Pérez-Reverte,Arturo - Un jour de colère

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— Où allez-vous donc de ce pas, Mor de Fuentes, au milieu de tout ce désordre ?

L’Aragonais soulève son chapeau. Au coin des Conseils, il vient de se trouver nez à nez avec la comtesse de Giraldeli, une dame du Palais qu’il connaît.

— Je vois bien le désordre. Mais je doute que ça aille plus loin.

— Ah oui ? Eh bien, sachez qu’au Palais les Français veulent enlever l’infant don Francisco.

— Que me dites-vous là ?

— La vérité, Mor.

M me de Giraldeli passe son chemin, l’air affligé, en proie à l’inquiétude, et l’ingénieur hâte le pas pour gagner le porche du Palais. Une de ses connaissances, le capitaine des Gardes espagnoles, Manuel Jáuregui, y est de service aujourd’hui, et il souhaite en obtenir des informations. La journée qui vient, pense-t-il, s’annonce intéressante. Et peut-être vengeresse. Les cris proférés contre la France, les afrancesados et les amis de Godoy suscitent chez Mor de Fuentes un plaisir secret et très particulier. Son ambition artistique – il vient de publier la troisième édition de sa médiocre Serafina – et les cercles d’amitiés littéraires dans lesquels il se meut, avec Cienfuegos et les autres, le portent à détester de toute son âme Leandro Fernández de Moratín, protégé de l’ancien ministre Godoy, dit le Prince de la Paix. Mor de Fuentes n’est pas peu mortifié de voir le public des théâtres louer servilement, à la manière d’un troupeau de moutons ou de gorets, les répliques, les bons mots ou supposés tels, la niaiserie, la tartufferie et les goûts de celui que l’on qualifie de Génie des Génies, et autres incongruités, s’ajoutant à ce que tous les autres – Mor de Fuentes compris – considèrent comme de la médiocrité étrangère au talent, à la prose et au vers castillans. Voilà pourquoi l’Aragonais se réjouit des cris qui, mêlés à ceux qui s’élèvent contre les Français, s’en prennent à Godoy et à sa cour, Moratín inclus. À la faveur de ce tumulte, il ne lui déplairait pas que le nouveau Molière, l’enfant chéri des muses, reçoive aujourd’hui une bonne correction.

Lorsque Blas Molina Soriano, serrurier de son métier, arrive sur l’esplanade du Palais, il ne reste qu’une berline sur les trois qui attendaient devant la porte du Prince. Les autres s’éloignent dans la rue Tesoro. À côté de celle qui demeure immobile et vide, il n’y a presque personne, à part le cocher et le postillon : trois femmes, portant un fichu sur les épaules et un cabas pour les commissions, et cinq voisins. Sur la grande place, quelques curieux observent la scène de loin. Pour savoir qui sont les voyageurs des berlines, Molina serre les plis de sa cape de serge grossière et court derrière celles-ci, mais il ne parvient pas à les rejoindre.

— Qui était dans ces voitures ? demande-t-il, une fois revenu.

— La reine d’Étrurie, répond une des femmes, grande et avenante.

Encore essoufflé, le serrurier en reste bouche bée.

— Vous en êtes sûre ?

— Oh, que oui ! Je l’ai vue sortir avec ses enfants, accompagnée d’un ministre, ou d’un général… Quelqu’un qui portait un chapeau avec beaucoup de plumes et lui donnait le bras. Elle est montée aussitôt et a filé en un clin d’œil… Pas vrai, madame ?

Une autre femme confirme :

— Elle se cachait derrière une mantille. Mais je veux bien être damnée si ce n’était pas María Luisa.

— Est-ce que quelqu’un d’autre est sorti ?

— Pas que je sache. On dit que l’infant don Francisco de Paula, le petit garçon, part aussi. Mais nous n’avons vu que la sœur.

Sombre, plein de funestes pressentiments, Molina interpelle le cocher :

— C’est pour qui, cette voiture ?

L’autre, assis sur son siège, hausse les épaules sans répondre. Soupçonneux, Molina inspecte les alentours. Sauf les sentinelles – ce sont aujourd’hui des Gardes espagnoles à la porte du Prince et des Gardes wallonnes à celle du Trésor –, il ne voit aucun piquet. C’est inimaginable, se dit-il, que l’on puisse organiser un déplacement de cette importance sans prendre de précautions. À moins, peut-être, que ce ne soit dans l’idée de ne pas attirer l’attention.

— Est-ce qu’il est venu des gabachos ? demande-t-il à l’un des curieux.

— Je n’ai vu personne. Rien qu’une sentinelle, là-bas, à San Nicolás.

