Эмиль Ажар - Pseudo

Здесь есть возможность читать онлайн «Эмиль Ажар - Pseudo» весь текст электронной книги совершенно бесплатно (целиком полную версию без сокращений). В некоторых случаях можно слушать аудио, скачать через торрент в формате fb2 и присутствует краткое содержание. Год выпуска: 2013, Издательство: Mercure de France & Atelier Panik éd. numérique, Жанр: Старинная литература, на французском языке. Описание произведения, (предисловие) а так же отзывы посетителей доступны на портале библиотеки ЛибКат.

Pseudo: краткое содержание, описание и аннотация

Предлагаем к чтению аннотацию, описание, краткое содержание или предисловие (зависит от того, что написал сам автор книги «Pseudo»). Если вы не нашли необходимую информацию о книге — напишите в комментариях, мы постараемся отыскать её.

Pseudo — читать онлайн бесплатно полную книгу (весь текст) целиком

Ниже представлен текст книги, разбитый по страницам. Система сохранения места последней прочитанной страницы, позволяет с удобством читать онлайн бесплатно книгу «Pseudo», без необходимости каждый раз заново искать на чём Вы остановились. Поставьте закладку, и сможете в любой момент перейти на страницу, на которой закончили чтение.

Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Tonton Macoute m’a donc envoyé à la clinique du docteur Christianssen, à ses frais. Trois cents kroner par jour, pour se débarrasser de moi.

Quand je le regarde dans les yeux – il en a six paires, mais j’arrive parfois à en coincer une – je vois bien ce qui se passe. Il s’imagine qu’il m’a laissé dans le besoin, et que je suis à la recherche du Père, pour le punir.

Alors le Danemark, à n’importe quel prix.

Ici, je suis quand même obligé de vous faire part de mes soupçons. Vous expliquer pourquoi c’est la haine, entre nous, en dépit de l’affection qui nous unit.

Tonton Macoute ne m’a jamais caché qu’il avait beaucoup aimé ma mère, malgré les liens de sang qui les unissaient. Je suis à peu près certain qu’ils ont couché ensemble, pour me rendre furieux et que j’en subis les conséquences. Cela expliquerait tout. Cela expliquerait donc aussi pourquoi je ressemble un peu à Tonton Macoute, pas physiquement, parce que là il avait pris ses précautions, mais moralement. Car si je suis dévoré par un tel besoin d’Auteur, c’est que je suis le fils d’un homme qui m’a laissé toute ma vie en état de manque. Il ne faut pas oublier que Tonton Macoute, quand il était jeune, s’était fait tuer à la guerre, mais après, il s’est arrangé.

Je me sentais donc souvent tel père tel fils et ça me mettait hors de moi, au figuré : au propre, c’est impossible. On ne sort pas vivant de notre crasse biologique.

Je lui en ai touché une fois, et il a failli s’étrangler.

— Tu es complètement fou. J’aimais ta mère comme une sœur.

— C’est encore plus incestueux, comme dégueulasse.

— Tu n’es pas mon fils ! C’est une ignoble calomnie !

Ce n’était pas très gentil, il me péjorait. S’il se sentait insulté lorsque je lui disais que j’étais son fils, c’est que vraiment, je n’étais pas flatteur.

— Ta mère était une sainte !

Oui, mais je le connais. Il est vicelard comme pas un. Se taper une sainte, ça devait être le rêve de sa vie. Qu’elle garde son auréole et ses vêtements de religieuse et en levrette, allons-y. Il est vraiment immonde, ce mec, il n’y a que lui qui est capable d’avoir des idées pareilles.

Je ne sais pas s’il y a transmission héréditaire de caractères acquis, mais si tel est le cas, j’ai hérité d’une véritable fortune.

Dès mon arrivée à Copenhague, mon état subit une amélioration immédiate : il y avait de la brume, on voyait moins.

J’ai failli cependant avoir une bagarre à l’aéroport, lorsque je voulus embrasser le douanier danois.. J’étais dans un état d’euphorie caractérisée, parce qu’en dépit de toutes les preuves réunies contre moi dans le monde, en particulier par Amnesty International, j’avais été reconnu irresponsable par les médecins, et donc innocent des crimes que j’avais commis. Ce qu’il m’a fallu comme ruses avec moi-même, démentis intérieurs, simulation et pseudo-pseudo, seuls les journalistes qui m’ont démasqué en novembre 1975, au moment des prix littéraires, et qui m’ont déclaré fictif, mystification, ouvrage collectif et canular peuvent le comprendre.

Les Danois parlent une langue étrangère, on ne se comprenait pas, et je sentais qu’on allait avoir de bons rapports. Ils me paraissaient très différents de moi, on allait donc s’entendre. Le douanier n’avait même pas ouvert ma valise, qui était bourrée d’explosifs sous l’effet des informations et des mass media, car à ce moment-là, on tuait en Irlande du Nord des femmes et des enfants à coups de bombes. Je suis bourré d’explosifs et je sens que je vais sauter d’un moment à l’autre, je me suis adressé à moi-même plusieurs coups de téléphone anonymes pour me mettre en garde et me permettre d’évacuer les lieux. C’est l’angoisse.

