Эмиль Ажар - Pseudo

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Pseudo: краткое содержание, описание и аннотация

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— Vive la France ! criai-je, car je ne voulais pas me sentir seul dans la honte.

— Je vais vous dire plus. Vous êtes le salaud le plus antiraciste que j’aie jamais soigné pour lucidité parmi les saints d’esprit, et ça vous pose deux milliards de petits problèmes. Allez vous rhabiller. Vous ne pourrez plus faire pseudo-pseudo : les vêtements, ça vous prouve.

Et il m’a raccroché.

J’ai dit à Annie d’une voix blanche sans allusion :

— Il dit que je suis normal.

— Bon, mais comme le normal n’est de toute façon pas normal…

— Mais il refuse de coopérer.

Annie est une fille du Lot, de souche terre à terre, et il y a des moments où ça la reprend, elle refuse alors de lutter jusqu’au bout et cède à ses origines de bon sens.

— Tu sais, Paul, on devrait peut-être se ranger, dit-elle. Avec deux bouquins déjà publiés, on peut peut-être vivre de ça, avec des avances d’éditeur, à Caniac. On n’a pas besoin de beaucoup d’argent, là-bas. Avec quinze cents francs par mois, à trois, on peut tenir dans les Causses. Ce n’est pas la peine de te rendre malade uniquement pour faire un troisième bouquin… Et puis le désespoir a déjà tout donné aussi, dit-elle.

C’est vrai, pensais-je. Et si j’essayais l’espoir ? Non, je refuse de verser dans la banalité. Ça fait peuple.

Mais l’espoir a continué à me tourmenter, c’est fait pour ça, je n’ai pas pu fermer l’œil de la nuit. Et dès le lendemain, comme par hasard, il y eut signe.

C’était dans le Herald Tribune. Je l’ai là, chacun peut voir.

Un loup s’était évadé du zoo de Munich et avait été retrouvé par une vieille dame, à la quatrième page. Lorsque les forces de police sont arrivées, la vieille dame caressait la tête du loup et celui-ci lui léchait la main.

Je ne suis sûr de rien, mais les loups sont peut-être en train d’évoluer dans le bon sens. Et les vieilles dames aussi. Ou peut-être était-elle une vieille paumée. Ce sont souvent les paumés qui trouvent.

Je ne crois pas au renversement des alliances. Les mots ont partie liée, ils sont tous devenus historiques, et l’expression « nourrir une vipère dans son sein » ne voudra sans doute jamais dire qu’elle vous témoignera ensuite de la gratitude. L’amour est seulement un mot qui chante mieux que les autres.

Nous eûmes, ce soir-là, Alyette et moi, un long conciliabule. Je ne vous ai pas encore décrit Alyette avec des mots, mais je veux la garder et j’ai peur qu’ils l’emportent. Je vous déclare seulement ceci : Alyette a des yeux comme s’il y avait encore un premier regard.

— Il vaut peut-être mieux abandonner, Paul. Cesse de hurler, il n’y a pas d’oreille. Il n’est pas là. Il n’existe pas. Il ne viendra pas te finir, il ne viendra pas te tirer de l’ébauche, il n’y a pas d’Auteur. Alors, autant s’accepter, car nous n’y sommes pour rien. Tu pourrais même trouver un boulot non dépourvu d’horizon : celui de poinçonneur à une gare de départ.

L’infirmière, Fröken Norden – j’ai bonne mémoire – prenait des notes, dans un coin. Ils font toujours cela, lorsque Alyette me parle.

— Et puis il y a encore un autre moyen de s’en sortir. Il faut un bon commencement, c’est tout.

— Quel commencement ? C’est toujours le même foutre. On ne peut pas s’en sortir, Alyette, parce que c’est de là qu’on sort. Il faudrait changer de foutre. Je sais : en Amérique, ils ont réussi à créer un gène artificiel, mais il va peut-être nous laisser tomber et s’intéresser aux abricots. On ne peut pas savoir. Je ne vois pas pourquoi il viendrait nous faire une fleur. Il ira quelque part ailleurs donner naissance à quelqu’un d’autre, mais nous, c’est ici. Alors ?

Il y avait aussi le magnétophone. Ils mettent toujours le magnétophone, lorsque je pense. C’est ce qu’ils appellent mon « délire ». Moi, j’appelle ça de l’espionnage. Je me demande même s’ils ne sont pas payés par Tonton Macoute pour me voler mes idées. Après, il ira clamer partout que c’est lui qui a sauvé le monde.

— Alors, il faut faire de la sélection naturelle, Alex. Comme pour les beaux fruits. Il faut donner une chance à la pureté.

