Barbey d'Aurevilly - L'ensorcelée
Здесь есть возможность читать онлайн «Barbey d'Aurevilly - L'ensorcelée» — ознакомительный отрывок электронной книги совершенно бесплатно, а после прочтения отрывка купить полную версию. В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Издательство: Array Иностранный паблик, Жанр: foreign_antique, foreign_prose, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.
- Название:L'ensorcelée
- Автор:
- Издательство:Array Иностранный паблик
- Жанр:
- Год:неизвестен
- ISBN:нет данных
- Рейтинг книги:4 / 5. Голосов: 1
-
Избранное:Добавить в избранное
- Отзывы:
-
Ваша оценка:
- 80
- 1
- 2
- 3
- 4
- 5
L'ensorcelée: краткое содержание, описание и аннотация
Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «L'ensorcelée»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.
L'ensorcelée — читать онлайн ознакомительный отрывок
Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «L'ensorcelée», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.
Интервал:
Закладка:
« Et vous pensez donc – dis-je à mon Cotentinais – qu’on aurait bien pu jeter un sort sur votre jument, maître Louis Tainnebouy ?
– J’en ai l’idée, – fit-il en réfléchissant et en donnant un revers de la main à son chapeau, qu’il poussa par là sur son oreille, – j’en ai l’idée, Monsieur. C’est la vérité, et voici pourquoi. Il y avait hier au marché de Créance, dans le cabaret où j’étais, justement un de ces misérables bergers, la teigne du pays, qui s’en vont en se louant à tous les maîtres. Il était accroupi dans les cendres de l’âtre et faisait chauffer un godet de cidre doux pendant que je finissais un marché avec un herbager de Carente (Carentan). Je venions de nous taper dans la main, quand mon acheteur me dit qu’il avait besoin de quelqu’un pour conduire ses bœufs à Coutances (il allait voir, lui, un de ses oncles malade à Muneville-le-Bengar, et c’est alors que le berger, qui s’acagnardait et buvait au bord de l’âtre, se proposa. « Qui es-tu, toi, pour que je te confie mes bêtes ? – fit l’herbager. – Si maître Tainnebouy te connaît et répond pour toi, je ne demande pas mieux que de te prendre. Répondez-vous du gars, maître Louis ? » – « Ma fé, – dis-je à l’herbager, – prenez-le si vous v’lez, mais j’ m’en lave les mains comme Ponce Pilate ; j’ me soucie pas d’encourir des reproches s’il arrivait quéque malencontre à vos bestiaux. Qui cautionne paye, dit le proverbe, et je ne cautionne point qui je ne connais pas. » – « Alors, va trouver un autre maître ! » a dit le Carentinais, et ça a été tout. Eh bien, à présent, je me rappelle que le berger m’a jeté, de dessous le manteau de la cheminée, un diable de regard, noir comme le péché, et que je l’ai trouvé qui rôdait du côté de l’écurie quand j’ai été pour prendre la Blanche et partir ! »
Rien, au fond, n’était plus admissible que ce récit de maître Tainnebouy. Pour expliquer l’accident arrivé à son cheval, il n’était pas besoin de creuser jusqu’à l’idée d’un maléfice. Le berger, poussé par le ressentiment, avait pu introduire quelque corps blessant dans le sabot du cheval pour se venger de son maître, comme ce cruel enfant corse (on dit Napoléon) qui enfonça avec son doigt une balle de carabine dans l’oreille du cheval favori de son père, parce que son père lui avait infligé une correction. Seulement, ce qui pour mon Cotentinais révélait l’influence du démon dans toute cette affaire, c’est que la Blanche boitait sans blessure ou motif apparent de boiter. Il avait déposé sa lanterne à terre, sur un petit tertre qui se trouvait là, et il chargeait sa pipe en regardant sa jument, qui, comme tous les animaux souffrants, abaissait d’instinct son intelligente tête vers la partie de son corps qui la faisait souffrir. J’étais descendu de mon cheval à mon tour, et je roulais entre mes doigts les feuilles du maryland que j’allais convertir en cigarettes. Le froid piquait, de plus en plus vif.
