Эмиль Ажар - Pseudo

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Pseudo: краткое содержание, описание и аннотация

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Je m’en étais tiré encore une fois. Ce n’était pas la dernière. Entre la vie et la mort, c’est la lutte des procédés littéraires.

J’étais irrité parce que Tonton Macoute ne venait plus me voir, ne me téléphonait pas, me persécutait de Paris de son indifférence. J’en parlais avec Annie, mais cette fille du Lot avait la solidité des origines familiales à toute épreuve.

— Il est occupé.

— Je sais qu’il est occupé, des pieds à la tête. Par lui-même. Il pourrait refaire un peu de Résistance, non ? Ce serait le moment. Mais pas un mot, rien. Je peux crever.

— Il t’aime beaucoup.

— Tu parles. Je ne comprends pas du tout ce qu’il me reproche.

— Il ne te reproche rien.

— Oui, il s’en fout.

— Tu lui dis des vacheries chaque fois que tu le vois.

— J’essaye toujours de parler à l’envers, pour arriver peut-être à exprimer quelque chose de vrai.

— Mais il comprend ça très bien, il t’a toujours encouragé à écrire, à faire une œuvre littéraire…

Je répétais, foutu pour foutu, littérature pour littérature :

— Je parle à l’envers pour essayer de dire quelque chose d’authentique…

— Oui, mais comme lui ne parle pas à l’envers et qu’il croit même que l’envers vaut l’endroit, vous devriez réussir à vous comprendre. Si tu parles à l’envers et lui à l’endroit, je ne vois vraiment pas ce qui vous sépare, où est la différence et ce qui vous empêche de vous comprendre…

— Je ne lui demande pas de me comprendre, surtout pas. Je ne le demande à personne. Il ne manquerait plus que ça. Ce n’est pas la peine de me dire des horreurs.

— Mais qu’est-ce que tu lui demandes, alors ?

— Rien.

C’était faux, mais pas assez pour être convaincant. Elle sourit.

— Vous me faites marrer, tous les deux. On dirait un père et un fils.

Là, j’ai éclaté.

— Nom de Dieu, je t’interdis de dire des conneries pareilles !

— Tu n’as pas à m’interdire de dire des conneries. C’est l’année de la femme. Nous avons les mêmes droits que vous.

— Ce type-là, s’il était vraiment mon père, ce serait un salaud sans excuses. On ne fait pas ça à un mec.

— Quoi ? Qu’est-ce qu’il t’a fait ?

— Rien. Je sais. Il ne m’a pas engendré et il ne m’a pas adopté, quand j’avais douze ans. Il n’a rien à se reprocher. Mais c’est ce qu’il me fait un peu trop sentir. Irréprochable. Ça n’existe pas, irréprochable. Quelque part, au fond de lui-même, c’est une ordure. Les types irréprochables, c’est des types qui s’ignorent.

— Je ne crois pas qu’il s’ignore. Il a toujours l’air un peu triste ou un peu ironique.

— Ironique, en 1975 ? Il faut être une belle salope.

— Nous sommes en 1976.

— C’est la même chose. Du surplace.

— Ne recommence pas, Paul. Le petit chat est mort. On ne peut le ressusciter. Ni toi, ni lui, ni personne.

Je me suis tu. Elle avait raison. Tous les petits chats meurent parce qu’ils grandissent.

J’ai appris aussi du docteur Christianssen quelque chose d’inattendu. J’ai appris pourquoi Tonton Macoute venait se faire désintoxiquer dans la clinique de Copenhague.

Ce n’était pas les cigares.

C’était pour parvenir à ne plus écrire.

J’étais stupéfait. Je crois que ce fut un des plus petits étonnements de ma vie. Je m’étais trompé. Ce n’était pas un Don Juan de pute de séduction littéraire de vitrine. Il luttait pour être vraiment. Il aspirait, comme moi. Il voulait la fin de l’utopie.

Je me suis encore défendu un peu. J’ai dit à Annie :

— Ce mépris qu’il a pour l’herbe, pour la drogue, pour l’alcool… Il ne veut à aucun prix se sentir différent, séparé de lui-même… L’égomanie. L’alcool ou la drogue, tu vois, ça le rendrait différent, quelqu’un d’autre, et ça, à aucun prix… Il s’aime passionnément et il évite toutes les séparations.