— Parce que tu connais quelqu’un ?

— Oti pourrait faire accoupler deux puretés spirituelles sans pareil et on partirait de là. Il y aurait commencement.

— Qui, par exemple ?

Alyette me jeta un regard de triomphe.

— Sa Sainteté le pape et Sa Sainteté Soljenitsyne.

Je réfléchis. Ajar était en train de ramper pour essayer de se cacher sous la carpette, car il était profondément croyant. Il avait une telle frousse de se sentir croyant, encore, envers, et malgré, que la carpette était blanche de peur.

— Écoute, Alyette, on ne peut pas faire accoupler le pape avec Soljenitsyne, ni spirituellement ni autrement. La nature l’interdit. Essayer de greffer le pape sur Soljenitsyne ou vice versa, dans un but de pureté et de naissance, c’est peut-être possible techniquement, mais tout ce que ça donnerait, c’est une vue de l’esprit.

L’infirmière prenait des notes en sténo, pour me réduire.

— Mon pauvre Mimile, tu crois encore que deux et deux font quatre. C’est faux. Deux et deux sont des pseudos, complices comme pas un, ils font semblant de faire quatre, par ordre supérieur. Ils respectent les apparences, mais nous, on n’est pas obligés…

Elle insistait. Elle tenait à son idée.

J’ai dit non. À haute et intelligible voix. Je me méfiais de l’infirmière.

— Soljenitsyne n’a pas d’ovules et ne peut pas être fécondé par le pape ni vice versa, c’est démentiel.

Je regardais du coin de l’œil l’infirmière, je voulais lui plaire.

— De plus, Soljenitsyne et le pape sont de religions différentes. Ils vont s’engueuler à propos de la religion à laquelle ils donneraient naissance, même s’il y a miracle.

— Mais qu’est-ce qu’on va faire, Paul ? Ça ne peut pas durer, c’était trop beau. Tonton va en avoir assez de payer la clinique et Christianssen, tôt ou tard, va refuser de coopérer. Tu ne pourras pas continuer longtemps à être diagnostiqué, les conditions pour être reconnu comme dingue deviennent chaque jour plus difficiles, à cause de l’inflation.

— Fais-moi confiance, Alyette. Je vais y parvenir. Je vais foutre le camp pour de bon, je t’emmènerai loin, nous serons irrécupérables, nous serons définitifs…

Le magnétophone m’enregistrait, les flics bourdonnaient, l’infirmière avait l’œil électronique, Madame Yvonne Baby attendait toujours à l’hôtel, je me suis retrouvé au milieu de la nuit à Paris par voie aérienne, j’avais mis Héloïse au bordel de la Goutte d’Or pour ne pas être raciste, chez les Nord-Africains. Je voulais savoir comment elle profitait de mon absence. J’ai été reçu par Madame Dora, la P-DG agréée, qui m’informa qu’Héloïse allait au mieux, qu’elle se faisait, comme les deux autres antiracistes de l’établissement, dans les quarante passes par jour, mais qu’elle avait attrapé la maladie, les flics, à cause de la recrudescence des poux à Paris, dans les journaux. J’ai en effet trouvé Héloïse en pleine forme, elle commença à me parler des satellites espions qui nous survolent sans cesse et enregistrent toutes nos pensées pour la CIA et le KGB, mais soudain, elle pousse un petit cri, et qu’est-ce que je vois ? Un flic qui rampe hors de son organe féminin où il était entré pour lui donner une contravention. L’autre fille, Nora, se grattait aussi tout le temps, ça la démangeait, parce que les flics s’étaient accrochés à ses poils, pour être à pied d’œuvre. Il y en avait aussi qui rampaient sur les murs, mais on ne pouvait rien faire pour désinfecter, parce que c’est les putes qu’on veut désinfecter, pas les flics. Il y avait même une des filles, Lola, qui avait eu deux côtes cassées dans le panier à salade, tellement c’était l’année de la femme. Il y avait un flic énorme, gigantesque, assis sur le canapé, dans toute sa force de l’ordre, qui s’était déchaussé et qui cachait les amendes dans ses souliers, lorsque j’entends une espèce de piaulement, le géant de l’ordre regarde dans son soulier, et qu’est-ce qu’il voit ? Un autre flic, un tout petit, qui essayait de le voler, il s’était laissé tomber du plafond dans le soulier et il a failli être écrasé. Le géant de l’ordre l’a ramassé, l’a grondé un peu pour la forme, l’a mis dans sa poche, et ils sont partis, après m’avoir traité de paranoïaque, parce que ça n’existe pas.

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