Патрик Модиано - Dimanches d'août

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Dimanches d'août: краткое содержание, описание и аннотация

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Mme Villecourt est demeurée un long moment silencieuse puis elle s’est tournée vers Sylvia :

— Chérie, va lui dire qu’il nous serve du café…

— Tout de suite…

Sylvia s’est levée et quand elle est passée derrière moi, elle a appuyé furtivement ses deux mains sur mes épaules. À mon tour, je me suis demandé si elle allait revenir ou bien me laisser seul avec sa belle-mère pour le reste de la journée.

— Nous pourrions peut-être nous asseoir au soleil, m’a dit Mme Villecourt.

Nous avons pris place, au bord du ponton, sur deux grands fauteuils de toile bleue. Elle ne disait rien. Elle regardait fixement, derrière ses lunettes noires, l’eau de la Marne. À quoi pensait-elle ? Aux enfants qui ne vous donnent pas toujours les satisfactions que vous attendiez d’eux ?

— Et vos photos sur La Varenne ? m’a-t-elle demandé comme si elle voulait rompre le silence par politesse.

— Ce seront des photos en noir et blanc, lui ai-je dit.

— Vous avez raison de les faire en noir et blanc.

J’ai été surpris par son ton catégorique.

— Et si vous pouviez les faire tout en noir, ce serait encore mieux. Je vais vous expliquer une chose…

Elle a hésité un moment.

— Tous ces bords de Marne sont des endroits tristes… Bien sûr, avec le soleil, ils font illusion… Sauf quand vous les connaissez bien… Ils portent la poisse… Mon mari s’est tué dans un accident de voiture incompréhensible au bord de la Marne… Mon fils est né et a été élevé ici et il est devenu un voyou… Et moi, je vais vieillir toute seule dans ce paysage de cafard…

Elle gardait son calme en me confiant tout cela.

Elle avait même un ton dégagé.

— Vous ne voyez pas les choses trop en noir ? lui ai-je dit.

— Pas du tout… Je suis sûre que vous êtes un garçon sensible aux atmosphères et que vous me comprenez… Faites vos photos le plus noir possible…

— J’essaierai, lui dis-je.

— Il y a toujours eu quelque chose de noir et de crapuleux sur ces bords de Marne… Vous savez avec quel argent ont été construites toutes ces villas de La Varenne ? Avec l’argent que les filles ont gagné en travaillant dans les maisons… C’était l’endroit où les maquereaux et les tenancières de maisons prenaient leur retraite… Je sais de quoi je parle…

Elle s’est tue, brusquement. Elle paraissait réfléchir à quelque chose.

— Ces bords de Marne ont toujours été mal fréquentés… Surtout pendant la guerre… Je vous ai parlé de ce pauvre Aimos… Mon mari l’aimait beaucoup… Aimos habitait à Chennevières… il est mort sur les barricades, pendant la libération de Paris…

Elle regardait toujours droit devant elle, peut-être le coteau de Chennevières où avait habité cet Aimos.

— On a dit qu’il avait reçu une balle perdue… Ce n’est pas vrai… C’était un règlement de comptes… À cause de certaines personnes qui fréquentaient Champigny et La Varenne pendant la guerre… Il les avait connues… Il savait des choses sur elles… Il entendait leurs conversations dans les auberges du coin…

Sylvia nous a servi le café. Puis Mme Villecourt, comme à regret, s’est levée et m’a tendu la main.

— J’ai été ravie de vous connaître…

Elle a embrassé Sylvia sur le front.

— Je vais faire ma sieste, chérie…

Je l’ai accompagnée jusqu’au rocher rouge, d’où partaient les marches de l’escalier.

— Je vous remercie pour tous les renseignements que vous m’avez donnés sur les bords de Marne, lui ai-je dit.

— Si vous voulez d’autres détails, revenez me voir. Mais je suis sûre que vous êtes dans l’ambiance, maintenant… Faites des photos bien noires… Ténébreuses…

Et elle avait insisté sur les syllabes de « ténébreuses », avec l’accent de Paris et de ses environs.