— Je n’ai jamais rien compris à vos rapports, dit Annie. C’est incestueux.

Je continuais parfois à avoir des angoisses assez atroces. Le docteur Christianssen dit que ce n’est pas de l’angoisse, c’est de l’anxiété, mais je crois qu’il dit ça pour me tranquilliser. Alors, Alyette se levait et allait caresser une chaise, la table, les murs, pour me rassurer et me montrer qu’ils étaient bons chiens quotidiens et familiers et qu’ils n’allaient pas sauter sur moi pour m’égorger.

Les chaises me font particulièrement peur parce que leurs formes suggèrent une absence humaine.

Ce fut le lendemain matin que mon plus cher désir obsessionnel dont j’étais totalement innocent, vu mon caractère pathologique, s’est brusquement réalisé dans toute son horreur.

Mon éditeur m’appela de Paris.

— Ajar, j’ai une bonne nouvelle pour vous. Une envoyée spéciale du monde, Madame Yvonne Baby, va venir spécialement à Copenhague pour vous interviewer.

Je mis du temps à comprendre.

— À Copenhague ? Mais je croyais que j’étais au Brésil, je l’ai lu moi-même dans les journaux.

— Écoutez, Ajar, le Brésil c’est trop loin, ça coûterait trop cher. Ce n’est pas la peine qu’Yvonne Baby coure au Brésil, où vous n’êtes ni l’un ni l’autre.

J’ai gueulé de toutes mes forces, car il est important dans une œuvre de fiction littéraire que le personnage principal soit soutenu, sans bavures :

— Je refuse ! Vous êtes malade ou quoi ? Elle va débarquer dans une clinique psychiatrique pour m’interviewer ? Mais vous ne vous rendez pas compte ?

— Écoutez, mon cher Émile, fini de jouer au con. Vous n’êtes pas « psychiatrique », comme vous dites. Vous êtes politique.

— Politique ? Moi ?

— Ça va, ça va. Vous n’êtes pas « psychiatrique ». Vous êtes politique. Vous avez un dossier aux Renseignements généraux. C’est là-dedans. Vous avez tué un petit chat quand vous aviez quatre ans.

J’ai failli me trouver mal. Ils savaient.

Ce n’était pas Auschwitz, les massacres, la misère, l’horreur, Pinochet, Plioutch : c’était le petit chat.

Les psychanalystes sont vraiment parfois d’affreuses salopes.

— Je ne veux pas la recevoir !

— Très bien, mais je dois vous dire ce qu’on répète un peu partout dans Paris.

— Quoi ?

— Que c’est quelqu’un d’autre qui a écrit ou vous a aidé à écrire votre livre.

Ça m’a fait un coup terrible à l’organe populaire. J’ai craqué, j’ai vraiment craqué, je me suis fendu, je me suis ramassé, j’ai poussé un coup de gueule absolument effrayant de blessure, d’indignation et d’horreur…

Pas moi ? Pas moi ? Pas moi ? Qui, alors ?

— Aragon. Queneau. On dit même que vous n’existez pas.

Je m’étranglais. J’étais tellement blessé dans mon amour-propre d’auteur que j’aurais tué cent petits chats sans même le remarquer pour sauver mon honneur.

— Eh bien, qu’elle vienne, cette journaliste. J’irai à l’aéroport avec des fleurs, s’il le faut.

— N’en faites pas trop. Vous devez rester fidèle à votre personnage, Ajar.

— Quel personnage ?

— Le vôtre.

Je ne sais pas pourquoi je pensais soudain à Tonton Macoute avec un véritable désespoir. En Haïti, ils ont des sorciers tout-puissants. C’est connu. Ils vous pourrissent sur pied.

— Vous avez déjà une légende, Ajar.

— Quelle légende ?

— Un certain mystère, un côté hors-la-loi, peut-être terroriste, mauvais coucheur, salaud, maquereau. Vous avez une légende, il faut la préserver. C’est ce qu’on appelle la publicité rédactionnelle. C’est la meilleure de toutes. Elle ne s’achète pas et ça fait vraiment vendre.

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