Barbey d'Aurevilly - L'ensorcelée
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- Название:L'ensorcelée
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Chapitre 2
Quand on avait tourné le dos au Taureau rouge et dépassé l’espèce de plateau où venait expirer le chemin et où commençait la lande de Lessay, on trouvait devant soi plusieurs sentiers parallèles qui zébraient la lande et se séparaient les uns des autres à mesure qu’on avançait en plaine, car ils aboutissaient tous, dans des directions différentes, à des points extrêmement éloignés. Visibles d’abord sur le sol et sur la limite du landage, ils s’effaçaient à mesure qu’on plongeait dans l’étendue, et on n’avait pas beaucoup marché qu’on n’en voyait plus aucune trace, même le jour. Tout était lande. Le sentier avait disparu. C’était là pour le voyageur un danger toujours subsistant. Quelques pas le rejetaient hors de sa voie, sans qu’il pût s’en apercevoir, dans ces espaces où dériver involontairement de la ligne qu’on suit est presque fatal, et il allait alors comme un vaisseau sans boussole, après mille tours et retours sur lui-même, aborder de l’autre côté de la lande, à un point fort distant du but de sa destination. Cet accident, fort commun en plaine, quand on n’a rien sous les yeux, dans le vide, ni arbre, ni buisson, ni butte, pour s’orienter et se diriger, les paysans du Cotentin l’expriment par un mot superstitieux et pittoresque. Ils disent du voyageur ainsi dévoyé qu’il a marché sur male herbe , et par là ils entendent quelque charme méchant et caché, dont l’idée les contente par le vague même de son mystère.
« Voilà le sentier que nous devons suivre, – me dit mon compagnon en me désignant, du bout de son pied de frêne , une des lignes blanches qui s’enfonçaient dans la lande. – Tenez votre cheval plus à droite, Monsieur, et ne craignez pas de peser sur moi ! Le chemin va bientôt s’effacer, et il forme ici une traîtresse de courbe presque insensible. Dans quelques minutes, il sera nuit, et nous n’aurons pas la possibilité de nous orienter en nous retournant pour regarder le Taureau rouge . Heureusement que la Blanche connaît le chemin par où elle a passé comme un chien de chasse connaît sa voie. Bien des fois, en m’en revenant des foires et des marchés, le sommeil m’a pris sur ma selle, et je n’en suis pas moins pour ça bien arrivé, comme si j’avais sifflé tout le temps, pour me distraire, la chanson de M. de Matignon, l’esprit alerte et les yeux ouverts.
– N’était-ce pas là un peu imprudent ? – lui dis-je ; – car, voyageant de nuit dans des routes peu fréquentées, comme celle-ci, par exemple, ne vous exposiez-vous pas à être attaqué à l’improviste par quelques misérables vauriens, comme il en rôde souvent le soir dans les campagnes isolées ; surtout si vous avez l’habitude de porter une ceinture de cuir aussi enflée que celle que je vous vois autour des reins ?
– Je ne dis pas que non, Monsieur, – répondit-il. – Mais à la grâce de Dieu, après tout ! Il est des moments où, si solide qu’on soit, après avoir bu sous dix tentes différentes dans une foire et s’être égosillé pour faire le marché d’une dizaine de bœufs, la fatigue vous prend et vous assomme, et on dormirait sur le clocher de Colomby, par une ventée Saint-François ; à plus forte raison sur la Blanche , qui a l’allure moelleuse comme le mouvement d’un ber , et le pied sûr. Mais pour ce qui est des mauvais gars dont vous parlez, c’est bien certain qu’ils eussent pu me jouer quelque vilain tour s’ils m’avaient surpris ronflant sur ma selle comme au sermon de notre curé. Heureusement que la Blanche n’a jamais avisé de ruine suspecte, dans le clair de lune ou dans l’ombre, qu’elle n’ait henni à couvrir le bruit d’un moulin ! Allez ! j’étais toujours à temps sur la défensive et prêt à donner le compte aux plus malins qui seraient venus me tarabuster !
– Et vous l’avez donné quelquefois, – lui demandai-je, – car j’ai ouï dire que les routes étaient bien loin d’être sûres dans ce pays ?