— Drôle de femme, ai-je dit à Sylvia.

Nous nous étions assis sur les planches, au bord du ponton et elle avait posé sa tête contre mon épaule.

— Et moi aussi tu trouves que je suis une drôle de femme ?

Pour la première fois, elle me tutoyait.

Nous restions là, tous les deux sur ce ponton, à suivre du regard un canoë qui glissait au milieu de la Marne, le même que l’autre jour. L’eau n’était plus stagnante mais parcourue de frissons.

C’était le courant qui portait ce canoë, et le rendait aussi léger et donnait son élan au mouvement long et cadencé des rames, le courant dont nous entendions le bruissement sous le soleil.

Peu à peu la pénombre a envahi ma chambre sans même que nous nous en apercevions. Elle a regardé son bracelet-montre :

— Je vais être en retard pour le dîner. Ma belle-mère et mon mari doivent déjà m’attendre.

Elle s’est levée. Elle a retourné l’oreiller et elle a écarté le drap.

— J’ai perdu une boucle d’oreille.

Puis elle s’est habillée devant la glace de l’armoire. Elle a enfilé son justaucorps vert, sa jupe de toile rouge qui la serrait à la taille. Elle s’est assise sur le rebord du lit et elle a mis ses espadrilles.

— Je reviendrai peut-être tout à l’heure s’ils font une partie de cartes… ou demain matin…

Elle a fermé la porte doucement derrière elle. Je suis sorti sur le balcon et j’ai suivi des yeux sa silhouette légère, sa jupe rouge dans le crépuscule, le long du quai de La Varenne.

Toute la journée, je l’attendais, allongé sur le lit de ma chambre. Le soleil, à travers les persiennes, dessinait des taches blondes sur les murs et sur sa peau. En bas, devant l’hôtel, sous les trois platanes, les mêmes joueurs de boules poursuivaient leurs parties très tard dans la nuit. Nous entendions leurs éclats de voix. Ils avaient suspendu aux arbres des ampoules électriques dont la lumière s’infiltrait aussi par les persiennes et projetait aux murs, dans l’obscurité, des rais encore plus clairs que les rayons du soleil. Ses yeux bleus. Sa robe rouge. Ses cheveux bruns. Plus tard, bien plus tard, les couleurs vives se sont éteintes, et je n’ai plus vu tout cela qu’en noir et blanc – comme disait Mme Villecourt.

Quelquefois, elle pouvait rester jusqu’au lendemain matin. Son mari était parti en voyage d’affaires avec l’homme aux chaussures de daim, au front de bélier et aux yeux vides, et l’autre, celui qui voulait vendre le diamant. Elle ne le connaissait pas, celui-là, mais dans les conversations de Jourdan et de son mari, son nom revenait souvent : un certain Paul.

Une nuit, je me suis réveillé en sursaut. On tournait la poignée de la porte de ma chambre. Je ne fermais jamais celle-ci à clé au cas où Sylvia trouverait un moment pour me rejoindre. Elle est entrée. J’ai tâtonné à la recherche de l’interrupteur.

— Non… N’allume pas…

D’abord, j’ai cru qu’elle tendait la main pour se protéger de la lumière de la lampe de chevet. Mais elle voulait me cacher son visage. Ses cheveux étaient en désordre et sa joue traversée par une balafre qui saignait.

— C’est mon mari…

Elle s’est laissée tomber sur le rebord du lit. Je n’avais pas de mouchoir pour essuyer les gouttes de sang sur sa joue.

— Je me suis disputée avec mon mari…

Elle s’était allongée à côté de moi. Les doigts boudinés de Villecourt, la main courte et épaisse frappant son visage… J’avais envie de vomir, à cette pensée.

— C’est la dernière fois que je me dispute avec lui… Maintenant, nous allons partir.

— Partir ?

— Oui. Toi et moi. J’ai une voiture, en bas.

— Mais partir où ?

— Regarde… J’ai pris le diamant…

Elle passait une main sous son corsage et me montrait le diamant que retenait une chaîne très fine, autour de son cou.

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