Pérez-Reverte, Arturo - Le soleil de Breda
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La compagnie du capitaine Bragado fut parmi les premières à s’ébranler, laissant derrière elle les feux du bourg fortifié et du camp, pour s’enfoncer dans l’obscurité le long d’une digue qui bordait des tourbières et de grands marécages. Le bruit courait parmi les soldats que nous allions au moulin Ruyter, passage obligé pour les Hollandais dans leur marche sur Breda, sorte de goulet qu’il était impossible, à ce qu’on disait, de contourner en traversant à gué. Comme les autres valets d’armée, je marchais avec la compagnie de Diego Alatriste, portant son arquebuse et celle de Sebastián Copons. J’étais tout près d’eux car j’avais aussi avec moi une provision de poudre et de balles, ainsi qu’une partie de leur attirail de guerre, qui pesait fort lourd. Mais, outre le douteux privilège d’être chargé comme une mule, j’avais ainsi la possibilité de me fortifier les membres de jour en jour. Que voulez-vous ? Nous autres Espagnols avons toujours fait contre mauvaise fortune bon cœur : ou l’inverse.
Oui, mes frères, seigneurs, vous savez bien sans dire que l’on gagne l’honneur à tant et tant souffrir.
La lune se cachait derrière des nuages et le chemin n’était pas facile dans l’obscurité. De temps en temps, un soldat trébuchait et la file s’arrêtait, au milieu des jurons et des blasphèmes qui pleuvaient comme la grêle. Mon maître, comme c’était son habitude, n’était qu’une silhouette silencieuse que je suivais comme une ombre parmi les ombres. Nous avancions tant bien que mal tandis que dans ma tête et mon cœur s’affrontaient des sentiments contraires : d’une part, l’approche du combat, qui excitait une nature jeune comme la mienne ; de l’autre, la peur de l’inconnu, aggravée par ces ténèbres et par la perspective de se battre en terrain découvert contre un gros détachement ennemi. Peut-être était-ce pour cette raison que j’avais été vivement impressionné, alors que nous étions encore à Oudkerk et que le tercio s’était à peine formé à la lumière des torches, de voir jusqu’aux plus grands mécréants s’arrêter un moment pour mettre un genou en terre et se découvrir, tandis que l’aumônier Salanueva parcourait les rangs en nous donnant l’absolution générale. Deux précautions valent mieux qu’une. Le chapelain était un homme stupide et revêche qui noyait son latin dans le vin, mais il était le seul homme plus ou moins saint que nous ayons sous la main. Et, lorsqu’ils se trouvent dans le pétrin, nos soldats préfèrent toujours un Ego te absolve donné d’une main pécheresse que de s’en aller tout nus dans l’autre monde.
Un détail m’inquiéta fort et les commentaires que j’entendis autour de moi me donnèrent à penser que les vétérans se posaient eux aussi des questions. Alors que nous empruntions un pont proche de la digue, nous vîmes quelques sapeurs éclairés par des fanaux se préparer à le détruire derrière nous avec des haches et des pelles, sans doute pour barrer le passage aux Hollandais. Mais cela voulait dire aussi que nous ne recevrions pas de renforts de ce côté-là et que nous ne pourrions battre en retraite. Il restait d’autres ponts, naturellement. Mais vous imaginerez sans peine ce que nous ressentîmes alors que nous marchions vers l’ennemi dans le noir.
Avec ou sans pont derrière nous, nous arrivâmes au moulin Ruyter avant l’aube. De là, on pouvait entendre dans le lointain la pétarade de nos arquebusiers les plus avancés, qui échangeaient quelques escarmouches avec les Hollandais. Un feu brûlait et, à la lumière de la flamme, je vis le meunier et sa famille, une femme et quatre enfants en bas âge, tous en chemise, tous épouvantés, chassés de leur demeure, regardant impuissants les soldats défoncer les portes et les fenêtres, fortifier l’étage supérieur et entasser leurs pauvres meubles pour en faire un rempart. Le reflet des flammes jouait sur les morions et les corselets. Terrorisés, les petits pleuraient devant ces hommes rudes vêtus d’acier. Voyant sa maison dévastée sans que personne s’en inquiétât, le meunier se prenait la tête à deux mains. C’est que, à la guerre, les tragédies deviennent vite routinières, et le cœur du soldat s’endurcit autant dans le malheur des autres que dans le sien. Quant au moulin, notre mestre de camp l’avait choisi comme poste de commandement et d’observation. Nous pouvions voir Don Pedro de la Daga s’entretenir à la porte avec le mestre des Wallons, tous deux entourés de leurs états-majors et de leurs porte-drapeaux. De temps en temps, ils se retournaient vers des feux lointains, distants d’une demi-lieue environ, comme si des hameaux brûlaient au loin, là où le gros des Hollandais semblait se concentrer.
