Alexandre Dumas
LES COMPAGNONS
DE JÉHU
(1857)
Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits »
Table des matières
PROLOGUE LA VILLE D'AVIGNON .......................................5
I – UNE TABLE D'HÔTE .......................................................32
II – UN PROVERBE ITALIEN ...............................................50
III – L'ANGLAIS .....................................................................67
IV – LE DUEL .........................................................................83
V – ROLAND ........................................................................ 101
VI – MORGAN...................................................................... 132
VII – LA CHARTREUSE DE SEILLON................................ 150
VIII – À QUOI SERVAIT L’ARGENT DU DIRECTOIRE .... 158
IX – ROMÉO ET JULIETTE ................................................168
X – LA FAMILLE DE ROLAND ........................................... 176
XI – LE CHÂTEAU DES NOIRES–FONTAINES ................186
XII – LES PLAISIRS DE LA PROVINCE .............................198
XIII – LE RAGOT ................................................................. 213
XIV – UNE MAUVAISE COMMISSION ............................. 230
XV – L'ESPRIT FORT...........................................................245
XVI – LE FANTÔME ............................................................258
XVII – PERQUISITION........................................................269
XVIII – LE JUGEMENT....................................................... 281
XIX : LA PETITE MAISON DE LA RUE DE LA VICTOIRE298
XX – LES CONVIVES DU GÉNÉRAL BONAPARTE .......... 317
XXI – LE BILAN DU DIRECTOIRE ................................... 330
XXII – UN PROJET DE DÉCRET........................................350
XXIII – ALEA JACTA EST ...................................................363
XXIV – LE 18 BRUMAIRE ................................................... 391
XXV – UNE COMMUNICATION IMPORTANTE .............. 405
XXVI – LE BAL DES VICTIMES..........................................432
XXVII – LA PEAU DES OURS ............................................ 450
XXVIII – EN FAMILLE....................................................... 460
XXIX – LA DILIGENCE DE GENÈVE.................................474
XXX – LE RAPPORT DU CITOYEN FOUCHÉ....................497
XXXI – LE FILS DU MEUNIER DE LEGUERNO............... 512
XXXII – BLANC ET BLEU ...................................................526
XXXIII – LA PEINE DU TALION ........................................535
XXXIV – LA DIPLOMATIE DE GEORGES CADOUDAL ...567
XXXV – PROPOSITION DE MARIAGE ..............................601
XXXVI – SCULPTURE ET PEINTURE ............................... 614
XXXVII – L'AMBASSADEUR ..............................................635
XXXVIII – LES DEUX SIGNAUX........................................659
XXXIX – LA GROTTE DE CEYZERIAT .............................. 677
XL – BUISSON CREUX........................................................ 701
XLI – L'HÔTEL DE LA POSTE ............................................ 715
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XLII – LA MALLE DE CHAMBÉRY ....................................744
XLIII – LA RÉPONSE DE LORD GRENVILLE...................754
XLIV – DÉMÉNAGEMENT ................................................. 775
XLV – LE CHERCHEUR DE PISTE.....................................792
XLVI – UNE INSPIRATION ............................................... 806
XLVII – UNE RECONNAISSANCE .................................... 822
XLVIII – OÙ LES PRESSENTIMENTS DE MORGAN SE
RÉALISENT ......................................................................... 832
XLIX – LA REVANCHE DE ROLAND.................................845
L – CADOUDAL AUX TUILERIES ......................................856
LI – L'ARMÉE DE RÉSERVE...............................................867
LII – LE JUGEMENT .......................................................... 890
LIII – OU AMÉLIE TIENT SA PAROLE.............................. 912
LIV – LA CONFESSION .......................................................939
LV – L'INVULNÉRABLE...................................................... 951
CONCLUSION ......................................................................967
UN MOT AU LECTEUR....................................................... 989
À propos de cette édition électronique...............................1029
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PROLOGUE
LA VILLE D'AVIGNON
Nous ne savons si le prologue que nous allons mettre sous les yeux du lecteur est bien utile, et cependant nous ne pouvons résister au désir d'en faire, non pas le premier chapitre, mais la préface de ce livre.
Plus nous avançons dans la vie, plus nous avançons dans l'art, plus nous demeurons convaincu que rien n'est abrupt et isolé, que la nature et la société marchent par déductions et non par accidents, et que l'événement, fleur joyeuse ou triste, parfumée ou fétide, souriante ou fatale, qui s'ouvre aujourd'hui sous nos yeux, avait son bouton dans le passé et ses racines parfois dans les jours antérieurs à nos jours comme elle aura son fruit dans l'avenir.
Jeune, l'homme prend le temps comme il vient, amoureux de la veille, insoucieux du jour, s'inquiétant peu du lendemain.
La jeunesse, c'est le printemps avec ses fraîches aurores et ses beaux soirs ; si parfois un orage passe au ciel, il éclate, gronde et s'évanouit, laissant le ciel plus azuré, l'atmosphère plus pure, la nature plus souriante qu'auparavant.
À quoi bon réfléchir aux causes de cet orage qui passe, rapide comme un caprice, éphémère comme une fantaisie ? Avant que nous ayons le mot de l'énigme météorologique, l'orage aura disparu.
Mais il n'en est point ainsi de ces phénomènes terribles qui, vers la fin de l'été, menacent nos moissons ; qui, au milieu de
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l'automne, assiègent nos vendanges : on se demande où ils vont, on s'inquiète d'où ils viennent, on cherche le moyen de les pré-
venir.
Or, pour le penseur, pour l'historien, pour le poète, il y a un bien autre sujet de rêverie dans les révolutions, ces tempêtes de l'atmosphère sociale qui couvrent la terre de sang et brisent toute une génération d'hommes, que dans les orages du ciel qui noient une moisson ou grêlent une vendange, c'est-à-dire l'espoir d'une année seulement, et qui font un tort que peut, à tout prendre, largement réparer l'année suivante, à moins que le Seigneur ne soit dans ses jours de colère.
Ainsi, autrefois, soit oubli, soit insouciance, ignorance peut-
être – heureux qui ignore ! malheureux qui sait ! – autrefois, j'eusse eu à raconter l'histoire que je vais vous dire aujourd'hui, que, sans m'arrêter au lieu où se passe la première scène de mon livre, j'eusse insoucieusement écrit cette scène, j'eusse traversé le Midi comme une autre province, j'eusse nommé Avignon comme une autre ville.
Mais aujourd'hui, il n'en est pas de même ; j'en suis non plus aux bourrasques du printemps, mais aux orages de l'été, mais aux tempêtes de l'automne. Aujourd'hui, quand je nomme Avignon, j’évoque un spectre, et, de même qu'Antoine, dé-
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