Eugène Zamiatine - Nous Autres

Здесь есть возможность читать онлайн «Eugène Zamiatine - Nous Autres» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Старинная литература, fra. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Nous Autres: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Nous Autres»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Nous Autres — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Nous Autres», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Je décris les sentiments anormaux que j’éprouvais alors, mais je me rends compte maintenant que tout cela est bien naturel : S, comme tout numéro, a droit au plaisir, et il serait injuste… C’est évident.

Ma compagne rit longtemps et d’un air étrange. Puis elle me regarda longuement, me fouilla des yeux.

« L’essentiel, c’est que je suis tout à fait tranquille avec vous. Vous êtes tellement gentil ! Je suis sûre qu’il ne vous viendra pas à l’idée d’aller raconter au Bureau que je bois des liqueurs et fume. Vous serez toujours, ou malade, ou occupé, ou que sais-je encore ? Et puis, vous allez boire avec moi un peu de ce poison enchanteur… »

Comme elle parlait d’un ton cynique et moqueur ! Je sentais que j’allais la détester de nouveau. Ou plutôt non, je n’allais pas la détester ; je l’avais toujours détestée.

Elle absorba tout le poison vert qu’elle s’était versé, se leva et fit quelques pas pour s’arrêter derrière mon fauteuil. Le rose de sa peau apparaissait sous sa robe jaune.

Je sentis ses bras autour de mon cou, ses lèvres contre les miennes ; elles entrèrent profondément, c’était affreux… Je jure que je ne m’y attendais absolument pas, peut-être parce que… Je ne pouvais décemment pas – je m’en rends très bien compte maintenant. – Je ne pouvais pas désirer…

Ses lèvres, insupportablement douces (je crois que c’était à cause de la liqueur), me versaient des gorgées de poison brûlant… toujours plus, toujours plus encore… Je me sentis arraché de la terre et devenir une planète indépendante, roulant furieusement vers le bas, toujours plus bas, en suivant une orbite incalculable…

Je ne puis raconter qu’approximativement ce qui arriva par la suite, et encore en me servant d’analogies plus ou moins exactes…

Je ne m’en étais jamais rendu compte mais c’est cependant bien comme ceci que les choses se passent. Nous autres, sur la terre, nous marchons en somme au-dessus d’une mer de feu pourpre et bouillonnante, cachée dans les entrailles de la terre ; nous n’y pensons jamais. Mais si la coquille qui est sous nos pieds devenait de verre, nous verrions ce feu. Je me vitrifiai et je vis ce qui était en moi. J’étais double. Il y avait d’abord ce que j’étais auparavant, D-503, le numéro D-503, et puis, il y en avait un autre… Autrefois, ce dernier ne laissait voir ses pattes velues hors de sa coquille que de temps en temps, mais en ce moment il se montrait tout entier, sa coquille craquait…

Je me raccrochai de toutes mes forces à un fétu de paille, aux bras du fauteuil, et demandai, afin d’entendre mon premier moi :

« Où vous êtes-vous procuré ce… ce poison ?

– Oh, c’est un médecin de mes… »

« De mes… ? » De mes quoi ?

Et l’autre bondit et hurla :

« Je ne le permets pas ! Je ne veux personne avec moi, je tuerai celui qui… Parce que je suis tout… tout… »

Je vis qu’il la saisissait brutalement de ses pattes velues et déchirait la soie fine qui cachait sa poitrine, dans laquelle il enfonça les dents ; je m’en souviens très bien : c’étaient ses dents à lui.

Je ne sais comment, mais I s’échappa. Elle avait le dos appuyé contre l’armoire, la tête penchée, les yeux recouverts de ce rideau maudit et impénétrable. Elle m’écoutait parler.

Je me rappelle que j’étais sur le plancher, lui tenant les jambes et lui baisant les genoux. Je la suppliais : « Tout de suite… Maintenant… Tout de suite. »

Elle découvrit ses dents pointues et l’angle moqueur de ses sourcils, puis se pencha et prit ma plaque.

« Oui, oui, charmante », lui dis-je en me défaisant à la hâte de mon unif.

I, sans prononcer un mot, approcha la plaque de mes yeux : je vis qu’il était vingt-deux-heures vingt-cinq.

