Alfred Delvau - Au bord de la Bièvre

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Je suis un grand faiseur de romans. Je dépense un temps absurde à édifier des châteaux de cartes et à procréer des chimères. Mais ces romans me permettent quelquefois d'ignorer l'histoire, de l'oublier pendant quelque temps; mais ces chimères amusent les appétifs maladifs de mon esprit, et, quoique viande creuse, lui servent de pâture suffisante; mais ces châteaux de cartes abritent dans les jours de brouillards et de pluie les susceptibilités frileuses et les délicatesses peureuses de mon individu.

L'homme est double, il n'a pas besoin d'être gris pour se dédoubler. C'est un bonheur qui n'est pas donné à tout le monde, c'est une faculté que ne possèdent pas tous les hommes; mais ceux qui ne la possèdent pas, ceux qui ne jouissent pas de ce bonheur là, – parce qu'ils ont mis, dès leur naissance, leur intelligence en fourrière, et qu'ils ne se servent, comme les polypes, que de leurs bras pour vivre, – ceux-là ont d'autres bonheurs auxquels nous ne participerons probablement jamais. Qu'importe!..

II

J'ai voulu revoir, il y a quelques années, la maison paternelle. La cour n'existait plus, on avait bâti des ateliers dessus. Le splendide peuplier, – planté au milieu de cette cour le jour de ma naissance, – coupé, déraciné et transformé en bûches! Un voisin a réchauffé ses vieux tibias avec mon acte de naissance! Le petit appentis de gauche, à deux compartiments, – le bureau de mon père et la petite salle où je recevais le premier baiser de ma mère en revenant du collége, – changé aussi, et en quoi, mon Dieu! en loge de portier… Là où il y avait des bruits sérieux et des jasements d'enfants, il y a maintenant des bruits de marmite et des parfums de savate! Ubi troja fuit! … Voilà où fut mon enfance! Voilà où se trouva mon bonheur!

Si la maison paternelle, – le nid où nous fûmes couvés cinq et d'où nous prîmes notre vol, dispersés par les orages vulgaires de l'existence, les plumes à peine poussées, – si cette chère maison n'est plus, chère patrie de nos premiers jours et cher témoin de nos premières joies comme de nos premières douleurs, il me reste au moins son souvenir où je puis me réfugier de temps en temps, quand il fait froid et noir dans ma vie de tous les jours. Aux secousses et aux gros temps de l'heure présente, j'ai à opposer le calme et le ciel bleu des premières heures de ma vie. Dante a eu tort de dire «qu'il n'est pas de douleur plus vive que celle de se rappeler dans les malheurs les jours de la félicité,» – et surtout de mettre ces paroles amères dans la bouche de Francesca di Rimini et dans le chant V; car l'aurore égaie le crépuscule de ses reflets, le printemps réchauffe l'automne de ses tièdes et doux rayons. Bonne et ravissante chose, au contraire, que ces souvenirs-là. Ils vous font millionnaire au milieu de la misère!..

Je n'ai point encore terminé ce speech auquel je pourrais donner le même titre que celui donné à sa harangue par Cicéron, bourgeois d'Arpinum, panégyriste de Marius, puis de Sylla, avocat bavard, roturier infidèle à son origine. C'est, en effet, un discours pro domo meâ !

Pour ma maison! pour ma pauvre et chère rivière de Bièvre, – qui baignait son escalier!

Ah! cette rivière roule une eau fangeuse, noire, rouge, impossible, je le sais. Ses bords sont garnis de détritus et de débris d'animaux, c'est un égoût découvert, je le sais toujours! Mais ce que je sais aussi c'est que, pour moi, cette petite rivière a toute la poésie et le charme d'un ruisselet à l'onde cristalline, se jouant sous le soleil à travers les roseaux. C'est que, pour moi, qui l'aime, elle vaut la Voulzie qu'aimait tant Hégésippe Moreau.

M mede Staël ne préférait-elle pas son ruisseau de la rue du Bac au splendide lac de Genève?..

