Carlos Zafón - Le jeu de l'ange

Здесь есть возможность читать онлайн «Carlos Zafón - Le jeu de l'ange» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Жанр: Старинная литература, fra. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Le jeu de l'ange: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Le jeu de l'ange»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Le jeu de l'ange — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Le jeu de l'ange», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

— Je n'ai rien à raconter, David.

— Vous plaisantez.

— Tout n'est que plaisanterie dans cette vie. C'est juste une question de perspective.

— Vous devriez mettre ça dans votre livre. Le Nihiliste sur la colline . Succès assuré.

— Si quelqu'un va avoir besoin d'un succès, et le plus vite possible, c'est toi, parce que je ne me trompe sûrement pas en subodorant que tu es dans la dèche.

— Je peux toujours faire appel à votre charité. Il y a une première fois pour tout.

— Sur le coup, ça te semble être la fin du monde, mais…

— … je me rendrai vite compte que c'est la meilleure chose qui pouvait m'arriver, complétai-je. M. Basilio écrit vos discours, maintenant ?

Vidal rit.

— Que penses-tu faire ?

— Vous n'avez pas besoin d'un secrétaire ?

— J'ai déjà la meilleure secrétaire possible. Elle est plus intelligente que moi, infiniment plus travailleuse et, quand elle me sourit, j'ai l'impression que cette saloperie de monde a encore un avenir.

— Et qui est cette merveille ?

— La fille de Manuel.

— Cristina !

Enfin, je t'entends prononcer son nom.

— Vous avez choisi une bien mauvaise semaine pour vous moquer de moi, don Pedro.

— Ne me regarde pas avec cette tête de mouton qu'on égorge. Tu crois que Pedro Vidal allait permettre à un tas de minables constipés et envieux de te jeter à la rue sans réagir ?

— Un mot de vous au directeur aurait sûrement tout changé.

— Je sais. Et c'est si vrai, que c'est moi qui lui ai demandé de te renvoyer.

J'eus l'impression de recevoir une gifle.

— Tous mes remerciements pour le coup de pouce.

— Je lui ai recommandé de te licencier parce que j'ai un projet beaucoup mieux pour toi.

— La mendicité ?

— Homme de peu de foi. Pas plus tard qu'hier, j'ai parlé de toi à deux associés qui veulent fonder une nouvelle maison d'édition et cherchent de la chair fraîche à saigner et à exploiter.

— Merveilleux, vraiment !

— Ils connaissent Les Mystères de Barcelone et sont disposés à te soumettre une proposition qui fera enfin de toi un homme véritable.

— Vous parlez sérieusement ?

— Bien sûr que je parle sérieusement. Ils veulent que tu écrives une série de romans-feuilletons dans la plus baroque, la plus sanguinolente et la plus délirante tradition du grand guignol , auprès desquels Les Mystères de Barcelone feront figure de roupie de sansonnet. Je leur ai assuré que tu irais les voir et que tu étais prêt à te mettre tout de suite au travail.

Je poussai un profond soupir. Vidal me fit un clin d'œil et me serra dans ses bras.

7.

Ce fut ainsi qu'à quelques mois de ma vingtième année je reçus et acceptai une proposition consistant à écrire des romans vendus une peseta sous le pseudonyme d'Ignatius B. Samson. Le contrat stipulait que je remettrais chaque mois deux cents pages de manuscrit dactylographié traitant d'intrigues, assassinats dans la haute société, horreurs indicibles dans les bas-fonds, amours illicites entre riches bourgeois cruels et sans pitié et demoiselles aux désirs inavouables, en bref toutes sortes d'inextricables sagas familiales sur fond d'eaux troubles plus opaques que celles du port. La série, que je décidai d'intituler La Ville des maudits , paraîtrait à raison d'un volume par mois, cartonné sous une couverture illustrée aux couleurs agressives. En échange, je recevrais plus d'argent que je n'avais jamais pensé gagner par des travaux aussi respectables, et je n'aurais d'autre censure que celle qu'imposerait l'intérêt des lecteurs que je saurais conquérir. Les termes de la proposition m'obligeaient à écrire sous un pseudonyme extravagant, mais, vu les circonstances, le prix à payer me parut bien faible en échange de la possibilité de gagner ma vie avec le métier que j'avais toujours rêvé d'exercer. Je renoncerais à la vanité de voir mon nom imprimé sur mon œuvre, mais pas à moi-même ni à ce que j'étais.

