Эмиль Ажар - Pseudo

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Pseudo: краткое содержание, описание и аннотация

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Le docteur Christianssen me dit que je faisais une nouvelle crise de réalité, avec l’angoisse normale dans ces cas-là. Il me conseilla de retarder ma rencontre avec Madame Yvonne Baby.

Tonton Macoute m’autorisa à prolonger mon séjour à Copenhague autant qu’il était nécessaire, malgré le fric que ça lui coûtait. Je savais qu’il ne faisait pas ça pour moi mais pour la mémoire de ma mère, je ne lui devais ainsi rien.

J’avais aussi des difficultés chronologiques que l’on aura remarquées, je remontais jusqu’aux enfants cathares que l’on faisait éclater contre les murs d’Albi et toutes sortes de massacres des innocents qui ont déjà traîné partout et qui ne peuvent plus servir à faire une œuvre originale.

Les électrochocs ont été abandonnés comme traitement de la réalité au Danemark, et on m’avait simplement mis à des doses sublimes de neuroleptiques.

J’avais peur des dobermans dans le jardin qui sont dangereux, même chez les chiens.

Le monde attendait, retenant son souffle qui n’arrivait plus jusqu’à moi, je respirais donc mieux, et je n’avais plus de nouvelles de Madame Yvonne Baby.

J’étais autorisé à quitter la clinique pendant une heure chaque après-midi et j’en ai profité pour faire un saut à Barcelone et m’engager dans les Brigades internationales, mais j’ai eu un choc en arrivant parce que des éléments incontrôlés avaient déterré les momies des religieuses dans le cimetière d’un couvent et les promenaient sur des chars de carnaval pour démystifier l’athéisme. Je m’attendais si peu à un tel accueil que je me suis mis à hurler et je suis revenu en courant à la clinique.

J’étais toujours en proie à mes tendances humanitaires, avec espoirs de naissance et horreur du foutre. J’envoyais chaque matin, au professeur Wall, aux États-Unis, le chercheur qui avait créé un gène artificiel, garanti sans origine, un télégramme que je n’expédiais pas, demandant au savant des nouvelles de son pupille.

Le docteur Christianssen me remit à l’halopéridol et mes hallucinations, sans disparaître entièrement, prirent une forme moins pénible pour tout le monde.

Je fus autorisé à me rendre à un concert donné par le quatuor de Mörq, et au commencement tout se passa très bien, mais vers le milieu, je remarquai que le violoncelle grossissait à vue d’œil, et brusquement il a éclaté et il en est sorti une nichée de petites mandolines et Dieu sait pourquoi pas des petits violoncelles, comme la logique l’exigeait, qui criaient tous « papa, au secours, je ne veux pas venir au monde, au secours ! » et puis une nuée de flics à matraques qui se mirent à voler dans la salle et s’agglutinèrent autour de moi et je me suis mis à hurler de peur parce que j’avais des choses à me reprocher, j’avais garé ma voiture à un stationnement interdit.

J’en étais là, dans mon état, lorsque Tonton Macoute s’annonça à Copenhague. On lui avait fait savoir que je régressais et il était venu spécialement pour me voir. Il paraissait plus vieux et plus absent que la dernière fois. Encore plus lui-même. Il s’assit à côté de moi, le cigare aux lèvres, sans même ôter son chapeau et son manteau, comme il le fait parfois même chez lui, à la maison, peut-être pour se rassurer, pour se convaincre qu’il n’était chez lui que de passage.

— Ça ne va pas très fort, hein ?

— Je suis désolé de te coûter du pognon.

— Aucune importance.

Il paraissait sincère. C’est un fils de comédiens.

— Il paraît que tu as terminé un nouveau livre.

— Bof.

— Tu as beaucoup de talent.

— Ça doit être héréditaire.

Il suçait son cigare.

— Tu as eu une critique magnifique.

— Ce n’est pas moi qui l’ai eue, c’est mon bouquin. On peut être une belle ordure et écrire de beaux livres.

Il n’a pas tiqué. Impossible, lointain, lui-même depuis si longtemps que ça ne lui faisait plus peur. Il s’était arrangé.

