Barbey d'Aurevilly - L'ensorcelée

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Cependant, quand il eut fumé sa pipe et qu’il eut regardé encore une fois sous le pied déferré de sa jument, maître Tainnebouy parla de se mettre en route, que bien que mal, et de gagner comme nous pourrions la Haie-du-Puits. L’heure, au pied ailé, volait toujours à travers nos accidents et nos propos, et la nuit s’avançait silencieuse. La lune, alors dans son premier quartier, était couchée. Comme l’aurait dit Haly dans L’Amour peintre , il faisait noir autant que dans un four, et nulle étoile ne montrait le bout de son nez. Nous gardâmes la lanterne allumée, dont les rais tremblants produisaient l’effet d’une queue de comète dans la vapeur fendue du brouillard. Bientôt même elle s’éteignit, et nous fûmes obligés de marcher à pied, cahin-caha, tirant péniblement nos chevaux par la bride et n’y voyant goutte. La situation, dans cette lande suspecte, ne laissait pas que d’être périlleuse ; mais nous avions le calme de gens qui ont sous leur main des moyens de résistance et dans leur cœur la ferme volonté, si l’occasion l’exigeait, de s’en servir. Nous allions lentement, à cause du pied malade de la Blanche , et aussi à cause des grosses bottes que nous traînions. Si nous nous taisions un moment, ce qui me frappait le plus dans ces flots de brouillard et d’obscurité, c’était le mutisme morne des airs chargés. L’immensité des espaces que nous n’apercevions pas se révélait par la profondeur du silence. Ce silence, pesant au cœur et à la pensée, ne fut pas troublé une seule fois pendant le parcours de cette lande, qui ressemblait, disait maître Tainnebouy, à la fin du monde , si ce n’est, de temps à autre, par le bruit d’ailes de quelque héron dormant sur ses pattes, que notre approche faisait envoler.

Nous ne pouvions guères, dans une obscurité aussi complète, apprécier le chemin que nous faisions. Cependant des heures retentirent à un clocher qui, à en juger par la qualité du son, nous parut assez rapproché. C’était la première fois que nous entendions l’heure depuis que nous étions dans la lande ; nous arrivions donc à sa limite.

L’horloge qui sonna avait un timbre grêle et clair qui marqua minuit. Nous le remarquâmes, car nous avions compté l’un et l’autre et nous ne pensions pas qu’il fût si tard. Mais le dernier coup de minuit n’avait pas encore fini d’osciller à nos oreilles, qu’à un point plus distant et plus enfoncé dans l’horizon nous entendîmes résonner non plus une horloge de clocher, mais une grosse cloche, sombre, lente et pleine, et dont les vibrations puissantes nous arrêtèrent tous les deux pour les écouter.

« Entendez-vous, maître Tainnebouy ? – dis-je un peu ému, je l’avoue, de cette sinistre clameur d’airain dans la nuit, – on sonne à cette heure : serait-ce le feu ?

– Non, – répondit-il, – ce n’est pas le feu. Le tocsin sonne plus vite, et ceci est lent comme une agonie. Attendez ! voilà cinq coups ! en voilà six ! en voilà sept ! huit et neuf ! C’est fini, on ne sonnera plus.

– Qu’est-ce que cela ? – fis-je. – La cloche à cette heure ! C’est bien étrange. Est-ce que les oreilles nous corneraient, par hasard ?…

– Vère ! étrange en effet, mais réel ! – répondit, d’une voix que je n’aurais pas reconnue, si je n’avais pas été sûr que c’était lui, maître Louis Tainnebouy, qui marchait à côté de moi dans la nuit et le brouillard ; – voilà la seconde fois de ma vie que je l’entends, et la première m’a assez porté malheur pour que je ne puisse plus l’oublier. La nuit où je l’entendis, Monsieur, il y a des années de ça, c’était de l’autre côté de Blanchelande, et minute pour minute, à cette heure-là, mon cher enfant, âgé de quatre ans et qui semblait fort comme père et mère, mourait de convulsions dans son berceau. Que m’arrivera-t-il cette fois ?

– Qu’est donc cette cloche de mauvais présage ? – dis-je à mon Cotentinais, dont l’impression me gagnait.

– Ah ! – fit-il, – c’est la cloche de Blanchelande qui sonne la messe de l’abbé de La Croix-Jugan.

– La messe, maître Tainnebouy ! – m’écriai-je. – Oubliez-vous que nous sommes en octobre, et non pas à Noël, en décembre, pour qu’on sonne la messe de minuit ?

– Je le sais aussi bien que vous, Monsieur, – dit-il d’un ton grave ; – mais la messe de l’abbé de La Croix-Jugan n’est pas une messe de Noël, c’est une messe des Morts, sans répons et sans assistance, une terrible et horrible messe, si ce qu’on en rapporte est vrai.

– Et comment peut-on le savoir, – repartis-je, – si personne n’y assiste, maître Louis ?

– Ah ! Monsieur, – dit le fermier du Mont-de-Rauville, – voici comment j’ai entendu qu’on le savait. Le grand portail de l’église actuelle de Blanchelande est l’ancien portail de l’abbaye, qui a été dévastée pendant la Révolution, et on voit encore dans ses panneaux de bois de chêne les trous qu’y ont laissés les balles des Bleus. Or, j’ai ouï dire que plusieurs personnes qui traversaient de nuit le cimetière pour aller gagner un chemin d’ifs qui est à côté, étonnées de voir ces trous laisser passer de la lumière à une telle heure et quand l’église est fermée à clef, ont guetté par là et ont vu c’te messe, qu’elles n’ont jamais eu la tentation d’aller regarder une seconde fois, je vous en réponds ! D’ailleurs, Monsieur, ni vous ni moi ne sommes dans les vignes ce soir, et nous venons d’entendre parfaitement les neuf coups de cloche qui annoncent l’Introïbo. Il y a vingt ans que tout Blanchelande les entend comme nous, à des époques différentes ; et dans tout le pays il n’est personne qui ne vous assure qu’il vaut mieux dormir et faire un mauvais somme que d’entendre, du fond de ses couvertures, sonner la messe nocturne de l’abbé de La Croix-Jugan !

