Pérez-Reverte,Arturo - Un jour de colère

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— Tu as une mère, León.

— J’ai mon honneur, Doña Josefa, et une patrie à défendre.

Maintenant Goya demeure immobile, sourcils froncés, contemplant le fourmillement dense de la foule qui descend vers la Puerta del Sol ou remonte la rue Fuencarral en direction du parc d’artillerie. Homme génial, voué à la gloire des musées et de l’histoire de l’Art, il essaye de vivre et de peindre en s’abstrayant de la réalité quotidienne, malgré ses idées avancées, ses amis acteurs, artistes et écrivains – parmi eux, Moratín, dont le sort préoccupe aujourd’hui le peintre –, ses bonnes relations avec la Cour et sa rancœur, secrète, envers l’obscurantisme, les prêtres et l’Inquisition. Lesquels, pense-t-il, ont, des siècles durant, transformé les Espagnols en esclaves incultes, délateurs et couards. Maintenir son œuvre à l’écart de tout cela est de plus en plus difficile. Déjà, dans la série de gravures des Caprices réalisée il y a neuf ans, l’Aragonais a tourné en ridicule, presque ouvertement, les prêtres, les inquisiteurs, les juges injustes, la corruption, l’abrutissement du peuple et autres vices nationaux. De la même manière, aujourd’hui, il lui est impossible de se soustraire aux sombres présages qui planent sur Madrid. Le vague brouhaha qui parvient aux tympans abîmés du vieux peintre s’accroît par moments, montant d’un degré, tandis que dans la foule les têtes s’agitent, formant des vagues comme le blé sous l’effet du vent ou comme la mer quand s’annonce une tempête. L’Aragonais est un homme énergique qui, dans sa jeunesse, a été torero, s’est battu au couteau, a dû fuir la justice ; il n’a rien d’un petit-maître ou d’une poule mouillée. Pourtant cette foule en ébullition, pour lui silencieuse, qui s’agite tout près a quelque chose d’obscur qui l’inquiète davantage que l’émeute immédiate ou les troubles prévisibles. Dans les bouches ouvertes et les bras levés, dans les groupes qui passent en brandissant gourdins et navajas et en criant des paroles inaudibles mais qui résonnent dans la tête de Goya aussi terribles que s’il pouvait les entendre, le peintre voit se dessiner des nuages noirs et des torrents de sang. Derrière lui, entre les crayons, les fusains et les estompes, sur la petite table où il a l’habitude de travailler à ses croquis en profitant de la clarté de la grande fenêtre, est posée l’esquisse de quelque chose qu’il a commencé ce matin, quand la lumière était encore grise : un dessin au crayon qui représente un homme aux vêtements déchirés, agenouillé et les bras en croix, entouré d’ombres qui l’assaillent comme les fantômes d’un cauchemar. Et en marge de la feuille, d’une écriture forte, sans appel, Goya a écrit ces mots : « Tristes pressentiments de ce qui doit arriver. »

Jacinto Ruiz Mendoza souffre d’asthme, et il s’est réveillé aujourd’hui – comme cela lui arrive souvent – avec une forte fièvre et une terrible sensation d’étouffement. Du lit où il gît prostré, il entend des tirs isolés, et il se lève avec difficulté. Son corps est trempé de sueur, il ôte sa chemise de nuit mouillée, se rafraîchit un peu la figure avec l’eau d’une cuvette et revêt lentement, la boutonnant de ses doigts gourds, la nouvelle veste blanche à revers rouges dont vient d’être doté le 36 erégiment d’infanterie des Volontaires de l’État, dans lequel il sert avec le grade de lieutenant. Il a du mal à s’habiller, car il se sent faible ; et son ordonnance, un soldat qu’il a envoyé aux nouvelles, n’est pas encore revenue. Il finit par enfiler ses bottes, et, d’un pas hésitant, se dirige vers la porte. Né à Ceuta il y a vingt-neuf ans, Jacinto Ruiz est mince, de complexion délicate, mais énergique et très sourcilleux quand il s’agit de son honneur de militaire. Il est de caractère timide, un peu réservé, du fait de l’infirmité respiratoire qui le tient depuis l’enfance. Pour le reste, c’est un patriote, il accomplit fidèlement ses obligations, il aime l’armée et la gloire de l’Espagne, et, ces derniers temps, comme beaucoup de ses camarades, il a cruellement souffert de l’abaissement de sa nation devant le pouvoir napoléonien. Mais comme il n’a rien d’un exalté, il n’a jamais exprimé d’opinions politiques en dehors du cercle fermé de ses amis intimes.

