise dessus, buste penché, tête ballante entre ses coudes posés sur ses cuisses, ses mains se rejoignant devant elle sur son verre. Où en sommes-nous.

A l'évidence on l'a retrouvée. Localisée, reconnue, suivie. Non seulement Gloire n'a pas la moindre idée de l'identité ni de l'intention des hommes qui s'attachent ainsi à sa personne, mais pas la moindre curiosité non plus, la seule question pour elle est de s'en débarrasser. Toute résistance frontale, à terme, paraît vaine : faire disparaître Jean-Claude Kastner n'a pas été utile, faire fuir l'intrus de ce soir ne servira sans doute à rien non plus. On est, semble-t-il, bien organisé. On est obstiné. Il se peut qu'on soit nombreux. On reviendra. Malgré tous les soins qu'elle a pris, la retraite de la jeune femme paraît à présent compromise. Fini l'anonymat, fini la paix, fini le coma social prolongé. Ces hommes à sa poursuite représentent un passé rejeté, mais qui vient de resurgir du fond des temps, propulsé par un gros élastique. D'autres en pareille posture pourraient essayer de s'arranger, de négocier avec ces types, s'informer de leur projet puis réagir en conséquence. D'autres peut-être, Gloire pas. Cette idée ne la traverse pas.

Elle pensait n'être là que depuis un moment, assise sous son néon, quand un premier oiseau se met à gémir en s'étirant, bâille en ouvrant un œil dans le palmier. Revenue dans sa chambre, quatre filaments de jour gris foncé dessinent déjà le cadre des volets. Puis encore un moment plus tard, couchée tout habillée sous une couverture, ses yeux restent ouverts dans l'ombre. Le soleil en se levant la trouve dans un fauteuil de toile au milieu du jardin, sous la même couverture. Béliard apparaît vers neuf heures et demie.

Béliard a l'air fatigué. Pas rasé ni changé depuis la veille. Bien qu'occupée d'autres soucis, Gloire se retient de lui demander où il a passé la nuit, de toute manière il ne répondrait pas. Il semble au demeurant peu loquace, mal en train pour la conversation. On peut le suspecter de ne paraître que pour se reposer un peu, pour somnoler en paix jusqu'à midi blotti, pelotonné sur l'épaule tiède et souple de la jeune femme. Comme celle-ci tente au bout d'un moment de lui faire part des événements de la nuit, l'homoncule ne répond d'abord que par monosyllabes boudeurs à moins que sarcastiques, en tout état de cause dissuasifs. Il semble que ce ne soit pas le jour.

Ce n'est pas d'aujourd'hui que Béliard a l'air hors du coup, inconscient de ce qui se passe et de sa gravité. Mais c'est toujours ainsi : parfois il sait tout ce qui s'est produit en son absence, faisant même état de détails inconnus de Gloire, et parfois il débarque absolument au courant de rien, l'air abruti comme ce matin, il faut tout lui expliquer - certes il n'est pas exclu qu'alors Béliard simule. Gloire agite son épaule pour le secouer un peu.

- Ecoute quand même un peu, dit-elle, ce n'est plus possible.

- Quoi donc, maugrée Béliard. Tant de choses ne sont plus possibles.

- Ils sont repassés, dit Gloire. Un autre type, hier soir.

- Ah oui, fait Béliard en se redressant à peine, claquement de bouche pâteuse plus ou moins informé. Et alors ?

- Je veux qu'on me foute la paix, crie Gloire. Ça va continuer, tu comprends ? Je croyais que ce serait fini après celui de l'autre soir, mais non. Il y en a encore d'autres et ça va recommencer. Je ne veux pas qu'on recommence à m'emmerder. Tu peux comprendre ça ?

- Bien, dit Béliard, bien. Calme.

Puis elle plonge son visage entre ses mains :

- Je veux qu'on me foute la paix, dit-elle encore mais sur un autre ton, d'une voix de parachute en vrille.

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