Патрик Модиано - Dimanches d'août

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Dimanches d'août: краткое содержание, описание и аннотация

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L’une des tables du fond, près du ponton, ne portait pas de parasol et deux hommes assis côte à côte l’occupaient. Ils conversaient paisiblement. L’un d’eux était Villecourt. J’avais aussitôt reconnu l’autre : celui qui s’était présenté à nous sous le nom de Neal et qui s’appelait, en réalité, Paul Alessandri. Quelle chose étrange de le voir là, assis au bord de la Marne, comme si, dès le début, le ver était dans le fruit.

Oui, j’ai connu Sylvia Heuraeux, épouse Villecourt, un matin d’été, au Beach de La Varenne. J’avais échoué depuis quelques jours sur les bords de la Marne pour prendre des photos. Un petit éditeur avait accepté mon projet d’un livre qui s’intitulerait Plages fluviales.

Je lui avais montré mon modèle : un très bel album sur Monte-Carlo réalisé à la fin des années 30 par un photographe du nom de W. Vennemann. Mon livre serait du même format. Même pagination. Mêmes photos en noir et blanc, la plupart à contre-jour. Au lieu de l’ombre des palmiers se découpant sur la baie de Monte-Carlo ou des carrosseries sombres et luisantes d’automobiles contrastant, la nuit, avec l’éclat du Sporting d’Hiver, on verrait les plongeoirs et les pontons de ces plages de banlieue. Mais la lumière serait la même. L’éditeur n’avait pas très bien compris mon propos.

— Parce que vous croyez que La Varenne et Monte-Carlo, c’est la même chose ? m’avait-il dit.

Mais il avait fini par me signer un contrat. On fait toujours confiance à la jeunesse.

Ce matin-là, il n’y avait pas grand monde au Beach de La Varenne. Je crois même qu’elle était la seule personne qui prenait un bain de soleil. Des enfants se laissaient glisser le long du toboggan au bord de la piscine, et chaque fois qu’ils tombaient dans l’eau bleutée, on entendait leurs cris et leurs rires.

J’ai été frappé par sa beauté et par ses gestes nonchalants pour allumer une cigarette ou poser à côté d’elle son verre d’orangeade dont elle aspirait le contenu à l’aide d’une paille. Et elle s’allongeait de manière si gracieuse sur le matelas de plage aux rayures bleues et blanches, les yeux cachés par des lunettes de soleil, que je me suis souvenu de la réflexion de mon éditeur. Certes, Monte-Carlo et La Varenne n’ont pas beaucoup de points communs, mais j’en voyais un ce matin-là : cette fille, que l’on aurait pu imaginer dans la même position indolente au Monte-Carlo Beach, dont W. Vennemann avait su si bien suggérer l’ambiance par ses photos en noir et blanc. Non, elle n’aurait pas déparé le décor mais, au contraire, y aurait ajouté un charme.

J’allais de gauche à droite, cherchant le meilleur angle de vue, mon appareil de photo autour du cou.

Elle a remarqué mon manège.

— Vous êtes photographe ?

— Oui.

Elle avait ôté ses lunettes de soleil et me considérait de ses yeux clairs. Les enfants avaient quitté la piscine. Il ne restait plus que nous deux.

— Vous n’avez pas trop chaud ?

— Non. Pourquoi ?

J’avais gardé mes chaussures – ce qui était interdit dans cet établissement de bains – et je portais un chandail à col roulé.

— J’en ai assez, du soleil, a-t-elle dit.

Je l’ai suivie de l’autre côté de la piscine, là où un grand mur de lierre projetait son ombre et sa fraîcheur. Nous nous sommes assis sur des fauteuils de bois blanc, côte à côte. Elle s’était enveloppée d’un peignoir d’éponge blanc. Elle s’est tournée vers moi.

— Mais qu’est-ce que vous voulez photographier ici ?

— Le décor.

Et d’un large mouvement du bras, je lui désignai la piscine, le plongeoir, le toboggan, les cabines de bain, et là-bas, le restaurant en plein air, sa pergola blanche aux piliers orange, le ciel bleu, le mur de lierre vert sombre derrière nous…

— Je me demande si je ne devrais pas faire des photos en couleurs… On sentirait mieux l’ambiance du Beach de La Varenne…

Elle a éclaté de rire.

