Barbey d'Aurevilly - L'ensorcelée

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Ce qui doit nous sauver peut nous perdre. Ce signe de croix fut son malheur.

Cinq Bleus, sortis à pas de loup de la forêt en face, s’étaient arrêtés sur le bord du chemin. Appuyés sur leurs fusils, éveillés, silencieux, l’œil plongeant dans toutes les directions de la route, ils guettaient çà et là, comme des chiens en train de battre le buisson et de faire lever le gibier. Leur gibier à eux, c’était de l’homme ! Ils chassaient au Chouan. Ils espéraient saisir, après leur récente défaite, quelques-uns de ces hardis partisans éparpillés dans le pays. Depuis quelques minutes déjà ils se montraient par signes, les uns aux autres, la chaumière ouverte de la mère Hecquet, dont le soir rougissait l’argile, et cette pauvre femme qui savonnait à son seuil. Quand elle redressa son corps penché sur son ouvrage pour faire le signe de la Rédemption, à ce signe qu’on leur avait appris à maudire, ils ne doutèrent plus qu’elle ne fût une Chouanne, et ils s’avancèrent sur elle en poussant des cris.

« Hélas ! c’est des chauffeurs, – dit-elle. – Jésus ! ayez pitié de nous !

– Brigande, – fit le chef de la troupe, – nous t’avons vue marmotter ta prière : tu dois avoir des Chouans cachés dans ton chenil.

– Je n’ai que mon fils qui se meurt, – dit-elle, – et qui s’est blessé à la tête en revenant de la chasse. »

Et elle les suivit, pâle et tremblante, car ils s’étaient rués dans la maison comme eût fait une troupe de sauvages.

Ils allèrent d’abord au lit, découvrirent avec leurs mains brutales le blessé dévoré de fièvre, et reculèrent presque en voyant cette tête enflée, hideuse, énorme, masquée de bandelettes et de sang séché.

« Cela ! ton fils ! – dit celui qui avait parlé déjà. – Pour ton fils, il a les mains bien blanches, – ajouta-t-il en relevant avec le fourreau de son sabre une des mains du Chouan qui pendait hors du lit. – Par la garde de mon briquet, tu mens, vieille ! C’est quelque blessé de la Fosse qui se sera traîné jusqu’ici, après la débâcle. Pourquoi ne l’as-tu pas laissé mourir ? Tu mériterais que je te fisse fusiller à l’instant même, ou que mes camarades et moi rôtissions avec les planches de ton baquet les manches à balai qui te servent de jambes ! Ramasser un pareil bétail ! Heureusement pour ta peau que le brigand est diablement malade. Nos camarades l’ont arrangé de la belle manière, à ce qu’il paraît. Mille têtes de rois ! quelle hure de sanglier égorgé ! Cela ne vaut pas la balle qui dort dans les canons de nos fusils. Nous épargnerons notre poudre et le laisserons mourir tout seul. Nous avons bien nos sabres ; mais il ne sera pas dit que nous serons venus ici pour abréger ses souffrances en l’achevant d’un seul coup. Non, de par l’enfer ! Allons, la vieille bique ! donne-nous à boire ! As-tu du cidre ? que nous puissions trinquer à la République en regardant agoniser ce brigand-là ! »

