Judith Gautier - Le second rang du collier

Здесь есть возможность читать онлайн «Judith Gautier - Le second rang du collier» — ознакомительный отрывок электронной книги совершенно бесплатно, а после прочтения отрывка купить полную версию. В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: foreign_antique, foreign_prose, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Le second rang du collier: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Le second rang du collier»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Le second rang du collier — читать онлайн ознакомительный отрывок

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Le second rang du collier», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Dès l'escalier j'entendis les exclamations de Marianne, stupéfaite de voir M. Baudelaire dans un pareil état.

– Monsieur est au moins tombé du haut de l'omnibus!

– Non, ma fille, pas de si haut. Aidez-moi à me rendre présentable, répondit-il en baissant la voix.

Il ôta ses gants de chamois gris et son paletot boueux, puis entra dans la cuisine, pour qu'on lui essuyât le bas de son pantalon.

Je pus me glisser, sans être vue, dans la salle à manger, où mon père s'était attardé, après le déjeuner, à lire son journal en fumant, parce qu'il faisait là plus chaud qu'ailleurs.

Baudelaire parut bientôt, parfaitement correct, une cravate en soie cerise nouée mollement sous son col qui lui dégageait le cou.

– Je viens d'être renversé et terrassé par un chien que je ne connais pas, dit-il, j'étais effroyable à voir; mais votre chambrière alsacienne m'a gentiment remis à neuf.

– Un chien!.. un chien enragé … peut-être! s'écria mon père, très effrayé. Il t'a mordu?

– Non, non, rassure-toi…

– C'est heureux, car j'allais faire allumer des braises, rougir des fers, et te cautériser, de force, jusqu'à l'os.

– Merci!.. Quelques fers à repasser suffiront, pour cautériser mon paletot.

– Mais quelles raisons ce chien avait-il de t'en vouloir? Les animaux sont logiques et n'agissent pas sans raisons, comme les bipèdes. Avais-tu escaladé les clôtures confiées à sa garde, pour enlever quelque bourgeoise?

– Cet animal était dans son droit: je l'avais offensé, en lui marchant sur la queue, exprès… Mais je suis très humilié, parlons d'autre chose.

Décidément, je ne saurai jamais pour quelle raison ce grand poète s'était acharné à jouer un mauvais tour à ce pauvre chien des rues. Peut-être ne le savait-il pas lui-même; ou seulement avait-il cherché à se ménager une entrée originale, en racontant son aventure: il aimait beaucoup n'être pas ordinaire et causer de l'étonnement.

Je savais de lui plusieurs histoires assez remarquables. Banville racontait, entre autres, qu'il avait un jour rencontré Baudelaire dans la rue; celui-ci, après quelques instants de causerie, s'était interrompu pour lui poser cette question:

– Ne trouveriez-vous pas agréable, cher ami, de prendre un bain, en ma compagnie?

– Comment donc! s'écria Banville sans vouloir paraître surpris le moins du monde, j'allais vous le proposer.

Et il entra, résolument, dans le premier établissement qui se présenta, en demandant une chambre à deux baignoires.

Quand ils furent tous deux immergés dans l'eau tiède, Baudelaire, de son air le plus doucereusement perfide, dit à Banville:

– Maintenant que vous êtes sans défense, mon cher confrère, je vais vous lire une tragédie en cinq actes!..

J'avais surpris, aussi, le récit d'une autre anecdote, pas trop convenable, dont je ne pouvais m'empêcher de rire, chaque fois que j'y repensais.

Baudelaire, dans une tenue de parfait gentleman, entrait chez un pharmacien, le saluait, et, du ton le plus poli, lui disait:

– Monsieur l'apothicaire, voulez-vous avoir l'obligeance de m'administrer un clystère?..

On ne dit pas comment était accueillie cette singulière exigence, ni si le client était servi. Baudelaire affirmait que les apothicaires, même sous le nom de pharmaciens de 1 reclasse, étaient tenus d'obéir à cette injonction, que c'était une des charges de leur état, et que, ce que lui en faisait, se dévouant au ridicule, c'était surtout pour ne pas laisser tomber en désuétude une servitude ancienne et bienfaisante!

– Un nouveau livre d'Edgar Poë, qui vient de paraître!.. un livre pour toi, car c'est de la cosmogonie transcendentale.

Et mon père me tend le volume d' Eurêka , traduit par Charles Baudelaire.

