Pérez-Reverte, Arturo - L'Or du roi

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Après cet aimable propos, la bataille ne faisait plus de doute. Quant à mon maître, il restait calme et muet, fixant l’homme à la verge et les argousins. Son profil aquilin et l’épaisse moustache sous le large bord de son chapeau lui donnaient un aspect imposant dans cette pénombre. Ou du moins m’apparaissait-il ainsi, à moi qui le connaissais bien.

Je palpai la poignée de ma dague de miséricorde. J’eusse donné n’importe quoi pour une épée, car les autres étaient cinq et nous quatre. Je rectifiai tout de suite, désolé : avec mes deux empans d’acier, nous ne faisions que trois et demi.

— Remettez-nous vos épées, dit l’alguazil, et faites-nous la grâce de nous accompagner.

— Il y a là gens de haute noblesse, tenta une dernière fois Quevedo.

— Et moi je suis le duc d’Albe.

Il était clair que l’alguazil ne lâcherait pas le morceau, et qu’il comptait bien ramasser la mise. Il était chez lui et sous le regard de ses clients habituels. Les quatre pourceaux tirèrent leur épée et commencèrent à former un large demi-cercle autour de nous.

— Si nous en sortons indemnes et si personne ne nous identifie, murmura froidement Guadalmedina, la voix étouffée par le pan de sa cape, demain l’affaire sera enterrée… Sinon, messieurs, l’église la plus proche est celle de San Francisco.

Les argousins se rapprochaient de plus en plus. Dans leurs vêtements noirs, ils semblaient se confondre avec l’ombre. Sous la voûte, les curieux éclataient en applaudissements moqueurs. « Donne-leur leur compte, Sánchez », lança quelqu’un à l’alguazil, en se gaudissant. Sans hâte, plein d’assurance et de forfanterie, le dénommé Sánchez glissa la verge dans son ceinturon, tira l’épée et, de la main gauche, empoigna un énorme pistolet.

— Je compte jusqu’à trois, dit-il, en se rapprochant encore. Une…

Don Francisco de Quevedo me fit doucement reculer, en s’interposant entre les argousins et moi. Guadalmedina observait maintenant le profil du capitaine Alatriste, qui restait toujours au même endroit, impassible, calculant les distances et tournant très lentement le corps pour ne pas lâcher du regard l’argousin le plus proche, sans cesser de surveiller les autres du coin de l’œil. Je notai que Guadalmedina cherchait des yeux celui que mon maître regardait, puis, s’en désintéressant, se reportait sur un autre, comme s’il tenait la question pour résolue.

— Deux…

Quevedo se débarrassa de sa courte cape.

— Il ne nous reste plus qu’à… etc., murmurait-il entre ses dents tout en la dégrafant pour l’enrouler autour de son bras gauche.

De son côté, Álvaro de la Marca plia la sienne en trois, de manière à protéger en partie son torse des coups d’épée qui allaient s’abattre comme grêle en avril. M’écartant de Quevedo, j’allai me placer près du capitaine. Sa main droite s’approchait de la coquille de son épée, et la gauche frôlait le manche de sa dague. Je pus entendre sa respiration, très forte et très lente. Tout à coup, je me rendis compte que cela faisait plusieurs mois, depuis Breda, que je ne l’avais pas vu tuer un homme.

— Trois.

L’alguazil leva son pistolet et se tourna vers les curieux.

— Au nom du roi, place à la justice !