— … des fois, je saigne, mais c’est parce que je me blesse facilement en écrivant.

— J’avoue que j’ai eu souvent la gorge étranglée en te lisant…

— Évidemment, c’est un python.

— Je parle du nouveau.

— Tu crois qu’ils vont me… découvrir ?

— Et alors ? Je ne vois pas de quoi tu as honte. On n’est plus au Moyen Âge. Nous sommes du même sang, toi et moi.

J’ai eu un moment d’espoir. Mais il n’allait pas avouer. Les responsabilités, il en avait marre.

— C’est-à-dire ?

— Les mêmes grands-parents, du côté maternel. Et regarde-moi.

— Ça ne sert à rien de te regarder. Tu t’es fait une tête à la télévision.

Il a ri.

— Tu vois, je te disais bien que tu es lucide et perspicace…

Je ne sais pas pourquoi je le punissais, tout le temps. Peut-être parce qu’il faut bien se contenter du pseudo-pseudo. Le vrai responsable brille par son absence. Alors, on en cherche un, plus accessible.

— Et maintenant, Tonton, dis : « Après tout ce que j’ai fait pour toi… »

— Je n’ai rien fait pour toi. Si j’ai fait quelque chose, c’était pour ta mère…

Je serrais les poings. Il tournait autour, le salaud. Mais en se tenant prudemment à distance, hors d’amour.

Après tout, c’est une époque d’intermédiaires. Je pense que j’aurais eu beaucoup moins besoin de lui, si j’étais croyant. J’aurais eu quelqu’un d’autre à punir.

J’étais sûr qu’ils avaient couché ensemble.

— Tu ne me dois rien.

Il se leva, pardessus bleu marine, chapeau gris.

— Je n’ai jamais rien fait pour toi, répéta-t-il, ironiquement, ambigu jusqu’au bout et comme toujours.

Ce n’était pas vrai. Des études à Harvard, la baraque dans le Lot, du fric, parfois… L’excuse était qu’il ne voulait pas trop m’aider pour que je me fasse moi-même.

Un soir, à Paris, il était monté me voir. J’avais déjà vingt-sept ans et j’étais en plein coup de gueule. J’avais tout transféré sur la société. Je ne me persécutais pas moi-même : c’est la société qui me persécutait. Je croyais cesser ainsi d’être génétique, atavique, psychologique : je devenais sociologique. Mais comme je suis incapable de faire du mal même à un ennemi de classe, je n’étais bon à rien. Je ne faisais que gueuler.

Tonton Macoute était allé à l’époque à Amsterdam et il en était revenu avec un manuel : « Comment fabriquer des bombes à domicile avec des produits de première nécessité », ou quelque chose. Il est donc monté chez moi – chez lui – au sixième étage. Il nous avait donné deux chambres de bonne dès mon mariage avec Annie, lorsqu’on était arrivé à Paris, à vingt ans.

Il avait jeté le bouquin sur mon lit.

— Tiens, prends ce manuel. Fabrique des bombes. Jette-les. Tue. Détruis. Fais tout sauter, comme ça tu prouveras que tu y crois vraiment. Mais fais quelque chose, Pour l’amour du ciel, cesse de gesticuler !

J’entendais les saint-bernard aboyer dans les jardins de la clinique.

L’infirmier entra et me fit avaler mon rat de cinq heures.

Tonton Macoute avait déjà la main sur la poignée de la porte. Il était venu me donner un peu de chaleur humaine, c’était fait.

— Attends. Je voudrais te demander quelque chose.

— Quoi donc ?

— Un geste d’amour.

Il n’avait encore jamais entendu un tel mot sur mes lèvres. Il parut inquiet. J’allais vraiment mal.

— Paul, tu sais que je t’aime beaucoup. Mais les gestes, tu sais…

— Un geste d’amour, c’est toujours beaucoup plus qu’un geste.

Il m’avait dit une fois : « Nous sommes d’une famille de grands hystériques russes, du côté de ta mère. » Mais ça m’était égal. Je savais qu’il avait pour moi une tendresse secrète. Il ne pouvait en être autrement.

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