– C'est beau?

– Ma foi, cela me semble un peu aride et compliqué. L'ouvrage est d'une lecture laborieuse et je ne suis pas bien sûr de l'avoir compris. Je compte sur toi pour me l'expliquer.

– Oh! père! toi, mon professeur d'astronomie!..

– Je t'en ai enseigné les rudiments et il y a longtemps que tu m'as dépassé. Voyons, sois gentille, lis le livre, attentivement, et écris-en une analyse détaillée; tâche de faire un article. Tu peux bien essayer cela, pour moi.

Soit! C'est un devoir qu'il me donne. Je le ferai, de mon mieux, pour lui être agréable.

Je me mets à lire. Le livre est terrible, mais il me passionne, et, la semaine suivante, l'article est fait. Mon père le prend et l'emporte.

Le temps passe et mon père ne me dit rien: je crois qu'il l'a oublié, perdu, ou, peut-être, trouvé si mauvais qu'il préfère n'en pas parler. Et moi, je n'ose souffler mot, très déçue et très mortifiée: aussi, c'était trop difficile!..

Un matin, j'étais à peine éveillée, quand mon père entre dans ma chambre, tenant le Moniteur universel tout déployé.

– Regarde!

Il me montre du doigt un titre: Eurêka.

– Qu'est-ce que c'est?

– Ton article!.. Je l'ai jugé digne d'être imprimé, ce qui vaut mieux que tout ce que j'aurais pu te dire. Je voulais te faire une surprise; ça a duré un peu longtemps. Tu as subi l'épreuve sans broncher, ce qui dénote une assez jolie force de caractère.

– Tu as refait l'article?

– Je n'y ai pas changé un mot; tu le verras bien…

Mais je n'ose pas le relire; je le regarde, seulement. Il tient plusieurs colonnes, en très bonne place, et est signé: Judith Walter.

– C'est moi qui t'ai choisi ce pseudonyme, – dit mon père: – «Walter» c'est Gautier en allemand… et cela signifie: «Seigneur des Bois!»

– Judith Walter est très ébahie, dis-je, et très contente; pas trop orgueilleuse, tout de même, car elle comprend bien que, sans ta toute-puissante protection à ce journal, on l'aurait joliment envoyée promener, avec son article!

– Et cela n'eût pas infirmé sa valeur, dit mon père qui reprend le journal et l'emporte pour le montrer à ma mère.

Huit jours après, je reçus de Baudelaire la lettre suivante:

Mademoiselle,

J'ai trouvé récemment chez un de mes amis votre article, dans le Moniteur du 29 mars, dont votre père m'avait quelque temps auparavant communiqué les épreuves. Il vous a sans doute raconté l'étonnement que j'éprouvai en les lisant. Si je ne vous ai pas écrit tout de suite pour vous remercier, c'est uniquement par timidité. Un homme peu timide par nature peut être mal à l'aise devant une belle jeune fille, même quand il l'a connue toute petite, – surtout quand il reçoit d'elle un service, – et il peut craindre, soit d'être trop respectueux et trop froid, soit de la remercier avec trop de chaleur.

Ma première impression, comme je l'ai dit, a été l'étonnement, – impression toujours agréable d'ailleurs. – Ensuite, quand il ne m'a plus été permis de douter, j'ai éprouvé un sentiment difficile à exprimer, composé moitié de plaisir d'avoir été si bien compris, moitié de joie de voir qu'un de mes plus vieux et de mes plus chers amis avait une fille vraiment digne de lui.

Dans votre analyse si correcte d' Eurêka , vous avez fait ce qu'à votre âge je n'aurais peut-être pas su faire, et ce qu'une foule d'hommes très mûrs, et se disant lettrés, sont incapables de faire. Enfin vous m'avez prouvé ce que j'aurais volontiers jugé impossible, c'est qu'une jeune fille peut trouver dans les livres des amusements sérieux, tout à fait différents de ceux si bêtes et si vulgaires qui remplissent la vie de toutes les femmes.

Si je ne craignais pas encore de vous offenser en médisant de votre sexe, je vous dirais que vous m'avez contraint à douter moi-même de vilaines opinions que je me suis forgées à l'égard des femmes en général.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Le second rang du collier»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Le second rang du collier» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «Le second rang du collier»

Обсуждение, отзывы о книге «Le second rang du collier» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x