Dans l’escalier, Ruiz croise un gamin qui monte en courant et lui apprend que les Français tirent sur le peuple, tandis que des groupes de civils marchent sur les casernes pour y chercher des armes. Inquiet, Jacinto Ruiz sort dans la rue et presse le pas sans répondre aux appels que plusieurs voisins, en voyant son uniforme, lui adressent depuis les balcons pour lui demander des nouvelles. Il poursuit sans s’arrêter en direction de la caserne de Mejorada, située au bout de la rue San Bernardo, au numéro 83 qui fait le coin avec la rue San Hermenegildo, un peu plus haut que le bâtiment de l’état-major de l’Artillerie. Ainsi, le plus vite qu’il peut, mais sans modifier son allure pour ne pas faire mauvaise impression, luttant contre la suffocation de ses poumons et malgré la fièvre qui lui brûle le front sous son chapeau, l’humble lieutenant d’infanterie, dont le nom n’est rien de plus qu’une courte ligne sur le tableau d’avancement de l’armée, va rejoindre son régiment sans se douter que, près de la rue dans laquelle il marche en ce moment, bien des années après cette longue journée qui commence, un monument de bronze se dressera à sa mémoire.

Ce qu’on entend au loin, ce sont des tirs isolés, et non des feux nourris. Cela rassure un peu Antonio Alcalá Galiano, qui parcourt le quartier en observant l’agitation des habitants. Ses dix-neuf ans ne l’empêchent pas de constater l’évidence : les bandes sont armées de façon si ridicule que cela semble une folie de défier les soldats français. Et pourtant, ne résistant pas à l’ardeur de la jeunesse – mais plus encore à cause des femmes qui regardent des balcons –, il s’est joint à un groupe qui passe dans un grand tumulte devant l’église San Idelfonso. Il est amoureux d’une Madrilène et c’est peut-être l’occasion d’avoir un exploit héroïque, même minime, à lui raconter. La bande, composée de jeunes garçons, est conduite par un homme qui a l’allure d’un ouvrier artisan et qui crie « Vive le roi Ferdinand ! ». Alcalá Galiano lui emboîte le pas jusqu’à la rue Fuencarral, où éclate une discussion animée à propos du chemin à suivre : les uns veulent aller dans une caserne pour se joindre à la troupe et se battre à ses côtés et en bon ordre, tandis que les autres préfèrent tomber sur les Français partout où ils les trouveront, en leur tendant des embuscades pour s’emparer de leurs armes et continuer ainsi par sauts, en petites bandes qui attaqueront et s’enfuiront aussitôt par les rues voisines et les terrasses. La discussion s’envenime et l’un des plus exaltés, déguenillé et l’air mauvais, se tourne vers Alcalá Galiano.

— Holà, l’ami, qu’est-ce que vous en pensez ?

D’être interpellé ainsi ne plaît guère à l’orphelin bien élevé du héros de Trafalgar, qui, de plus, appartient à l’école de Cavalerie de Séville, bien qu’habillé en civil. Contrarié mais prudent, il répond qu’il n’a pas d’opinion sur la question.

— Mais vous voulez tuer des Français, oui ou non ?

— Bien sûr que oui. Seulement, je n’imagine pas le faire les mains nues… Je n’ai pas d’armes.

— C’est de ça qu’on cause. D’aller les prendre.

Alcalá regarde les visages peu amènes qui l’entourent. Ce sont presque tous des garçons de basse condition, avec, parmi eux, beaucoup de gamins de la rue en haillons. Il n’est pas sans remarquer non plus les regards méfiants posés sur son habit de bonne coupe et son chapeau brodé. « Un fils à papa », entend-il. Inquiet, il pense : Ceux-là sont encore plus dangereux que les Français.

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