Эмиль Ажар - Pseudo

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Pseudo: краткое содержание, описание и аннотация

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Momo se tenait à côté du premier Juif élu et ils regardaient tous les deux l’espoir qui se consumait et allait me brûler les doigts comme d’habitude, mais qui durait cette fois un peu plus qu’une allumette ordinaire, parce qu’elle avait deux supporters et c’était bon pour le moral de notre équipe.

— Tu ne crois pas qu’elle va lui brûler les doigts ? demanda Momo, en regardant l’allumette.

— Non, dit le Christ, avec un fort accent juif de Russie, où il ne mettait pourtant plus les pieds depuis qu’il y avait des cliniques psychiatriques. Non, je ne le crois pas. Elle ne va pas lui brûler les doigts, cette allumette.

— Alors, tu penses qu’elle s’éteindra avant ?

Le Juif se tortillait sa barbiche rousse. Il avait le nez crochu, pour plus d’antisémitisme.

— Ça ne fait rien. Il en reprendra une autre.

— Est-ce que celle qu’il tient à la main va lui brûler les doigts, oui ou merde ? demanda Momo.

— Elle va lui brûler les doigts uniquement si elle s’éteint avant, dit le Christ qui s’y connaissait en espoir et civilisations, et qui avait l’esprit talmudique. Et puis, ajouta-t-il, c’est pas tellement que ça s’éteint, ça s’use.

Là, il s’est marré, parce que ça le faisait marrer de penser que les Juifs ont toujours été accusés de pratiquer l’usure.

— Moi, je crois que cette allumette va lui brûler les doigts avant de s’éteindre, dit Momo avec la logique des enfants, qui mettent du temps à s’en remettre. On parie quelque chose ?

— Non, dit le Christ, fermement, car c’était un faible et durait encore. Je ne parie jamais. Ma religion me le défend.

— T’as peur de perdre, dit Momo, qui était musulman, et comme tel, était aussi chrétien, bouddhiste et juif.

— J’m’en fous, moi d’perdre, dit le Christ, avec l’accent de Belleville qu’il fréquentait par misérabilisme. J’ai toujours perdu. Je suis né pour perdre. J’aime perdre, j’ai toujours été un perdant, c’est ma force. Je suis un faible, ça fait que je suis encore là. Plus je perds et plus je les travaille. Je les sape de l’intérieur, avec ma faiblesse. Ça leur donne des abjections de conscience. Faut pas te branler, Momo, parce que c’est une astuce bidon, et après, on ne sait plus pourquoi on est vraiment coupable. Bien sûr que je vais perdre. Et alors ? Quand j’ai perdu la première fois, j’en ai eu pour deux mille ans et ça dure encore.

Je ne quittais pas des yeux la lueur de l’allumette. Je tremblais et j’avais des sueurs froides. La réalité, il n’y a pas plus effrayant comme hallucination.

— Qu’est-ce que tu veux parier, déjà ? demanda le Christ.

— Un canif, proposa rapidement Momo. Je te parie qu’elle va s’éteindre avant de lui brûler les doigts, cette allumette. Ça gaze ?

— Ça chambre à gaz, dit le Christ, car il aimait l’almanach Vermot et les mots pour rire.

L’allumette était sur le point de me brûler les doigts, avec crimes, pollution, Beyrouth et bombes tous azimuts. Mais le Christ regarda fixement l’allumette et elle devint brusquement deux et trois fois plus longue et pouvait durer encore un bout d’espoir.

— Tu me dois le canif ! dit le Christ, car pour un Juif raciste et antisémite, il n’y a pas de petits bénéfices.

— Ah non ! gueula Momo. Je ne marche pas : t’as encore fait un miracle !

— Hi, hi, hi ! rit le Christ, qui se permettait de temps en temps, à cause de tous les sales coups que le sérieux lui avait faits depuis deux mille ans. Ça t’apprendra à parier avec moi.

Il me regarda sévèrement.

— Et vous, ça vous apprendra à être sûr de quelque chose ! me dit-il, et il a disparu, comme chaque fois qu’il y avait désespoir.