Cela me refroidit. Je savais ce qu’il en coûtait de se trouver dans la rue après vingt-deux heures trente. Toute ma folie se dissipa d’un seul coup, j’étais redevenu moi-même. Une seule chose était certaine : je la détestais, la haïssais.

Sans lui dire au revoir, ni regarder derrière moi, je me précipitai hors de la chambre. Tout en courant, je remis ma plaque tant bien que mal et descendis l’escalier de secours – j’avais peur de rencontrer quelqu’un dans l’escalier principal. Je me trouvai enfin sur le boulevard désert.

Tout était à sa place, simple, habituel, réglementaire : les maisons de verre, brillantes, le ciel de verre, pâle, et la nuit, immobile et verdâtre. Sous ce verre tranquille et frais, quelque chose d’impétueux, de pourpre et de velu galopait sans bruit, je fonçais à perdre haleine, avec la peur d’être en retard.

Je sentis ma plaque, attachée en hâte, qui se détachait, elle résonna contre le trottoir de verre. En me penchant pour la ramasser, j’entendis, dans cette seconde de calme, le pas de quelqu’un derrière moi. Je me retournai et aperçus quelque chose de petit et de courbé tourner le coin de la rue. Tout au moins, c’est ce qu’il me sembla.

Je courais à toute vitesse et entendais le vent siffler dans mes oreilles. Quand je m’arrêtai sur le seuil de ma maison, il était vingt-deux heures vingt-neuf. J’écoutai, il n’y avait personne derrière. Tout cela n’était qu’une fantasmagorie absurde, l’effet du poison.

La nuit me fut une torture… Mon lit s’élevait, descendait pour s’élever encore. Il planait suivant une sinusoïde. Je pensais : « La nuit, le numéro doit dormir, c’est aussi obligatoire que de travailler le jour. Ne pas dormir la nuit est un crime… » Et malgré tout, je ne pouvais pas.

Je cours à ma perte. Je ne suis plus capable de remplir mes devoirs envers l’État Unique. Je…

NOTE 11

… Non, je ne puis, il n’y aura pas de titre, tant pis !

C’est le soir, il fait un léger brouillard. Le ciel est tendu d’un tissu laiteux et doré. On ne voit pas ce qu’il y a plus haut. Les anciens savaient que leur Dieu, le grand sceptique morose, y habitait. Nous savons qu’il y a seulement le rien bleu, cristallin, nu, indécent. Actuellement, je ne sais plus ce qu’il y a là-haut, j’ai trop appris. Savoir de façon certaine, sans faute, est une foi. J’avais une foi solide en moi-même, je croyais que je me connaissais, quand tout à coup…

Je suis devant un miroir et, pour la première fois de ma vie, je dis bien, pour la première fois de ma vie, je me vois clairement, distinctement, consciemment, et me regarde avec étonnement, comme si j’étais « lui », un autre. Il est là : les sourcils froncés et noirs, dessinés suivant une droite, au milieu, il porte comme une cicatrice, une ride verticale – je ne me rappelle plus si je l’avais avant. Ses yeux sont gris d’acier, cernés par l’insomnie. Derrière cet acier des yeux… Il semble que je n’aie jamais su ce qu’il y avait, de l’autre côté, qui semble à la fois si proche et infiniment loin. Je me regarde, je le regarde, et sais que cet étranger aux sourcils en ligne droite m’est inconnu. Je le rencontre pour la première fois. Le vrai moi, ce n’est pas lui.

Non, mettons un point. Tout ça ce sont des bêtises. Tous ces sentiments tiennent du délire, c’est le résultat de l’empoisonnement d’hier… De la gorgée de poison vert, ou de sa présence ? Cela ne fait rien. Je décris ceci que pour montrer comment la raison humaine, aussi exacte et perçante soit-elle, peut se tromper et errer étrangement. Cette raison, qui a su rendre digestible cet infini lui-même, si terrifiant pour les anciens…

Le tableau fait entendre son déclic : les chiffres R-13 apparaissent. J’en suis content, car si j’étais resté seul, je serais…

Vingt minutes après.

Sur ce papier, dans un monde à deux dimensions, les lignes se suivent, mais dans un monde à trois dimensions… Je perds la notion de nombre : vingt minutes peuvent en contenir 200 ou 200 000.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Nous Autres»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Nous Autres» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «Nous Autres»

Обсуждение, отзывы о книге «Nous Autres» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x