Il n’avait pas fini de parler que, déjà, Guadalmedina déchargeait à bout portant un de ses pistolets sur lui : le coup projeta l’homme en arrière, le visage encore tourné vers son public. Une femme glapit sous la voûte et un murmure impatient courut dans l’ombre ; car regarder son prochain se quereller ou s’étriper a toujours été une vieille coutume espagnole. Alors, à l’unisson, Quevedo, Alatriste et Guadalmedina portèrent la main à leur épée, sept lames nues brillèrent dans la rue, et tout se déroula sur un rythme endiablé : cling, clang, fers lançant des étincelles, les argousins criant « Au nom du roi, rendez-vous au nom du roi », et toujours plus de cris et de murmures parmi les spectateurs. Et moi, qui avais également dégainé ma dague, je pus voir comment, en moins de temps qu’il n’en faut pour réciter la moitié d’un Ave Maria, Guadalmedina transperçait le gras du bras d’un argousin, Quevedo en marquait un autre au visage en le laissant contre le mur, les mains sur sa blessure et saignant comme un goret qu’on égorge, et Alatriste, épée dans une main et dague dans l’autre, maniant les deux comme la foudre, enfonçait deux empans de sa rapière dans la poitrine d’un troisième qui dit « Sainte Vierge ! » avant de se l’arracher et de tomber à terre en vomissant un sang pareil à de l’encre noire. Tout s’était passé si rapidement que le quatrième pourceau, voyant mon maître se retourner contre lui, n’y réfléchit pas à deux fois et prit ses jambes à son cou. Là-dessus, je rengainai ma dague, me dirigeai vers l’une des épées qui gisaient au sol, celle de l’alguazil, et me redressai en la brandissant, au moment où deux ou trois curieux, abusés par le début de la bataille, s’approchaient pour prêter main-forte aux argousins ; mais tout avait été réglé si vite que je n’eus pas le temps d’achever mon geste : je les vis s’arrêter net en se regardant entre eux, puis se tenir très tranquilles et fort circonspects en observant le capitaine Alatriste, Guadalmedina et Quevedo, qui, flamberges au vent, semblaient prêts à poursuivre leur vendange. Je me rangeai aux côtés des miens, en garde ; ma main qui tenait la lame tremblait, non d’inquiétude, mais d’exaltation : j’eusse donné mon âme pour ajouter ma propre estocade dans la querelle. Mais les volontaires semblaient avoir perdu toute envie de s’en mêler. Ils restèrent plantés là très prudemment, murmurant de loin que ceci et que cela, un instant messeigneurs, ce n’est pas ce que vous croyez, etc., sous les quolibets des curieux, tandis que nous reculions en continuant à leur faire face et en laissant le terrain transformé en écorcherie : un argousin raide mort, l’alguazil blessé par le coup de pistolet plus mort que vif, n’ayant même plus assez de souffle pour demander qu’on aille lui quérir un confesseur, l’homme au bras transpercé contenant l’hémorragie comme il le pouvait, et celui à la figure fendue agenouillé contre le mur, gémissant sous un masque de sang.

— On le saura, sur les galères du roi ! cria Guadalmedina sur le ton de défi qui convenait, tandis que nous leur faussions compagnie au premier coin de rue.

Ce qui était habile ruse, car on mettrait sur le compte des soldats les coups d’épée dont la nuit avait été si prodigue et dont l’infortuné alguazil avait fait bien malgré lui les frais.

Aux cris que partout l’on jetait le guet s’était précipité. Les argousins bien étrillés j’ai servi au diable à souper.

Par la rue des Farines, en marchant vers la porte de l’Arenal, don Francisco de Quevedo, tout guilleret, improvisait des vers joyeux en cherchant une taverne ouverte où nous rafraîchir le gosier d’un agréable breuvage en fêtant l’événement. Álvaro de la Marca riait aux anges. Joli coup, disait-il. Joli coup et bien joué, sacrebleu. Quant au capitaine Alatriste, il avait nettoyé sa bonne lame de Tolède avec un chiffon qu’il glissa dans les profondeurs de sa poche, et, après avoir rengainé, il cheminait en silence, plongé dans des pensées impénétrables. Et moi j’allais à son côté, fier comme don Quichotte, portant à deux mains l’épée de l’alguazil.