Songeur, Molina se gratte le menton qu’il n’a pas eu le temps de raser ce matin. San Nicolás, à côté de l’église du même nom, est le casernement de Français le plus proche, et il est rare que ceux-ci soient aussi tranquilles. Ou semblent l’être. Il passe par la Puerta del Sol et, là non plus, il ne voit pas trace de Français, bien que l’endroit fourmille de gens fort échauffés. Personne, pourtant, devant le Palais. Les berlines qui sont parties et cette autre, vide, qui attend n’augurent rien de bon. Il entend comme un clairon sonner l’alarme dans sa tête.

— Ils sont en train, conclut-il, de nous posséder jusqu’au trognon.

Ces mots font se retourner José Mor de Fuentes. L’écrivain aragonais se trouve là après avoir marché depuis la place du Palais. On ne l’a pas laissé voir son ami le capitaine Jáuregui. Blas Molina le connaît de vue, car, voilà quinze jours, il a réparé la serrure de sa maison.

— Et pendant ce temps, nous sommes quatre chats et sans armes, commente Molina exaspéré.

— Pardi ! Mais l’Arsenal royal est là, répond ironiquement Mor de Fuentes, en désignant le bâtiment.

Le serrurier se caresse pensivement le cou. Il a pris la boutade au pied de la lettre.

— Inutile de me le dire deux fois. Suffit que les gens se décident, et moi je force la serrure. C’est mon métier.

L’autre l’observe attentivement pour vérifier s’il parle sérieusement. Puis il regarde autour de lui d’un air gêné, hoche la tête et s’en va, parapluie sous le bras, tandis que le serrurier reste sur place en continuant à penser à l’Arsenal royal. Mieux vaut l’oublier pour le moment, conclut-il. De toute manière, Blas Molina Soriano, présentement dans sa quarante-neuvième année, est le plus fervent partisan que le roi d’Espagne puisse avoir à Madrid. Les raisons du culte exalté qu’il professe pour la monarchie sont embrouillées, et lui-même s’y perd. Plus tard, en adressant au roi un mémoire détaillé sur sa participation aux événements du 2 mai, il se définira comme « nourrissant une passion aveugle pour Votre Majesté et sa famille ». Fils d’un ancien soldat de la cavalerie au service de l’infant don Gabriel, la Maison royale lui a payé son examen de serrurier. Depuis lors, la gratitude de Molina est sans limites et le conduit à s’exhiber avec tous les signes d’une extrême dévotion à chaque apparition publique des Bourbons. Particulièrement auprès de Ferdinand VII, qu’il adore avec une fidélité canine : on l’a vu courir à côté de son cheval au Prado, à la Casa del Campo et au Buen Retiro, tenant un petit tonneau d’eau fraîche, au cas où le jeune roi aurait envie de se désaltérer. Le moment le plus heureux de son existence, Molina l’a vécu au début d’avril, quand il a eu la chance d’indiquer le chemin de Monteleón à Ferdinand VII qui le cherchait sans autre escorte qu’un valet. Un fois arrivé, le serrurier, faisant preuve d’un aplomb remarquable, a profité de l’occasion pour rester avec lui et pouvoir admirer ainsi le dépôt de canons, d’armes et de munitions du parc ; sans se douter que le souvenir de cette visite inopinée aurait plus tard une importance décisive – littéralement de vie ou de mort – dans l’histoire de Blas Molina et de beaucoup d’autres Madrilènes.

Avec de tels antécédents, quiconque connaît ce serrurier passionné ne peut être surpris de le trouver ce matin sur la place du Palais, tout comme on l’a vu durant les manifestations d’Aranjuez à la tête d’un groupe de séditieux qui réclamaient la tête de Godoy, ou, durant les événements de la veille, conspuant Murat à la sortie de la messe et à la revue du Prado, et acclamant ensuite, avec dix mille autres Madrilènes, l’infant don Antonio à son passage par la Puerta del Sol. Molina l’a dit à ses amis : il n’aura pas de repos tant que ces gabachos de l’enfer seront dans Madrid, et il est prêt à faire tout ce qui est en son pouvoir pour préserver la famille royale des manigances françaises. C’est ainsi qu’il a passé une bonne partie de la nuit posté à un carrefour de la rue Nueva, surveillant pour son compte les courriers qui entraient et sortaient de la résidence de Murat sur la place Doña María de Aragón, et courant ensuite communiquer ces informations à la Junte de Gouvernement, sans se laisser décourager de ce que nul n’en tienne compte et que le concierge l’envoie chaque fois promener.

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