Je me souviens qu'enfant je passais des heures entières, assis les jambes pendantes, sur la berge, à écouter le fracas des marteaux et des fouloirs et à regarder les rats nombreux sortir de leurs trous, traverser l'eau et se livrer, sur l'un et l'autre bord, des combats très-intéressants. Je n'avais pas lu encore la Batrachomyomachie du vieil Homère, et je devinais qu'il y avait à faire un poëme burlesque, plein d'attrait, avec un combat de rats et de grenouilles.

Je me souviens aussi que tous les ans, aux vacances, je construisais une petite galiote en carton, je la bourrais de friandises et de fleurs et je la livrais tout joyeux et tout haletant aux caprices de l'eau de la Bièvre. Pourquoi? Je n'en sais rien. Les habitants des îles Maldives lancent tous les ans un petit vaisseau chargé de parfums, de gomme et de fleurs, comme une offrande à la mer. Je faisais peut-être mon offrande à la Bièvre. Les enfants sont aussi superstitieux que les sauvages.

Je me souviens encore que, – toujours sur les bords de cette affreuse rivière que j'aime tant, – il y avait un grand chantier qui aboutissait là d'un côté et de l'autre à la rue Fer-à-Moulin, à deux pas du cimetière Sainte-Catherine, qui est aujourd'hui l'amphithéâtre de Clamart.

Ce grand chantier était, à l'époque dont je parle, – complétement abandonné, chose rare dans une ville où il n'y a pas un pouce de terrain inoccupé, où l'on plante des maisons lorsqu'on devrait planter des arbres, et surtout dans un quartier industriel où l'usine et les métiers ont besoin de toutes les places disponibles, et même de celles qui ne le sont pas.

Quoi qu'il en soit, à cette époque, ce vaste chantier était complétement abandonné. L'herbe y croissait, épaisse et drue en beaucoup d'endroits, rare et pelée en beaucoup d'autres où broutaient deux ou trois chèvres. Parmi ces herbes, tapis charmants pour les ébats printaniers, plancher facile aux rondes enfantines, – croissaient en abondance toutes ces plantes parasites qui poussent n'importe où et entre n'importe quoi, la folle avoine, la bardane, les chardons et la laitue que les anciens appelaient la viande des morts , parce qu'elle croît en effet très-volontiers dans les cimetières.

L'été, c'était un endroit charmant, à peine clos, où, – pendant le jour, – venaient s'ébattre, comme des moineaux-francs, des nuées de gamins tapageurs, et où l'on voyait

«Bien des couples rêveurs qui le soir, à la brune,
Se baisaient sur la bouche en regardant la lune…»

Il y a peut-être des gens qui s'imaginent qu'on ne sait pas aimer, pas être jeune, pas être beau dans ce plébéien quartier Saint-Marceau. L' ubi amor , la patrie des cœurs, est partout, sous toutes les zônes, sous toutes les latitudes, sous tous les costumes. Le pays où l'on s'aime – pour recueillir des enfants, – ce pays adoré est tout coin de terre où il y a un brin de soleil, un brin de verdure, un brin de jeunesse et un brin de beauté.

La chanson de Mignon est d'une mélancolie et d'une poésie touchantes:

«Connais-tu la terre où les citronniers fleurissent — Kennst du das Land wo die citronen bluhen? – où, dans leur sombre feuillage, mûrissent les oranges dorées?..»

Eh bien! cette chanson de Mignon se chante en français, en parisien, avec un accent faubourien même, sur les bords de la Bièvre! Seulement il n'y est plus question de citronniers ni d'oranges… Les amoureux qui la chantent parlent du pays empourpré, radieux, plein de promesses, où ils veulent aller, et ils y vont… Il est donc naturel qu'une fois de retour de ce pays des rêves – et des réalités, – ils le regrettent, comme Mignon; et y aspirent de nouveau, comme elle…

Je te raconterai tout à l'heure mes premières amours avec une petite ouvrière de la filature des Cent-Filles , – amours chastes, innocentes et éphémères qui n'ont laissé dans mon cœur d'autre trace que celle laissée par certains parfums précieux au fond du vase qui les a contenus, même durant l'espace d'un éclair. On peut briser mon cœur en mille morceaux, – c'est aux trois quarts fait, puisqu'il est fêlé, – chacun de ses morceaux sentira encore l'amour, liqueur divine, que le ciel y a versée il y a seize ans!..

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