– Et quel est cet abbé de La Croix-Jugan, maître Tainnebouy, – repris-je, – lequel se permet de dire la messe à une heure aussi indue dans toute la catholicité ?

– Ne jostez pas ! Monsieur, – répondit maître Louis. – Il n’y a pas de risée à faire là-dessus. C’était une créature qui en a rendu d’autres aussi malheureuses et criminelles qu’elle était. Vous me parliez des Chouans il n’y a qu’une minute, Monsieur ; eh bien ! il paraît qu’il avait chouanné, tout prêtre qu’il fût, car il était moine à l’abbaye de Blanchelande quand l’évêque Talaru, un débordé qui s’est bien repenti depuis, m’a-t-on conté, et qui est mort comme un saint en émigration, y venait faire les quatre coups avec les seigneurs des environs ! L’abbé de La Croix-Jugan avait pris sans doute, dans la vie qu’on menait lors à Blanchelande, de ces passions et de ces vices qui devaient le rendre un objet d’horreur pour les hommes et pour lui-même, et de malédiction pour Dieu. Je l’ai vu, moi, en 18… , et je puis dire que j’ai vu la face d’un réprouvé qui vivait encore, mais comme s’il eût été plongé jusqu’au creux de l’estomac en enfer. »

Ce fut alors que je demandai à mon compagnon de voyage de me raconter l’histoire de l’abbé de La Croix-Jugan, et le brave homme ne se fit point prier pour me dire ce qu’il en savait. J’ai toujours été grand amateur et dégustateur de légendes et de superstitions populaires, lesquelles cachent un sens plus profond qu’on ne croit, inaperçu par les esprits superficiels, qui ne cherchent guères dans ces sortes de récits que l’intérêt de l’imagination et une émotion passagère. Seulement, s’il y avait dans l’histoire de l’herbager ce qu’on nomme communément du merveilleux (comme si l’envers, le dessous de toutes les choses humaines n’était pas du merveilleux tout aussi inexplicable que ce qu’on nie, faute de l’expliquer !), il y avait en même temps de ces évènements produits par le choc des passions ou l’invétération des sentiments, qui donnent à un récit, quel qu’il soit, l’intérêt poignant et immortel de ce phénix des radoteurs dont les redites sont toujours nouvelles, et qui s’appelle le cœur de l’homme. Les bergers dont maître Tainnebouy m’avait parlé, et auxquels il imputait l’accident arrivé à son cheval, jouaient aussi leur rôle dans son histoire. Quoique je ne partageasse pas toutes ses idées à leur égard, cependant j’étais bien loin de les repousser, car j’ai toujours cru, d’instinct autant que de réflexion, aux deux choses sur lesquelles repose en définitive la magie, je veux dire : à la tradition de certains secrets , comme s’exprimait Tainnebouy, que des hommes initiés se passent mystérieusement de main en main et de génération en génération, et à l’intervention des puissances occultes et mauvaises dans les luttes de l’humanité. J’ai pour moi dans cette opinion l’histoire de tous les temps et de tous les lieux, à tous les degrés de la civilisation chez les peuples, et, ce que j’estime infiniment plus que toutes les histoires, l’irréfragable attestation de l’Église romaine, qui a condamné, en vingt endroits des actes de ses Conciles, la magie, la sorcellerie, les charmes, non comme choses vaines et pernicieusement fausses, mais comme choses RÉELLES, et que ses dogmes expliquaient très bien. Quant à l’intervention de puissances mauvaises dans les affaires de l’humanité, j’ai encore pour moi le témoignage de l’Église, et d’ailleurs je ne crois pas que ce qui se passe tout à l’heure dans le monde permette aux plus récalcitrants d’en douter… Je demande qu’on me passe ces graves paroles, attachées un peu trop solennellement peut-être au frontispice d’une histoire d’herbager, racontée de nuit dans une lande du Cotentin. Cette histoire, mon compagnon de route me la raconta comme il la savait, et il n’en savait que les surfaces. C’était assez pour pousser un esprit comme le mien à en pénétrer plus tard les profondeurs. Je suis naturellement haïsseur d’inventions. J’aurais pu, la mémoire fraîchement imbibée du langage de maître Tainnebouy, écrire, quand nous fûmes arrivés à la Haie-du-Puits, tout ce qu’il m’avait raconté, nais je passai mon temps à y songer, et c’est ce que j’en puis dire de mieux. Aujourd’hui que quelques années se sont écoulées, m’apportant tout ce qui complète mon histoire, je la raconterai à ma manière, qui, peut-être, ne vaudra pas celle de mon herbager cotentinais. Donnera-t-elle au moins à ceux qui la liront la même volupté de songeries que j’eus à en ruminer dans ma pensée les évènements et les personnages, le reste de cette nuit-là, le coude appuyé sur une mauvaise table d’auberge, entre deux chandelles qui coulaient devant une braise de fagot flambé, au fond d’une bourgade silencieuse et noire, « dans laquelle je ne connaissais pas un chat », aurait dit maître Louis Tainnebouy, – expression qui, par parenthèse, m’a toujours paru un peu trop gaie pour signifier une chose aussi triste que l’isolement !

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