IV

LA MENINE DE LA REINE

Adossé au mur, Diego Alatriste attendait à l’ombre d’un porche de la rue de la Maison du Maure, entre des pots de géranium et de basilic. Sans cape, chapeau sur la tête, épée et dague à la ceinture, pourpoint de drap ouvert sur une chemise propre et bien cousue, il surveillait attentivement la demeure du Génois Garaffa. Elle se trouvait presque aux portes de l’ancienne juiverie de Séville, près du couvent des carmélites et de la vieille cour de comédie de Doña Elvira ; et, à cette heure-là, tout était tranquille, avec de rares passants et quelques femmes en train de balayer devant les porches et d’arroser les plantes. En d’autres temps, quand il servait le roi comme soldat sur ses galères, Alatriste avait maintes fois traversé ce quartier sans imaginer que plus tard, après son retour d’Italie en l’an seize de ce siècle, il y ferait un long séjour, presque entièrement passé parmi des ruffians et des traîneurs de rapière dans la fameuse cour des Orangers, asile le plus fleuri de la truanderie et de la friponnerie sévillanes. Comme le lecteur s’en souviendra peut-être, après la répression contre les Morisques de Valence, le capitaine avait demandé congé de son régiment pour s’enrôler comme soldat à Naples — « tant qu’à égorger des infidèles, au moins qu’ils puissent se défendre », telle était la raison qu’il avait donnée — et il était resté embarqué jusqu’à l’incursion de l’an quinze de ce siècle sur la côte turque, avec cinq galères et plus d’un millier de camarades, après quoi ils étaient tous revenus en Italie chargés d’un riche butin, ce qui avait permis au capitaine de mener la grande vie à Naples. Tout s’était terminé comme se terminent ordinairement ces choses-là quand on est jeune : une femme, un autre homme, une marque sur le visage pour elle, un coup d’épée pour lui, et Diego Alatriste fuyant Naples grâce à sa vieille amitié avec le capitaine don Alonso de Contreras, qui l’avait fait passer clandestinement sur une galère se rendant à Sanlúcar et Séville. Et c’est ainsi que l’ancien soldat, avant de poursuivre vers Madrid, s’était retrouvé gagnant sa vie comme spadassin à gages dans une ville qui était une Babylone et une pépinière de tous les vices, parmi les gueux et les fiers-à-bras, profitant le jour du droit d’asile du fameux cloître de l’église Majeure, et sortant la nuit exercer son office là où tout homme de caractère possédant une bonne lame pouvait, pour peu qu’il eût assez de chance et d’habileté, gagner aisément son pain. Des ruffians légendaires comme Gonzalo Xeniz, Gayoso, Ahumada et le grand Pedro Vasquez de Escamilla qui ne donnaient le titre de majesté qu’au roi de carreau, avaient déjà pris le large, décousus à coups d’épée ou morts du mal de la corde — car, en de tels métiers, se voir passer le chanvre au cou est une affection contagieuse. Mais, dans la cour des Orangers comme dans la prison royale qu’il avait également fréquentée avec assiduité, Alatriste avait connu de très dignes successeurs de ces ruffians historiques, experts en coups d’estoc et de taille, sans que lui-même, habile à porter la botte de Gayona et bien d’autres relevant du même art, restât à court de mérites à l’heure de se faire un nom dans cette très illustre confrérie. Et maintenant il se rappelait tout cela avec une pointe de nostalgie, qui concernait peut-être moins le passé que sa jeunesse perdue ; il le faisait à peu de distance de cette cour de comédie de Doña Elvira où, en ce temps de vie agitée, il était devenu un habitué des représentations de Lope de Vega, Tirso de Molina et autres — c’était là qu’il avait vu pour la première fois Le Chien du jardinier et Le Timide au palais —, certains soirs qui commençaient avec des vers et de fausses batailles sur la scène et se terminaient par de vraies dans des tavernes, avec vin, gourgandines complaisantes, joyeux compagnons et coups de couteau. Cette Séville dangereuse et fascinante était toujours vivante, c’était lui qui avait changé, pas elle. Le temps ne fait pas de cadeaux, pensait-il à l’ombre du porche. Et les hommes vieillissent aussi de l’intérieur, en même temps que leur cour.

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