Louis-Ferdinand Céline - Voyage au bout de la nuit

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Voyage au bout de la nuit: краткое содержание, описание и аннотация

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« — Bardamu, qu'il me fait alors gravement et un peu triste, nos pères nous valaient bien, n'en dis pas de mal !…
— T'as raison, Arthur, pour ça t'as raison ! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni d'opinions, ou bien si tard, que ça n'en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres ! Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère. C'est lui qui nous possède ! Quand on est pas sage, il serre… On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger… Pour des riens, il vous étrangle… C'est pas une vie…
— Il y a l'amour, Bardamu !
— Arthur, l'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches et j'ai ma dignité moi ! que je lui réponds. »

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Je me postai devant la grande vitre de la génératrice centrale, cette géante multiforme qui rugit en pompant et en refoulant je ne sais d'où, je ne sais quoi, par mille tuyaux luisants, intriqués et vicieux comme des lianes. Un matin que j'étais posté ainsi en contemplation baveuse, mon Russe du taxi vint à passer. « Dis donc, qu'il m'a dit, t'es balancé coquin !… Y a trois semaines que t'es pas venu… Ils t'ont déjà remplacé par une mécanique… Je t'avais bien prévenu pourtant… »

« Comme ça, me suis-je dit alors, au moins c'est fini… Y a plus à y revenir… » Et je suis reparti vers la Cité. En rentrant, je suis repassé par le Consulat, histoire de demander si on n'avait pas entendu parler des fois d'un Français nommé Robinson.

« Sûr ! Bien sûr ! qu'ils m'ont répondu les consuls. Il est même venu ici nous voir deux fois, et il avait des faux papiers encore… La police le recherche d'ailleurs ! Vous le connaissez ?… » J'ai pas insisté.

Dès lors, je me suis attendu à le rencontrer à chaque instant le Robinson. Je sentais que ça venait. Molly continuait à être tendre et bienveillante. Elle était même plus gentille encore qu'avant depuis qu'elle était persuadée que je voulais m'en aller définitivement. Ça ne servait à rien d'être gentil avec moi. Avec Molly, nous parcourions souvent les environs de la ville, pendant ses après-midi de congé.

Des petits tertres pelés, des bosquets de bouleaux autour de lacs minuscules, des gens à lire par-ci par-là des magazines grisaille sous le ciel tout lourd de nuages plombés. Nous évitions avec Molly les confidences compliquées. Et puis, elle était fixée. Elle était trop sincère pour avoir beaucoup de choses à dire à propos d'un chagrin. Ce qui se passait en dedans lui suffisait, dans son cœur. On s'embrassait. Mais je ne l'embrassais pas bien, comme j'aurais dû, à genoux en vérité. Toujours je pensais un peu à autre chose en même temps, à ne pas perdre du temps et de la tendresse, comme si je voulais tout garder pour je ne sais quoi de magnifique, de sublime, pour plus tard, mais pas pour Molly, et pas pour ça. Comme si la vie allait emporter, me cacher ce que je voulais savoir d'elle, de la vie au fond du noir, pendant que je perdrais de la ferveur à l'embrasser Molly, et qu'alors j'en aurais plus assez et que j'aurais tout perdu au bout du compte par manque de force, que la vie m'aurait trompé comme tous les autres, la Vie, la vraie maîtresse des véritables hommes.

Nous revenions vers la foule et puis je la laissais devant sa maison, parce que la nuit, elle était prise par la clientèle jusqu'au petit matin. Pendant qu'elle s'occupait avec les clients, j'avais tout de même de la peine, et cette peine me parlait d'elle si bien, que je la sentais encore mieux avec moi que dans la réalité. J'entrais dans un cinéma pour passer le temps. À la sortie du cinéma je montais dans un tramway, par-ci par-là, et j'excursionnais dans la nuit. Après deux heures sonnées montaient les voyageurs timides d'une espèce qu'on ne rencontre guère avant ou après cette heure-là, si pâles toujours et somnolents, par paquets dociles, jusqu'aux faubourgs.

Avec eux on allait loin. Bien plus loin encore que les usines, vers les lotissements imprécis, les ruelles aux maisons indistinctes. Sur le pavé gluant des petites pluies d'aurore le jour venait reluire en bleu. Mes compagnons du tram disparaissaient en même temps que leurs ombres. Ils fermaient leurs yeux sur le jour. Pour les faire parler ces ombreux on avait du mal. Trop de fatigue. Ils ne se plaignaient pas, non, c'est eux qui nettoyaient pendant la nuit les boutiques et encore des boutiques et les bureaux de toute la ville, après la fermeture. Ils semblaient moins inquiets que nous autres, gens de la journée. Peut-être parce qu'ils étaient parvenus, eux, tout en bas des gens et des choses.