Ça m’a calmé un peu, je n’étais plus hallucinogène, je ne voyais plus la réalité, je voyais une table, une chaise, le quotidien familier, complètement pseudo, ça allait, quoi.

Ma situation restait cependant difficile, parce que si Madame Yvonne Baby habitait l’hôtel et ne devait commencer à m’interroger pour s’assurer de mon existence que le lendemain matin, Madame Simone Gallimard, elle, habitait dans la petite maison avec nous et Annie avait très peur qu’elle s’aperçoive malgré tout de quelque chose. Je n’ai jamais en effet réussi à faire pseudo-pseudo huit heures par jour, quarante heures par semaine, avec deux heures d’aller et deux heures de retour du domicile au lieu de travail, j’avais envie de hurler.

Mais ça ne se passait pas trop mal, sauf qu’il y eut ce coup tout à fait inattendu de la délégation venue spécialement de Cahors.

Je n’avais pourtant jamais eu d’ennuis avec la municipalité de cette ville, qui aime bien avoir un dingue ou deux dans les rues, pour montrer qu’elle s’intéresse à l’animation culturelle.

Le lendemain à quatorze heures, j’ai entendu saint-bernard aboyer, on a sonné à la porte et Annie est allée ouvrir. Elle est revenue ensuite, toute pâle, car il y avait de quoi.

— Il y a une délégation de la municipalité de Cahors qui demande à te voir, dit-elle.

— C’est pas vrai, dis-je.

— Écoute, Paul…

Elle m’appelait par mon vrai prénom. C’était entre nous un signe convenu. L’identité. Il y avait péril.

— Ici ? À Copenhague ? Mais qu’est-ce qu’ils me veulent, bon Dieu ?

— C’est peut-être seulement pour une contravention, dit-elle faiblement. Tu te souviens, quand tu as pissé dans la rue Nationale ?

— C’est pas possible qu’ils soient venus à Copenhague uniquement parce que j’ai pissé. Je sais bien qu’à Cahors, c’est un événement mais… Bon, fais-les entrer.

Ils sont montés. Ils étaient trois, tous adjoints au maire. Ils paraissaient bouleversés. Je ne savais pas s’ils étaient émus par les retrouvailles, ou quoi. Le premier sous-maire dit :

— Monsieur Ajar, si vous permettez qu’on vous appelle par ce nom…

Et il me cligna de l’œil. Je lui ai cligné de l’œil, moi aussi, par prudence. J’aurais pas dû. Ça les a confirmés.

— Nous voulions vous, demander si vous ne pouviez pas faire quelque chose pour la ville de Cahors et pour toute la région du Lot. Nous avons besoin d’un ensemble culturel, avec théâtre et cinémas, un auditorium pour les concerts… Et nous pensions que vous pourriez peut-être obtenir une implantation d’usines dans la région…

J’étais là, la gueule ouverte, et je ne comprenais tellement rien à rien que je commençais même à me sentir désangoissé et rassuré, car il n’y a rien de plus effrayant que la compréhension.

— On peut voir ça, dis-je. Il ne fallait surtout pas contrarier, c’est la première règle, en psychiatrie.

— Le Lot est une terre assez pauvre, comme vous n’êtes pas sans savoir, et les implantations d’usines, avec création d’emplois…

Je tortillais ma moustache. Je commençais à trouver cette conversation tout à fait naturelle.

— Oui, mais il y a la pollution, dis-je. La seule raison pour laquelle je n’ai pas encore procédé à l’implantation d’usines dans le Lot, c’est la pollution. Je pensais à l’électronique, peut-être des usines d’armements…

Je me sentais au petit poil. J’étais un milliardaire et il n’y a rien de plus différent et de plus éloigné de moi-même qu’un milliardaire.

J’étais bien, quoi. J’avais foutu le camp.

Je leur ai offert des cigares que Tonton Macoute venait fumer en cachette dans ma chambre, quand il faisait sa cure de désintoxication. Je regrettais qu’il fût à Majorque. Ce salaud-là n’a jamais cru une seconde que je pouvais devenir quelqu’un, dans la vie. Il deviendrait vert de rage, s’il me voyait procéder à l’installation d’usines dans le Lot.

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