« C’est dommage – dis-je en jetant les yeux sur le sol dénudé de tout et où le vent d’ouest n’avait pas seulement roulé une branche d’arbre – que nous n’ayons pas quelque branche de bois mort comme on en trouve parfois d’éparses sur la terre. Nous pourrions allumer une flambée pendant que votre jument se repose et nous réchauffer le bout des doigts.
– Ah ! ben oui ! du bois mort, dans cette lande, – fit-il, – c’est comme du bois vert ! On ne trouve pas plus l’un que l’autre ; et nous n’avons qu’à souffler dans nos doigts pour les réchauffer. Quand les Chouans tenaient, par les nuits claires, leurs conseils de guerre là où nous sommes, ils étaient obligés d’apporter à dos d’homme le bois qu’ils avaient coupé, pour faire du feu, dans le taillis des Patriotes. »
Ce mot de Chouans, jeté là en passant comme un souvenir de hasard par cette énergique veste rousse qui avait peut-être, dans sa jeunesse, fait le coup de fusil par-dessus la haie avec eux, évoqua en ce moment, aux yeux de mon esprit, ces fantômes du temps passé devant lesquels toute réalité présente pâlit et s’efface. Je venais précisément d’une ville où la guerre des Chouans a laissé une empreinte profonde. Personne, quand j’y passai, n’y avait oublié encore le sublime épisode dont elle avait été le théâtre en 1799, cet audacieux enlèvement par douze gentilshommes, dans une ville pleine de troupes ennemies, du fameux Des Touches, l’intrépide agent des princes, destiné à être fusillé le lendemain. Comme on ramasse quelques pincées de cendre héroïque, j’avais recueilli tous les détails de cette entreprise, sans égale parmi les plus merveilleuses crâneries humaines. Je les avais recueillis là où, pour moi, gît la véritable histoire, non celle des cartons et des chancelleries, mais l’histoire orale, le discours, la tradition vivante qui est entrée par les yeux et les oreilles d’une génération et qu’elle a laissée, chaude du sein qui la porta et des lèvres qui la racontèrent, dans le cœur et la mémoire de la génération qui l’a suivie. Encore sous l’empire des impressions que j’avais éprouvées, rien d’étonnant que ce nom de Chouans, prononcé dans les circonstances extérieures où j’étais placé, réveillât en moi de puissantes curiosités assoupies.
« Est-ce que vous auriez fait la guerre des Chouans ? – demandai-je à mon compagnon, espérant que j’allais avoir une page de plus à ajouter aux Chroniques de cette guerre nocturne de Catérans bas-normands, qui se rassemblaient aux cris des chouettes et faisaient un sifflet de guerre de la paume de leurs deux mains.
– Nenni pas, Monsieur, – me répondit-il après avoir allumé sa pipe et l’avoir coiffée d’une espèce de bonnet de cuivre, attaché à une chaînette du même métal qui tenait au tuyau. –Nenni-da ! J’étais trop jeune alors ; je n’étais qu’un marmot bon à fouetter. Mais mon père et mon grand-père, qui ont toujours été un peu de la vache à Colas , ont chouanné dans le temps comme leurs maîtres. J’ai même un de mes oncles qui a été blessé de deux chevrotines dans le pli du bras, au combat de la Fosse, auprès de Saint-Lô, sous M. de Frotté. C’était un joyeux vivant que mon oncle, qui jouait du violon comme un meunier et aimait à faire pirouetter les filles. J’ai ouï dire à mon oncle que sa blessure, le soir même du combat, ne l’empêcha pas de jouer de son violon à ses camarades, dans une grange, pas bien loin de l’endroit où le matin on s’était si fort capuché . On s’attendait à voir les Bleus dans la nuit, mais on sautait tout de même, comme s’il n’y avait eu dans le monde que des cotillons courts et de beaux mollets ! Les fusils chargés ne dormaient que d’un œil dans un coin de la grange. Mon enragé et joyeux compère d’oncle tenait son violon de son bras blessé et saignant, et il jouait gaiement, comme le vieux ménétrier Pinabel, dans un de ses meilleurs soirs, malgré le diable d’air que lui jouait, à lui sa blessure. Savez-vous ce qui arriva, Monsieur ? Son bras resta toute sa vie dans la position qu’il avait prise pour jouer cette nuit-là ; il ne put l’allonger jamais. Il fut cloué par les chevrotines des Bleus dans cette attitude de ménétrier qu’il avait tant aimée pendant sa jeunesse, et jusqu’à sa mort, bien longtemps après, il n’a plus été connu à la ronde que sous le surnom de Bras - de - Violon … »