Mes éditeurs étaient deux personnages pittoresques répondant aux noms de Barrido et Escobillas. Barrido, petit, trapu, arborant toujours un sourire huileux et sibyllin, était le cerveau de l'opération. Il venait de l'industrie du saucisson et, bien qu'il n'eût pas lu plus de trois livres dans sa vie, catéchisme et annuaire du téléphone compris, il faisait preuve d'une audace remarquable pour accommoder les livres de comptabilité, qu'il falsifiait à l'usage de ses actionnaires avec un art de la fiction qu'auraient bien voulu égaler les auteurs que la maison, comme me l'avait prédit Vidal, escroquait et finissait par abandonner dans le ruisseau quand les vents devenaient contraires, ce qui, tôt ou tard, ne manquait jamais d'arriver.

Le rôle d'Escobillas était complémentaire. Grand, sec et l'allure vaguement menaçante, il s'était formé dans le commerce des pompes funèbres, et sous l'abondante eau de Cologne dont il s'aspergeait filtrait un vague relent de formol qui vous donnait la chair de poule. Son travail consistait pour l'essentiel à jouer le contremaître sinistre, fouet en main et toujours prêt à accomplir la sale besogne pour laquelle Barrido, d'un tempérament plus accommodant et d'une constitution moins athlétique, présentait moins d'aptitudes. Le ménage à trois était complété par Herminia, leur secrétaire de direction qui les suivait partout comme un chien fidèle et que tout le monde surnommait la Poison, car malgré son aspect de sainte-nitouche, elle était plus redoutable qu'un serpent à sonnette en rut.

Tout en sacrifiant aux devoirs de la politesse, j'essayais de les voir le moins possible. Notre relation était strictement mercantile, et aucune des deux parties ne montrait un réel désir d'aller au-delà des clauses du contrat. Je m'étais mis en tête de profiter de cette occasion pour travailler de toutes mes forces et démontrer ainsi à Vidal et à moi-même que je me battais pour mériter son aide et sa confiance. Ayant désormais dans les mains un peu d'argent frais, je décidai de quitter la pension de Mme Carmen pour chercher d'autres horizons plus amènes. Depuis quelque temps, je guignais une demeure imposante au 30 de la rue Flassaders, à un jet de pierre du Paseo del Born, devant laquelle j'étais passé des années au cours de mes allers-retours quotidiens entre la pension et le journal. La maison, couronnée par une tour qui s'élevait au-dessus d'une façade agrémentée de sculptures en relief et de gargouilles, était perpétuellement close, le portail fermé par des chaînes et des cadenas piqués de rouille. Malgré son aspect funèbre et sa démesure, ou peut-être justement pour cette raison, l'idée de parvenir à l'habiter me faisait perdre tout sens du raisonnable. En d'autres circonstances, j'aurais compris qu'une demeure de ce genre dépassait largement mon maigre budget, mais je caressais l'espoir que les longues années d'abandon et d'oubli auxquelles elle paraissait condamnée rendraient peut-être les propriétaires plus sensibles à ma proposition.

En enquêtant dans le quartier, je pus vérifier que la propriété, inhabitée depuis très longtemps, était entre les mains d'un administrateur de biens dénommé Vicenç Clavé, dont les bureaux étaient situés rue Comercio, en face du marché. Clavé était un personnage de la vieille école, il aimait s'habiller comme les statues d'alcades et de pères de la patrie érigées aux portes du parc de la Citadelle et, au moindre moment d'inattention de votre part, il se lançait dans des envolées de rhétorique où tout passait, de la condition humaine à la condition divine.

— Alors, comme ça, vous êtes écrivain. Oh, vous savez, je pourrais vous en raconter, des histoires, dont vous feriez de bons livres !

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Le jeu de l'ange»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Le jeu de l'ange» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


libcat.ru: книга без обложки
Carlos Zafón
libcat.ru: книга без обложки
Carlos Zafón
Carlos Zafón - Alicia, al Alba
Carlos Zafón
Carlos Zafón - Rosa de fuego
Carlos Zafón
Carlos Zafón - Der dunkle Wächter
Carlos Zafón
Carlos Zafón - Das Spiel des Engels
Carlos Zafón
Carlos Zafón - Le prince de la brume
Carlos Zafón
Carlos Zafón - The Angel's Game
Carlos Zafón
Carlos Zafón - La sombra del viento
Carlos Zafón
Отзывы о книге «Le jeu de l'ange»

Обсуждение, отзывы о книге «Le jeu de l'ange» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x