– Oh ! deux ou trois petites fois, Monsieur, – répondit-il, – des bagatelles qui ne valent pas la peine qu’on en parle ; un ou deux coups de bâton par-ci, par-là, qui faisaient piauler mes coquins comme un chien qu’on fouette dans un carrefour. Mais jamais de raclée complète ! Ils ne l’attendaient pas ; ou ils décampaient, ou ils tombaient à terre comme un paquet de linge sale, et c’était le meilleur parti qu’ils avaient à prendre, car je n’ai jamais pu frapper un homme à terre… et la Blanche sautait par-dessus ! Mais de cela il y a maintenant des années ; c’était dans le temps de la bande du fameux Lemaire, qui a été guillotiné à Caen, de ces soi-disant marchands de cuillers d’étain qui ont bouté le feu à plus d’une ferme… À présent les routes sont tranquilles, et peut-être, hors celle-ci, à cause de la lande, n’y en a-t-il pas une seule dans toute la Manche où il faille, comme j’ai vu, dans un temps, quand on y passait, se hausser sur les étriers pour regarder par-dessus les haies et faire un nœud de plus à la lanière de son bâton autour de son bras.
– Et voyagez-vous souvent dans ces parages ? – lui demandai-je encore, ayant bien soin de régler le pas de mon cheval sur le pas du sien.
– Cinq à six fois par an, Monsieur, – dit-il. – J’y fais ma tournée. J’y viens, de fondation, à la foire Saint-Michel de Coutances, à la Crottée, aux gros marchés de Créance, et il y en a deux en été et deux en hiver. Voilà à peu près tout, sauf erreur. Comme vous voyez, je ne suis pas bien grand coutumier de cette route-ci. Mes affaires sont de l’autre côté, du côté de Caen et de Bayeux, où je vais vendre aux Augerons de ce haut pays des bœufs qu’ils conduisent à Poissy, et qui sortent, comme tous ceux qu’ils y mènent, de nos herbages du bas Cotentin, et non pas de leur vallée d’Auge, dont ils sont si fiers.
– Je vois que vous êtes – lui dis-je, souriant de son patriotisme d’éleveur – un herbager de la pointe de notre presqu’île ; car, quoique vous m’ayez pris pour étranger et que j’aie perdu l’accent qui dit à l’oreille d’un autre qu’on est son compatriote, je suis cependant du pays, et, si mon oreille n’a pas oublié autant que ma langue les sons qui me furent familiers autrefois, vous devez être, à votre manière de parler, du côté de Saint-Sauveur-le-Vicomte ou de Briquebec.
– Juste comme bon poids ! – s’écria-t-il avec une explosion de gaieté causée par l’idée que j’étais son compatriote, – vous avez mis la main sur le pot aux roses, mon cher monsieur ! Vère ! je suis du côté de Saint-Sauveur-le-Vicomte, car je tiens à bail la grosse ferme du Mont-de-Rauville, qui, comme vous le savez, puisque vous êtes du pays, est entre Saint-Sauveur et Valognes. Je suis herbager et fermier, comme l’ont été tous les miens, honnêtes vestes rousses de père en fils, et comme le seront mes sept garçons, que Dieu les protège ! La race des Tainnebouy doit tout à la terre, et ne s’occupera jamais que de la terre, du moins du vivant de maître Louis, car les enfants ont leurs lubies. Qui peut répondre de ce qui doit survenir après que nous sommes tombés ?… »
Il dit ces derniers mots presque avec mélancolie. Je louai beaucoup l’honnête Cotentinais de cette résolution intelligente et courageuse, que malheureusement on ne trouve plus guère parmi les fermiers de nos provinces enrichis par l’agriculture. Moi qui crois que les sociétés les plus fortes, sinon les plus brillantes, vivent d’imitation, de tradition, des choses reprises à la même place où le temps les interrompit ; moi, enfin, qui me sens plus de goût pour le système des castes, malgré sa dureté, que pour le système de développement à fond de train de toutes les facultés humaines, et qui, d’un autre côté, admirais l’aisance, la franchise, l’attitude du corps et de l’âme, cet aplomb, cette simplicité, toutes ces virilités qui circulaient noblement et paisiblement en cet homme, je trouvais qu’il avait doublement raison de vouloir que ses enfants ne fussent que ce qu’il était et rien de plus.
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