— Vous trouvez qu’il y a de l’ambiance ici ?

— Oui.

Elle me dévisageait avec un sourire ironique.

— D’habitude, vous prenez quel genre de photos ?

— Je travaille pour un album qui s’appellera Plages fluviales.

— Plages fluviales ?

Elle fronçait les sourcils. Déjà, je m’apprêtais à lui fournir les explications qui avaient laissé perplexe mon éditeur : le parallèle avec Monte-Carlo… Mais ce n’était pas la peine d’embrouiller les choses.

— J’essaie de retrouver les établissements balnéaires qui restent dans la région parisienne.

— Vous en avez trouvé beaucoup ?

Elle me tendait un étui à cigarettes en or qui contrastait avec le naturel et la simplicité de son allure. Et à ma grande surprise, elle alluma elle-même ma cigarette.

— J’ai photographié toutes les plages de l’Oise… L’Isle-Adam, Beaumont, Butry-Plage… Et puis les plages et les stations balnéaires du bord de la Seine : Villennes, Elisabethville…

Apparemment, elle était intriguée par ces stations balnéaires si proches, dont elle ne soupçonnait pas l’existence. Elle me transperçait de son regard clair.

— Mais finalement, l’endroit que je préfère, c’est ici…, lui ai-je dit. C’est tout à fait l’ambiance que je cherchais… Je crois que je vais prendre beaucoup de photos à La Varenne et aux environs…

Elle ne me quittait pas des yeux, comme si elle voulait vérifier que je ne plaisantais pas.

— Vous croyez vraiment que La Varenne est une station balnéaire ?

— Un peu… Et vous ?

De nouveau, elle a éclaté de rire. Un rire très léger.

— Et qu’est-ce que vous allez bien pouvoir photographier à La Varenne ?

— Le Beach… Les bords de la Marne… Les pontons…

— Vous habitez Paris ?

— Oui, mais j’ai loué une chambre d’hôtel ici. Il faut au moins que je reste une quinzaine de jours pour faire de bonnes photos…

Elle a regardé l’heure à son bracelet-montre, une montre d’homme au gros bracelet de métal qui faisait ressortir la finesse de son poignet.

— Je dois rentrer pour le déjeuner, m’a-t-elle dit. Je suis en retard.

Elle avait oublié, par terre, le porte-cigarettes en or. Je me suis penché pour le ramasser et le lui ai tendu.

— Ah oui… Il ne faut pas que j’oublie ça… C’est un cadeau de mon mari…

Elle l’avait dit sans aucune conviction. Elle est allée se changer dans l’une des cabines de bain, de l’autre côté de la piscine, et à son retour, elle portait un paréo à fleurs et un grand sac de plage en bandoulière.

— C’est joli votre paréo, lui ai-je dit. J’aimerais bien faire une photo de vous en paréo, ici, au Beach, ou sur un des pontons de la Marne. Ça va bien avec le décor…

— Vous trouvez ? C’est plutôt tahitien, un paréo…

Oui, tahitien. Vennemann, dans son album sur Monte-Carlo, avait ajouté plusieurs photos des plages désertes du Saint-Tropez des années 30. Quelques femmes, en paréo, étaient allongées sur le sable, parmi les bambous.

— C’est plutôt tahitien, lui ai-je dit, mais ça prend du charme, ici, au bord de la Marne…

— Alors, vous voudriez que je sois votre modèle ?

— J’aimerais beaucoup.

Elle m’a souri. Nous sommes sortis du Beach de La Varenne et sur la route qui longe la Marne, nous marchions au milieu de la chaussée. Pas une voiture. Personne. Tout était silencieux et tranquille sous le soleil, et tendres toutes les couleurs : le bleu du ciel, le vert pâle des peupliers et des saules pleureurs ; et l’eau de la Marne, d’habitude lourde et stagnante, si légère ce jour-là qu’elle reflétait les nuages, le ciel et les arbres.

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