On nous fit encore avancer un peu plus pour laisser derrière nous le moulin. Les compagnies se déployaient dans les ténèbres, entre les haies et sous les arbres, foulant l’herbe trempée qui nous mouillait jusqu’aux genoux. La consigne était de ne pas allumer de feux et d’attendre. De temps en temps, un coup de feu plus proche ou une fausse alerte faisaient s’agiter les rangs, dans un concert de « Qui vive ? » et d’ordres lancés dans le noir. La peur et la veille sont de mauvaises compagnes pour celui qui veut se reposer. Les soldats de l’avant-garde avaient allumé les mèches de leurs arquebuses et l’on voyait briller dans la nuit leurs points rouges, comme des vers luisants. Les plus aguerris s’allongèrent sur le sol humide, décidés à se reposer avant le combat. D’autres, qui ne trouvaient pas le sommeil ou qui voulaient rester éveillés, scrutaient la nuit, attentifs aux escarmouches sporadiques de l’avant-garde. Tout ce temps-là, je le passai aux côtés du capitaine Alatriste, qui, avec son escouade, alla s’allonger derrière une haie. Je leur emboîtai le pas en tâtonnant dans l’obscurité, tandis que les ronces m’égratignaient le visage et les mains. Une ou deux fois, j’entendis la voix de mon maître qui m’appelait pour savoir si je suivais toujours le gros de la troupe. Il me demanda finalement son arquebuse et Sebastián Copons la sienne, en me disant de garder une mèche allumée aux deux bouts, au cas où ils en auraient besoin. Je sortis donc de mon havresac le briquet à amadou et, à l’abri de la haie, je fis ce qu’ils me demandaient. Je soufflai sur la mèche avant de la nouer sur un bâton que je plantai en terre pour qu’elle brûle bien, sans prendre l’humidité, à la disposition de tous. Puis je me blottis avec les autres afin d’essayer de prendre un peu de repos après cette promenade nocturne. Peine perdue. Il faisait trop froid et l’humidité de l’herbe pénétrait mes vêtements. D’ailleurs, nous étions tous trempés, pour le plus grand plaisir de Belzébuth. Sans presque m’en rendre compte, je m’approchai de l’abri que faisait le corps de Diego Alatriste, toujours allongé, immobile avec son arquebuse entre les jambes. Je sentis l’odeur de ses vêtements sales, mêlée à celles du cuir et du métal de son attirail de guerre, et je me collai contre lui pour me tenir au chaud. Il ne m’en empêcha pas et resta immobile. Ce n’est que plus tard, au point du jour, que je me mis à grelotter. Il s’écarta alors un instant et, sans mot dire, me couvrit de son vieux manteau court de soldat.
Les Hollandais se mirent à marcher sur nous avec les premiers rayons du soleil. Leur cavalerie légère dispersa nos avant-gardes d’arquebusiers et nous nous trouvâmes bientôt en face de troupes en rangs serrés, bien résolues à nous arracher le moulin Ruyter et la route qui menait à Breda en passant par Oudkerk. La compagnie du capitaine Bragado reçut l’ordre de se former en escadrons avec les autres compagnies du tercio dans un pré entouré de haies et d’arbres, entre le marécage et le chemin. L’infanterie wallonne de Don Carlos Sœst, formée de Flamands catholiques et loyaux envers le roi, prit position de l’autre côté de la route, si bien que les deux tercios s’étendaient sur un quart de lieue, passage qu’emprunteraient nécessairement les Hollandais. Immobiles au milieu des prés, avec leurs drapeaux au centre du buisson de piques, arquebuses et mousquets couvrant les fronts et les flancs, les deux tercios avaient fière allure tandis que les douces ondulations formées par les digues voisines se couvraient d’ennemis. Ce jour-là, nous allions nous battre à un contre cinq. À croire que Maurice de Nassau avait vidé les États de leurs gens pour nous attaquer.
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