Enchanté d’une parenté aussi honorable et qui semblait me promettre les récits que je désirais, je poussai mon Cotentinais à me raconter ce qu’il savait de la guerre à laquelle ses pères avaient pris une part si active. Je l’interrogeai, je le pressai, j’essayai de lever une bonne contribution sur les souvenirs de son enfance, sur toutes les histoires qu’il avait dû entendre raconter, au coin du feu, pendant la veillée d’hiver, quand il se chauffait sur son escabeau, entre les jambes de son père. Mais, ô désappointement cruel, et triste preuve de l’impuissance de l’homme à résister au travail du temps dans nos cœurs, maître Louis Tainnebouy, fils de Chouan, neveu de cet héroïque Bras - de - Violon , le blessé de la Fosse, qui aurait mérité d’ouvrir la tranchée à Lérida, avait à peu près oublié, s’il l’avait su jamais, tout ce qui, à mes yeux, sacrait ses pères. Hormis ces faits généraux et notoires, qui m’étaient aussi familiers qu’à lui, il n’ajouta pas l’obole du plus petit renseignement à mes connaissances sur une époque aussi intéressante à sa manière que l’époque de 1745, en Écosse, après la grande infortune de Culloden. On sait que tout ne fut pas dit après Culloden, et qu’il resta encore dans les Highlands plusieurs partisans en kilt et en tartan, qui continuèrent, sans réussir, le coup de feu, comme les Chouans à la veste grise et au mouchoir noué sous le chapeau le continuèrent dans le Maine et la Normandie après que la Vendée fut perdue. Ce que j’aurais voulu, c’est qu’au moins le souvenir de cette guerre eût laissé une étincelle des passions de ses pères dans l’âme du neveu de Bras - de - Violon . Or, je dois le dire, j’eus beau souffler dans cette âme l’étincelle que je cherchais, je ne la trouvai pas. Le Temps, qui nous use peu à peu de sa main de velours, a une fille plus mauvaise que lui : c’est la Légèreté oublieuse. D’autres intérêts, d’un ordre moins élevé mais plus sûr, avaient saisi de bonne heure l’activité de maître Tainnebouy. La politique, pour ce cultivateur occupé de ses champs et de ses bestiaux, se trouvait trop hors de sa portée pour n’être pas un objet fort secondaire dans sa vie. À ses yeux de paysan, les Chouans n’étaient que des réveille - matin un peu trop brusques, et il était plus frappé de quelques faits de maraudage, de quelques jambons qu’ils avaient dépendus de la cheminée d’une vieille femme, ou d’un tonneau qu’ils avaient mis à dalle dans une cave, que de la cause pour laquelle ils savaient mourir. Dans le bon sens de maître Louis, la Chouannerie qui n’avait pas réussi était peut-être une folie de la jeunesse de ses pères. Conscrit de l’Empire, à qui il avait fallu dix mille francs pour se racheter de la coupe réglée des champs de bataille, un tel souvenir l’animait plus contre Bonot – comme disaient les paysans, qui vous dépoétisaient si bien le nom qui a le plus retenti sur les clairons de la gloire – que la mort du général de son oncle, ce Frotté, à l’écharpe blanche, tué par le fusil des gendarmes, avec un sauf-conduit sur le cœur !
Читать дальшеИнтервал:
Закладка:
Похожие книги на «L'ensorcelée»
Представляем Вашему вниманию похожие книги на «L'ensorcelée» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.
Обсуждение, отзывы о книге «L'ensorcelée» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.