La malheureuse Marie Hecquet sentait ses ongles noircir de terreur à de telles paroles ; mais, refoulant en elle ses émotions, elle alla tirer d’un petit fût, placé au pied de son lit, le cidre demandé par le Bleu. Elle le plaça dans un pot d’étain, avec des godets de Monroc, son humble vaisselle, sur une table que la hache avait à peine dégrossie. Les cinq réquisitionnaires de la République s’assirent sur le banc qui entoure toujours les plus pauvres tables normandes, et le pot, circulant, se remplit une dizaine de fois. Ils se souciaient fort peu de mettre à sec la provision de la vieille femme ; et elle, trop contente de voir, à ce prix, leur attention détournée, allait et venait dans la chaumine, tantôt balayant l’aire, tantôt ranimant la cendre du foyer, pour faire, comme la Baucis du poète, tiédir l’onde nécessaire au pansement du soir, quand ses terribles hôtes seraient partis. Les discours des Bleus, qui s’exaltaient de plus en plus à force de parler et de boire, augmentaient encore les premières peurs de Marie Hecquet. Il se mêlait de temps à autre à ces discours les noms funestes de Rossignol et de Pierrot, de Pierrot surtout, ce Cacus dont les férocités avaient le grandiose de sa force, et qui s’amusait à rompre, comme il eût rompu une branche d’arbre, les reins de ses prisonniers sur son genou. De pareils discours étaient bien dignes, du reste, de soldats irrités comme eux par le fanatisme et la résistance des guerres civiles, dont le caractère est d’être impitoyable, comme tout ce qui tient aux convictions. Dépravés par ces guerres implacables, ces cinq Bleus n’étaient point de ces nobles soldats de Hoche ou de Marceau que l’âme de leurs généraux semblait animer. Tout vin a sa lie, toute armée ses goujats. Ils étaient de ces goujats horribles qu’on retrouve dans les bas-fonds de toute guerre, de cette inévitable race de chacals qui viennent souiller le sang qu’ils lapent, après que les lions ont passé ! En un mot, c’étaient des traînards appartenant à ces bandes de chauffeurs alors si redoutées dans l’Ouest, lesquelles, par l’outrance de leurs barbaries, avaient appelé, il faut bien en convenir, des représailles cruelles. Marie Hecquet avait entendu souvent parler de ces bandits à des voyageurs et à des fermiers. Elle se rappelait même une affreuse histoire que son fils, sabotier dans la forêt, et qui venait parfois la voir entre deux expéditions nocturnes, lui avait dernièrement racontée avec l’indignation d’une âme de Chouan révoltée. C’était l’histoire de ce seigneur de Pontécoulant (je crois) dont, au matin, au soleil de l’aurore, on avait trouvé la tête coupée et déposée – immonde et insultante raillerie ! – dans un pot de chambre, sur une des fenêtres placées au levant de son château dévasté [2] Historique .

De tels récits, de tels souvenirs jetaient leur reflet sur ces Bleus sinistres et la faisaient frissonner, elle qui n’était ni faible ni folle, à chaque atroce plaisanterie de ces hommes buvant avec une joie de cannibales, auprès du lit de torture du Chouan. « C’est peut-être les assassins de Pontécoulant », pensait-elle. La nuit s’avançait. Fut-ce l’influence de ces ombres et de ces ténèbres, car la nuit couve les forfaits dans les cœurs scélérats, fut-ce plutôt l’échauffement de l’ivresse, ou encore l’odieux remords qui s’élève dans les âmes perverses quand elles ont suspendu l’accomplissement d’un crime ou laissé là quelque épouvantable dessein, qui le sait ?… mais, à mesure que la nuit tomba plus noire sur la chaumière, les pensées de vengeance et de sang reprirent ces Bleus et montèrent dans leurs cœurs. Le Chouan, renversé sur son grabat, expirait sans pouvoir même crier de douleur. Les bandages qui liaient son visage fracassé appuyaient sur sa bouche un silence pesant comme un mur. Il ne gémissait pas, mais sa respiration entrecoupée, ce râle permanent et sourd, qu’on entendait dans ce coin de chaumière obscur, et sur lequel, incessant, éternel, funèbre, se détachaient les éclats de la voix et du rire des Bleus, tout cela leur fit sans doute l’effet du défi d’un ennemi par terre, d’une dernière morsure au talon, comme la douleur vaincue en imprime parfois, de sa bouche mourante, au pied brutal de la Victoire.

« Ce Chouan m’ennuie, à la fin, avec son râle ! – dit le chef des cinq, – et la tentation me prend de l’envoyer à tous les diables avant de partir !

– Tope ! – fit un autre, peut-être le plus repoussant de la troupe : une tête écrasée et livide, aux tempes de vipère, sortant d’une énorme cravate lie-de-vin, métamorphosée pour le moment en valise, car elle contenait une chemise de rechange, volée la veille à un curé ; cet homme, c’était l’horrible et le bouffon réunis. – Tope, sergent ! – répéta-t-il d’une voix enrouée, – c’est parler en homme, ça. Tuons ce Chouan après cette chopine, car nous ne pouvons boire ici jusqu’à demain matin. Mais comment le tuer ? Tu le disais tout à l’heure, citoyen sergent, les flambards des Colonnes Infernales ne sont pas venus ici pour abréger les souffrances d’une chouanaille qui jouit en ce moment de tous les avant-goûts de l’enfer, s’il y en a un. Il faudrait lui inventer une agonie qui lui procurerait, avant la culbute définitive, l’enfer tout entier !

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