Une de ces nuits-là, comme j'avais pris un autre tramway encore et que c'était le terminus et qu'on descendait prudemment, il m'a semblé qu'on m'appelait par mon nom « Ferdinand ! Hé Ferdinand ! » Ça faisait comme un scandale forcément dans cette pénombre. J'aimais pas ça. Au-dessus des toits, le ciel revenait déjà par petits paquets bien froids, découpés par les gouttières. Sûr qu'on m'appelait. En me retournant, je l'ai reconnu tout de suite Léon. En chuchotant il m'a retrouvé et on s'est alors expliqués tous les deux.

Lui aussi il revenait de nettoyer un bureau avec les autres. C'est tout ce qu'il avait trouvé comme combine. Il marchait bien pondérément, avec un peu de véritable majesté, comme s'il venait d'accomplir des choses dangereuses et pour ainsi dire sacrées dans la ville. C'est le genre qu'ils prenaient d'ailleurs tous ces nettoyeurs de nuit, je l'avais déjà remarqué. Dans la fatigue et la solitude le divin ça sort des hommes. Il en avait plein les yeux lui aussi quand il les ouvrait bien plus grands que les yeux d'habitude, dans la pénombre bleuie où nous étions. Il avait déjà nettoyé lui aussi des étendues de lavabos à ne plus finir et fait reluire des vraies montagnes d'étages et des étages de silence.

Il a ajouté : « Je t'ai reconnu tout de suite Ferdinand ! À la manière que t'es monté dans le tramway… Figure-toi, rien qu'à ta manière dont t'étais triste quand t'as trouvé qu'il y avait pas une femme. C'est-y pas vrai ? C'est-y pas ton genre ? » C'était vrai que c'était mon genre. Décidément j'avais une âme débraillée comme une braguette. Rien donc pour m'étonner dans cette juste observation. Mais ce qui m'a plutôt surpris c'est que lui non plus il aye pas réussi en Amérique. C'était pas du tout ce que j'avais prévu.

Je lui ai parlé à lui du coup de la galère à San Tapeta. Mais il comprenait pas ce que ça voulait dire. « T'as la fièvre ! » qu'il m'a répondu simplement. Lui c'était par un cargo qu'il était arrivé. Il aurait bien essayé de se placer chez Ford mais ses papiers vraiment trop faux pour oser les montrer l'arrêtaient. « C'est juste bon à avoir dans sa poche » qu'il remarquait. Pour les équipes du nettoyage on était pas difficile sur l'état civil. On payait pas beaucoup non plus, mais on passait la main. C'était une espèce de légion étrangère de la nuit.

« Et toi qu'est-ce que tu fais ? qu'il m'a demandé alors. T'es donc toujours cinglé ? T'en as pas encore assez des trucs et des machins ? T'en veux donc encore des voyages ?

— J' veux rentrer en France que je lui dis, j'en ai assez vu comme ça, t'as raison, ça va…

— Tu fais mieux, qu'il m'a répondu parce que pour nous les pommes sont cuites… On a vieilli sans s'en apercevoir, je sais ce que c'est… Je voudrais bien rentrer aussi moi, mais c'est toujours les papiers… J'attendrai encore un peu pour m'en procurer des bons… On peut pas dire que c'est mauvais le boulot qu'on fait. Y a pire. Mais j'apprends pas l'anglais.. Depuis trente ans dans le nettoyage y en a dans le même truc qui n'ont appris en tout que Exit à cause que c'est sur les portes qu'on astique, et puis Lavatory . Tu comprends ? »

Je comprenais. Si jamais Molly venait à me manquer je serais bien forcé d'aller m'embaucher aussi, au boulot de la nuit.

Y a pas de raison pour que ça finisse.

En somme, tant qu'on est à la guerre, on dit que ce sera mieux dans la paix et puis on bouffe cet espoir-là comme si c'était du bonbon et puis c'est rien quand même que de la merde. On n'ose pas le dire d'abord pour dégoûter personne. On est gentil somme toute. Et puis un beau jour on finit quand même pas casser le morceau devant tout le monde. On en a marre de se retourner dans la mouscaille. Mais tout le monde trouve du coup qu'on est bien mal élevé. Et c'est tout.

À deux ou trois reprises après ça, on s'est donné rendez-vous avec Robinson. Il avait bien mauvaise mine. Un déserteur français qui fabriquait des liqueurs en fraude pour les coquins de Detroit lui avait cédé un petit coin dans son « business ». Ça le tentait Robinson. « J'en ferais bien un peu, moi aussi du “raidillon” pour leur sale gueule, qu'il me confiait, mais vois-tu j'ai perdu l'estomac… Je sens qu'au premier flic qui me travaille, je me dégonfle… J'en ai trop vu… Et puis en plus j'ai tout le temps sommeil… Forcément, dormir le jour, c'est pas dormir… Sans compter la poussière des “bureaux” qu'on s'en remue plein les poumons… Tu te rends compte ?… Ça crève un homme… »

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