Lorsque j’ai vu que le douanier danois me faisait confiance et ne me demandait pas de m’ouvrir, je fus ému jusqu’aux larmes. J’ai donc voulu l’embrasser, car j’ai toujours eu une peur bleue des douaniers, fouilles, perquisitions, et c’était le soulagement et la gratitude.

Tonton avait interrompu sa cure de désintoxication pour venir m’accueillir à l’aéroport. Cette insinuation me parut profondément humiliante. Insinuer que j’ai un caractère nocif et qu’une cure de désintoxication est automatiquement interrompue par ma présence, ça n’a pas de nom, comme sous-entendu. J’ai horreur de la misanthropie. Me considérer comme une sorte de polluant qui détruit la vie sur la terre et menace jusqu’à la couche d’ozone qui vous protège contre les excès ultraviolets, c’est de la misanthropie la plus pure, ou je ne m’y connais pas.

Il n’est pas vrai, toutefois, contrairement à ce qu’on a écrit le lendemain dans les journaux, que j’ai provoqué une bagarre à l’aéroport de Copenhague. Il est exact que je m’étais senti insulté par cette cure de désintoxication interrompue par mon caractère toxique. Mais la bagarre à ma descente d’avion a été provoquée par des circonstances indépendantes de ma volonté. Je vous ai déjà dit ou peut-être pas, car cela revient au même, que j’ai fait des études de linguistique, afin d’inventer une langue qui m’eût été tout à fait étrangère. Cela m’aurait permis de penser à l’abri des sources d’angoisse et des mots piégés, et des agressions intérieures et extérieures, avec preuves à l’appui.

Je n’y suis pas parvenu pour cause de haute surveillance. Le cerveau sait très bien que si nous parvenions à inventer un langage sans précédent et sans aucun rapport, ç’en serait fini de notre caractère démentiel. C’est pour parer à ce danger que les sources d’angoisse nous ont pourvus du cerveau tel quel, spécialement conçu pour nous entretenir en état de manque, d’impossibilité et de caricature.

J’ai donc dû renoncer à trouver un langage originel et me bornai à apprendre le hongro-finnois, mâtiné de quelques balbutiements prénataux, pour me donner de l’espoir. Dès que je me suis vu entouré de Danois à l’aéroport, j’ai bondi sur le comptoir d’Air France et je me suis adressé à l’assistance en hongro-finnois, dans le but aimable d’établir entre nous des rapports d’incompréhension et d’incommunicabilité fraternels.

Il est faux de prétendre que les peuples et les personnes humaines se foutent sur la gueule parce qu’ils ne se comprennent pas. Ils se foutent sur la gueule parce qu’ils se comprennent.

C’est ainsi qu’il y eut incident.

J’ai été compris.

Je suis incapable de vous expliquer ce qui s’est passé. Je peux vous assurer que j’ai fait mon discours aux Danois en hongro-finnois, en mon âme et conscience. Il est également bien connu que les Danois ne parlent pas le hongro-finnois. Et pourtant, j’ai été immédiatement compris et, ainsi que je vous l’ai dit, dès qu’il y a compréhension, il y a incompréhension, fureur, indignation, outrage, scandale. Les flics sont arrivés, ils voulaient m’ôter du comptoir d’Air France d’où je gueulais en hongro-finnois, je me suis défendu. Tonton Macoute s’en est mêlé, on a appelé l’ambulance et je dois avouer que, ne pouvant plus espérer de demeurer incompris et d’exprimer ainsi mes sentiments fraternels pour mes semblables, mes frères, je suis devenu furieux et j’ai distribué quelques gnons, car rien ne me fait plus horreur que la violence et lorsque j’ai vu les infirmiers, j’ai immédiatement compris qu’il allait y avoir main-forte. Dans ce cas, la seule façon de prouver que vous êtes normal, c’est de foutre sur la gueule à quelqu’un.

Dans l’ambulance, Tonton Macoute se tenait à mes côtés et m’observait avec un sourire de connaisseur.

— Tu n’y arriveras pas, tu sais, Alex.

Читать дальше
Тёмная тема
Сбросить

Интервал:

Закладка:

Сделать

Похожие книги на «Pseudo»

Представляем Вашему вниманию похожие книги на «Pseudo» списком для выбора. Мы отобрали схожую по названию и смыслу литературу в надежде предоставить читателям больше вариантов отыскать новые, интересные, ещё непрочитанные произведения.


Отзывы о книге «Pseudo»

Обсуждение, отзывы о книге «Pseudo» и просто собственные мнения читателей. Оставьте ваши комментарии, напишите, что Вы думаете о произведении, его смысле или главных героях. Укажите что конкретно понравилось, а что нет, и почему Вы так считаете.

x